Correspondance (d’Alembert)/Correspondance avec Voltaire/087

Œuvres complètes de D’AlembertBelinTome V (p. 174-175).


Paris, 23 avril 1768.


Mon cher et illustre confrère, M. le marquis de Mora que je vous ai déjà tant annoncé, et que je ne vous ai pas annoncé autant qu’il le mérite, veut bien se charger de vous remettre cette lettre dont il n’aura pas besoin, quand vous aurez causé un quart d’heure avec lui. Vous trouverez en lui un esprit et un cœur selon le vôtre, juste, net, sensible, éclairé et cultivé, sans pédanterie et sans sécheresse. M. le duc de Villa-Hermosa, qui voyage avec M. le marquis de Mora, désire et mérite de partager avec lui la satisfaction de vous voir. Je vous l’ai dit, mon cher maître, vous me remercierez d’avoir connu ces deux étrangers. Vous féliciterez l’Espagne de les posséder, et vous nous souhaiterez des grands seigneurs semblables à ceux-là, au lieu de nos conseillers de la cour imbéciles et barbares, de nos danseuses et de notre Opéra-Comique. Sur ce, mon cher et ancien ami, je vous demande votre bénédiction, et je vous renouvelle les assurances de mon dévouement et de ma sensibilité pour tout ce qui peut vous intéresser.