Correspondance de Voltaire/1724/Lettre 112

Correspondance de Voltaire/1724
Correspondance : année 1724GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 111-112).
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112. — À MADAME LA PRÉSIDENTE DE BERNIÈRES.

Forges, juillet.

Je reçois dans ce moment votre lettre avec celle de M. le duc de Richelieu. J’ai écrit sur-le-champ à M. de Maisons et à M. Berthier[1], quoique je ne pense pas que quand M. de Lézeau[2] a un procès il puisse avoir besoin de recommandation. Je crois que les eaux me feront grand bien, puisqu’elles ne me font pas de mal. Mme de Béthune arriva hier à Forges, On attend Mme de Guise[3] et Mme de Prie, qui peut-être ne viendront point. Si vous me promettez de m’envoyer bien exactement les Nouvelles à la main que vous recevez toutes les semaines, je vous dirai pourquoi M. de La Trimouille[4] est exilé de la cour. C’est pour avoir mis très-souvent la main dans la brayette de Sa Majesté très-chrétienne. Il avait fait un petit complot avec M. le comte de Clermont de se rendre tous deux les maîtres des chausses de Louis XV, et de ne pas souffrir qu’un autre courtisan partageât leur bonne fortune. M. de La Trimouille, outre cela, rendait au roi des lettres de Mlle de Charolais[5], dans lesquelles elle se plaignait continuellement de Monsieur le Duc. Tout cela me fait très-bien augurer de M. de La Trimouille, et je ne saurais m’empêcher d’estimer quelqu’un qui, à seize ans, veut besogner son roi et le gouverner. Je suis presque sûr que cela fera un très-bon sujet. Le roi ira sûrement à Fontainebleau, les premiers jours de septembre, et il y aura comédie. M. de Richelieu ira à Vienne, au mois de novembre. Pour moi, j’ai grande envie de passer avec vous tout le mois d’août, et de ne point aller à Vienne.

  1. Louis-Bénigne Berthier de Sauvigny, président en la cinquième chambre des enquêtes ; mort en 1745.
  2. Jean-Baptiste Ango, marquis de La Motte Lu, petit marquis ridicule.
  3. La princesse de Guise, dont le duc de Richelieu épousa la fille, en 1734. Morte en 1730.
  4. Charles-René-Armand de La Trimouille. Il fut pair de France, membre de l’Académie française, et mourut en 1741.
  5. Louise-Anne, née le 23 juin 1695, morte le 8 avril 1758, était sœur de Marie-Anne, née le 10 octobre 1697, morte le 11 août 1741, connue sous le nom de Mlle de Clermont ; voyez la note 1, page 281 du tome II.