Correspondance de Voltaire/1734/Lettre 394

Correspondance de Voltaire/1734
Correspondance : année 1734GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 411-412).
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394. — Á M. DE MONCRIF.

Je suis très-flatté, je vous assure, mon cher monsieur, de recevoir quelques-uns de vos ordres ; mais je crains bien de ne pouvoir les exécuter. M. Falkener[1], mon ami, n’est point à Alexandrie, mais à Constantinople, dont il doit partir incessamment. Il est vrai qu’il a du goût pour l’antiquaille, mais ce n’est ni pour alun, borax, terre sigillée ou plante marine. Son goût se renferme dans les médailles grecques et dans les vieux auteurs : de sorte qu’excepté les draps et les soies, auxquels il s’entend parfaitement bien, je ne lui connais d’autre intelligence que celle d’Horace et de Virgile, et des vieilles monnaies du temps d’Alexandre. Cependant, monsieur, s’il lui tombe entre les mains quelque coquille de colimaçon turc, quelques morceaux de soufre du lac de Sodome, quelque araignée ou crapaud volant du Levant, ou autres utilités semblables, sans omettre de vieux morceaux de marbre ou de terre, je vais le prier de les apporter avec lui à Paris, où je compte le voir à son retour de Constantinople. Il se fera un plaisir de vous les apporter lui-même. Je lui enverrai donc, dès demain, votre mémoire. Si j’avais une copie de Tithon et l’Aurore, je l’y joindrais, bien sûr qu’il s’empresserait plus pour l’auteur de cet aimable ouvrage que pour tous les princes du monde, car il est homme d’esprit et Anglais.

Je suis de tout mon cœur, monsieur, avec la plus sincère estime, etc.

  1. Voyez ci-dessus, lettre 351 ; et tome II, pages 537 et 547.