Traduction par Claude-Étienne Savary Voir et modifier les données sur Wikidata.
G. Dufour (1p. 140-168).





ELARAF.


donné à la macque, composé de 205 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


A. L. M. S. [1] Le Coran t’a été envoyé du Ciel. Ne crains point de t’en servir pour menacer les méchans et exhorter les fidèles.

Suivez la doctrine qui vous est venue de Dieu. N’ayez point d’autre patron que lui. Combien peu écouteront ces avertissemens !

Combien de villes nous avons détruites pendant les ténèbres de la nuit, ou à la clarté du jour, tandis que les habitans goûtaient les douceurs du repos !

Poursuivis par notre vengeance, ils s’écriaient : Nous sommes coupables.

Nous demanderons compte aux peuples à qui nous avons envoyé des ministres, et à nos ministres eux-mêmes.

Nous leur dévoilerons, avec connaissance, ce qu’ils auront fait, car nous avons été témoins.

Le jugement du grand jour sera équitable. Ceux qui feront pencher la balance[2], jouiront de la félicité.

Ceux dont les œuvres ne se trouveront pas de poids, auront perdu leurs âmes, parce qu’ils auront méprisé la religion.

Nous vous avons placés sur la terre ; nous vous y avons donné la nourriture. Combien peu vous êtes reconnaissans !

Nous vous créâmes et nous vous formâmes dans le premier homme ; ensuite nous dîmes aux anges : Adorez Adam, et ils l’adorèrent. Eblis seul lui refusa son hommage.

Pourquoi n’obéis-tu pas à ma voix ? lui dit le Seigneur. Pourquoi n’adores-tu pas Adam ? Je suis d’une nature supérieure à la sienne, répondit Eblis. Tu m’as créé de feu, et tu l’as formé d’un vil limon.

Fuis loin de ces lieux, ajouta le Seigneur ; le paradis n’est point le séjour des superbes. Fuis : l’abjection sera ton partage.

Diffère tes vengeances, repartit l’esprit rebelle, jusqu’au jour de la résurrection.

Le Tout-Puissant lui accorda sa demande.

Puisque tu m’as tenté, continua Satan, je m’efforcerai d’écarter les hommes de tes voies.

Je multiplierai mes attaques. Je sèmerai des pièges devant et derrière eux, à leur droite, à leur gauche. Bien peu te rendront des actions de grâces.

L’Éternel prononça ces mots : Sors du Paradis couvert d’opprobre et sans espoir de pardon. Ceux qui te suivront, seront tes compagnons dans l’enfer.

Ô Adam ! Habite le Paradis avec ton épouse. Mangez à discrétion de tous les fruits qui y croissent ; mais ne vous approchez point de cet arbre, de peur que vous ne deveniez coupables.

Le diable voulant leur ouvrir les yeux sur leur nudité, leur dit : Dieu vous a défendu de goûter du fruit de cet arbre de peur que vous ne deveniez deux anges, et que vous ne soyez immortels.

Il leur assura, avec serment, que c’était la vérité, et qu’il était un conseiller fidèle.

Trompés par cette ruse, ils mangèrent du fruit défendu. Aussitôt ils virent leur nudité[3]. Ils se couvrirent avec des feuilles. Ne vous avais-je pas interdit l’approche de cet arbre, leur dit le Seigneur ? Ne vous avais-je pas averti que Satan était votre ennemi ?

Seigneur, nous sommes coupables, et si ta miséricorde n’éclate en notre faveur, notre perte est certaine.

Descendez, leur dit Dieu ; vous avez été ennemis l’un de l’autre. La terre sera votre habitation jusqu’au temps.

Vous y vivrez ; vous y mourrez ; et vous en sortirez un jour.

Enfans d’Adam, nous vous avons donné des vêtemens pour vous couvrir ; mais le plus précieux est la piété. Dieu a opéré ces merveilles pour vous instruire.

Enfans d’Adam, que Satan ne vous séduise pas, comme il a séduit vos pères. Il leur enleva le Paradis, quand il fit tomber le voile qui couvrait leur nudité. Lui et ses compagnons nous voient. Vous ne les voyez pas. Ils sont les chefs des infidèles.

Les pervers disent en violant les lois : Nous suivons les usages de nos pères. Le ciel nous a ordonné d’agir ainsi. Réponds-leur : Dieu ne saurait commander le crime. Direz-vous de lui ce que vous ignorez ?

Dis : Dieu m’a commandé la justice. Tournez votre front vers le lieu où on l’adore. Invoquez son nom. Montrez-lui une religion pure. Tels il vous a créés, tels vous retournerez à lui. Il éclaire une partie des hommes et laisse les autres dans l’erreur, parce qu’ils ont choisi les démons pour patrons. Ils croient posséder la lumière.

O enfans d’Adam ! Prenez vos plus beaux habits quand vous allez au temple. Mangez, buvez avec modération. Le Seigneur hait les excès.

Dis : Qui peut défendre aux serviteurs de Dieu de se parer en son honneur des biens qu’ils ont reçus de lui, et de se nourrir des alimens purs qu’ils tiennent de sa libéralité. Ce sont les droits des fidèles qui croient à cette vie et au jour du jugement. C’est ainsi que nous dévoilons la doctrine divine aux yeux des sages.

Dieu a défendu le crime public et secret. Il a défendu l’injustice et la violence sans droit. Il ne vous a point donné le pouvoir de créer des idoles, ni de dire de lui ce que vous ne savez pas.

Le terme de la vie est fixé. Nul ne saurait le prévenir, ni le différer d’un instant.

Enfans d’Adam ! Il se lèvera du milieu de vous des apôtres. Ils vous manifesteront mes volontés. Celui qui craindra le Seigneur et pratiquera la vertu, sera exempt des frayeurs et des supplices.

L’orgueilleux qui s’écartera de l’islamisme, et qui en niera la vérité, sera dévoué aux flammes éternelles.

