Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1936

Louis Conard (Volume 8p. 357-358).

1936. À GEORGES CHARPENTIER.
Dimanche 24 [sic, pour 25] janvier 1880.
Mon cher Ami,

La Renommée aux cent bouches m’a appris que Mme Charpentier était accouchée et que, le jour même où le ciel vous octroyait un héritier, vous étiez alité.

Donc, comment se portent la mère, l’enfant et le papa ?

2o  Pour vous fléchir, j’avais bassement écrit à Mme Charpentier. Mon épître a dû lui arriver le jour précisément où elle enfantait. Donc, ma lettre est probablement perdue. Elle avait pour but de vous recommander la publication, aussi prompte que possible, des Vers de Maupassant. Faites cela, et vous m’obligerez infiniment. C’est un SERVICE que je vous demande, et la publication ne vous déshonorera pas.

3o  La Féerie a bonne mine et, ainsi publiée, elle me plaît.

Nous causerons de la question pécuniaire quand tout sera paru. Mais (il y a toujours un mais), d’ici là, mon bon, vous seriez bien aimable de m’envoyer ce qui me revient de l’Éducation sentimentale (votre dernier paiement était pour un tirage de Salammbô). Franchement, et sans blague aucune, un peu de monnaie me serait agréable pour le quart d’heure.

Je commence le plan de mon dernier chapitre. Quand sera-t-il fini ? Dieu le sait ! Peut-être pas avant la fin d’avril, ou le milieu de mai.

Dès qu’il fera moins hideux, au commencement de mars, je suppose, je m’attends à votre visite, en compagnie de Zola, Goncourt et Alph. Daudet. Vous apparaîtrez avec les violettes et nous nous livrerons à un petit balthazar rustique.

D’ici là, je vous embrasse. Vôtre.