Correspondance 1812-1876, 4/1863/DXXII



DXXII

À M. ÉDOUARD CADOL, À PARIS


Nohant, 29 janvier 1863.


Mon cher enfant,

Maillard m’a fait part du désir exprimé par la direction du Vaudeville de joindre mon nom au vôtre sur l’affiche. Cela ne peut pas être, et, tout en remerciant pour moi ces messieurs de ce qu’il y a d’obligeant dans leur idée, dites-leur qu’à aucun titre je ne puis accepter la collaboration fictive. Vous savez mieux que personne que je n’ai ni fourni le sujet tel que vous l’avez conçu et exécuté, ni exécuté quoi que ce soit dans la pièce. Les conseils que je vous ai donnés étaient de ceux que le premier venu donne sous l’impression du moment, et se réduisaient à faire ressortir un peu plus vos propres idées et votre propre composition. D’ailleurs, je ne pourrais pas me prêter à cette collaboration fictive, quand même je ne la rejetterais pas absolument en principe. Des engagements personnels et particuliers s’y opposeraient en ce moment. Voilà ce que je vous prie de répondre, ainsi que ce qui précède, puisque c’est la vérité.

La pièce est charmante et n’a pas besoin d’appui. Soyez tranquille et gardez votre nom tout seul. Il faut bien que les noms commencent avant de faire autorité.

À vous de cœur.
G. SAND.