Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1 MÉLITE Notice

Œuvres de P. Corneille, Texte établi par Ch. Marty-LaveauxHachettetome I (p. 125-133).

NOTICE.

J’ai brûlé fort longtemps d’une amour assez grande,
Et que jusqu’au tombeau je dois bien estimer,
Puisque ce fut par là que j’appris à rimer.
Mon bonheur commença quand mon âme fut prise,
Je gagnai de la gloire en perdant ma franchise ;
Charmé de deux beaux yeux, mon vers charma la cours,
Et ce que j’ai de nom je le dois à l’amour.

Si l’on rapproche de ces vers de l’Excuse à Ariste le passage suivant de l’examen de Mélite, où Corneille dit en parlant du succès de sa pièce. « Il égala tout ce qui s’étoit fait de plus beau jusqu’alors et me fît connoitre à la cour ; » il devient très-vraisemblable, par le propre témoignage du poëte, que son premier amour lui inspira sa première comédie.

Suivant une anecdote fort connue, qui s’est enrichie de détails plus précis et de circonstances plus nombreuses à mesure qu’on s’est éloigné davantage de l’époque à laquelle elle semble appartenir, non-seulement Mélite serait due à l’influence de l’amante de Corneille, mais elle renfermerait le récit exact de sa passion et deviendrait de la sorte un précieux élément de sa biographie.

Dans l’impossibilité où nous sommes de distinguer ici le vrai du faux, nous nous contenterons d’exposer au lecteur la manière dont s’est formée cette gracieuse tradition ; il s’aventurera ensuite plus ou moins loin, selon sa témérité personnelle, sur la foi des guides que nous lui indiquons sans oser lui garantir toujours leur exactitude.

Les Nouvelles de la république des lettres de janvier 1685[1] contiennent un éloge de Corneille, où cette anecdote est déjà indiquée en ces termes : « Il ne songeoit à rien moins qu’à la poésie, et il ignoroit lui-même le talent extraordinaire qu’il y avoit, lorsqu’il lui arriva une petite aventure de galanterie dont il s’avisa de faire une pièce de théâtre en ajoutant quelque chose à la vérité. »

Un peu plus tard, en 1708, Thomas, son frère, s’exprime ainsi, dans son Dictionnaire géographique, au mot Rouen : « Une aventure galante lui fit prendre le dessein de faire une comédie pour y employer un sonnet qu’il avoit fait pour une demoiselle qu’il aimoit. »

Nous arrivons enfin au récit le plus détaillé et le plus généralement répandu ; nous le trouvons dans une vie de Corneille, destinée par Fontenelle à faire partie d’une Histoire du théâtre françois, et composée par lui dans sa jeunesse, mais publiée pour la première fois en 1729 par d’Olivet, à la suite de l’Histoire de l’Académie de Pellisson : « Un jeune homme de ses amis, amoureux d’une demoiselle de la même ville (de Rouen), le mena chez elle. Le nouveau venu se rendit plus agréable que l’introducteur. Le plaisir de cette aventure excita dans M. Corneille un talent qu’il ne se connoissoit pas, et sur ce léger sujet il fit la comédie de Mélite. » En publiant lui-même, en 1742, son Histoire du théâtre françois, Fontenelle ajouta : « La demoiselle… porta longtemps dans Rouen le nom de Mélite, nom glorieux pour elle, et qui l’associoit à toutes les louanges que reçut son amant, »

Dans un manuscrit de 1720, intitulé Athenæ Normannorum veteres ac recentes, seu syllabus auctorum qui oriundi e Normannia, conservé à la Bibliothèque de Caen sous le n° 55, et dont je dois la connaissance à M. Eugène Chatel, archiviste du Calvados, on lit l’article suivant sur Mélite : « Melita, nomen fœminae cujusdam nobilis rothomageæ. »

L’existence de Mélite paraît, on le voit, constatée par un grand nombre de témoignages ; seulement jusqu’ici nous ne la connaissons que sous son « nom de Parnasse, » suivant une jolie expression de la Fontaine. Un autre manuscrit de la Bibliothèque de Caen, portant le n° 57, « Le Moréri des Normands, en deux tomes, par Joseph-André Guiot de Rouen, Supplément au dictionnaire de Moréri, édition en X volumes, pour ce qui concerne la province de Normandie et ses illustres, » nous fait connaître son nom réel.