Quoi de plus impie que de blasphémer contre le Très-Haut, et d’accuser ses oracles de mensonge ! Les idolâtres jouiront d’une partie des avantages annoncés dans le Coran, jusqu’à ce que l’ange de la mort vienne leur demander : Où sont les dieux que vous invoquiez ? Ils répondront qu’ils ont disparu, et ce témoignage mettra le sceau à leur réprobation.

Dieu leur dira : Entrez dans l’enfer avec les génies et les hommes qui y sont condamnés. Descendez dans les flammes. Ils maudiront les sectes qui les ont précédés, jusqu’à ce qu’ils y soient tous rassemblés. Seigneur, s’écrieront les derniers, voilà les sectaires qui nous ont séduits. Fais-leur endurer des tourmens doubles des nôtres. Dieu leur dira : Nous les avons augmentés pour vous tous ; mais vous l’ignorez.

Qu’avez-vous de plus que nous, répondront les sectaires ? Souffrez donc la peine qu’ont méritée vos crimes.

L’impie qui, dans son orgueil, accusera notre doctrine de fausseté, trouvera les portes du ciel fermées[4]. Il n’y entrera que quand un chameau passera dans le trou d’une aiguille. C’est ainsi que nous récompenserons les scélérats.

L’enfer sera leur lit, le feu leur couverture ; juste prix de leurs attentats.

Nous n’exigerons de chacun que ce qu’il peut. Les croyans qui auront exercé la bienfaisance habiteront le paradis, séjour d’éternelles délices.

Je bannirai l’envie de leurs cœurs. Les ruisseaux couleront sous leurs pas. Ils s’écrieront : Louange à l’Éternel qui nous a introduits dans ce séjour ! Si sa lumière ne nous eût éclairés, nous n’aurions pas trouvé la route qui y conduit. Les promesses des prophètes se sont vérifiées. Une voix fera entendre ces paroles : Voilà le paradis, dont vos œuvres vous ont acquis l’héritage.

Les bienheureux diront aux habitans du feu : Nous avons éprouvé la vérité des promesses du Seigneur ; avez-vous fait la même épreuve ? On leur répondra : Nous l’avons faite. Un héraut prononcera du milieu d’eux ces mots : Malédiction de Dieu sur les impies !

Ils ont écarté leurs semblables de sa loi ; ils se sont efforcés d’en corrompre la pureté. Ils ont nié la vie future.

Une barrière s’élèvera entre les élus et les réprouvés. Sur Elaraf[5] seront des hommes qui connaîtront les uns et les autres à des signes certains. Ils diront aux hôtes du paradis : La paix soit avec vous ! et malgré l’ardeur de leurs désirs ils ne pourront y entrer.

Lorsqu’ils tourneront leurs regards vers les victimes du feu, ils s’écrieront : Seigneur, ne nous précipite pas avec les pervers.

Ils crieront aux réprouvés qu’ils reconnaîtront au sceau de réprobation gravé sur leurs fronts : A quoi vous ont servi vos richesses et votre orgueil ?

Ceux qui, suivant vos sermens, ne devaient jamais éprouver la miséricorde divine, n’ont-ils pas entendu ces consolantes paroles ? Entrez dans le paradis ; que la crainte et la tristesse soient bannies de vos cœurs.

Les réprouvés crieront aux bienheureux : Répandez sur nous de cette eau et de ces biens dont Dieu vous nourrit. On leur répondra : Cet avantage est interdit aux infidèles.

Ils ont fait un jeu de la religion. Ils se sont laissé séduire par les charmes de la vie mondaine. Nous les oublions aujourd’hui, parce qu’ils ont oublié le jour du jugement, et qu’ils ont rejeté nos oracles.

Nous avons apporté aux hommes un livre où brille la science qui doit éclairer les fidèles, et leur procurer la miséricorde divine.

Attendent-ils l’accomplissement du Coran ? Le jour où il sera accompli, ceux qui auront vécu dans l’oubli de ses maximes, diront : Les ministres du Seigneur nous prêchaient la vérité. Où trouverons-nous maintenant des intercesseurs ? Quel espoir avons-nous de retourner sur la terre, pour nous corriger ? Ils ont perdu leurs âmes, et leurs illusions se sont évanouies.

Votre Dieu créa les cieux et la terre en six jours ; ensuite il s’assit sur son trône. Il fit succéder la nuit au jour. Elle le suit sans interruption. Il forma le soleil, la lune et les étoiles, humblement soumis à ses ordres. Les créatures et le droit de les gouverner lui appartiennent. Béni soit le Dieu souverain de l’univers !

Invoquez le Seigneur en public et en secret, mais évitez l’ostentation ; il hait les superbes.

Ne souillez pas la terre après qu’elle a été purifiée ; priez Dieu avec crainte et espérance ; sa miséricorde est proche des bienfaisans.

C’est lui qui envoie les vents avant-coureurs de ses bienfaits, porter les nuages chargés d’eau sur les campagnes arides. La pluie féconde la terre stérile et lui fait produire des fruits en abondance ; ainsi nous ferons ressusciter les morts, nous opérerons ces merveilles pour votre instruction.

La bonne terre produit de bons fruits par la permission de Dieu ; la mauvaise terre ne donne que de mauvais fruits. C’est ainsi que nous expliquons la doctrine divine au peuple qui en est reconnaissant.

Noé, chargé de notre mission[6], dit à son peuple : Adorez le Seigneur, il n’y a point d’autre Dieu que lui ; je crains pour vous la peine du grand jour.

Ton aveuglement est extrême, répondirent les princes du peuple.

Je ne suis point dans l’erreur, reprit Noé ; je suis le ministre du souverain de l’univers.

Je viens vous annoncer les ordres du Très-Haut, et vous donner des conseils salutaires ; Dieu m’a donné des connaissances que vous n’avez pas.

