Traduction par Claude-Étienne Savary Voir et modifier les données sur Wikidata.
G. Dufour (2p. 179-185).





SABA.[1]


donné à la mecque, composé de 54 versets
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Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


Louange à Dieu ! Le domaine du ciel et de la terre lui appartient. Louange à Dieu dans la vie future ! Il est sage et éclairé.

Il sait ce qui entre dans le sein de la terre et ce qui en sort, ce qui descend du ciel et ce qui y monte. Il est clément et miséricordieux.

Les incrédules ont dit : L’heure ne viendra point.

Réponds-leur : J’en atteste l’Éternel, celui qui connaît les secrets viendra vous demander compte. L’atome n’échappera point à sa pénétration. Les moindres choses comme les plus grandes sont écrites dans le livre de l’évidence.

Les croyans qui auront fait le bien, chéris du ciel, jouiront de ses faveurs les plus éclatantes.

L’impie qui se sera efforcé d’abolir le culte du Seigneur sera la proie des plus cruels supplices.

Ceux que la science éclaire savent que le livre qui t’a été envoyé du ciel est la vérité, qu’il conduit dans les voies du Dieu dominateur et comblé de louanges.

Vous montrerai-je un homme, dit l’incrédule en se jouant, qui assure que nos corps réduits en poussière seront ranimés de nouveau ?

Ou il prête à Dieu un mensonge, ou il est insensé. Mais ceux qui nient la vie future sont dans l’égarement. Les tourmens seront leur partage.

Ont-ils levé leurs regards vers le firmament ? Les ont-ils abaissés sur la terre ? Qui peut nous empêcher d’ouvrir un abîme sous leurs pas, ou de faire tomber sur leurs têtes une partie du ciel ? Ce serait un prodige terrible pour celui qui s’est converti.

David fut favorisé de nos dons sublimes. Nous ordonnâmes aux montagnes et aux oiseaux de répéter ses cantiques. Nous lui apprîmes l’art d’amollir le fer, et d’en former des cuirasses. Nous dîmes à ses serviteurs : Perfectionnez vos ouvrages ; notre œil attentif veille sur vos travaux.

Nous donnâmes à Salomon l’empire des vents. Ils soufflaient un mois le matin et un mois le soir. Nous fîmes couler pour lui une fontaine d’airain. Les démons travaillaient sous ses yeux, et celui qui s’écartait de nos ordres était précipité dans les flammes.

Il dirigeait leurs travaux à son gré. Il leur faisait élever des palais, des statues, former des vases d’une grandeur prodigieuse et des bassins durables. Famille de David, travaillez en rendant des actions de grâces. La reconnaissance est presque éteinte parmi mes serviteurs.

Lorsque l’Ange de la mort trancha les jours de Salomon, les génies l’auraient ignorée si un ver de terre n’eût rongé le bâton[2] qui appuyait son cadavre. Sa chute les avertit. S’ils avaient eu la connaissance des choses cachées, ils n’auraient pas été soumis si long-temps à un travail servile.

Les habitans de Saba possédaient deux jardins que traversait un ruisseau. Nous leur dîmes : Jouissez des bienfaits du ciel. Ce vallon est délicieux. Soyez reconnaissans.

Ils abandonnèrent le culte du Seigneur. Nous déchaînâmes contre eux les eaux entassées d’un torrent. Leurs jardins, submergés et détruits, ne produisirent plus que des fruits amers, des tamarins et quelques nabcs[3].

C’est ainsi que nous punîmes leur ingratitude. Ne récompenserions-nous donc que les ingrats ?

Nous établîmes entre eux et les villes que nous avons bénies des cités florissantes, avec un chemin[4] qui conduit de l’une à l’autre. Marchez-y en sûreté le jour et la nuit.

Seigneur, dirent-ils, mets une plus grande distance entre nos chemins. Ils se livrèrent à l’iniquité, et nous les rendîmes la fable des nations. Ils ont été dispersés comme la poussière ; exemple frappant pour celui qui souffre et qui est reconnaissant.

L’opinion de Satan, au sujet de ces peuples, se vérifia. Tous le suivirent excepté quelques fidèles.

Nous ne lui donnâmes de puissance sur eux que pour distinguer celui qui croyait à la vie future, de celui qui était dans le doute. Dieu observe tout.

Dis aux idolâtres : Invoquez vos dieux ; ils ne sauraient vous aider ni vous nuire de la pesanteur d’un atome, au ciel ou sur la terre ; ils n’y ont aucune puissance. L’Éternel ne reçoit d’eux aucun secours.

On ne peut intercéder auprès de lui sans sa volonté. Lorsque la crainte sera bannie de leurs cœurs, ils demanderont : Qu’a ordonné votre Dieu ? On leur répondra : La vérité. Il est le Dieu grand et très-haut.

Qui vous dispense les trésors du ciel et de la terre ? Réponds : C’est Dieu. De nos deux partis l’un suit le vrai chemin, l’autre est dans l’erreur.

Vous ne rendrez point compte de nos actions ; nous ne rendrons point compte des vôtres.

Dis : Dieu, le juge éclairé, nous rassemblera devant lui. La vérité éternelle prononcera entre nous.

Dis : Montrez-moi ceux que vous associez à sa puissance. Il n’a point d’égal. La science et la sagesse sont ses attributs.

Ministre du Très-Haut, console la terre par l’espoir du bonheur. Effraie-la par des menaces. Elle est environnée des ombres de l’ignorance.

