Correspondance (d’Alembert)/Correspondance particulière/10
L’Académie Française a reçu, avec toute la reconnaissance possible, la charmante lettre que vous lui avez écrite, et les beaux portraits de Fleury et La Bruyère que vous avez bien voulu lui envoyer, pour être placés dans la salle d’assemblée, où elle désirait depuis longtemps de les voir. Ces deux portraits, en retraçant deux hommes dont le nom lui est si cher, lui rappelleront sans cesse, mademoiselle, le souvenir de tout ce qu’elle vous doit, et qu’elle est très flattée de vous devoir. Ils seront de plus, à ses yeux, un monument durable de vos rares talents, et qui sont encore relevés en vous par les grâces, par l’esprit et par la plus aimable modestie.
La compagnie désirant de répondre à un procédé aussi honnête que le vôtre, de la manière qui peut vous être la plus agréable, vous prie, mademoiselle, de vouloir bien accepter vos entrées à toutes ses assemblées. D’hier par une délibération unanime qui a été sur-le-champ insérée dans ses registres, et dont elle m’a chargé de vous donner avis, en y joignant tous ses remerciements. Cette commission me flatte d’autant plus qu’elle me procure l’occasion de vous assurer, mademoiselle, de l’estime distinguée dont je suis pénétré depuis longtemps pour vos talents et pour votre personne, et que je partage avec tous les gens de goût et avec les gens honnêtes.
J’ai l’honneur d’être avec respect, etc.