Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 7/1373

Louis Conard (Volume 7p. 23-24).

1373. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, mercredi 6 heures [fin mai, début juin 1873].

Eh bien, mon Caro, je ne t’en verrai que plus tôt ! Bien que je sois fâché pour toi de ce petit désappointement ; un peu de dérangement vous aurait fait du bien à l’un et à l’autre.

Faut-il, lundi soir, vous garder à dîner ? J’aimerais mieux vous attendre et dîner avec vous. Prenez avant de partir un bouillon, puis nous ferons ensemble un vrai repas.

Aucune nouvelle de Mlle Julie ! Comme Émile n’est nullement pressé de la revoir, de la re-servir, il ne lui a pas écrit, se fiant là-dessus à Mme Commanville.

Ma caboche est un peu fatiguée, mais le second acte du Sexe faible touche à sa fin ! Tout sera (provisoirement) fini avant un mois, et je ne te cache pas que je commence à avoir bon espoir. Pour te dire la vérité, je brûle même de lire mon premier acte à quelqu’un pour juger de l’effet. Mais à qui ? Tu subiras cette lecture, mon loulou, mais tu n’estimes que les choses pohétiques !

Ce bon Tourgueneff ! c’est gentil, son attention de t’avoir envoyé son volume.

À bientôt donc, pauvre chérie,

Ta Nounou qui t’embrasse.

Oui, je trouve la peinture de l’escalier très bien. Mais vous ne serez pas mécontents, je crois, de la façon dont j’ai orné votre immeuble.

Du reste, Croisset est charmant ! C’est à présent qu’il faut y venir, et y rester le plus longtemps possible.