Traduction par Claude-Étienne Savary Voir et modifier les données sur Wikidata.
G. Dufour (1p. 178-196).





LA CONVERSION.


donné à médine, composé de 130 versets
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Déclaration de la part de Dieu et du prophète, aux idolâtres avec lesquels vous aurez fait alliance.

Voyagez avec sécurité pendant quatre mois, et songez que vous ne pouvez arrêter le bras du Tout-Puissant qui couvrira d’opprobre les infidèles.

Dieu et son envoyé déclarent qu’après les jours du pélerinage, il n’y a plus de pardon pour les idolâtres. Il vous importe de vous convertir. Si vous persistez dans l’incrédulité, souvenez-vous que vous ne pourrez suspendre la vengeance céleste. Annonce aux infidèles des supplices douloureux.

Gardez fidèlement l’alliance contractée avec les idolâtres, s’ils l’observent eux-mêmes, et s’ils ne fournissent aucun secours à vos ennemis. Dieu aime ceux qui le craignent.

Les mois sacrés écoulés, mettez à mort les idolâtres, partout où vous les rencontrerez. Faites-les prisonniers. Assiégez leurs villes. Tendez-leur des embûches de toutes parts. S’ils se convertissent, s’ils accomplissent la prière, s’ils paient le tribut sacré, laissez-les en paix. Le Seigneur est clément et miséricordieux.

Accorde une sauve-garde aux idolâtres qui t’en demanderont, afin qu’ils entendent la parole divine. Qu’elle leur serve de sûreté pour s’en retourner, parce qu’ils sont ensevelis dans les ténèbres de l’ignorance.

Dieu et le prophète peuvent-ils avoir un pacte avec les idolâtres ? Cependant s’ils observent le traité formé près du temple de la Mecque, soyez-y fidèles. Dieux aime ceux qui le craignent.

Comment l’observeront-ils ? S’ils ont l’avantage sur vous, ni les liens du sang, ni la sainteté de leur alliance, ne pourront les empêcher d’être parjures.

Ils ont vendu la doctrine du Coran pour un vil intérêt. Ils ont écarté les croyans du chemin du salut. Toutes leurs actions sont marquées au coin de l’iniquité.

Ils ont rompu tous les freins. Ils violent et les liens du sang et leurs sermens.

Si, revenus de leurs erreurs, ils accomplissent la prière et paient le tribut sacré, ils seront vos frères en religion. J’explique les préceptes du Seigneur à ceux qui savent les comprendre.

Si, manquant à la solennité de leur pacte, ils troublent votre culte, attaquez les chefs des infidèles, puisque leurs sermens ne peuvent les retenir.

Refuseriez-vous de combattre un peuple parjure, qui s’est efforcé de chasser votre apôtre, qui vous a attaqué le premier ? Le craindriez-vous ? Mais la crainte de Dieu ne doit-elle pas être plus forte, si vous êtes fidèles.

Attaquez-les. Dieu les punira par vos mains. Il les couvrira d’opprobre. Il vous protégera contre eux, et fortifiera le cœur des fidèles.

Il dissipera leur indignation, et fera grâce à qui il voudra, parce qu’il est savant et sage.

Avez-vous pensé que vous seriez abandonnés, quand Dieu ne connaissait pas encore ceux d’entre vous qui devaient combattre ; quand, sans alliés, vous n’aviez pour appui que le bras du Seigneur, son apôtre et quelques fidèles ? Le Très-Haut connaît vos actions.

L’entrée du temple Saint doit être interdite aux idolâtres. L’irréligion qu’ils professent les en rend indignes. Leurs œuvres sont vaines. Le feu sera leur demeure éternelle.

Mais ceux qui croient en Dieu et au jour dernier, qui font la prière, qui paient le tribut sacré, n’ayant d’autre crainte que celle de Dieu, visiteront son temple ; pour eux la voie du salut est facile.

Pensez-vous que ceux qui portent de l’eau aux voyageurs[2], ou qui visitent les saints lieux, ont un mérite égal au croyant qui défend la foi les armes à la main ? Le Seigneur attache à leurs œuvres un prix différent. Il n’éclaire point les pervers.

Les croyans qui s’arracheront du sein de leurs familles, pour se ranger sous les étendards de Dieu, sacrifiant leurs biens et leurs vies, auront les places les plus honorables dans le royaume des cieux. Ils jouiront de la félicité suprême.

