Correspondance de Voltaire/1737/Lettre 734

Correspondance : année 1737GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 236-237).
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734. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
27, et ne partira que le 30 mars (1737).

Vous me mandez, mon cher ami, que l’on a reçu quarante-trois mille deux cents livres pour le principal ; mais quarante-trois mille deux cents livres ne sont point du tout le capital de ma créance. Car par mon contrat avec M. de Richelieu au 5 mai 1735, le principal de sa dette y est évalué à quarante-six mille quatre cent dix-sept livres, de laquelle somme les intérêts courent depuis le 5 mai 1735. Reste à savoir si la créance de M. de Richelieu sur Mme  de Bouillé-Ménard suffit pour me remplir.

Puisque vous voulez mettre six mille livres en tableaux, à la bonne heure : cela vous amusera ; mais je vous demande un profond secret, en cela comme en tout le reste.

On me mande que les billets des fermes sont à sept pour cent ; mais il n’y a pas d’apparence. Je vous prie donc, si cette nouvelle des sept pour cent est fausse, de mettre la moitié de tout l’argent comptant entre les mains de ce M. Michel[2], dont vous connaissez la fortune et la probité, pour le plus court temps que vous pourrez, à raison de cinq pour cent par an. Je voudrais que l’engagement ne fût que pour six mois ; c’est de quoi je vous prie. Je suis dans la nécessité d’avoir toujours en perspective quelque grosse somme dont je puisse disposer.

Le reste de la somme sera conservé en caisse pour en acheter des actions, lorsqu’elles auront baissé.

Je vous prie de ne faire vendre les quatre actions que j’ai depuis un an qu’au cas qu’elles soient à deux mille cent quarante, ou deux mille cent trente francs au moins. Si elles sont plus bas, je ne les veux point vendre. Deux mille cent vingt francs est le plus bas prix où je veux m’en défaire.

J’attends réponse de vous sur tous les articles des lettres que je vous ai écrites, et surtout sur celle que M. du Châtelet vous a remise. J’attends aussi un éclaircissement sur l’affaire de Bouillé-Ménard.

Vous me mandez que pour entier payement de principal et d’arrérages, il ne me faut plus que six mille six cent dix livres ; mais il me paraît que le principal de ma dette

étant 
 46,417 livres.
On me devra deux ans d’arrérages au mois de mai prochain, qui font 
 4,641 livres.
_____________

Lesquelles 4,641 livres mises avec le principal 
 51,098 livres[3].

Desquelles 51,098 livres il faut retrancher le dixième des arrérages jusqu’au 1er janvier dernier, et le courant des arrérages à commencer depuis le jour de la somme déposée… Or il y a grande apparence que tout cela compte. On ne me doit plus que 49,810 livres, somme à laquelle se montent les 43,200 livres reçues et les 6,610 livres payables en un an.

C’est ce qui est aisé à vérifier par le temps où les 43,200 livres ont été déposées.

Si le petit secrétaire de la Chine n’est pas vendu, je vous prie de me l’envoyer.

Je vous réitère mes prières au sujet de M. le marquis de Lézeau, de Rouen, et de M. le prince de Guise. Deux lettres ne coûtent rien, et servent à empêcher qu’on ne puisse se plaindre, si je suis obligé de me servir des voies de la justice.

Je vous embrasse. Voici une lettre pour la Hollande, que je vous prie de faire mettre à la poste.

Je ne me souviens plus si je vous ai prié de donner pour mon compte deux mille quatre cents livres à M. du Châtelet. En cas que j’aie mis dans ma lettre deux mille livres pour deux mille quatre cents, je vous prie de vous en tenir à celle-ci, et de lui donner deux mille quatre cents.

  1. Édition Courtat.
  2. Charles-François-Michel fut d’abord secrétaire du roi en 1728. et ensuite receveur général des finances de Montauban jusqu’en 1741, où il fit banqueroute.
  3. Addition fausse : il faudrait 51,058. (C.)