Traduction par Claude-Étienne Savary Voir et modifier les données sur Wikidata.
G. Dufour (2p. 90-98).






LES FIDÈLES.


donné à la mecque, composé de 118 versets
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Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


Le bonheur est assuré aux croyans,

A ceux qui font la prière avec humilité,

Qui évitent toute parole déshonnête,

Qui observent le précepte de l’aumône,

Qui gardent les lois de la chasteté,

Et qui bornent leurs jouissances à leurs femmes et à leurs esclaves.

Celui qui porte ses désirs au delà est prévaricateur.

Ceux qui gardent fidèlement leurs sermens et leurs traités,

Qui font la prière avec zèle,

Seront les héritiers du paradis.

Ils y demeureront éternellement.

Nous créâmes l’homme du pur limon de la terre.

Sperme, nous le déposons dans un lieu sûr.

Nous le transformons en sang coagulé, ce sang en fœtus, dont nous formons des os recouverts de chair. Nous accomplissons notre création en l’animant. Béni soit le Dieu créateur !

L’homme subira la mort.

Il ressuscitera au jour de la résurrection.

Avant de le former, nous avions élevé les sept cieux. Nous ne négligeons point le soin de nos créatures.

Nous faisons tomber l’eau des nuages avec mesure. Nous la laissons séjourner dans la terre. Nous pourrions à notre gré la faire disparaître.

La pluie fait croître dans vos jardins le palmier et la vigne ; elle fait éclore tous les fruits qui vous servent de nourriture.

Elle fait croître l’arbre du mont Sinaï, dont on tire l’huile, qui colore ceux qui s’en nourrissent.

Les animaux sont pour vous un sujet d’instruction. Leur lait vous offre un breuvage, leur chair un aliment. Vous en retirez beaucoup d’autres avantages.

Ils vous portent sur la terre, comme le vaisseau sur les mers.

Noé, notre ministre, dit à son peuple : Servez le Seigneur. Vous n’avez point d’autre Dieu que lui. Ne le craindrez-vous donc pas ?

Noé n’est qu’un homme comme vous, dirent les grands voués à l’infidélité : il veut dominer parmi vous. Si le ciel eût voulu nous éclairer, il nous aurait envoyé des anges. L’histoire de nos pères ne nous offre rien de semblable.

C’est un insensé. Enfermons-le pendant quelque temps.

Seigneur, s’écria Noé, protége-moi contre ceux qui m’accusent de mensonge.

Nous lui inspirâmes de construire un vaisseau sous nos yeux, et suivant nos ordres, et lorsque l’arrêt eut été prononcé, et que la vengance fut prête,

Nous lui dîmes : Fais entrer dans l’arche un couple de chaque espèce d’animaux, et ta famille, excepté celui dont le sort est arrêté. Ne nous implore point pour les pervers. Ils vont périr dans les eaux.

Lorsque tu entreras dans l’arche avec ta famille, publie les louanges de Dieu qui t’a délivré des mains des méchans.

Lorsque vous en descendrez, adresse-lui cette prière : Seigneur, ô toi qui es le meilleur des guides, daigne bénir notre sortie !

Le déluge fut un signe de la puissance divine. Il fit périr le peuple de Noé.

Nous établîmes sur ses ruines une autre nation.

Nous leur envoyâmes un prophète choisi, parmi eux. Il leur dit : servez le Seigneur, il n’y a point d’autre Dieu que lui. Ne le craindrez-vous donc pas ?

Les premiers du peuple, que nous avions comblés de richesses, étaient infidèles, et niaient la résurrection. Cet envoyé, dirent-ils, est un homme semblable à vous, Il boit et mange comme vous.

Si vous obéissez à la voix d’un mortel qui vous ressemble, votre perte est certaine.

Il vous flatte qu’après votre mort, lorsque vos corps ne seront plus qu’un amas d’os et de poussière, vous reviendrez à la vie.

Rejetez, rejetez cette vaine promesse.

Il n’y a point d’autre vie que celle dont nous jouissons. Nous naissons, nous mourons, et nous ne ressuscitons point.

Cet homme n’est qu’un imposteur qui prête à Dieu un mensonge. Nous ne croirons point sa doctrine.

Seigneur, s’écria le prophète, lave-moi du crime dont on m’accuse.

