Correspondance de Voltaire/1737/Lettre 746

Correspondance : année 1737GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 255-256).
◄  Lettre 745
Lettre 747  ►

746. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 11 mai (1737).

Si vous êtes encore à Paris, mon cher abbé, cette lettre vous y trouvera, et je vous prie de me faire réponse à Mlle d’Azilly, sinon vous aurez la bonté de m’écrire de Rouen.

1o Selon ma façon d’écrire par articles, je vous assure que je suis assez exact à répondre aux teneurs des lettres ; mais il est arrivé que je n’ai reçu que le 11 mai votre lettre du 22 avril, à laquelle je réponds. La raison de cela est que, vous ayant prié d’écrire à Mlle d’Azilly, par Vassy (les lettres venant par Vassy trois fois par semaine), vous avez écrit par Bar-sur-Aube, et la lettre ne m’a été rendue que par hasard. Je vous prie donc dorénavant d’écrire à Mlle d’Azilly, par Vassy : les lettres seront rendues fidèlement et promptement.

Vous joignez à cette lettre du 22 une lettre de 31. de Lézeau. Je suppose que vous le verrez bientôt. Aussi je vous supplie de lui dire, et, si vous ne le voyez pas, de lui écrire, que je me trouve dans un embarras extrême ; qu’il faut que j’emprunte, et qu’ainsi il doit faire de deux choses l’une : ou payer présentement et donner délégation pour l’avenir, ou signer un billet par lequel il me quitte du dixième, n’étant pas juste que je paye le dixième, ayant si longtemps attendu. S’il consent à ce dernier article, je veux bien n’être payé de tout ce qu’il me doit que dans un an, c’est-à-dire au mois de mars prochain. C’est une négociation que je remets à votre prudence et à votre amitié.

À l’égard de M. le prince de Guise, il n’y qu’à lui écrire une lettre par laquelle vous lui ferez savoir que mes créanciers m’ont saisi tout ce que j’ai, et que vous êtes forcé d’avoir recours à lui ; que vous espérez de sa probité qu’il voudra bien me payer.

Ensuite nous agirons.

À l’égard des flambeaux, ils étaient déjà dorés d’or moulu ; il n’y manque qu’une couleur.

j’ai répondu précédemment à tous les articles de votre lettre, et je les ai prévenus dans celle que vous avez dû recevoir de moi entre le 22 avril et le 12 mai[2].

Je veux bien payer six francs par mois des Nouvelles, pourvu que le prix des actions y soit.

Je ne vous importunerai pas davantage cette fois-ci. Je vous écrirai plus au long à votre retour de Rouen.

Je vous embrasse tendrement.

Je me recommande à vous pour la Chimie de Boerhaave. Chargez votre frère de la mettre au carrosse.

Adieu, mon cher ami.

  1. Édition Courtat
  2. Cette lettre étant datée du 11 mai, Voltaire a dû se tromper en écrivant : « 12 mai. » (C.)