Quand s’accompliront tes promesses, demande l’incrédule ? Parle si la vérité t’éclaire.

Réponds : Le jour marqué arrivera. Vous ne pourrez ni le retarder ni le prévenir d’un instant.

Nous ne croirons ni au Coran ni aux écritures, disent les idolâtres. De quels reproches ne s’accableront-ils pas lorsqu’ils seront rassemblés devant le tribunal de Dieu ? Ceux qui avaient pour partage la faiblesse, diront à ceux que la puissance rendait orgueilleux : Sans vous, nous aurions embrassé la foi.

Les superbes leur répondront : Nous ne vous avons point empêchés de suivre la lumière lorsqu’elle a paru ; n’accusez que vous de votre infidélité.

Vous nous tendiez des piéges le jour et la nuit, continueront les faibles ; vous nous avez commandé l’incrédulité et l’idolâtrie. Tous cacheront le repentir qui les rongera à la vue des tourmens. Nous chargerons de chaînes le cou des impies. Leur récompense serait-elle différente de leurs œuvres ?

Toutes les fois qu’un messager de la foi prêcha nos menaces dans les murs d’une ville coupable, les principaux citoyens l’accusèrent d’imposture.

Enivrés de leurs richesses, flattés du nombre de leurs enfans, ils se crurent à l’abri de notre vengeance.

Dis : Dieu dispense et retire ses bienfaits à son gré, et la plupart l’ignorent.

Vos trésors et vos enfans ne vous approchent point de l’Éternel. Il ne récompense que la foi et les bonnes œuvres. Ses récompenses sont magnifiques. Le croyant vertueux reposera au sein de la paix dans le séjour de délices.

Ceux qui s’efforcent d’anéantir l’islamisme expieront leurs attentats dans les tourmens.

Dis : Dieu départ à ses serviteurs des dons plus ou moins éclatans. Tout ce que vous donnerez en son nom vous sera rendu. Sa libéralité est sans bornes.

Un jour il demandera à ses anges devant les idolâtres assemblés : Vous ont-ils offert de l’encens ?

Louange à l’Éternel, notre unique Seigneur ! répondront-ils. Les idolâtres n’ont adoré que les démons. Le plus grand nombre croit en eux.

Dans ce jour, ils ne pourront s’entr’aider ni se nuire, et nous leur dirons : Goûtez la peine du feu dont vous aviez nié la réalité.

Lorsqu’ils entendent la doctrine divine, ils disent : Mahomet n’est qu’un homme ; il veut nous détourner du culte de nos pères. Le Coran n’est qu’une fable faussement inventée. Aveuglés par l’impiété, ils traitent de mensonge la vérité qui brille à leurs yeux.

Avant toi, nous ne leur avions envoyé ni livre ni apôtre.

Ceux qui les ont précédés accusèrent d’imposture les messagers de la foi, et les empêchèrent de remplir leur mission. Un châtiment épouvantable fut le prix de leur impiété.

Je vous exhorte à prier le Seigneur, ensemble ou séparément. Un jour vous serez convaincus que Mahomet votre concitoyen n’était point inspiré par un démon. Son ministère est de vous prêcher les menaces divines avant que la punition arrive.

Dis : Je ne vous demande point le prix de mon zèle. Gardez vos présens. Ma récompense est dans les mains de Dieu. Il est le témoin universel.

Ses inspirations sont véritables. Les mystères sont dévoilés à ses yeux.

Dis : La vérité a paru ; le mensonge va disparaître, et il ne se montrera plus.

Dis : Si je suis dans l’erreur, elle se tournera contre moi-même ; si je suis éclairé, je dois la lumière aux inspirations de Dieu. Il est près de l’homme. Il l’entend.

Quel spectacle, lorsque les méchans sortiront tremblans de leurs tombeaux sans pouvoir trouver un asile !

Ils diront : Nous croyons ; mais comment leur foi serait-elle méritoire ? Ils ne l’avaient pas sur la terre.

Ils y vécurent dans l’impiété, et se moquèrent de notre doctrine sublime.

Un intervalle immense les séparera de l’objet de leurs vœux.

Ils subiront le sort de leurs prédécesseurs, parce qu’ils ont erré dans le vague du doute.


  1. Saba est le nom d’une contrée de l’Arabie-Heureuse. C’est là que Balcaise vint trouver Salomon.
  2. Gelaleddin rapporte ainsi cette fable révérée des mahométans comme une histoire incontestable. Après la mort de Salomon, son corps resta un an entier appuyé sur un bâton. Pendant tout ce temps les génies continuaient à exécuter les travaux pénibles auxquels il les avait soumis ; mais un ver de terre ayant rongé le bâton qui servait d’appui au cadavre, il tomba par terre. Sa chute apprit aux démons que Salomon était mort, et ils reprirent leur liberté.
  3. Le nabc est un arbre commun en Égypte. Il a le port et le feuillage du poirier en plein vent. Il porte un fruit rond assez semblable à la corme, et d’un goût aigrelet. Ses rameaux sont épineux.
  4. Ces chemins étaient pratiqués de manière que les voyageurs trouvaient à midi un lieu pour reposer, et la nuit un autre pour dormir, sans avoir besoin de porter avec eux des provisions pour se nourrir et de l’eau pour se désaltérer. Gelaleddin. Un semblable chemin fut tracé autrefois de Memphis à Bérénice sur la mer Rouge, mais il n’existe plus.