Traduction par Claude-Étienne Savary Voir et modifier les données sur Wikidata.
G. Dufour (2p. 285-288).





LA MONTAGNE.


donné à la mecque, composé de 49 versets
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Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


J’en jure par la montagne[1] ;

Par le livre écrit

Sur une peau étendue ;

Par le temple visité[2] ;

Par le toit sublime,

Et la mer dans son plein ;

La vengeance céleste viendra ;

Rien ne pourra la suspendre.

Les cieux ébranlés s’agiteront.

Les montagnes arrachées marcheront.

Malheur dans ce jour à ceux qui ont accusé les apôtres d’imposture ;

Qui ont passé leur vie dans les disputes frivoles.

Précipités dans les brasiers on leur dira : Voilà ce feu dont vous avez nié la réalité.

Est-ce une illusion ? Ne voyez-vous pas ?

Victimes des flammes, éclatez en murmures, ou soyez patiens, votre sort ne changera point. Vous n’avez que la juste récompense de vos œuvres.

Les justes habiteront les jardins de la volupté.

À l’abri des peines de l’enfer, ils jouiront des faveurs du ciel.

Rassasiez-vous, leur dira-t-on, des biens qu’on vous offre ; ils sont le prix de vos vertus.

Reposez sur ces lits rangés en ordre. Ces vierges au sein d’albâtre, aux beaux yeux noirs, vont devenir vos épouses.

Ils retrouveront, dans ce séjour, ceux de leurs enfans qui auront été fidèles ; ils ne perdront rien du mérite de leurs vertus. Chacun répondra de ses œuvres.

Ils auront à souhait les fruits et les mets qu’ils désireront.

On leur présentera des coupes remplies d’un vin délicieux, dont la vapeur ne leur fera tenir aucun propos indécent, et ne les excitera point au mal.

De jeunes serviteurs s’empresseront autour d’eux.

Ils seront blancs comme la perle dans son écaille.

Les hôtes du paradis se visiteront et converseront ensemble.

Nous étions, diront-ils, pleins de sollicitude pour notre famille sur la terre.

Le Seigneur nous a regardés d’un œil propice, et nous avons été délivrés des flammes.

Nous l’invoquions, parce qu’il est bienfaisant et miséricordieux.

O Mahomet, prêche les infidèles, tu n’es, grâces au ciel, ni magicien, ni inspiré par Satan.

Diront-ils que tu es un poëte, et qu’il faut attendre que le sort ait disposé de toi ?

Réponds-leur : Attendez, j’attendrai avec vous.

Sont-ce les égaremens du sommeil, ou l’impiété qui les inspirent ?

Diront-ils : Le Coran est une fiction ingénieuse dont il est l’auteur ? mais ils n’ont point la foi.

S’il en est ainsi, qu’ils mettent au jour un livre semblable.

Ont-ils été tirés du néant ? Se sont-ils créés eux-mêmes ?

Ont-ils formé les cieux et la terre ? Mais ils ne croient point.

Les trésors du ciel sont-ils en leur puissance ? Possèdent-ils l’empire suprême ?

Peuvent-ils s’élever dans les cieux pour écouter les cantiques des esprits célestes ? Qu’ils rapportent ce qu’ils ont entendu, et qu’ils nous en donnent des preuves.

L’Éternel a-t-il des filles comme vous avez des fils ?

Leur demanderas-tu le prix de ton zèle ? ils sont accablés de dettes.

Ont-ils la connaissance de l’avenir ? Cependant ils écrivent.

Te préparent-ils des embûches ? Les infidèles y seront pris les premiers.

Adoreront-ils d’autres divinités que Dieu ? Louange au Très-Haut ! Anathème à leurs idoles !

S’ils voyaient la voûte des cieux s’écrouler sur leurs têtes, ils diraient : Ce sont des nuages entassés.

Laisse-les jusqu’à ce que le jour de leur ruine arrive.

Alors leurs complots perfides s’évanouiront, et ils seront sans défenseur.

Outre les tourmens de l’enfer, les méchans éprouveront divers fléaux. La plupart sont aveuglés par l’ignorance.

Attends avec patience le jugement de Dieu. Tu marches en sa présence ; célèbre ses louanges en te levant.

Publie ses grandeurs au commencement de la nuit, et lorsque les étoiles pâlissent.


  1. C’est le Mont Sinai où Dieu parla à Moïse. Zamchascar.
  2. C’est la maison de l’adoration où soixante-dix mille anges vont tous les jours faire leur prière, perpendiculairement sur celui de la Mecque. Gelaleddin.