Dieu leur promet sa miséricorde. Ils seront l’objet de ses complaisances, et ils habiteront les jardins de délices où régnera la souveraine béatitude.

Là, ils goûteront d’éternels plaisirs, parce que les récompenses du Seigneur sont magnifiques.

O croyans ! cessez d’aimer vos pères, vos frères, s’ils préfèrent l’incrédulité à la foi. Si vous les aimez, vous deviendrez pervers.

Si vos pères, vos enfans, vos frères, vos épouses, vos parens, les richesses que vous avez acquises, le commerce dont vous craignez la ruine, vos habitations chéries, ont plus d’empire sur vos cœurs que Dieu, son envoyé et la guerre sainte, attendez le jugement du Très-Haut. Il n’est point le guide des prévaricateurs.

Combien de fois le Tout-Puissant vous a-t-il fait sentir les effets de sa protection ? Souvenez-vous de la journée de Honein, où le nombre de vos troupes vous enflait le cœur ; à quoi vous servit cette armée formidable ? La terre vous semblait trop étroite dans votre fuite précipitée.

Dieu couvrit de sa sauve garde le prophète et les croyans ; il fit descendre des bataillons d’anges invisibles à vos yeux pour punir les infidèles. Tel est le sort des prévaricateurs.

Il pardonnera à qui il voudra. Il est indulgent et miséricordieux.

O croyans ! les idolâtres sont immondes. Qu’ils n’approchent plus du temple de la Mecque après cette année. Si vous craignez l’indigence, le ciel vous ouvrira ses trésors. Dieu est savant et sage.

Combattez ceux qui ne croient point en Dieu, et au jour dernier, qui ne défendent point ce que Dieu et le prophète ont interdit, et qui ne professent point la religion véritable des juifs et des chrétiens. Combattez-les jusqu’à ce qu’ils paient le tribut de leurs propres mains, et qu’ils soient soumis.

Les juifs disent qu’Ozaï est fils de Dieu ; les chrétiens disent la même chose du Messie. Ils parlent comme les infidèles qui les ont précédés. Le ciel punira leurs blasphèmes.

Ils appellent seigneurs leurs pontifes, leurs moines, et le Messie, fils de Marie ; et il leur est commandé de servir un seul Dieu. Il n’y en a point d’autre. Anathème sur ceux qu’ils associent à son culte !

Ils voudraient éteindre de leur souffle la lumière de Dieu ; mais il la fera briller malgré l’horreur qu’elle inspire aux infidèles.

Il a envoyé son apôtre pour prêcher la foi véritable, et pour établir son triomphe sur la ruine des autres religions, malgré les efforts des idolâtres.

O croyans ! sachez que la plupart des prêtres et des moines dévorent inutilement les biens d’autrui, et écartent les hommes de la voie du salut. Prédis à ceux qui entassent l’or dans leurs coffres, et qui refusent de l’employer pour le soutien de la foi, qu’ils subiront des tourmens douloureux.

Un jour cet or, rougi dans le feu de l’enfer, sera appliqué sur leurs fronts, leurs côtés et leurs reins, et on leur dira : Voilà les trésors que vous aviez amassés, jouissez-en maintenant.

Quand, le Tout-Puissant créa les cieux et la terre il écrivit l’année de douze mois [3]. Ce nombre fut gravé dans le livre saint. Quatre de ces mois sont sacrés ; c’est la vraie croyance. Fuyez pendant ces jours l’iniquité ; mais combattez les idolâtres en tout temps, comme ils vous combattent. Sachez que le Seigneur est avec ceux qui le craignent.

Transporter à un autre temps les mois sacrés, est un excès d’infidélité. Les idolâtres autorisent ce changement une année, et le défendent la suivante [4], afin d’accomplir les mois sacrés. Ils permettent ce que Dieu a défendu. Ils se font gloire de leurs crimes. Dieu n’éclaire point les impies.

O croyans, quelle fut votre consternation, lorsqu’on vous dit : Allez combattre pour la foi ! Préféreriez-vous donc la vie du monde à la vie future ? Mais que sont les biens terrestres, en comparaison des jouissances du ciel ?

Si vous ne marchez au combat, Dieu vous punira sévèrement : il mettra à votre place un autre peuple, et vous ne pourrez suspendre sa vengeance, parce que sa puissance est infinie.