Est-il étonnant qu’il ait choisi parmi vous un homme pour être l’organe de ses promesses et de ses menaces, afin que vous le craigniez et que vous méritiez son indulgence ?

Noé fut traité d’imposteur ; nous le sauvâmes avec ceux qui étaient dans l’arche ; les aveugles qui avaient nié notre doctrine furent ensevelis dans les eaux.

Nous envoyâmes Hod aux Adéens[7] ses frères. O mon peuple ! leur dit-il, adorez le Seigneur, il n’y a point d’autre Dieu que lui ; ne le craindrez-vous donc pas ?

Tu es un insensé et un imposteur, lui dirent les principaux du peuple qui étaient voués à l’infidélité.

Je ne suis point un insensé, répondit Hod ; je suis le ministre du souverain de l’univers.

Je remplis la mission dont il m’a chargé, et je viens vous donner des conseils salutaires.

Est-il surprenant que le Très-Haut ait choisi un homme d’entre vous pour vous faire connaître ses volontés ? Souvenez-vous qu’il vous a fait remplacer sur la terre les descendans de Noé, qu’il vous a multipliés, qu’il a augmenté votre puissance ; rappelez-vous ses bienfaits si vous voulez être heureux.

Es-tu venu, repartirent les Adéens, nous prêcher le culte d’un seul Dieu, et nous exhorter à quitter ceux qu’ont adorés nos pères ? Si tes menaces sont véritables, fais-nous en voir l’accomplissement.

La vengeance et la colère de Dieu vont fondre sur vous, ajouta le prophète. Disputerez-vous avec moi sur les noms que vous et vos pères avez donnés à vos idoles ? Dieu ne leur a accordé aucune puissance. Attendez, je vais être spectateur de votre ruine.

Nous sauvâmes Hod[8] et ceux qui furent dociles à sa voix, par un effet de notre miséricorde, et nous exterminâmes jusqu’au dernier des incrédules qui accusaient notre doctrine de mensonge.

Saleh[9], ministre de nos volontés, auprès des Thémudéens, leur dit : Adorez le Seigneur, il n’y a point d’autre Dieu que lui. Cette femelle de chameau est un signe de sa puissance. Laissez-la paître dans le champ du Seigneur. N’attentez pas à ses jours, vous en seriez rigoureusement punis.

Souvenez-vous qu’il vous a fait remplacer sur la terre la postérité d’Aod, qu’il vous y a établis, qu’il vous a donné des plaines ou vous élevez des palais, et des rochers que vous taillez en maisons ; Souvenez-vous des faveurs du ciel, et ne répandez pas la corruption sur la terre.

Les chefs des Thémudéens, que l’orgueil dominait, dirent au peuple qui plus humble avoit cru au prophète : Croyez-vous que Saleh soit l’envoyé du Seigneur ? Nous croyons à sa mission répondit le peuple.

Persistant dans leur orgueil, les chefs ajoutèrent : Nous rejetons votre croyance.

Ils coupèrent les pieds de la femelle de chameau, violèrent la défense de Dieu, et dirent à Saleh : Fais-nous voir l’accomplissement de tes menaces, si tu es l’interprète du ciel.

À l’instant ils sentirent la terre trembler sous leurs pas, et le matin on les trouva étendus morts dans leurs maisons.

Le prophète, en quittant le peuple, leur dit : Je vous ai donné de sages avertissemens, mais vous ne les aimez pas.

Loth dit aux habitans de Sodôme : Vous abandonnerez-vous à un crime inconnu à toutes les nations de la terre ?

Vous approcherez-vous des hommes, dans vos désirs criminels, au lieu des femmes ? Violerez-vous les lois de la nature ?

Les habitans de Sodôme ne répondirent rien. Ils se dirent les uns aux autres, chassons Loth de notre ville, puisqu’il ne veut pas suivre notre exemple.

Nous sauvâmes Loth et sa famille : Mais sa femme fut punie[10].

Une pluie vengeresse[11] fit périr les coupables. Voyez quelle est la fin des scélérats ?

Nous envoyâmes Chaïb[12] aux Madianites ses frères : O mon peuple, leur dit-il, rendez hommage au seul Dieu de l’univers. Il vous a fait voir des marques de sa puissance. Remplissez la mesure. Rendez la balance égale. Ne retranchez rien de ce que vous devez. Ne souillez pas la terre après qu’elle a été purifiée. Vous retirerez les fruits de cette conduite, si vous avez la foi.

Ne répandez point la terreur sur les chemins. Ne détournez point de la loi divine celui qui croit en elle. Ne lui donnez point de fausses interprétations. Souvenez-vous que vous étiez en petit nombre et que Dieu vous a multipliés. Promenez vos regards sur la terre, et voyez quel a été le sort des méchans.

Si une partie de vous croit à ma mission, tandis que les autres la rejettent, attendez que Dieu prononce entre nous. Il est le plus équitable des juges.

Les principaux des Madianites, énivrés d’orgueil, dirent au prophète : Nous te chasserons de notre ville avec ceux qui ont ta croyance, ou vous reviendrez à notre culte. En vain, reprit Chaïb, vous voudriez vaincre l’horreur qu’il nous inspire.

Nous mentirions à Dieu si nous embrassions votre croyance. Il nous en a délivrés. Lui seul peut nous ordonner de la reprendre. Sa science embrasse l’univers. Nous avons mis en lui notre confiance. Seigneur, tiens la balance entre nous et le peuple. Tu es le plus équitable des juges.

Les chefs, qui avaient refusé de croire, dirent au peuple : Si vous suivez Chaïb, votre perte est certaine.

Ils furent renversés par un tremblement de terre, et le matin on les trouva morts dans leurs maisons, le visage prosterné contre terre.

Ceux qui accusèrent Chaïb d’imposture ont disparu, et sont dévoués à la réprobation.

Il dit aux Madianites, en les quitant : J’ai rempli auprès de vous la mission de Dieu ; je vous ai donné de sages avis ; pourquoi m’affligerais-je sur le sort des incrédules ?

