Correspondance (d’Alembert)/Correspondance avec Voltaire/116

Œuvres complètes de D’AlembertBelinTome V (p. 203-204).


Paris, 9 auguste 1770.


Je ne perds pas un moment, mon cher et illustre ami, pour vous apprendre que je reçois à l’instant même la réponse du roi de Prusse ; non seulement il souscrira et ne refusera rien, dit-il, pour cette statue, mais la grâce qu’il y met est mille fois plus flatteuse pour vous que sa souscription même ; la manière dont il parle de vous, quoique juste, mérite, j’ose le dire, toute votre reconnaissance ; je voudrais que cette lettre pût être gravée au bas de votre statue ; je voudrais vous envoyer copie de cette lettre, ainsi que de la mienne, bien entendu que ni l’une ni l’autre ne sortiront de vos mains ; mais le courrier presse en ce moment, et je ne veux pas différer votre plaisir. Adieu, mon cher ami ; j’espère toujours vous embrasser bientôt ; j’espère aussi que le même prince qui souscrit si dignement et si noblement pour votre statue, me mettra en état de faire ce voyage d’Italie, si indispensable pour ma santé. Je vous embrasse de tout mon cœur. Adieu, adieu ; il est bien juste que la philosophie et les lettres aient quelques consolations au milieu des persécutions qu’elles souffrent. Vale, vale. Tuus ex animo.