Correspondance de Nicolas Poussin/1639 (Poussin à M. de Noyers)

Texte établi par Charles Jouanny, Jean Schemit (p. 18-19).

9. — Poussin à M. de Noyers.
(Copie de l’Institut, lettre 17[1].)
Mon seigneur

la libéralité de sa Majesté, et votre bénignité et bienveillance en mon endroit, ont de la proportion seulement entre vous, et non pas avec un si débile sujet comme je suis. Mais quoy outre[2] les nouvelles obligations si je me trouve dès ma naissance estre esclave de lui que doije faire pour reconnoître les bénifices de l’autre, Certes, Monseigneur, si ce n’étoit que le servage que nous devons à nos Rois est une liberté de nos droits vous promettrés destre plus vostre, puisque déjà vous m’avez donnés. Mais en ceci ce qui est de votre Roy vous estant commun, jespère bientôt davoir lhonneur de vous servir et honnorer de toutes mes forces, mais pour maintenant, je ne sçaurois sinon humblement vous remercier de ce qu’il vous a plù de me faire expédier une lettre de change de mille écus pour mon voyage des quels la plus grande partie jespère recevoir à Paris s’il plaira à votre bénignité n’en voulant toucher icy sinon un peu, pour subvenir aux choses qui me seront plus nécessaires je me hâterai donc le plus qu’il me sera possible de vous aller servir car maintenant il ne reste ici que ce qui est de plus matériel l’esprit étant déjà transporté chez vous à vous faire humble révérence

Votre esclave
Poussin



  1. L’original de cette lettre manque. Nous ne la connaissons que par la copie de 1755, aujourd’hui à l’Institut (copie d’ailleurs très fidèle). Elle y est insérée avant celle du 30 mai 1641. Nous l’avons changée de place, à l’exemple de Quatremère de Quincy, qui l’a rétablie à la place chronologique qui lui convient.
  2. Mots douteux : outre ou autre.