Correspondance de Voltaire/1737/Lettre 755

Correspondance : année 1737GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 272-274).
◄  Lettre 754
Lettre 756  ►

755. — À M. L’ABBÈ MUSSINOT[1].
ce 3 (juin 1737).

Je reçois, mon cher abbé, votre lettre du 3 de ce mois. Vous devez avoir reçu ma lettre du 2, avec le mémoire concernant la terre de Bouillé-Ménard, etc.

Le ballot de Joinville est arrivé à bon port, comme je vous l’ai mandé, M. le marquis du Châtelet a fait mettre dans un fourgon les petites bagatelles que vous avez bien voulu lui donner pour moi. Il a ajouté le tome de l’année 1734 de l’Académie : ainsi je vous prie de ne le point acheter,

Mais pour la Chimie de Boerhaave, je vous prie d’acheter la plus complète, et de vouloir bien me l’envoyer : je vous serai très-obligé.

C’est une erreur de plume que deux mille neuf cents livres, au lieu de deux mille sept cents que me doit M. de Richelieu au 1er janvier dernier.

Vous trouverez, je crois, les calculs justes dans le mémoire détaillé que je vous ai envoyé.

Je n’ai point reçu de lettres de M. de Lézeau, et je n’en puis recevoir, puisque M. de Lézeau ne sait point mon adresse. Si vous allez à Rouen, je vous prie de le voir. Je suis très-persuadé que vous l’engagerez à me payer : vous avez le don de la persuasion. À l’égard de la quittance de M. d’Auneuil, qu’il croit avoir eue de moi, touchant les six derniers mois 1735, il est d’une nécessité absolue qu’il sache comment et pourquoi j’ignore ce fait. Je dois bien savoir, dira-t-il, si j’ai donné cette quittance ou non, si j’ai reçu cet argent ou non. Or ne le sachant pas, il faut donc que ce soit un autre qui ait reçu pour moi, qui ait donné cette quittance pour moi ; cet autre doit m’avoir rendu compte : donc M. d’Auneuil doit présumer que ce compte m’a été rendu, que je suis instruit du fait, que j’ai reçu en effet ces six mois, et que je profite de l’égarement de cette quittance pour répéter une somme dont je devrais reconnaître le payement. Il est donc nécessaire que M. d’Auneuil sache que je n’ai reçu aucun compte, que je ne suis en aucune manière instruit du fait. C’est de la bouche de Demoulin qu’on pourrait savoir si cet argent a été reçu ou non.

S’il est vrai que cet argent ait été payé, M. Meny, notaire, doit l’avoir délivré ; Demoulin doit l’avoir reçu. Il n’y a donc qu’à s’adresser à M. Meny et à Demoulin, et si ni l’un ni l’autre ne s’en souviennent, ce qui n’est pas vraisemblable, il est bon que M. d’Auneuil sache que je ne suis pas plus instruit qu’eux sur cette affaire.

Il me semble qu’en fait d’intérêts et d’argent on ne peut trop mettre les choses au net, et qu’il faut tout prévoir et tout prévenir.

Je persiste à demander un petit bulletin de nouvelles à la main où je trouve le prix des actions.

Je vous prie d’écrire à Mlle  d’Azilly en droiture : les lettres me seront plus tôt rendues. Je vous demande toujours un secret profond sur mes affaires et sur mon séjour. Je vous embrasse de tout mon cœur. Je vous prie de faire mettre cette lettre à la boîte.

  1. Édition Courtat.