Correspondance 1812-1876, 3/1850/CCCXVII


CCCXVII

À M. SULLY-LÉVY, ARTISTE DRAMATIQUE, À PARIS


Nohant, 18 novembre 1850.


Je vous remercie de votre bon souvenir, mon cher enfant, et vous remercie encore de votre obligeance pour nous. Je compte bien que ce ne sera pas la dernière fois que nous la mettrons à l’épreuve, et que cela me fournira l’occasion de vous être utile autant que je le désire.

Pour le moment, mon pouvoir n’est pas grand à la Porte-Saint-Martin, puisque, après y avoir trouvé peu de bonne grâce pour engager les acteurs indispensables à ma pièce, j’ai été forcée de me retourner vers un autre théâtre. Et je ne sais pas encore auquel Hetzel se sera fixé. Si ce ministère continue, j’aurai toujours de la peine à faire de l’art comme je l’entends ; car partout je trouve des gens que mon nom épouvante et des influences qui me traversent. N’importe, j’arriverai par la patience. Je suis en pourparler au Vaudeville pour notre Nello[1].

Si j’y peux quelque chose, est-il entendu que vous aimeriez à jouer sur ce théâtre et dans cette pièce ? Je pense aller bientôt à Paris ; fixez vos désirs sur quelque point, et j’espère que je pourrai vous aider les réaliser.

Je vous ai promis une lettre pour Rachel. Je vous l’envoie ; c’est elle qui pourrait tout, si elle voulait.

Tout le monde désire vous revoir et s’applaudit de vous connaître, et moi, à la tête de ma troupe d’enfants, je vous serre les mains, de tout mon cœur.

Nous rejouons demain Nello avec le troisième acte tout refait. C’est le vieux Frantz qui fait votre rôle.

  1. Joué au théâtre de l’Odéon sous le titre de Maître Faville.