Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1907
C’est charmant, votre Conte de Fées ! [1] et d’un excellent style. Je ne ferai qu’une remarque. Pourquoi votre Méduse ne se sauve-t-elle pas en vertu de ses mérites, par ses propres efforts, plutôt que par ceux de Sans-Malice ?
La page 15 est adorable de facture, et il y en a bien d’autres ! Mais je suis Hindigné contre vos illustrations. Quel dessin ! et quelles inventions ! Est-il possible d’exécuter plus lourdement la littérature ! Le frontispice, surtout, est de la vraie démence. Le portrait d’une cocotte pour figurer un être idéal ! Tout ce qu’il y a de plus connu et poncif, sous prétexte de nous faire rêver à l’insaisissable ! Grévin dans l’azur ! Non, ma parole d’honneur, j’en suffoque de colère ! Et les cassures japonaises en bas des draperies ; Pourquoi le Japon ? Mais le chic ! le chic ! Charpentier se pâme là devant, je suis sûr !
À vous, chère confrère, mes meilleures tendresses.
Si vous pouviez me trouver moyen de vous relire sans illustrations, j’aurais plus de liberté d’esprit, mais j’en ai l’intellect perturbé.
- ↑ La princesse Méduse, conte illustré par Félix et Frédéric Régamey.