Dans l’article consacré à notre poëte, on trouve au milieu de beaucoup de redites le passage suivant : « Sans la demoiselle Milet, très-jolie Rouennaise, Corneille peut-être n’eût pas sitôt connu l’amour ; sans cette héroïne aussi, peut-être la France n’eût jamais connu le talent de Corneille. » Puis vient l’anecdote racontée par Fontenelle, après quoi Guiot reprend : « Le plaisir de cette aventure détermina Corneille à faire la comédie de Mélite, anagramme du nom de sa maîtresse. »

« J’ajouterai, dit M. Emmanuel Gaillard, dans ses Nouveaux détails sur Pierre Corneille publiés en 1834, qu’elle demeurait à Rouen, rue aux Juifs, n° 15. Le fait m’a été attesté par M. Dommey, ancien greffier. »

À ma prière, M. Francis Wadington a bien voulu examiner les registres de la paroisse Saint-Lô, dont dépendait autrefois cette rue, afin de tâcher d’y découvrir quelque acte relatif à Mlle Milet ; malheureusement la recherche a été vaine, ce qui du reste peut fort bien s’expliquer par le grand nombre de lacunes que les registres présentent : on n’y trouve ni l’année 1601, ni les années 1604-1608 et 1621-1666 ; il faut donc renoncer à ce moyen d’investigation et ne plus espérer qu’en quelque heureux hasard.

Malgré l’intérêt que nous inspire Mlle Milet, nous sommes forcé d’avouer qu’elle a une rivale, rivale obstinée, qui lui dispute encore, à l’heure qu’il est, le cœur du grand Corneille. Voici la note que l’abbé Granet a mise au bas du passage de l’Excuse à Ariste que nous avons transcrit en commençant :

« Il avoit aimé très-passionément une dame de Rouen, nommée Mme du Pont, femme d’un maître des comptes de la même ville, parfaitement belle. Il l’avoit connue toute petite fille pendant qu’il étudioit à Rouen au collège des Jésuites, et fit pour elle plusieurs petites pièces de galanterie, qu’il n’a jamais voulu rendre publiques, quelques instances que lui aient faites ses amis ; il les brûla lui-même environ deux ans avant sa mort. Il lui communiquoit la plupart de ses pièces avant de les mettre au jour, et comme elle avoit beaucoup d’esprit, elle les critiquoit fort judicieusement, de sorte que M. Corneille a dit plusieurs fois qu’il lui étoit redevable de plusieurs endroits de ses premières pièces[2]. »

Je n’ai pu me procurer aucune espèce de renseignement sur Mme du Pont ; mais j’ai appris, de M. Charles de Beaurepaire, que Thomas du Pont, correcteur en la chambre des comptes de Normandie, figure dans les registres de la cour depuis 1600 jusqu’à 1666 inclusivement, ce qui fait supposer que le père et le fils, portant tous deux le même prénom, ont tour à tour occupé cette charge.

Sans oser être aussi affirmatif que M. Geruzez, qui dit en parlant de Mlle Milet : « Il est certain que la dame de ses pensées devint la femme d’un autre sous le nom de Mme du Pont[3], » je serais assez porté à croire, malgré quelques contradictions apparentes, que les deux rivales sont en réalité une seule et même personne. L’abbé Granet ne s’élève point contre l’anecdote relative à Mélite, et les détails nouveaux qu’il donne ne la contredisent pas absolument. Serait-il impossible que Corneille, après avoir connu Mlle Milet toute petite fille, pendant qu’il était encore au collège, l’eût ensuite perdue de vue, qu’il lui eût été présenté par un jeune homme qui lui faisait la cour, que le souvenir de leur amitié d’enfance eût éveillé un sentiment plus tendre, et que malgré cela Mlle Milet fût devenue quelques années plus tard la femme de Thomas du Pont ?