Si vous refusez votre secours au prophète, il aura Dieu pour appui. Son bras le protégea quand les infidèles le chassèrent. Un des compagnons[5] de sa fuite le secourut lorsqu’ils se réfugièrent dans la caverne. Ce fut alors que Mahomet lui dit : Ne t’afflige point, le Seigneur est avec nous. Le ciel lui envoya la sécurité et une escorte d’anges invisibles à vos yeux. Les discours de l’impie furent anéantis, et la parole de Dieu exaltée. Il est puissant et sage.

Jeunes et vieux, marchez au combat, et sacrifiez vos richesses et vos vies pour la défense de la foi. Il n’est point pour vous de plus glorieux avantage. Si vous saviez !

L’espoir d’un succès prochain et facile, les aurait fait voler au combat ; mais la longueur du chemin les a effrayés. Ils jureront par le nom de Dieu que, s’ils avaient pu, ils auraient suivi tes drapeaux. Ils perdent leurs armes, car Dieu connaît leurs mensonges.

Puisse le ciel te pardonner ta condescendance à leurs désirs ! Il te fallait du temps pour distinguer les menteurs d’avec ceux qui disaient la vérité.

Ceux qui croient en Dieu et au jour dernier, ne te demanderont point d’exemption. Ils sacrifieront leurs richesses, et verseront leur sang pour la cause de Dieu. Il connaît ceux qui le craignent.

Mais ceux qui ne croient ni en Dieu, ni au jugement dernier, et qui errent dans le vague du doute, te prieront de les exempter du combat.

S’il avaient eu dessein de suivre l’étendard de la foi, ils auraient fait des préparatifs ; mais le ciel a rejeté leur service ; il a augmenté leur lâcheté, et on leur a dit : Restez avec les femmes.

S’ils étaient partis avec vous, ils n’auraient servi qu’à vous causer des dépenses, et à semer la division parmi vos troupes. Plusieurs eussent prêté l’oreille à leurs discours séditieux ; mais le Seigneur connaît les pervers.

Déjà ils ont voulu allumer le feu de la rébellion. Ils ont contrarié tes projets jusqu’à ce que la vérité étant descendue du ciel, la volonté de Dieu s’est manifestée contre leur opposition.

Plusieurs d’entre eux te diront : exempte-nous de la guerre ; ne nous enveloppe pas dans la dissension. N’y sont-ils pas tombés ? Mais l’enfer environnera les infidèles.

Vos succès les affligeront, et au bruit de vos disgrâces, ils s’écrieront : Nous avons pris notre parti d’avance. Ils retourneront à l’infidélité, et se réjouiront de vos malheurs.

Dis-leur : Il ne nous arrivera que ce que l’Éternel a écrit. Il est notre Seigneur. Que les fidèles mettent en lui leur confiance.

Quel est votre espoir ? Que nous soyons victorieux ou martyrs. Et nous, nous espérons que Dieu vous punira, ou remettra en nos mains sa vengeance. Attendez, nous attendrons avec vous.

Dis-leur : Offrez vos biens volontairement ou à contre cœur, ils seront refusés, parce que vous êtes impies.

Dieu rejette leurs offrandes, parce qu’ils ne croient point en lui et en son apôtre ; parce qu’ils font la prière avec tiédeur, et que leurs secours sont offerts à regret.

Que leurs trésors et le nombre de leurs enfans ne t’en imposent point. Ce sont des dons funestes, dont le ciel se servira pour les punir, en les faisant mourir dans leur infidélité.

Ils jurent, par le nom de Dieu, qu’ils sont de votre parti. La crainte de vos châtimens leur arrache ce parjure.

Les antres, les cavernes, sont les lieux qu’ils recherchent. Ils courent y cacher leur lâcheté.

Ils t’accusent dans la distribution des aumônes. Ils sont contens quand il les partagent, et s’irritent quand on les leur refuse.

Ne devraient-ils pas être satisfaits de ce qu’ils ont reçu de Dieu et du prophète ? Ne devraient-ils pas dire : La faveur du ciel nous suffit ; Dieu et le prophète nous combleront de biens, parce que nous invoquons le nom du Seigneur ?

Les aumônes doivent être employées pour le soulagement des pauvres, des indigens, de ceux qui les recueillent, de ceux qui sont résignés à la volonté de Dieu, pour la rédemption des captifs, pour secourir ceux qui sont chargés de dettes, pour les voyageurs, et pour le soutien de la guerre sainte. Telle est la distribution prescrite par le Seigneur. Il est savant et sage.

