Correspondance 1812-1876, 5/1866/DCI



DCI

À MADAME LA COMTESSE SOPHIE PODLIPSKA,
À PRAGUE


Palaiseau, 12 février 1866.

Je suis vivement touchée, madame, de l’envoi que vous voulez bien me faire[1] (je ne l’ai reçu que depuis quelques jours) et de l’excellente lettre qui y était jointe. C’est un honneur pour moi d’être traduite par vous, et c’est une douceur que d’être aimée en même temps avec tant de délicatesse et de générosité.

M. Léger a pris la peine de m’envoyer la traduction en français de votre intéressante préface. Elle m’a reportée au temps déjà éloigné où je rêvais les aventures de Consuelo, et où, manquant beaucoup de renseignements, j’essayais de m’initier, par interprétation et par divination, au génie de la Bohême, à la beauté de ses sites et à l’esprit profond, caché sous le symbole de la coupe. Je n’avais ni la liberté ni le moyen d’aller en Bohême, et je me disais que, si je commettais quelques erreurs, la Bohême me les pardonnerait, à cause de l’intention sincère et de la sympathie fervente. Je reste convaincue que le peuple qui a un passé si dramatique et si enthousiaste est et sera toujours un grand peuple.

Agréez, madame, avec mes remerciements, l’expression de mes sentiments affectueux et dévoués.

  1. La traduction du Consuelo en langue tchèque.