À en croire un des adversaires de Corneille, notre poëte aurait commis un plagiat dès son premier ouvrage, mais l’accusation est entièrement dépourvue de preuves. On lit dans la Lettre du sieur Claveret à Monsieur de Corneille : « À la vérité ceux qui considèrent bien votre Veuve, votre Galerie du Palais, le Clitandre et la fin de la Mélite, c’est-à-dire la frénésie d’Éraste, que tout le monde avoue franchement être de votre invention, et qui verront le peu de rapport que ces badineries ont avec ce que vous avez dérobé, jugeront sans doute que le commencement de la Mélite, et la fourbe des fausses lettres qui est assez passable, n’est pas une pièce de votre invention. Aussi l’on commence à voir clair en cette affaire et à découvrir l’endroit d’où vous l’avez pris, et l’on en avertira le monde en temps et lieu. »

L’époque de la première représentation de Mélite n’est guère moins incertaine que les circonstances qui en ont fourni le sujet. « Mélite fut jouée en 1625, » dit Fontenelle, et, jusqu’à la publication de l’Histoire du théâtre françois des frères Parfait, cette date a été acceptée sans contrôle ; mais ils ont fait observer que la pièce en question n’avait pu être représentée avant 1629, en s’appuyant sur ce passage de l’Épître dédicatoire comique et familière des Galanteries du duc d’Ossonne, vice-roi de Naples, comédie de Mairet : « Il est très-vrai que si mes premiers ouvrages ne furent guère bons, au moins ne peut-on nier qu’ils n’ayent été l’heureuse semence de beaucoup d’autres meilleurs, produits par les fécondes plumes de Messieurs de Rotrou, de Scudéry, Corneille et du Ryer, que je nomme ici suivant l’ordre du temps qu’ils ont commencé d’écrire après moi. »

Si ce témoignage curieux est rigoureusement exact, et il y a tout lieu de le croire, nous arrivons presque à une date précise, et nous ne pouvons hésiter qu’entre la fin de 1629 et le commencement de 1630.

En effet Scudéry nous apprend, dans la préface de son Arminius, qu’il fit Ligdamon, sa première pièce, « en sortant du régiment des gardes, » et nous avons de lui, à la suite du Trompeur puni, une Ode au Roi faite à Suze, qui nous prouve qu’en mars 1629 il était encore au service. D’un autre côté Argénis et Foliarque ou Théocrine première pièce de du Ryer, a été imprimée en 1630 chez Nicolas Bessin ; c’est donc entre ces deux dates que se place le début de Corneille, et, comme l’a remarqué M. Taschereau, les diverses rédactions successives d’un passage du Discours de l’utilité et des parties du poëme dramatique[4], et le commencement de l’avis Au lecteur de Pertharite paraissent confirmer l’exactitude de ce calcul.

Dans sa Lettre apologétique, publiée en 1637, Corneille dit à Scudéry : « Vous m’avez voulu arracher en un jour ce que près de trente ans d’étude m’ont acquis ; » et il y aurait certes là de quoi nous embarrasser si nous ne lisions dans la Lettre du sieur Claveret au sieur Corneille : « Je vous déclare que je ne me pique point de savoir faire des vers, que je vous en laisse toute la gloire, à vous qui avez commencé d’être poëte avant votre naissance, comme il est facile à juger par vos trente années d’étude, que vous n’eûtes jamais. Je vous confesse encore qu’il me seroit peut-être bien difficile de vous atteindre en ce bel art, quand aussi bien que vous, durant neuf ou dix ans, j’en aurois fait métier et marchandise. »

À prendre cette phrase à la rigueur, Mélite serait de 1627 ou de 1628 ; mais il ne s’agit ici que d’une simple approximation fort propre au contraire à corroborer les autorités précédentes et à faire adopter définitivement la date de 1629.

Corneille avait confié sa comédie au célèbre comédien Mondory, de passage à Rouen, qui la fit représenter à Paris, sans apprendre au public qui en était l’auteur. Il était alors tellement inconnu à Paris qu’il y avait, comme il nous le dit lui-même, avantage à taire son nom[5].