Encore quelques instans, répondit le Seigneur, et ils seront livrés au repentir.

Le cri de l’ange exterminateur se fit entendre, et semblables aux germes desséchés, les incrédules furent anéantis. Loin de Dieu les impies !

Nous établîmes d’autres peuples sur les débris de leur empire.

Les nations ne sauraient reculer ni avancer l’instant de leur destruction.

Nous avons envoyé successivement nos ministres. Chaque nation a nié la mission de son apôtre. Elles ont disparu les unes après les autres. Nous avons apporté un livre nouveau. Loin de nous ceux qui n’y croiront pas !

Nous chargeâmes Moïse et son frère Aaron de prêcher nos commandemens, et nous leur donnâmes la puissance des miracles.

Ils se présentèrent devant Pharaon et les seigneurs de sa cour, qui, enivrés de leur puissance, rejetèrent notre doctrine.

Croirons-nous, disaient-ils, à deux hommes semblables à nous, dont nous tenons le peuple en esclavage ?

Ils traitèrent nos ministres d’imposteurs, et ils périrent.

Nous donnâmes à Moïse un livre pour conduire les Israélites.

Nous offrîmes Jésus et sa mère à l’admiration de l’univers. Nous les avons enlevés dans un séjour qu’habite la paix, et où coule une eau pure.

Prophètes du Seigneur, nourrissez-vous d’alimens purs ; pratiquez la vertu ; je suis le témoin de vos actions.

Votre religion est une. Je suis votre Dieu. Craignez-moi.

Les peuples se sont divisés en différentes sectes, et chacune est contente de sa croyance.

Laisse-les dans leurs erreurs jusqu’au temps.

Pensent-ils que les richesses et les enfans que nous leur avons donnés,

Soient un bienfait garant de leur bonheur ? Ils se trompent, et ils ne le sentent pas.

Ceux que la crainte de Dieu rend circonspects,

Ceux qui croient à ses commandemens,

Ceux qui ne lui donnent point d’égal,

Ceux qui font l’aumône, et que la pensée du jugement tient dans la crainte,

Ceux-là, animés par un saint zèle, devancent les autres dans la voie du salut.

Nous n’exigerons de chacun que suivant ses forces. Nous possédons le livre de la vérité. Personne n’éprouvera d’injustice.

Ceux qui ignorent cette doctrine, ceux dont les œuvres n’ont point la vertu pour objet, resteront dans leur aveuglement.

Jusqu’au temps où les plus puissans d’entre eux éprouvant notre vengeance, crieront tumultueusement.

On leur dira : Calmez vos clameurs ; aujourd’hui vous n’avez plus de secours à attendre.

On vous a lu mes préceptes, et vous êtes retournés sur vos pas.

Aveuglés par l’orgueil, vous, profériez vos discours criminels, dans l’ombre de la nuit.

Ont-ils considéré attentivement la doctrine du Coran ? Renferme-t-il d’autres commandemens que ceux qui ont été prescrits à leurs pères ?

Ne connaissent-ils pas leur apôtre ? et ils nient la vérité de sa mission !

Diront-ils qu’il est inspiré par Satan ? Il est venu leur prêcher la vérité, et la plupart d’entre eux l’abhorrent.

Si la vérité eût suivi leurs désirs, la corruption aurait gagné le ciel, la terre, et tout ce qu’ils renferment. Nous leur avons apporté le livre de l’instruction, et ils le rejettent avec mépris.

Leur demanderas-tu le prix de ton zèle ? Ta récompense est dans les mains de Dieu. Nul ne sait mieux récompenser que lui.

Ta voix les appelle au chemin du salut,

Dont s’écartent ceux qui ne croient point à la vie future.

Si la pitié nous eût fait leur prédire les maux qu’ils allaient éprouver, ils n’en auraient été que plus opiniâtres dans leur égarement.

Nous leur avons envoyé des disgrâces passagères. Ils ne se sont point humiliés, et n’ont point adressé au Seigneur d’humbles prières.

Mais lorsque nous avons ouvert sur eux la porte du malheur, ils se sont abandonnés au désespoir.

C’est Dieu qui vous a donné l’ouïe, la vue, et un cœur pour sentir. Combien peu reconnaissent ces bienfaits !