Nos châtimens ont toujours accompagné nos ministres, dans les villes où nous les avons envoyés. Nous punissons les peuples afin de les rendre humbles.

Après le malheur, nous les avons fait jouir de la prospérité, et tandis qu’enorgueillis de nos faveurs ils disaient : Ainsi que nos pères nous avons éprouvé la bonne et la mauvaise fortune, nous les avons exterminés à l’instant où ils ne s’y attendaient pas.

Si les habitans des villes coupables eussent eu la foi et la crainte de Dieu, nous les aurions enrichis des biens célestes et terrestres. Nos fléaux ont été le prix de leurs mensonges.

Qui pouvait les assurer que notre vengeance ne les surprendrait pas, au milieu de la nuit et dans les bras du sommeil ?

Qui pouvait les assurer qu’elle n’éclaterait point sur leurs têtes pendant le jour, et au milieu de leurs amusemens ?

Pensaient-ils échapper à la vigilance de Dieu ? Les pervers seraient-ils donc les seuls qui pussent s’y soustraire ?

Héritiers de la terre que leur ont laissée des générations anéanties, ne voient-ils pas que nous pouvons les punir ? Nous gravons notre sceau sur leur cœur, afin qu’ils ne puissent comprendre.

Nous te racontons les malheurs des villes auxquelles nous envoyâmes des apôtres avec la puissance des miracles. Leurs habitans rejetèrent constamment une doctrine qu’ils avaient taxée de fausseté. Ainsi Dieu ferme le cœur des infidèles.

Dans ces villes nous trouvâmes bien peu d’hommes fidèles à leur alliance. La plupart étaient prévaricateurs.

Moïse, qui suivit ces envoyés, se présenta à la cour de Pharaon. Il y opéra des prodiges, sans pouvoir vaincre l’opiniâtreté du roi et des grands. Voyez quelle est la fin des impies.

Je suis le ministre du souverain de l’univers, dit Moïse au prince.

Les ordres que je t’annoncerai de la part de Dieu sont véritables. Je ferai éclater devant toi des signes de sa puissance. Laisse partir avec moi les enfans d’Israël. Si tu as le pouvoir d’opérer des miracles, répondit le roi, qu’ils servent à attester ta mission.

Moïse jeta sa baguette, et elle se changea en serpent.

Il tira sa main de son sein, et sa blancheur étonna les spectateurs.

Cet homme, dirent les courtisans, est un enchanteur habile.

Il veut nous faire abandonner notre pays. Que dois-je faire, dit Pharaon ?

Retenez-le, lui et son frère, et envoyez dans toutes les villes de votre empire,

Avec ordre d’amener tous les habiles magiciens.

Les Mages, rassemblés en grand nombre, firent au roi cette demande : Prince, serons-nous récompensés si nous sommes vainqueurs ?

Comptez sur ma générosité et sur ma faveur, répondit Pharaon.

Jette ta baguette, dirent les Mages à Moïse, ou bien nous jetterons les nôtres.

Commencez, dit Moïse. Ils jetèrent leurs baguettes et produisirent, aux regards des spectateurs, un spectacle étonnant.

Nous inspirâmes à notre ministre de jeter sa baguette. Elle se changea en serpent qui dévora les autres.

La vérité brilla dans tout son jour, et leurs prestiges furent vains.

Les Mages vaincus s’humilièrent.

Ils se prosternèrent pour adorer le Seigneur,

Et dirent : Nous croyons au Dieu de l’univers ;

Nous croyons au Dieu de Moïse et d’Aaron.

Vous avouez votre foi, leur dit Pharaon, avant que je vous aie permis de croire ; c’est une fourberie que vous avez préméditée dans la ville, pour en faire sortir les habitans ; mais bientôt vous verrez.

Je vous ferai couper les pieds et les mains, et vous serez crucifiés.

Nous devons tous retourner à Dieu, répondirent les magiciens.

Nous avons cru aux prodiges dont nous avons été témoins : voilà le crime qui nous attire ton indignation. Seigneur, répands sur nous la patience, et fois que nous mourions croyans.

Laisserez-vous partir Moïse et Aaron, dirent les courtisans au roi, pour qu’ils souillent la terre de leurs crimes et qu’ils abandonnent vos Dieux ? Faisons mourir leurs enfans mâles, répondit Pharaon ; n’épargnons que leurs filles, et nous serons plus puissans qu’eux.

Moïse dit aux Israëlites : Implorez le secours du ciel ; soyez patiens. La terre appartient au Très-Haut. Il en donne l’héritage à ceux qu’il lui plaît. La vie future sera le partage de ceux qui le craignent.

Nous avons été opprimés avant toi, répondirent-ils ; nous le sommes encore depuis que tu es notre guide. Dieu peut exterminer vos ennemis, ajouta le prophète, et vous donner leur royaume, pour voir comment vous vous conduirez.

Déjà nous avons fait sentir aux Égyptiens la stérilité et la famine, afin de leur ouvrir les yeux.

Ils regardaient comme une dette les biens dont ils ont joui. Ils rejettent sur Moïse et son peuple la cause de leurs calamités, et ils doivent l’attribuer à Dieu ; mais la plupart l’ignorent.

Les Égyptiens déclarèrent à Moïse qu’ils ne croiraient point, quelque prodige qu’il opérât pour les séduire.

Nous leur envoyâmes le déluge, les sauterelles, la vermine, les grenouilles et le sang, signes évidents de notre puissance ; mais ils persévérèrent dans leur orgueil et leur impiété.

Écrasés sous le bras du Très-Haut, ils dirent à Moïse : Invoque ton Dieu, suivant l’alliance que tu as contractée avec lui. S’il nous délivre de ses fléaux, nous croirons et nous laisserons partir avec toi les enfans d’Israël. Nous suspendîmes nos châtimens jusqu’au terme qu’ils avaient demandé, et ils violèrent leurs sermens.