L’usage de publier le nom des poëtes dramatiques venait d’ailleurs seulement de s’établir, et ne s’était sans doute pas encore généralisé. Sorel nous apprend, dans sa Bibliothèque françoise[6], qu’il s’introduisit après le Pyrame de Théophile, la Sylvie de Mairet, les Bergeries de Racan, et Amarante de Gombaud, c’est-à-dire vers 1625 : « Les poëtes, dit-il, ne firent plus de difficulté de laisser mettre leur nom aux affiches des comédiens, car auparavant on n’y en avoit jamais vu aucun ; on y mettoit seulement le nom des pièces, et les comédiens annonçoient seulement que leur auteur leur donnoit une comédie nouvelle de tel nom. »

Mélite produisit d’abord peu d’effet : « Ses trois premières représentations ensemble, dit Corneille dans la dédicace, n’eurent point tant d’affluence que la moindre de celles qui les suivirent dans le même hiver. » Mais il ajoute dans l’Examen : « Le succès en fut surprenant. Il établit une nouvelle troupe de comédiens à Paris, malgré le mérite de celle qui étoit en possession de s’y voir l’unique. »

Cette nouvelle troupe est, suivant Félibien et les frères Parfait, celle de Mondory, qui vint se fixer au théâtre du Marais, d’où une première troupe, établie en 1620, d’après le témoignage de Chapuzeau, avait été forcée de se retirer, en sorte qu’avant les représentations de Mélite il n’y avait plus à Paris d’autre théâtre que celui de l’hôtel de Bourgogne.

Devenu directeur du théâtre du Marais, Mondory conserva l’habitude de ses voyages en Normandie. « Cette troupe, dit Chapuzeau, alloit quelquefois passer l’été à Rouen, étant bien aise de donner cette satisfaction à une des premières villes du royaume. De retour à Paris de cette petite course dans le voisinage, à la première affiche le monde y couroit et elle se voyoit visitée comme de coutume. »

On trouve une anecdote assez curieuse, relative à Mélite, dans une courte notice nécrologique sur Corneille publiée par le Mercure galant[7] :

« L’heureux talent qu’il avoit pour la poésie parut avec beaucoup d’avantage dès la première pièce qu’il donna sous le titre de Mélite. La nouveauté de ses incidents, qui commencèrent à tirer la comédie de ce sérieux obscur où elle étoit enfoncée, y fit courir tout Paris, et Hardy, qui étoit alors l’auteur fameux du théâtre, et associé pour une part avec les comédiens, à qui il devoit fournir six tragédies tous les ans, surpris des nombreuses assemblées que cette pièce attiroit, disoit chaque fois qu’elle étoit jouée : « Voilà une jolie bagatelle. » C’est ainsi qu’il appeloit ce comique aisé qui avoit si peu de rapport avec la rudesse de ses vers. »

Ainsi raconté, le mot de Hardy paraît très-vraisemblable, mais au siècle dernier il ne fut pas trouvé assez piquant, et l’on fit dire au vieil auteur : « Mélite, bonne farce. » C’est là bien évidemment de l’exagération. Même aux yeux de Hardy, Mélite ne pouvait passer pour une farce ; il y devait trouver au contraire quelque chose d’un peu trop délicat, d’un peu trop mesuré : c’est ce que le jugement que lui prête le Mercure exprime avec discrétion, mais de la façon la plus claire.

Notre poëte vint à Paris pour assister à la première représentation de son ouvrage. Il avait dès lors une noble confiance en lui-même. « Ce ne sera pas un petit plaisir pour le monde, lit-on dans la Lettre du sieur Claveret, si vous continuez à vous persuader d’être si grand poète ; il est vrai que dès le premier voyage que vous fîtes en cette ville, les judicieux reconnurent en vous cette humeur. » Toutefois l’assurance de Corneille ne l’empêchait pas de profiter de tout ce qui pouvait compléter son éducation poétique. « Un voyage que je fis à Paris pour voir le succès de Mélite, dit notre poëte dans l’Examen de Clitandre, m’apprit qu’elle n’étoit pas dans les vingt et quatre heures : c’étoit l’unique règle que l’on connût en ce temps-là. J’entendis que ceux du métier la blâmoient de peu d’effets et de ce que le style en étoit trop familier. »

Depuis lors il s’attacha d’une manière assez constante à la règle des vingt-quatre heures. Quant aux critiques qui lui étaient adressées, il y répondit par Clitandre, qui ne fut, s’il faut en croire Corneille, qu’une démonstration, assurément très-victorieuse, du mauvais effet des coups de théâtre et des intrigues compliquées.

