Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0762

Louis Conard (Volume 5p. 106-107).

762. À JULES DUPLAN.
Vichy [fin juillet 1863].

Tu es un misérable de ne pas avoir charmé ma solitude par quelque épître ; cela m’eût égayé dans la vie embêtante que je mène, et où je n’ai pour distraction que la vue de Jules Lecomte sous les arbres du Parc !

J’ai lu beaucoup de romans depuis que je suis ici et, avant-hier, la Vie de Jésus de l’ami Renan, œuvre qui m’enthousiasme peu. J’ai réfléchi à mes deux plans sans y rien ajouter et à la féerie sans rien trouver. Monseigneur me paraît très en train et nous allons nous y mettre sérieusement dans dix jours, quand je serai rentré à Paris.

Il paraît que vous avez tous les deux solidement bûché les eaux de Saint-Ronan. Vous avez eu une forte conférence ecclésiastique.

Sacré nom d’un chien, quelle chaleur ! Après plusieurs jours de froid et de pluie où je grelottais sans pouvoir me réchauffer, nous jouissons maintenant d’une température étouffante. Elle m’obstrue l’entendement, je ne fais que souffler et dormir étendu « comme ung veau » sur mon lit.

Lis-tu dans la Franchise le salon de ce vieux Hennequin ? Oh ! énorme ! Encore plus beau comme critique d’art que comme poète !