Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1992

Louis Conard (Volume 9p. 35-36).

1992. À GUY DE MAUPASSANT.
[Croisset, 3 mai 1880].

C’est fait, ma lettre pour Banville sera à Paris ce soir.

La semaine prochaine apporte-moi la liste des idiots qui font des comptes rendus, soi-disant littéraires, dans les feuilles. Alors nous dresserons « nos batteries ». Mais souviens-toi de cette vieille maxime du bon Horace : Oderunt poetas.

Et puis l’Exposition !!! Monsieur !! J’en suis scié déjà ! Elle m’em… d’avance. J’en dégueule d’ennui, par anticipation.

À propos d’arts inférieurs, j’ai adressé hier au jeune Charpentier une première aux Corinthiens, qui ne figurera pas dans le bazar de la Vie Moderne. Dans leur dernier numéro ils ont coupé une scène juste à son milieu, pour un article de sport, et, au lieu de faire le dessin du décor, c’est une vue du Pont-Neuf. Actualité palpitante. Si la maison Charpentier ne me paie pas immédiatement ce qu’elle me doit et ne m’aboule pas une forte somme pour la féerie, Bouvard et Pécuchet iront ailleurs. L’importance attachée à ces niaiseries, le pédantisme de la futilité m’exaspère (sic). Bafouons le chic !

Huit éditions des Soirées de Médan ? Les Trois contes en ont eu quatre. Je vais être jaloux.

Tu me verras au commencement de la semaine prochaine.

Gustave Flaubert mourut le 8 mai 1880.