Correspondance de Voltaire/1737/Lettre 749

Correspondance : année 1737GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 261-263).
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749. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 24 (mai 1737).

En réponse à la lettre du 17, mon cher ami, je vous dirai premièrement que le ballot de Joinville n’est point arrivé ;

Que je n’ai point reçu la quittance faite à Mme  d’Aubigné, etc. ;

Que j’attends avec impatience le pastel de Latour ;

Que l’estampe qu’on a tirée sur ce pastel est horride (sic) et misérable, n’en déplaise au graveur ; mais peu je m’en soucie ; je ne prends point le parti de mon visage.

J’ai reçu le paquet de Hollande dans un ballot venu par Bar-sur-Aube ; mais, encore une fois, point de nouvelles de celui de Joinville.

Grand merci des lettres circulaires : il les faudra réitérer ; mais à l’égart de M. de Richelieu, qui ne me doit qu’une année, il ne me paraît pas qu’il soit de la bienséance d’exiger cette année dans le temps qu’il me procure le payement de quarante-trois mille deux cents livres, argent comptant.

Je crois donc qu’il faut accepter la propositiun d’une délégation sur Bouillé-Ménard. M. de Richelieu ne me doit que deux mille neuf cents livres, dixième déduit, au 1er de janvier 1737. Je consens de recevoir ces deux mille neuf cents livres en une délégation sur Mme  D’Aubigné de Bouillé-Ménard, en cas que cette dame doive encore deux mille neuf cents livres à M. de lîiclielieu. Je vous prie même d’arranger cela avec l’intendant. Il faudra en même temps qu’il vous donne, outre cette délégation, la mainlevée des saisies en forme. Par là, on pourra recevoir bientôt la somme de deux mille neuf cents livres, en attendant celle d’environ six mille livres, payable dans un an. J’en écris à M. le duc de Richelieu, en conformité.

Ceci est donc, mon cher abbé, une affaire à suivre. Il s’agit de finir tout d’un coup ; car, moyennant ce transport de deux mille neuf cents livres en bonne forme et cette mainlevée, j’aurai droit sur tout ce que Mme  d’Aubigné doit à M. de Richelieu. Je crois même que ce qu’elle doit encore à M. de Richelieu étant exigible, je pourrais exiger ces deux mille neuf cents livres sans attendre, et je me flatte que M. de Gennes, fermier général de Bretagne, qui agit pour Mme  d’Aubigné me donnera toutes les facilités nécessaires. Consommez donc cette affaire, qui doit faire plaisir à M. de Richelieu et à moi ; mais en la consommant, tâchez adroitement de fixer quelque délégation à l’avenir, pour être payé chaque année de ma rente de quatre mille francs, laquelle commence au 1er janvier. Cela serait d’une grande commodité, et je crois que. M. de Richelieu y donnera volontiers les mains.

À l’égard du portrait peint par Penel, n’en parlez point à M. du Châtelet : on le fera payer d’ailleurs.

Voici une lettre pour Mme  de Bernières, tante de M. le marquis de Lézeau, Je prie monsieur votre frère de la porter et d’avoir réponse.

Je suis toujours en Angleterre.

À l’égard de M. le président d’Aunouil, vous pourriez l’aller un jour trouver au parlement. Vous lui diriez que je ne peux savoir s’il a payé ou non cette demi-année, parce que Demoulin, qui recevait pour moi, m’ayant emporté vingt mille livres. avait pu fort bien y mettre encore cette demi-année ; mais que je m’en rapporte entièrement à M. d’Auneuil.

Vale, ama me.

  1. Édition Courtat.