Traduction par Claude-Étienne Savary Voir et modifier les données sur Wikidata.
G. Dufour (2p. 338-341).






LA PLUME.


donné à la mecque, composé de 52 versets
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Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


N.[1] J’en jure par la plume[2], et ce que les anges écrivent ;

Ce n’est point Satan, c’est le ciel qui t’inspire.

Une récompense éternelle t’attend.

Tu professes la religion sublime.

Bientôt tu verras, et ils verront,

Qui de vous est dans l’erreur.

Dieu connaît ceux qui sont égarés, et ceux qui marchent au flambeau de la foi.

Ne suis pas les désirs de ceux qui ont abjuré la vérité.

S’ils se comportent avec douceur, c’est pour exciter ta condescendance.

N’imite pas le jureur qui s’avilit.

Fuis le médisant qui suit la calomnie.

Fuis celui qui empêche le bien, le prévaricateur et l’injuste.

Éloigne-toi de l’homme violent et de l’impudique.

Que l’éclat de ses richesses et le nombre de ses enfans ne t’éblouissent pas.

Le Coran n’est pour lui qu’une fable de l’antiquité.

Nous lui imprimerons une marque de feu sur le nez.

Nous avons puni les habitans de la Mecque comme les possesseurs du jardin. Ils jurèrent d’en cueillir les fruits le lendemain matin.

Imprudens, ils ne mirent point de restriction à leur serment.

La vengeance divine enveloppa le jardin pendant leur sommeil.

La moisson fut détruite, les fruits furent dévorés.

Les possesseurs s’appelèrent avant l’aurore.

Hâtons-nous, se dirent-ils, d’aller faire la moisson.

Ils s’avançaient et conversaient ensemble.

Les pauvres, disaient-ils, ne nous devanceront pas aujourd’hui.

Ils comptaient déjà sur une récolte certaine.

A la vue du jardin, ils s’écrièrent : Notre attente est trompée.

Nous devions être privés de ces biens.

Ne vous avais-je pas recommandé, ajouta le plus juste, de rendre hommage à la puissance divine ?

Alors d’une voix unanime, ils louèrent le Très-Haut, et reconnurent leur injustice.

Ils se firent des reproches mutuels.

Infortunés que nous sommes, répétaient-ils, nous étions prévaricateurs ;

Mais Dieu peut nous donner des biens plus précieux ; nous attendons cette faveur de sa miséricorde.

Ainsi seront punis les infidèles. Les châtimens de l’autre vie sont bien plus terribles. S’ils le savaient !

Dieu a préparé pour les justes le jardin de délices.

Ceux qui ont embrassé l’islamisme seraient-ils traités comme les scélérats ?

Qui peut vous porter à prononcer un semblable jugement ?

Quel livre vous enseigne cette doctrine ?

S’il en est un, il vous laisse un choix à faire.

Vous avons-nous assuré par des sermens solennels, que cette opinion était véritable ? Certainement vous rendrez compte de vos jugements.

Quels garans avez-vous de votre croyance ?

Réclamerez-vous le témoignage de vos idoles ? Faites-les paraître si la vérité parle en votre faveur.

Un jour les méchans seront dévoilés. On les appellera pour l’adoration, et ils ne pourront s’y rendre.

Leurs yeux seront baissés ; l’ignominie les couvrira. Ils refusèrent leur hommage au Très-Haut, quand ils pouvaient le lui offrir.

Laisse-moi agir envers ceux qui ont nié le Coran ; je les conduirai par degrés à leur perte, et ils ne le sauront pas.

Si je prolonge leurs jours, c’est un piége que je leur tends.

Leur demanderas-tu le prix de ton zèle ? ils sont chargés de dettes.

Connaissent-ils les mystères de la nature ? Cependant ils écrivent.

Attends avec impatience le jugement de Dieu, et ne sois pas semblable à celui que la baleine reçut dans son sein, et qui dans sa douleur élevait au ciel une voix suppliante.

Si la miséricorde divine n’eût veillé sur lui, il eût été jeté sur une côte déserte, couvert d’opprobres.

Élu du Seigneur, il fut au nombre des justes.

Peu s’en faut que les infidèles ne t’ébranlent par leurs regards, quand ils entendent la lecture du Coran, et qu’ils disent : C’est un insensé.

Le Coran est le dépôt de la foi, envoyé aux hommes pour les instruire.


  1. N. Ce caractère solitaire a excité les recherches des commentateurs du Coran ; mais leurs opinions sont si frivoles que nous ne les rapporterons point. Gelaleddin dit à son ordinaire que c’est un caractère mystérieux dont Dieu seul a la connaissance.
  2. Cette plume est celle avec laquelle les anges écrivent sur la table gardée les secrets éternels.