La calomnie attaque le prophète. On lui reproche de prêter l’oreille à tous les rapports. Réponds : Il écoute tout ce qui peut vous être utile ; il croit en Dieu et aux fidèles.

La miséricorde est le partage des croyans. Les tourmens seront la récompense de ceux qui calomnient le ministre du Très-Haut.

Ils prodiguent les sermens pour capter votre bienveillance. Il leur serait plus avantageux de rechercher la faveur de Dieu et du prophète, s’ils avaient la foi.

Ignorent-ils que celui qui se sépare de Dieu et de son envoyé aura pour demeure éternelle l’enfer, et sera couvert d’ignominie.

Les impies craignent que Dieu ne fasse descendre un chapitre où il dévoilera ce qui est dans leurs cœurs. Dis-leur : Riez. Dieu mettra au grand jour ce que vous cachez.

Interrogez-les sur cette crainte, ils répondent : Ce n’était qu’une feinte. Nous nous moquions de vous. Réponds-leur : Vous vouliez donc vous jouer de Dieu, de sa religion et de son ministre ?

N’apportez plus d’excuse. Vous avez quitté la foi pour suivre l’erreur. Si quelques-uns d’entre vous peuvent espérer leur pardon, les autres, livrés à l’impiété, seront dévoués à des peines déchirantes.

Les impies s’unissent pour commander le crime et abolir la justice. Leurs mains sont fermées pour l’aumône. Ils oublient Dieu dont ils sont oubliés, parce qu’ils sont prévaricateurs.

Dieu a promis aux scélérats et aux infidèles le feu de l’enfer. Ils y expieront leurs forfaits, chargés de sa malédiction, et dévorés par des tourmens éternels.

Vous êtes semblables aux impies qui vous ont précédés. Ils furent plus forts, plus puissans que vous par leurs richesses et le nombre de leurs enfans. Ils jouirent des biens terrestres que le ciel leur départit. Vous avez joui comme eux de votre portion. Vous avez parlé comme ils parlèrent. Leurs actions ont été vaines dans ce monde et dans l’autre, et ils ont été dévoués à la réprobation.

Ignorent-ils l’histoire des premiers peuples, de Noé, d’Aod, d’Abraham, des Madianites, et des villes renversées ? Ils eurent des prophètes qui opérèrent des miracles sous leurs yeux. Dieu ne les traita point injustement. Ils furent eux-mêmes les auteurs de leur ruine.

Les fidèles forment une société d’amis. Ils font fleurir la justice, proscrivent l’iniquité, sont assidus à la prière, paient le tribut sacré, et obéissent à Dieu et à son envoyé. Ils obtiendront la miséricorde du Seigneur, parce qu’il est puissant et sage.

Il leur destine des jardins arrosés par des fleuves. Introduits dans les délicieuses demeures d’Éden[6], ils jouiront éternellement des grâces du Seigneur, et goûteront la volupté suprême.

O prophète ! combats les incrédules et les impies. Traites-les avec rigueur. L’enfer sera leur affreuse demeure.

Ils jurent, par le nom de Dieu, qu’ils ne t’ont point calomnié. Ils sont infidèles dans leurs discours comme dans leur foi. L’objet de leurs vœux ardens leur est échappé. Ils n’ont été ingrats que parce que Dieu et le prophète les ont comblés de biens. Leur conversion serait pour eux une source d’avantages. S’ils la diffèrent, Dieu les punira dans cette vie et dans l’autre. Ils n’auront plus sur terre ni protecteur ni ami.

Quelques-uns d’entr’eux ont promis à Dieu que, s’il ouvrait pour eux les trésors de sa bienfaisance, ils feraient l’aumône et embrasseraient le parti de la vertu.

Dieu a comblé leurs désirs ; l’avarice, l’éloignement de la foi, ont été le prix de ses bienfaits.

Il fera persévérer l’iniquité dans leurs cœurs, jusqu’au jour où ils paraîtront devant lui, parce qu’oubliant leurs sermens, ils ont été parjures.

Ne savaient-ils pas que Dieu connaissait leurs secrets et leurs discours clandestins, puisque rien n’est caché à ses yeux ?

