Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1651

Louis Conard (Volume 8p. 22-23).

1651. AU DOCTEUR LE PLÉ.
[Paris], jeudi soir [29 mars 1877].
Cher Monsieur,

Je sais par notre ami Laporte que hier[1] vous avez pris vigoureusement notre défense.

Je vous enverrai très prochainement le nombre exact des représentations que vous demandez.

Quant à la biographie de Bouilhet et à une appréciation de ses œuvres, je ne saurais mieux faire que de vous indiquer ma préface à son volume de Dernières Chansons. Par le même courrier, j’écris à Rouen pour que l’on vous remette tout de suite ce volume.

D’après la lettre de Laporte, il me semble que le Conseil municipal ne veut pas comprendre la question. On ne lui demande pas d’honorer Bouilhet, mais de nous permettre de doter Rouen d’une fontaine, sous la condition d’une certaine décoration où il y aura un buste de Bouilhet.

C’est une question de voierie, et non de littérature. Si nous demandions à orner notre fontaine de la figure d’un gorille, on devrait nous en accorder la permission, puisque nous voulons faire à la ville cadeau d’un monument d’utilité publique.

En dépit de ce mauvais vouloir, nous réussirons grâce à vous. Je vous en remercie du fond du cœur et vous serre les mains cordialement, en vous assurant, cher monsieur, que je suis tout à vous.


  1. Le Journal de Rouen du 24 mars 1877 annonce dans sa « Chronique locale » : « Le Conseil municipal de Rouen se réunira mercredi prochain 28 courant pour examiner… demande demplacement pour un monument fontaine à la mémoire de Bouilhet… » C’est donc à cette séance qu’intervint utilement le docteur Le Plé.