Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 6/1192

Louis Conard (Volume 6p. 261-262).

1192. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, nuit de lundi [3-4 juillet 1871].
Mon Loulou,

Je suis tout joyeux de songer que, jeudi, je pourrai bécoter ta bonne mine. Mais ce ne sera pas pour longtemps, puisque tu dois re-partir de Croisset, pour Dieppe, dès samedi.

Ce sera peut-être ce jour-là que j’aurai enfin la visite de mes deux députés. J’ai chargé Raoul-Duval de me donner de leurs nouvelles et même de les ramener.

Je voudrais bien qu’Ernest, avant de rejoindre sa « délicieuse villa », s’arrêtât un peu dans la nôtre, pour parler au jardinier et pour apurer mes comptes !

Mme Bonenfant nous a écrit qu’elle lui avait envoyé de l’argent de Courtavent et de l’argent de la ferme de l’Isle.

Je voudrais bien que ta grand’mère, avant de partir pour Dieppe, payât environ 800 francs (c’est ce qui lui reste de dettes) ; et quant à moi (qui n’ai reçu depuis le mois de janvier que 1 500 francs de ta grand’mère), j’aurais besoin, dans une dizaine de jours, de 3 000 francs, car je voudrais aussi payer mes dettes lors de mon prochain voyage à Paris. Préviens donc ton époux.

J’en ai fini, Dieu merci, avec les dieux de l’Inde ! Mais ceux de la Perse ne sont pas commodes ! Et à ce propos, je passerai peut-être une partie du mois d’août à la Bibliothèque impériale, uniquement pour creuser iceux. Telle sera ma villégiature ! Je compte m’en donner une autre, en allant chez « ma fameuse nièce ». Mais comment arranger cela, avec Tourgueneff qui doit venir à Croisset du 15 au 20 août, et les dames Vasse qui doivent y venir, quand ?

Nous causerons de tout cela jeudi.

En attendant, un bon baiser de ton vieux.