Non-seulement Mélite eut un grand succès sur le théâtre de Mondory, mais elle figura bientôt avec honneur au répertoire des principales troupes de province. Dans la Comédie des comédiens de Scudéry, un acteur à qui l’on demande ce que ses camarades peuvent jouer, indique d’abord les pièces de Hardy et le Pyrame de Théophile, puis il ajoute : « Nous avons aussi la Sylvie, la Chryséide et la Sylvanire, les Folies de Cardénio, l’Infidèle confidente, et la Filis de Scire, les Bergeries de M. de Racan, le Ligdamon, le Trompeur puni, Mélite, Clitandre, la Veuve, la Bague de l’oubli, et tout ce qu’ont mis en lumière les plus beaux esprits de ce temps. »

Cette Comédie des comédiens fut jouée dans sa nouveauté, le 28 novembre 1634, à l’Arsenal, aux noces du duc de la Valette, du sieur de Puy Laurens et du comte de Guiche, en présence de la Reine. Selon la Gazette extraordinaire du 30 novembre 1634, qui donne des détails étendus sur cette représentation, « la comédie qui fut représentée en vers fut la Mélite de Scudéry, où vingt violons jouèrent aux intermèdes. » Mais le 15 décembre suivant cette erreur fut ainsi corrigée :« Vous serez avertis pour la fin, qu’au récit des trois noces dernièrement faites à l’Arsenal, la comédie en prose étoit de Scudéry, et la Mélite, en vers, du sieur Corneille : ne voulant attribuer à l’un, comme il s’est fait erronément en l’imprimé, ce qui est de l’autre. »

Il n’y avait alors que vingt-deux mois que Mélite était publiée ; car bien qu’elle soit la première pièce de Corneille, il ne la fit imprimer que la seconde. Ce fut Clitandre qui parut d’abord, en 1632. Il est suivi dans l’édition originale de Mélanges poëtiques, parmi lesquels figure le sonnet que nous trouvons dans la scène iv de l’acte II de Mélite.

Voici la reproduction exacte du titre que porte l’édition originale de la première comédie de Corneille :

Melite, ov les fausses lettres. Piece Comique. A Paris, chez François Targa, au premier pillier de la grande Salle du Palais, deuant les Consultations, au Soleil d’or. M.DC.XXXIII. Auec priuilege du Roy.

Cette pièce forme un volume in-4°, qui se compose de 6 feuillets non chiffrés et de 150 pages. L’exposé du privilège « donné à Sainct Germain en Laye, le dernier jour de Ianuier mil six cens trente trois » est ainsi conçu : « Nostre bien aimé François Targa Marchand Libraire de nostre bonne ville Paris, nous a fait remonstrer qu’il a nouuellement recouuré vn Liure intitulé Melite, ou les fausses Lettres. Pièce Comique, faicte par Me Pierre Corneille, Aduocat en nostre Cour de Parlement de Roüen, qu’il désireroit faire imprimer et mettre en vente… »

On lit à la fin : « Acheué d’Imprimer pour la première fois, le douzième jour de Feurier mil six cens trente-trois. »

Il est à remarquer que dans son édition de 1644, Corneille a supprimé les sous-titres qu’il avait donnés à ses premières pièces. À partir de cette époque Mélite ou les Fausses lettres, Clitandre ou l’Innocence délivrée, la Veuve ou le Traître trahi, la Galerie du Palais ou l’Amie rivale, la Place Royale ou l’Amoureux extravagant, deviennent tout simplement Mélite, Clitandre, la Veuve, la Galerie du Palais, etc. Ces sortes de paraphrases, encore en usage aujourd’hui sur les affiches de nos petits théâtres de province, étaient dès lors passées de mode.


  1. Article x, p. 89.
  2. Œuvres diverses, 1738, p. 144.
  3. Théâtre choisi de Corneille, Paris, Hachette, 1848, in-12, p. iv.
  4. Voyez plus haut, p. 16, note 3.
  5. Dédicace de Mélite, p. 135.
  6. Page 183.
  7. Octobre 1684.