Nous nous vengeâmes d’eux ; nous les engloutîmes dans les abîmes de la mer, parce qu’ils avaient traité nos prodiges d’imposture.

Nous donnâmes à des nations faibles l’Orient et l’Occident, sur lesquels nous répandîmes notre bénédiction. Les Israélites virent l’accomplissement de nos promesses. Ils furent récompensés de leurs souffrances. Les travaux et les édifices du pharaon et des Égyptiens furent détruits.

Nous ouvrîmes, un chemin aux Israëlites, à travers les eaux de la mer, et ils arrivèrent dans un pays idolâtre.

Aussitôt ils pressèrent Moïse de leur faire des dieux semblables à ceux qu’on y adorait. Enfans d’Israël, leur dit le prophète, quelle est votre ignorance ?

Ces divinités sont chimériques. Le culte qu’on leur rend est vain et sacrilège.

Vous proposerais-je un autre Dieu que celui qui vous a élevés au-dessus de toutes les nations.

Nous vous avons délivré de la famille du pharaon, qui vous tyrannisait, qui faisait mourir vos enfans mâles, n’épargnant que vos filles ; c’est une faveur éclatante de la bonté divine.

Nous fixâmes à quarante nuits[13] le temps que Moïse devait rester, sur la montagne. En partant il dit à son frère Aaron : Remplis ma place auprès du peuple ; conduis-toi avec sagesse, et ne suis pas le sentier des prévaricateurs.

Moïse s’étant rendu au temps marqué, et ayant entendu la voix de Dieu, lui adressa cette prière : Seigneur, daigne me laisser voir ta face. Tu ne saurais en supporter la vue, répondit Dieu ; regarde sur la montagne ; si elle demeure immobile tu me verras. Dieu ayant paru environné de sa gloire, la montagne réduite en poudre s’affaissa, et Moïse épouvanté se renversa par terre.

Moïse relevé s’écria : Louange au Très-Haut ! Soumis à ses volontés, je suis le premier des croyans.

Je t’ai choisi entre tous les hommes, lui dit le Seigneur, pour te charger de mes ordres. À toi seul j’ai fait entendre ma voix. Reçois ce don, et en sois reconnaissant.

C’étaient les tables où nous avions gravé des préceptes et des lois propres à diriger les hommes dans toutes leurs actions. Nous lui ordonnâmes de les recevoir avec affection, et de les faire observer au peuple. Je leur montrerai la demeure des prévaricateurs.

J’écarterai de la foi l’homme injuste et superbe. La vue des miracles ne vaincra point son incrédulité. La vraie doctrine lui paraîtra fausse. Il prendra le chemin de l’erreur pour celui de la vérité.

Cet aveuglement sera le prix de ses mensonges, et du mépris de nos commandemens.

Les actions de celui qui blasphème contre la religion, et qui nie la résurrection, seront vaines. Serait-il traité autrement qu’il a agi ?

Les Israélites, après le départ de Moïse, fondirent leurs anneaux et formèrent un veau mugissant[14]. Ne voyaient-ils pas qu’il ne pouvait leur parler ni les conduire ?

Ils en firent leur Dieu, et devinrent sacrilèges.

Le veau ayant été renversé au milieu d’eux, ils reconnurent leur erreur, et dirent : C’est fait de nous si le Dieu clément et miséricordieux ne nous pardonne.

Moïse, de retour vers les Israëlites, s’écria plein d’indignation : Vous vous êtes livrés à l’impiété depuis mon départ. Voulez-vous hâter la vengeance divine ? Il jeta les tables, saisit son frère par la tête et le tira à lui. O mon frère, lui dit Aaron, le peuple m’a fait violence ; il a été sur le point de me mettre à mort ; ne réjouis pas mes ennemis en m’accusant ; ne me mets pas au nombre des prévaricateurs.

Dieu clément, dit Moïse, ayez pitié de moi et de mon frère ; exerce envers nous ta miséricorde infinie.

Ceux qui adorèrent le veau, frappés de la colère divine, seront couverts d’opprobre, dans cette vie ; c’est ainsi que nous récompensons les sacrilèges.

Ceux qui, après un repentir sincère de leurs crimes croiront au Seigneur, éprouveront les effets de sa clémence.

Le courroux de Moïse s’étant apaisé, il prit les tables de la loi, où ceux qui ont la piété voient briller la lumière et la miséricorde du Seigneur.

Moïse sépara du peuple soixante-dix Israélites, suivant nos ordres. Un tremblement de terre les engloutit. Seigneur, dit Moïse, tu aurais pu les faire périr avant ce jour et m’envelopper dans leur ruine. Nous extermineras-tu par ce qu’il y a eu des insensés parmi nous ? Tu égares et diriges les humains à ton gré. Tu es notre protecteur. Tu as voulu éprouver ton peuple. Aie compassion de nous et nous pardonne : ta clémence est sans bornes.

Verse tes dons sur nous dans ce monde et dans l’autre puisque nous sommes retournés à toi. Dieu répondit : Je choisirai les victimes de mes vengeances. Ma miséricorde s’étend sur toutes les créatures. Elle sera le prix de ceux qui ont la piété, qui font l’aumône prescrite, et qui croient à mes commandemens.

Ceux qui croiront au prophète que n’éclaire point la science humaine et dont le Pentateuque et l’Évangile font mention ; ceux qui l’honoreront, l’aideront et suivront la lumière descendue du ciel, auront la félicité en partage. Il commandera la justice, proscrira l’iniquité, permettra l’usage des alimens purs, défendra ceux qui sont immondes, et déchargera les fidèles de leurs fardeaux et des chaînes qu’ils portaient.

Dis : Je suis l’interprète du ciel. Ma mission est divine. Elle embrasse tout le genre humain. Il n’y a de Dieu que le souverain du ciel et de la terre. Il donne la vie et la mort. Embrassez l’islamisme ; Suivez le prophète qui n’est point éclairé par la science humaine, qui croit en Dieu, et vous marcherez dans le chemin du salut.

