Correspondance de Voltaire/1722/Lettre 74

Correspondance de Voltaire/1722
Correspondance : année 1722GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 82).
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74. — À M. THIERIOT[1].

À Ussé, ce 19 décembre.

La poste a retardé ce dernier ordinaire à Ussé : c’est ce qui fait que je n’ai reçu que le 19 décembre votre lettre datée du 11. Je suis très-impatient d’apprendre des nouvelles de la santé de monsieur votre père. Voici les moments où la machine est émue et où la tendresse se réveille. Il m’est permis de me citer moi-même :

 
Et les cœurs nés sensibles
Sont aisément émus dans ces moments horribles.

Cependant il faut que le bonhomme s’en aille ; que vous héritiez, et que vous vous consoliez dans la ferme espérance qu’il nous arrivera à tous pareille aubaine.

À l’égard de M. de Génonville, qui veut vous mener à la toilette de madame la maréchale, premièrement, je ne crois pas qu’il le fasse ; mais s’il le fait, cela ne gâtera rien. Je lui écrirai à elle très-fortement. Je voudrais bien que cela pût se différer jusqu’au jour de l’an, car, en vérité, je ne lui écris plus qu’en cérémonie.

Je vous envoie toujours trois nouveaux fleurons de la façon de Durand, de la Comédie, dont je crois vous avoir déjà parlé dans mes dernières lettres. Je vous envoie aussi les noms des graveurs qui sont le plus en réputation. Vous userez de tout cela quand vos affaires pourront vous le permettre. Écrivez-moi au plus tôt, je vous en prie ; mandez-moi des nouvelles de votre père et des vôtres. Adieu, mon cher Thieriot ; je travaille ici tout le jour.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.