Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0852

Louis Conard (Volume 5p. 219-220).

852. À SA NIÈCE CAROLINE.
Paris, lundi matin [6 août 1866].
Ma chère Caro,

Es-tu disposée à me recevoir dimanche prochain ? Tu m’as écrit à Londres une lettre bien gentille et, si je ne t’ai pas répondu plus tôt, c’est que je voulais te dire le jour positif de mon arrivée. Je ne couche pas à Saint-Gratien, mais j’y vais dîner tous les jours. Jeudi, cependant, je resterai à Paris pour assister à la première représentation du Don Juan de village de Mme Sand. Je passerai la soirée de vendredi et la matinée de samedi chez Monseigneur. Puis j’irai coucher à Croisset pour me débarrasser de mes nombreux colis. Et dimanche enfin je bécoterai ta jolie mine. Telle est mon intention. Dis-moi si elle te convient ; ne te gêne pas du tout avec moi, bibi. Si tu avais du monde chez toi, je pourrais très bien reculer mon voyage.

Je profiterai de l’occasion pour aller faire une visite à Ouville[1]. Mais il va sans dire que je resterai plus longtemps chez mon Caro. Je compte être revenu définitivement à Croisset l’autre dimanche, le 19, comme je l’avais projeté. La Princesse voulait m’emmener avec sa bande passer tout le mois de septembre sur les bords du lac Majeur ; mais le roman (le roman qu’il me tarde de reprendre), que serait-il devenu, ô mon Dieu !

Adieu, pauvre chérie. Embrasse ton mari pour moi.

Ton vieil oncle qui t’aime.

Je brûle de voir le fameux château.

Si tu as Flavie près de toi, n’oublie pas de lui demander en quoi consiste le tiers ordre.


  1. Propriété de Mme Roquigny (Juliette Flaubert).