Il est parmi des Israélites, des docteurs et des juges équitables.

Nous partageâmes les Hébreux en douze tribus ; et lorsqu’ils demandèrent de l’eau à Moïse, nous lui inspirâmes de frapper le rocher de sa baguette. Il en jaillit douze sources, et tout le peuple connut le lieu où il devait se désaltérer. Nous abaissâmes les nuages pour les ombrager. Nous leur envoyâmes la manne et les cailles, et nous leur dîmes : Usez des biens que nous vous offrons. Leurs murmures ne firent tort qu’à eux-mêmes.

Nous leur dîmes : Habitez cette ville. Les biens qu’elle renferme sont à votre discrétion. Adorez le Seigneur en y entrant ; implorez sa clémence ; nous vous pardonnerons vos fautes, et les justes seront comblés de mes faveurs.

Ceux d’entr’eux qui étaient livrés à l’impiété, violèrent l’ordre du Seigneur. La vengeance punit leur désobéissance.

Demandez-leur l’histoire de cette ville[15] maritime, dont les habitans transgressaient le sabbat. Ils voyaient dans ce saint jour les poissons paraître à la surface de l’eau. Les autres jours ils disparaissaient. C’est ainsi que nous leur manifestions leur impiété.

Laissez les prévaricateurs, disait-on à ceux qui les exhortaient : le ciel va les exterminer, ou leur faire subir les plus rudes châtimens. Nous les prêchons, répondaient les sages, pour nous justifier devant Dieu, et pour leur inspirer de la crainte.

Ils oublièrent des avis salutaires. Nous sauvâmes ceux qui les leur avaient donnés, et nous fîmes éprouver aux coupables des peines dignes de leur iniquité.

Ils persévérèrent orgueilleusement dans leur désobéissance, et nous les transformâmes en vils singes. Dieu annonça aux juifs que le malheur les poursuivrait jusqu’au jour du jugement. Il est prompt dans ses châtimens ; mais il est clément et miséricordieux.

Nous les avons dispersés sur la terre. Il en est parmi eux qui ont conservé la justice ; les autres se sont pervertis. Nous les avons éprouvés par la prospérité et l’infortune, afin de les ramener à nous.

Une autre génération les a remplacés sur la terre. Résignés à la Providence divine, soumis à tous ses décrets, ils ont mis leur confiance dans la miséricorde du Seigneur ; ils ont reçu l’alliance du Pentateuque, à condition qu’ils ne diraient de Dieu que la vérité, et qu’ils se livreraient avec zèle à l’étude des écritures. Le paradis sera la récompense fortunée de ceux qui marchent dans la crainte. Ne le comprenez-vous pas ?

Ceux qui, assidus à la lecture du Pentateuque, font la prière prescrite, recevront la récompense de leurs bonnes œuvres.

Quand nous élevâmes la montagne qui les ombragea ; quand ils croyaient que son sommet ébranlé allait fondre sur leurs têtes, nous leur dîmes : Recevez avec zèle ces tables que nous vous offrons ; souvenez-vous des préceptes qui y sont gravés, afin que vous craigniez le Seigneur.

Dieu ayant tiré toute la postérité d’Adam des reins de ses fils[16], leur demanda : Suis-je votre Seigneur ? Tu es notre Dieu, répondirent-ils. Nous avons gardé leur témoignage, afin qu’au jour de la résurrection vous ne puissiez vous excuser sur votre ignorance,

Ni dire : Nos pères étaient idolâtres ; serons-nous punis pour les crimes qu’ils ont commis ?

Ainsi nous expliquons notre doctrine, afin de ramener les hommes à la vraie foi.

Récite-leur l’histoire de celui qui refusa de croire à notre religion[17] ; le diable le suivit, et le fit tomber dans ses piéges.

Si nous avions voulu, nous l’aurions élevé à la sagesse ; mais il était attaché à la terre, et n’écoutait que ses passions, semblable au chien qui aboie quand tu le chasses, qui aboie quand tu t’éloignes de lui. Tels sont ceux qui nient la vérité de notre religion. Offre-leur cet exemple, et qu’il leur serve d’avertissement.

Ceux qui blasphèment contre l’islamisme, et qui souillent leurs âmes, ont une malheureuse ressemblance.

Ceux que Dieu éclaire marchent dans les voies du salut, ceux qu’il égare courent à leur perte.

Combien nous avons créé de génies et d’hommes dont l’enfer sera le partage ! Ils ont un cœur, et ils ne sentent point ; ils ont des yeux, et ils ne voient point ; ils ont des oreilles, et ils n’entendent point. Semblables aux bêtes brutes, ou plus aveugles qu’elles, ils restent dans leur abrutissement.

Les plus beaux noms appartiennent à Dieu[18]. Sers-t’en pour l’invoquer. Fuis ceux qui les emploient sacrilégement. Ils recevront le prix de leurs œuvres.

Il est des hommes qui se conduisent avec sagesse et dont l’équité règle toutes les actions.

Ceux pour qui l’islamisme n’est qu’imposture seront punis à l’instant où ils ne s’y attendront pas.

Si ma vengeance est lente, elle n’en est que plus terrible.

N’ont-ils pas dû penser que Mahomet n’était point possédé d’un esprit, lui qui n’a d’autre fonction que de prêcher la parole divine ?

N’ont-ils pas sous les yeux le spectacle du ciel et de la terre, cette chaîne d’êtres que Dieu a créés ? Ne voient-ils pas que la mort peut les surprendre ? En quel autre livre croiront-ils ?

Ceux que Dieu plongera dans l’erreur ne verront plus la lumière. Il les laissera ensevelis dans leur aveuglement.

Ils te demanderont quand arrivera l’heure ? Réponds-leur : Dieu s’en est réservé la connaissance. Lui seul peut la révéler. Ce jour effrayera les cieux et la terre. Il surprendra les mortels.