Ceux qui blâment les aumônes des fidèles généreux, de ceux qui n’ont pour vivre que le fruit de leurs travaux, et qui se moquent de leur crédulité, seront l’objet de la risée de Dieu, et la victime de ses tourmens.

En vain tu implorerais soixante-dix fois pour eux la miséricorde divine. Dieu ne leur pardonnera point, parce qu’ils ont refusé de croire en lui et au prophète, et qu’il n’éclaire point les prévaricateurs.

Satisfaits d’avoir laissé partir le prophète, ils ont refusé de soutenir la cause du ciel, de leurs biens et de leurs personnes, et ils ont dit : N’allons pas combattre pendant la chaleur. Réponds-leur : Le feu de l’enfer sera plus terrible que la chaleur. S’ils le comprenaient !

Qu’ils rient quelques instans ! de longs pleurs seront le fruit de leur conduite.

Si Dieu te ramène du combat ; et qu’ils demandent à te suivre, dis-leur : Je ne vous recevrai point au nombre de mes soldats ; vous ne combattrez point sous mes étendards. Dès la première rencontre vous avez préféré l’asile de vos maisons au combat. Restez avec les lâches.

Si quelqu’un d’entre vous meurt, ne prie point pour lui ; ne t’arrête point sur sa tombe, parce qu’ils ont refusé de croire en Dieu et en son envoyé, et qu’ils sont morts dans leur infidélité.

Que leurs richesses et le nombre de leurs enfans ne t’éblouissent pas. Dieu s’en servira pour les châtier dans ce monde, et ils mourront dans leur iniquité.

Lorsque Dieu fit descendre un chapitre où il leur commandait de croire en lui et en son apôtre, et de le suivre au combat, les plus puissans d’entre eux, te priant de les en exempter, demandèrent à rester au sein de leurs familles.

Ils ont voulu demeurer avec les lâches. Dieu a scellé leurs cœurs. Ils n’écouteront plus la sagesse.

Mais le prophète et les croyans, qui ont sacrifié leurs biens, et versé leur sang, pour la défense de l’islamisme, seront comblés des faveurs du ciel, et jouiront de la félicité.

Ils habiteront éternellement le séjour que Dieu leur a préparé, les jardins de délices arrosés par des fleuves, lieux où régnera la souveraine béatitude.

Plusieurs des Arabes du désert sont venus s’excuser d’aller à la guerre. Ceux qui ne croient point en Dieu et au prophète sont restés chez eux. Ils recevront le châtiment de leur infidélité.

Les faibles, les malades, les bienfaisans, et ceux qui ne pourraient s’entretenir, ne sont point obligés de combattre, pourvu qu’ils consultent Dieu et son envoyé. Ils éprouveront l’indulgence et la miséricorde du Seigneur.

Les croyans qui, t’ayant demandé des chevaux que tu ne pus leur fournir, s’en retournèrent les larmes aux yeux, désespérés de ne pouvoir verser leur sang pour la cause de Dieu, n’ont point de reproche à craindre.

Mais les riches qui te demandent des exemptions sont coupables. Ils préfèrent de rester dans leurs maisons.

Dieu imprime le sceau de sa réprobation sur leurs cœurs, et ils l’ignorent.

Ils viendront s’excuser à votre retour. Dis-leur : Vos excuses sont vaines. Nous ne vous croyons point. Dieu nous a manifesté votre conduite. Dieu et son ministre l’examineront. Vous serez conduits devant celui qui connaît les secrets. Il dévoilera à vos yeux ce que vous aurez fait.

Ils vous conjureront, lorsque vous reviendrez du combat, de vous éloigner d’eux. Fuyez-les ; ils sont immondes. L’enfer sera le prix de leurs œuvres.

Ils vous conjureront de leur rendre votre amitié. Si vous condescendez à leurs désirs, souvenez-vous que le Seigneur hait les prévaricateurs.

Les Arabes du désert sont les plus opiniâtres des infidèles et des impies. Il convient qu’ils ignorent les lois que le ciel a dictées au prophète. Dieu est savant et sage.

Plusieurs d’entre eux pensent que les aumônes sont employées à acquitter les dettes du public. Ils désirent que vous éprouviez les revers de la fortune. Ils éprouveront la vicissitude du mal. Dieu sait et entend.

Quelques Arabes qui croient en Dieu et au jour dernier, pensent que le tribut sacré les approche de l’Éternel, et les fait participer aux prières du prophète. Certainement il les approche de la majesté divine. Il leur procurera l’indulgence du Dieu clément et miséricordieux.

