Correspondance de Voltaire/1736/Lettre 562

Correspondance : année 1736GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 30-31).
◄  Lettre 561
Lettre 563  ►


562. — À M. ***[1].
À Cirey, février.

Ma santé, qui est devenue déplorable, ne me permet guère, mon cher monsieur, d’entrer avec vous dans de grands détails au sujet de M. Lefranc, que je n’ai jamais offensé. Il peut, tant qu’il voudra, travailler contre moi, et vendre quelques brochures contre un homme qu’il ne connaît pas : cela ne me fait rien. Sa haine m’est aussi indifférente que votre amitié m’est chère. S’il me hait, il est assez puni par le succès d’Alzire ; à lui permis de se venger, en tâchant de la décrier.

Quant à l’argent que me devait ce pauvre M. de La Clède, je trouve dans mes papiers (car je suis un homme d’ordre, quoique poëte) que je lui avais prêté, par billet, trois cents livres, que le libraire Legras m’a rendues ; et, le lendemain, je lui prêtai cinquante écus sans billet. Si vous pouviez, en effet, faire payer ces cinquante écus, je prendrais la liberté de vous supplier très-instamment d’en acheter une petite bague d’antique, et de prier Mme Berger de vouloir bien la porter au doigt pour l’amour de M. de La Clède et pour le mien. Ce M. Berger est un homme que j’aime et que j’estime infiniment, et je vous aurais bien de l’obligation si vous l’engagiez à me faire cette galanterie. C’est un des meilleurs juges que nous ayons en fait de beaux-arts.

Qu’est devenue la mascarade de Servandoni ? On dit qu’Alzire est de Lefranc[2].

Je suis trop languissant pour vous en dire davantage.

  1. Cette lettre, imprimée sous le no 11 dans les Lettres secrètes de M. de Voltaire, 1765, in-8o, y est sans adresse ; elle a, depuis, été imprimée quelquefois comme adressée à M. Berger. (B.)
  2. Alzirette, parodie d’Alzire, est de Panard, Parmentier, Pontau, et. Marmoutier.