Ils te demanderont si tu en as la connaissance. Réponds-leur : Dieu seul le connaît, et la plupart des hommes ignorent cette vérité.

Je ne puis jouir d’aucun avantage, ni éprouver de disgrâce, sans la volonté de Dieu. Si l’avenir m’était dévoilé, je rassemblerais des trésors, et me mettrais à l’abri des coups du sort ; mais je ne suis qu’un homme chargé d’annoncer aux croyans les menaces et les promesses divines.

Dieu vous a tous créés d’un seul homme, dont il forma la femme pour être sa compagne. Ils eurent commerce ensemble, et elle porta d’abord un léger fardeau[19] qui ne gênait point sa marche. Il devint plus pesant, et les deux époux adressèrent au ciel cette prière : Seigneur, si tu nous donnes un enfant bien conformé, nous te rendrons des actions de grâces.

Le ciel exauça leurs vœux, et ils partagèrent entre Dieu et Satan, le tribut de leur reconnaissance. Loin de lui ce culte sacrilège !

Lui donneront-ils pour égaux des dieux qui ne sauraient rien créer, qui ont été créés, qui sont incapables de les aider, et de s’aider eux-mêmes ?

Appelez-les au chemin du salut, ils ne vous suivront point ; invoquez-les, ou non, ils ne vous procureront aucun avantage.

Ils sont esclaves comme vous. Priez-les, et qu’ils vous exaucent, si votre culte est véritable.

Ont-ils des pieds avec lesquels ils puissent marcher, des mains pour saisir, des yeux pour voir, des oreilles pour entendre ? Dis-leur : Appelez-vos dieux, et me tendez des embûches. Ne croyez pas que je les craigne.

J’aurai pour protecteur celui qui a fait descendre le Coran. Il protège les justes.

Les idoles, à qui vous offrez votre encens, ne peuvent vous secourir. Elles ne sauraient se secourir elles-mêmes.

Pressez-les d’entrer dans la voie du salut. Elles ne vous entendront point. Vous voyez leurs yeux tournés vers vous ; mais elles ne vous aperçoivent pas.

Que l’indulgence soit ton partage. Commande la justice, et fuis les ignorans.

Oppose aux pièges du tentateur l’assistance du Très-Haut. Il sait et entend tout.

Que ceux qui craignent le Seigneur se rappellent ses bienfaits quand ils seront tentés, et il les éclairera.

Mais les infidèles ne pourront plus dissiper le nuage ténébreux que Satan épaissira autour d’eux.

Si tu ne fais briller à leurs yeux quelque signe éclatant, ils diront : De quelles fables viens-tu nous bercer ? Réponds-leur : Je ne vous prêche que ce que le ciel m’a révélé. Ce livre renferme les préceptes divins; il est la lumière des croyans, et le gage de la miséricorde divine.

Écoutez en silence la lecture du Coran, afin que vous soyez dignes de la clémence du Seigneur.

Entretiens dans ton cœur le souvenir de Dieu. Prie-le avec crainte, avec humilité, et sans l’ostentation des paroles. Remplis ce devoir soir et matin.

Les anges qui sont dans la présence du Très-Haut, loin de refuser orgueilleusement d’obéir à ses lois, le louent, et l’adorent sans cesse.


