Correspondance de Voltaire/1722/Lettre 76

Correspondance de Voltaire/1722
Correspondance : année 1722GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 83-84).
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76. — À MADAME LA PRÉSIDENTE DE BERMÈRES[1].

À la Source[2].

Nous voilà arrivés dans notre ermitage. On n’a peut-être jamais été à la campagne plus mal à propos : c’est s’enfuir la veille d’une bataille ; mais je vous promets de revenir dès le moment que vous jugerez ma présence nécessaire. Écrivez-moi, je vous prie, un peu souvent de vos nouvelles et des miennes ; mandez-moi comment mon fils[3] réussit dans le monde ; s’il a beaucoup d’ennemis, et si on me croit toujours son véritable père. Que Thieriot, son père nourricier, songe aussi à m’écrire tous les jours, si sa paresse peut le lui permettre ; il n’y a qu’à envoyer les lettres chez Mme de Villette, qui envoie tous les jours un courrier ici. Rien ne sera plus aisé que d’entretenir un commerce très-régulier. Je crois déjà être ici à cent lieues de Paris ; milord Bolingbroke me fait oublier et Henri IV, et Mariamne, et comédiens, et libraires. Je vous demande en grâce de me faire souvenir de tout cela, et de croire que je ne vous oublierai jamais, et que votre amitié m’est plus chère que ma réputation et mon intérêt.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Château ainsi appelé parce que le Loiret prend sa source dans le parc.
  3. La Henriade.