Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 4/0538

Louis Conard (Volume 4p. 190-191).

538. À ERNEST FEYDEAU.
[Début de juin 1857.]
Aimable Nabouchoudouroussour,

On vous attend lundi 8 juin, train 7 h. ½, à la gare de la rue Verte. J’ai écrit à Saint-Victor pour l’inviter et j’écrirai à Théo un de ces jours. Mais j’espère bien que c’est une affaire convenue depuis longtemps.

Je bûche comme un nègre. J’entasse bouquins sur bouquins, notes sur notes, mais c’est bien difficile, mon pauvre vieux ! Envoyez donc promener tous les conseils que l’on vous donne ! Les incertitudes que l’on a ne viennent jamais que d’autrui.

J’espère bien, immonde neveu, que tu ne vas pas me faire mener une vie de galérien, ni me forcer, moi et mes hôtes, à me lever à des heures indues. On laissera les portes ouvertes et tu pourras, dès l’aurore, vagabonder dans la campagne.

Je vous lirai une TRAGÉDIE !!! de moi, oui, Monsieur. Une tragédie que je croyais perdue et que j’ai retrouvée[1].

J’imagine que nous allons dire pendant quelques jours de fortes choses. Adieu, cher ami. À bientôt donc.

Écrivez-moi ung petit mot la veille, hein ? — et venez tous.


  1. Le sens de la lettre indique une œuvre de jeunesse.