Correspondance 1812-1876, 6/1875/CMXLIV



CMXLIV

À M. LE VICOMTE DE SPOELBERCH DE LOVENJOUL,
À PARIS


Nohant, 23 octobre 1875.


Cher monsieur,

Rien ne va vite au Théâtre-Français. On m’assure qu’il y faut trente-sept ans pour tenir une parole et monter une pièce. J’ai donc le temps d’attendre et je ne pense pas aller à Paris de sitôt. Vous devriez être parfaitement aimable et venir me voir ici avant de retourner en Belgique ; si vous me disiez oui, je vous indiquerais votre itinéraire et vous ferais trouver une voiture à Châteauroux au jour dit. En tout, sept à huit heures de voyage de Paris à Nohant. Moi, j’y regarde ; je suis très vieille et j’ai été malade tout l’été ; mais, pour vous, ce n’est rien.

Je ne crois pas que les Lévy actuels soient en mesure de faire l’édition. Votre travail sera d’autant plus important et plus précieux que je ne serai plus de ce monde quand on fera une édition complète et sérieuse[1]. Mes enfants tiennent donc pour extrêmement précieux et auront pour règle, dans l’avenir, tout ce que vous aurez établi d’accord avec moi.

Vous aurez la date que vous me demandez, on me la trouvera.

Venez passer quelques jours avec nous. Je suis mieux établie ici qu’à Paris. Vous ne serez pas obligé de monter vous-même à l’assaut pour secouer la poussière des bouquins.

À vous de cœur et au revoir, j’espère, bientôt.

GEORGE SAND.
  1. De ses œuvres.