Ceux qui les premiers ont quitté leur pays pour aller à la guerre sainte, ceux qui ont suivi cet exemple glorieux, ont mérité l’amitié du Dieu qu’ils aimaient, et il leur a préparé des jardins où coulent des fleuves et où ils goûteront des plaisirs éternels.

Parmi les Arabes pasteurs qui vous environnent, parmi les habitans de Médine, il est encore des impies. Tu ne les connais pas ; mais nous les connaissons. Un double châtiment leur est destiné, et ensuite ils seront livrés au grand supplice.

D’autres se sont avoués coupables. Ils ont voulu racheter leur faute par une bonne œuvre. Peut-être le Soigneur abaissera-t-il sur eux un regard propice. Il est indulgent et miséricordieux.

Reçois une portion de leurs biens en aumône, afin de les purifier et d’expier leur désobéissance. Prie pour eux. Tes prières rendront la paix à leurs âmes. Dieu sait et entend tout.

Ignorent-ils que le Seigneur reçoit la pénitence et les aumônes de ses serviteurs, parce qu’il est indulgent et miséricordieux ?

Dis-leur : Agissez ; Dieu, son envoyé et les fidèles verront vos actions. Vous paraîtrez au tribunal de celui devant qui tous les secrets sont dévoilés. Il vous montrera vos œuvres.

D’autres attendent le jugement de Dieu, préparés à recevoir ses châtimens ou ses faveurs. Le Très-Haut est savant et sage.

Ceux qui ont bâti ce temple, séjour du crime et de l’infidélité, sujet de discorde entre les fidèles, lieu où ceux qui ont porté les armes contre Dieu et son ministre, dressent leurs embûches, jurent que leur intention est pure ; mais le Tout-Puissant est témoin de leur mensonge.

Garde-toi d’y entrer. Le vrai temple a sa base établie sur la piété. C’est là que tu dois faire la prière ; c’est là que les mortels doivent désirer d’être purifiés, parce que le Seigneur aime ceux qui sont purs.

De deux temples, dont l’un est fondé sur la crainte du Seigneur, et l’autre est bâti sur l’argile que mine un torrent, et qui est prête à s’abîmer avec lui dans le feu de l’enfer, lequel est assis sur une base plus solide ? Dieu n’est point le guide des méchans.

Leurs cœurs seront déchirés, lorsque cet édifice qu’ont élevé leurs doutes croulera. Dieu est savant et sage.

Dieu a acheté la vie et les biens des fidèles. Le paradis en est le prix. Ils combattront, mettront à mort leurs ennemis, tomberont sous leurs coups ; les promesses qui leur sont faites dans le Pentateuque, l’Évangile et le Coran, s’accompliront ; car qui est plus fidèle à son alliance que Dieu ? Réjouissez-vous de votre pacte ; il est le sceau de votre bonheur.

Ceux qui font pénitence, qui servent le Seigneur, qui le louent, le prient, l’adorent, qui jeûnent, qui commandent la justice, qui empêchent le crime et gardent les commandemens divins, seront heureux.

Le prophète et les croyans ne doivent point intercéder pour les idolâtres, fussent-ils leurs parens, lorsqu’ils savent qu’ils sont ensevelis dans l’enfer.

Abraham, ayant promis de prier pour son père, satisfit à sa promesse ; mais lorsqu’il connut évidemment qu’il était l’ennemi de Dieu, il rompit son engagement ; cependant Abraham était pieux et humain.

Dieu ne laisse point retourner à l’erreur ceux qu’il a éclairés, jusqu’à ce qu’il leur ait manifesté ce qu’ils doivent craindre, parce que sa science est infinie.

Dieu est le souverain du ciel et de la terre. Il donne la vie et la mort. Vous n’avez de patron et de protecteur que lui.

Il fit éclater sa bonté pour le prophète, les fidèles et leurs alliés, le jour du combat : quand une partie de l’armée des croyans était sur le point de prendre la fuite, un regard propice les arrêta. Il est pour eux indulgent et miséricordieux.

Trois d’entre eux étaient restés derrière. Bannis de la société, en exil au milieu de leurs concitoyens, ils pensèrent, dans leur détresse, qu’ils n’avaient d’autre refuge qu’en Dieu. Il les regarda avec bonté, parce qu’ils se convertirent, et qu’il est indulgent et miséricordieux.

