Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1900
Comment allez-vous, ma chère Princesse ? Voilà plus de quinze jours que je ne vous ai vue, ni entendu parler de Votre Altesse, et j’entre en mélancolie quand je songe à toutes les semaines qui vont ainsi se passer.
Que vous dirai-je ? Jamais l’hospitalité de Saint-Gratien ne m’a semblé si gracieuse, ni la châtelaine plus charmante. En revenant ici, j’ai eu du mal à me remettre au travail ! Ma vie n’est pas drôle, et je vous épargne le détail de ses misères. Enfin, je vous remercie pour les bons moments passés chez vous.
Je m’en vais demain à Étretat voir une vieille amie[1] d’enfance qui est fort malade. Mais dimanche soir je serai derechef courbé sur mon pupitre.
J’espère y lire bientôt un petit mot de vous, n’est-ce pas ? En attendant ce plaisir-là, croyez, Princesse, à l’inaltérable affection de votre vieux fidèle.
- ↑ Mme Laure de Maupassant, mère de Guy de Maupassant.