Il vous a mis sur la terre. Il vous rassemblera devant son tribunal.

C’est lui qui fait vivre et mourir ; c’est lui qui a établi la vicissitude de la nuit et du jour ; ne le comprenez-vous pas ?

Loin d’ouvrir les yeux, ils répètent ce qu’ont dit leurs pères :

Quand nous serons morts, et qu’il ne restera de notre être qu’un amas d’os et de poussière, serons-nous ranimés de nouveau ?

On berça nos pères de cette espérance. On nous en flatte de même ; mais ce n’est qu’un vain songe de l’antiquité.

Demandez-leur : A qui appartient la terre, et ce qu’elle contient ? Le savez-vous ?

Ils répondent : Elle appartient à Dieu. N’ouvriront-ils donc point les yeux ?

Demande-leur : Qui est le souverain des sept cieux, et du trône sublime ?

C’est Dieu, répondent-ils. Ne le craindront-ils donc point ?

Demande-leur : Qui tient les rênes de l’univers ? Quel est celui qui protège et qui n’est point protégé ? Le savez-vous ?

Dieu, répondent-ils. Dis-leur : Vos yeux seront-ils donc toujours fermés à la lumière ?

Nous leur avons apporté la vérité, et ils persistent dans le mensonge.

Dieu n’a point de fils. Il ne partage point l’empire avec un autre Dieu. S’il en était ainsi, chacun d’eux voudrait s’approprier sa création, et s’élever au-dessus de son rival. Louange au Très-Haut ! Loin de lui ces blasphèmes !

Son œil perce dans l’ombre du mystère. Il voit tout. Anathème aux idoles !

Dis : Seigneur, fais-moi voir les tourmens que tu leur prépares,

Ne me confonds pas avec les pervers.

Nous pouvons te montrer les supplices destinés aux méchans.

Oublie le mal qu’ils t’ont fait. Nous connaissons leurs discours.

Dis : Seigneur, tu es mon refuge contre les tentations de Satan.

Défends-moi contre ses desseins.

Quand l’impie subit la mort, il s’écrie : Seigneur, laisse-moi retourner sur la terre.

Je ferai le bien, dans l’espace de temps que tu m’accorderas. Ces vains souhaits sont rejetés. Une barrière impénétrable l’arrête jusqu’au jour de la résurrection.

Lorsque la trompette sonnera, tous les liens du sang seront brisés. On ne s’interrogera plus.

Ceux dont la balance penchera, jouiront de la félicité.

Ceux pour qui elle sera légère, auront trahi leur âme, et demeureront éternellement dans l’enfer.

Le feu dévorera leur visage, et leurs lèvres se retireront.

Ne vous a-t-on pas lu ma doctrine ? Et vous l’avez accusée de fausseté !

Seigneur, répondront-ils : Le malheur a prévalu sur nous ; nous étions dans l’aveuglement.

Délivre-nous des flammes. Si nous retournons à l’erreur, nous mériterons de périr.

Restez-y couvert d’opprobre, dira Dieu, et ne m’adressez plus vos plaintes.

Une partie de mes serviteurs s’écriaient : Seigneur, nous croyons. Pardonne-nous. Aie pitié de nous. Ta miséricorde est infinie,

Vous avez insulté à leur piété jusqu’à ce qu’ils aient cessé de vous rappeler mon souvenir, et vous vous êtes joués de leur crédulité.

J’ai récompensé aujourd’hui leur constance. Ils possèdent le bonheur suprême.

On leur demandera : Combien de temps êtes-vous restés sur la terre ?

Un jour, ou moins encore, répondront-ils ; interrogez ceux qui comptent.

On ajoutera : Vous ne l’avez habitée que peu de temps, et vous l’ignorez encore.

Avez-vous pu croire que nous vous avions créés en vain, que vous ne paraîtriez plus devant nous ? Gloire soit au Très-Haut ! il est le roi véritable, le Dieu unique, et le souverain du trône glorieux.

Celui qui donne un égal à l’Éternel ne saurait justifier sa croyance. Il lui rendra compte de son impiété. Le bonheur ne sera point le partage des idolâtres.

Dis : Seigneur, pardonne-nous. Aie compassion de nous. Ta miséricorde est sans bornes.