O croyans ! craignez le Seigneur, et exercez la justice.

Les habitans de Médine et les Arabes d’alentour n’avaient aucune raison de se détacher du prophète, et de préférer leurs vies à la sienne. La faim, la soif, la fatigue qu’ils ont endurées pour la cause de Dieu, leurs marches contre les infidèles, les dommages qu’ils en ont essuyés, étaient autant de mérites dont on leur tenait compte, parce que le Seigneur ne laisse point périr la récompense de ceux qui font le bien.

Leurs dépenses, le passage d’un torrent, toutes leurs démarches écrites dans le livre de Dieu, étaient autant de titres à ses bienfaits glorieux.

Il ne faut pas que tous les fidèles prennent les armes à la fois. Il est bon qu’une partie de chaque corps demeure, afin que, s’instruisant de la foi, ils puissent instruire les autres à leur retour.

O croyans ! combattez vos voisins infidèles. Qu’ils trouvent des ennemis implacables. Souvenez-vous que le Très-Haut est avec ceux qui le craignent.

Lorsqu’un nouveau chapitre vous sera envoyé du ciel, ils diront : Qui de vous peut croire cette doctrine ? Mais elle fortifiera la croyance des fidèles, et ils y trouveront leur consolation.

Elle augmentera la plaie de ceux dont le cœur est gangrené, et ils mourront dans leur impiété.

Ne voient-ils pas qu’une ou deux fois par an, le courroux du ciel s’appesantit sur eux ? Ces avertissemens ne dessillent point leurs yeux, et n’excitent point leur repentir.

Lorsqu’on leur enverra un autre chapitre, ils se regarderont mutuellement, et si personne ne les voit, ils prendront la fuite. Dieu a égaré leurs cœurs, parce qu’ils n’écoutent point la sagesse.

Du milieu de vous s’est levé un prophète distingué. Il est chargé de vos fautes. Le zèle de votre salut l’enflamme, et les fidèles ne doivent attendre de lui qu’indulgence et miséricorde.

S’ils refusent de croire la doctrine que tu leur enseignes, dis-leur : Dieu me suffit. Il n’y a point d’autre Dieu que lui. J’ai mis en lui ma confiance. Il est le souverain du trône sublime.


  1. Ce chapitre est le seul qui ne porte point pour épigraphe ces mots : Au nom de dieu clément et miséricordieux. Les auteurs arabes en donnent plusieurs raisons. Cette formule, disent-ils, annonce des grâces, et ce chapitre publie la vengeance. Ali Otman, fils d’Aphan, ayant été interrogé sur cette omission, répondit que le chapitre de la pénitence n’ayant paru qu’une suite de celui du butin, on ne l’avait point distingué par l’épigraphe ordinaire.
  2. C’est l’eau du puits de Zemzem que l’ange découvrit à Agar, et dont les pèlerins boivent avec un respect religieux.
  3. L’année des Arabes est lunaire. Elle est composée de douze mois ; mais comme ils n’admettent point de jour intercalaire, leurs mois ne suivent point le cours des saisons. Ils parcourent toute l’année, et le même se trouve successivement dans le printemps, l’été, l’automne et l’hiver.
  4. Ce changement s’opérait ainsi : Lorsque les Arabes idolâtres étaient en guerre pendant un des mois sacrés, par exemple pendant le mois de Moharram, ils continuaient les hostilités, et rejetaient la défense au mois de Safar, qu’ils rendaient sacré. Gelaleddin. Mahomet abolit cet usage qui perpétuait les maux de la guerre.
      Les anciens Arabes avaient de même quatre mois sacrés pendant lesquels toute hostilité devait cesser. Ces mois sont Moharram, Rajeb, Delcaada, Delhajj, le premier, le septième, le onzième et le douzième de leur année. Les Arabes, depuis Abraham et Ismaël, ont toujours célébré le pèlerinage de la Mecque le dixième jour du mois Elhajj abou abd allah Mohammed abuahmed. Le mot elhajj signifie pèlerinage. Les pèlerins se nomment Haggi.
  5. C’est Abubecr.
  6. Le mot Éden est un des noms du paradis. Elhaçan. En hébreu il signifie un lieu de délices. Marracci. En arabe il signifie un lieu propre pour le pâturage des troupeaux.