Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 7/1514

Louis Conard (Volume 7p. 220-221).

1514. À PHILIPPE LEPARFAIT.
Entièrement inédite en 1930
Vendredi soir. [1874]
Mon Bon,

J’ai retiré ma pièce (ou plutôt notre pièce) de Cluny. Le personnel que m’offrait Weinschenk était impossible. Je me préparais une chute carabinée. Zola, Daudet, Catulle Mendès et Charpentier, auxquels je l’avais lue, étaient désespérés de me voir jouer sur de pareils tréteaux. Je me suis entêté, car je n’aime pas à reculer, mais après avoir vu le Mangeur de fer et Montigny refusant de me donner Lesueur, il a fallu se rendre à l’évidence. De plus Weinschenk et moi n’avions pas pensé que cette pièce exige pour les femmes de grands frais de toilette (5 actes, 5 robes). Or, les actrices de l’établissement n’ont pas le sol. Bref, je m’applaudis de ma décision, et tout le monde m’en félicite. Mais, comme je ne lâche pas le morceau, le Sexe faible est actuellement au Gymnase ; j’attends la réponse de Montigny !

Rien de décidé pour la féerie. Peragallo pense que, si Tischer obtient la direction du Châtelet, il est homme à la prendre. Donc la Féerie reste dans les nuages.

Le conseil municipal étant renouvelé, je me propose de renouveler ma demande, et je vais immédiatement écrire à Deschamps pour qu’il me conseille sur ce que j’ai à faire.

La censure n’a pas encore rendu le manuscrit de Sexe faible. R. Duval a été charmant dans cette affaire-là. Il m’a écrit trois fois, poste par poste, et m’a même envoyé une lettre de Chabaud-Latour. Quant à M. d’Osmoy, aucune nouvelle, bien entendu !

Embrasse ta mère pour moi et qu’elle te le rende. Ton vieux (qui ose se dire) solide.