Correspondance de Voltaire/1732/Lettre 245

Correspondance de Voltaire/1732
Correspondance : année 1732GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 249).
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245. — À M. DE MONCRIF[1].
Mars 1732.

Je devrais venir vous remercier ce matin, mon cher monsieur, je devrais être aux pieds de votre adorable prince. Dieu soit enfin loué ! nous avons un prince qui a du goût. Mon cher Moncrif, il faut qu’il me protège : ce sera le bon goût qui me protégera contre le mauvais[2].

Ah ! que les comédiens sont de pauvres gens ! Savez-vous bien qu’hier j’assemblai trois bons critiques, qui lurent les deux pièces jusqu’à onze heures ? Ils furent unanimement de votre avis. Je suis charmé que Mme de Bouillon ait si bien senti, et si promptement, la différence qui est entre ces deux ouvrages. Il y a bien plus d’esprit et de goût, dans ce siècle, qu’on ne croit, mon cher Moncrif. Faites bien ma cour à monseigneur, et à Mme de Bouillon ; aimez Voltaire et Ériphyle. Adieu, et vale. Je suis chez moi, parce que je travaille.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Moncrif était secrétaire des commandements du comte de Clermont, à qui Voltaire voulait, à ce qu’il parait, dédier Ériphyle. (Cl.)