Correspondance de Voltaire/1725/Lettre 143

Correspondance de Voltaire/1725
Correspondance : année 1725GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 139-140).
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143. — À M. THIERIOT,
chez madame de bernières, a la rivière-bourdet.

Paris, 20 juin.

J’ai toujours bien de l’amitié pour vous, grande adversion pour les tracasseries, et beaucoup d’envie d’aller jouir de la tranquillité chez Mme de Bernières ; mais je n’y veux aller qu’en cas que je sois sûr d’être un peu désiré. Je ferais mille lieues pour aller la voir, si elle a toujours la même amitié pour moi ; mais je ne ferais pas un stade, si son amitié est diminuée d’un grain. Je devine que le chevalier des Alleurs[1] est à la Rivière, et que vous y passez une vie bien douce. Je ne sais si M. de Bernières se dispose à partir : il n’entend pas parler de moi, ni moi de lui. Nous ne nous Rencontrons pas plus que s’il demeurait au Marais, et moi aux Incurables. Je saurai probablement de ses nouvelles par Mme de Bernières. Mandez-moi comment elle se porte, si elle est bien gourmande, si Silva lui a envoyé son ordonnance, si elle est bien enchantée du chevalier des Alleurs, si ledit chevalier, toujours bien sain, bien dormant, et bien… se dit toujours malade ; enfin si on veut me souffrir dans l’ermitage. Je ne sais aucune nouvelle, ni ne m’en soucie ; j’attends des Vôtres, et vous embrasse de tout mon cœur.

  1. Roland Puchot des Alleurs, connu d’abord sous le titre de chevalier, et ensuite sous celui de comte. Après avoir servi comme capitaine dans le régiment des gardes françaises, il fut nommé envoyé extraordinaire en Pologne, en 1741, et ambassadeur à Constantinople, où il mourut, à la fin de 1754, ou en janvier 1755. C’est à lui qu’est adressée la lettre du 26 novembre 1738. Il avait un frère que Voltaire, dans cette même lettre, appelle philosophe mondain. (Cl.)