Correspondance de Voltaire/1733/Lettre 348

Correspondance de Voltaire/1733
Correspondance : année 1733GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 359-360).
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348. – À M. DE CIDEVILLE.
14 juillet

Les vingt-quatre Lettres sont déjà imprimées à Londres, et j’attends, pour y envoyer la vingt-cinquième, que notre ami Jore, notre très-incorrect Jore, ait achevé cette besogne. L’attention que vous me marquez sur cela est une des plus précieuses marques de votre amitié.

Le Pour et Contre, dont je vous ai parlé, n’est point de l’abbé Desfontaines ; il est réellement du bénédictin défroqué auteur de Clèveland et des Mémoires d’un homme de qualité. Je lui pardonne d’avoir dit un peu de mal de Zaïre, puisque vous en avez fait l’éloge.

Ne vous étonnez pas que je sache confondre
Un petit mal dans un grand bien.

J’ai grande envie de voir ce tome du Journal où vous avez mis un monument de votre amitié. Je regarde d’ailleurs ce petit écrit de vous comme une lettre de ma maîtresse, que l’on aura fait imprimer.

Je viens de recevoir une lettre du philosophe Formont ; il n’est pas d’avis que j’argumente, cette fois-ci, contre Pascal. Mais le livre était trop court, et, d’ailleurs, si je déplais aux fous de jansénistes, j’aurai pour moi ces hongres de révérends pères.

Sæpe, premente deo, fert deus alter opem.

(Ovid., Trist., liv. I, cl. ii, v. 4.)

Vale, et amantem tui semper ama.

On répète, à la Comédie française, une Pèlopèe[1] de l’abbé Pellegrin, et aux Italiens une comédie intitulée le Temple du Goût[2], où votre serviteur est, dit-on, honnêtement drapé. Je veux faire une bibliothèque des petits ouvrages que l’on a faits contre moi ; mais la bibliothèque serait trop mauvaise.

Il y a ici une haute-contre, nommée Jéliotte, qui est étonnante. Notre petit Tribon est enterré, de cette affaire-là. Pour Mlle Pélissier, elle se soutient encore, attendu que le chevalier de Brassac la f… trois coups toutes les nuits : on dit que cela fait beaucoup de bien à la voix des femmes.

  1. Tragédie jouée en ce mois de juillet 1733.
  2. En un acte, en vers, par Romagnési et Nivau.