Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0916

Louis Conard (Volume 5p. 303).

916. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, mardi matin [fin mai-début juin 1867].

Je viens de lire avec bien du plaisir ta gentille lettre, mon Carolo. Tant mieux que vous soyez contents de mon logement ! C’est dans cet espoir-là qu’il était offert. Il me serait impossible de vous suivre dans vos promenades, car au mal de dents a succédé un rhumatisme du pied qui m’empêche de me tenir debout ; aussi, je n’irai pas voir demain les Bohémiens. Monseigneur viendra dîner ici et passera la journée de jeudi […].

Je n’ai aucune nouvelle à t’apprendre, je n’ai pas vu un chat depuis votre départ ; ma plus grande distraction a été l’orage dans la nuit de dimanche. Le temps s’est rafraîchi.

Ton vieux ganachon qui t’aime.

Tu diras à Ernest que j’ai retrouvé le paquet de lettres dont j’étais inquiet ; embrasse-le de ma part (pas le paquet de lettres, mais l’homme).

Mon propriétaire, ou plutôt le séquestre, m’avait promis de mettre des persiennes neuves aux deux fenêtres qui sont sur le boulevard. Rappelle cette promesse au portier : j’aimerais que ce travail se fît pendant que vous êtes là, n’aimant pas que les ouvriers batifolent dans mon logement quand il n’y a personne. Le séquestre s’appelle M. Brûlé, mais son activité n’est pas brûlante !