  1. Les docteurs mahométans avouent qu’ils ignorent la signification de ces caractères. Gelaleddin, le plus habile d’entre eux, se contente de dire : Dieu sait ce qu’ils signifient. Allah aalem bemourado bezalec.
  2. Les bassins de la balance où seront pesées les œuvres des mortels, auront autant d’étendue que la surface des cieux et de la terre. C’est la croyance que doit avoir tout musulman.Elgazel.
  3. Adam égalait en hauteur les palmiers élevés. Une longue chevelure flottait sur ses épaules. Après sa désobéissance, il aperçut sa nudité, et s’enfuit pour se cacher. Un arbre l’arrêta par les cheveux. Laissez-moi aller, lui cria Adam. Va, répondit l’arbre.
    Dieu l’appela et lui dit : O Adam ! fuis-tu ma présence ? Seigneur, répondit le coupable, je rougissais de paraître devant toi. Jahia rapporte ces paroles, qu’il dit avoir recueillies de la bouche du prophète.
  4. Lorsque les âmes des impies se présenteront pour entrer dans le ciel, elles trouveront les portes fermées, et seront précipitées au fond de l’enfer ; mais les âmes des justes seront reçues dans le septième ciel. Gelaleddin.
      C’est là que les mahométans établissent leur paradis. C’est là que ces hommes sensuels ont placé des ombrages toujours verts, des ruisseaux qui coulent sans cesse, des fruits exquis, et des vierges aux yeux noirs, qui ne connaîtront d’autre besoin que celui d’aimer.
  5. Elaraf est le nom d’un mur élevé entre le paradis et l’enfer. C’est la barrière qui sépare les damnés des bienheureux. Ce mot vient du verbe araf, connaître. Le mur est ainsi nommé, parce que ceux qui y seront relégués connaîtront les élus et les réprouvés ; les premiers, à l’éclat dont brilleront leurs fronts ; les autres, aux ténèbres répandues sur leurs visages. Maracci.
      Elaraf sera l’asile des croyans qui auront combattu sous l’étendard de la foi contre la volonté de leurs parens, et qui auront péri les armes à la main. Ils ne seront pas précipités dans l’enfer, parce qu’ils sont martyrs. Ils n’entreront pas dans le paradis, parce qu’ils ont désobéi. Gelaleddin.
  6. Noé avait cinquante ans lorsque Dieu l’envoya prêcher. Il était charpentier. Zamchascar.
  7. Les Adéens descendaient d’Aod, fils d’Aous, fils d’Aram, fils de Sem, le premier des enfans de Noé. Ils se livrèrent à l’idolâtrie et à l’orgueil. Ils habitaient Hader Maut. Le ciel leur envoya Hod pour les ramener au culte d’un Dieu unique. Leur histoire est remplie de confusion et d’obscurité. Ismaël, fils d’Ali, dans sa chronique.
      Pokoke, Hoctinger, Eutiches d’Alexandrie et George Elmacin, prétendent que Hod est le même qu’Heber, un des prophètes du peuple juif. Heber était fils de Saleh, fils d’Arphaxad, fils de Sem. Maracci.
  8. Hod fut un des prophètes que Dieu envoya après Noé et avant Abraham. Plusieurs pensent que c’est le même qu’Héber. Dieu lui ordonna d’aller prêcher les Adéens qui adoraient trois idoles, et habitaient Elahkaph. Ils avaient pour roi Elgiagian. Hod les appela long-temps au culte d’un Dieu unique. Les Adéens, loin d’écouter ses prédications, le battirent de verges. Peu se convertirent. Le Seigneur leur refusa l’eau des nuages pendant quatre ans. Tous leurs animaux périssaient, et la nation était près de sa ruine. Ils envoyèrent à la Mecque Locman avec soixante hommes pour demander de la pluie. Mauvia, qui en était roi, reçut les étrangers avec bonté et leur donna l’hospitalité pendant un mois. Enfin ils entrèrent dans le temple, et après s’être purifiés, ils firent leur prière. Dieu leur fit paraître trois nuages, l’un blanc, l’autre rouge, et le troisième noir. Il leur laissa la liberté du choix. Les envoyés préférèrent le dernier, croyant qu’il renfermait de la pluie ; mais à peine furent-ils de retour dans leur patrie, que ce nuage produisit une affreuse tempête. Elle renversa les maisons des Adéens, arracha leurs arbres, et fit périr la nation. Locman fut le seul épargné. Dieu lui accorda la grâce de vivre sept âges d’aigle. Chronologie d’Ismaël, fils d’Ali.
  9. Le même auteur raconte ainsi cette histoire. Saleh, fils d’Abid fut élu prophète. Dieu l’envoya aux Thémudéens après Hod et avant Abraham. Ces peuples habitaient les montagnes. Ils étaient forts et orgueilleux. Leur roi se nommait Genda. La terre de Cus (c’est-à-dire l’Éthiopie) avait été leur première habitation. Ils étaient venus s’établir dans ce pays montueux où ils taillaient des maisons dans les rochers. Saleh leur prêcha le culte d’un seul Dieu. Ses longues prédications ne convertirent que quelques hommes du peuple. Les idolâtres firent un pacte avec le prophète, et s’engagèrent à embrasser sa religion s’il opérait le miracle qu’ils lui demanderaient : c’était de faire sortir d’un rocher qu’ils désignèrent une femelle de chameau. Saleh se mit en prières, et Dieu fit sortir du rocher l’animal miraculeux avec son faon sevré. La femelle du chameau allait paître pendant le jour et rentrait à la ville vers le soir. Elle criait en passant devant les maisons : Que celui qui veut du lait s’approche. Les Thémudéens en prenaient autant qu’il leur plaisait. Anisa, femme très-riche, avait quatre filles ; elle les para et offrit à Cadar de choisir celle qu’il voudrait, à condition qu’il tuerait la femelle de chameau. Il y consentit, prit une des filles, sortit avec huit hommes et tua l’animal miraculeux. Le faon s’était enfui dans les montagnes. Il fut poursuivi et l’on partagea sa chair. Trois jours après, un cri épouvantable, sorti du ciel, et plus éclatant que le tonnerre, fut le signal de la ruine des coupables. Leurs cœurs furent brisés, et le matin On les trouva morts dans leurs maisons. Saleh s’en alla dans la Palestine, d’où il passa dans l’Arabie Pétrée. Toujours fidèle adorateur de Dieu, il mourut âgé de cinquante-huit ans. Chronologie d’Ismaël, fils d’Ali.
  10. La femme de Loth s’arrêta pour regarder derrière elle. Une pierre tombée du ciel la tua. Zamchascar.
  11. Cette pluie vengeresse était formée de pierres cuites dans les brasiers de l’enfer. Elles frappaient les coupables, et ils périssaient sur-le-champ. Gelaleddin.
  12. Plusieurs auteurs arabes cités par Elmacin pensent que Chaïb est le même que Jetro, beau-père de Moïse. Cassée nous le dépeint ainsi. Chaïb était doué d’une grande beauté. Il avait la taille fine, le corps délié. Il parlait peu, et paraissait fort recueilli. Lorsqu’il fut parvenu à l’adolescence, Dieu lui donna la sagesse et la science. Les Hébreux nous apprennent que Jetro eut sept noms.
  13. Les Arabes comptent par le mot nuits, le temps que nous comptons par le mot jours. La chaleur excessive de leur climat a sans doute donné lieu à cet usage. Ils habitent des sables brûlans, et tandis que le soleil est sur l’horizon, ils se tiennent ordinairement sous des tentes. Ils en sortent lorsqu’il va se coucher, et jouissent alors du plus beau ciel et de la fraîcheur. La nuit est en partie pour eux, ce que le jour est pour nous. Aussi leurs poètes ne célèbrent jamais les charmes d’un beau jour ; mais ces mots leili ! leili ! ô nuit ! ô nuit ! sont répétés dans toutes leurs chansons.
  14. Les commentateurs du Coran qui veulent tout expliquer, disent que le veau d’or qu’adorèrent les israëlites mugissait, parce que le cheval de Gabriel, en galopant, lui avait fait voler de la poussière dans la bouche. Ils prétendent que les pieds du cheval de l’archange donnent la vie à tout ce qu’ils touchent.
  15. Aïla près du Suès.
  16. Les écrivains arabes expliquent ainsi ce passage : Dieu fit descendre Adam dans l’Inde. Il lui frotta le dos avec la main, et tira de ses reins et des reins de ses fils tous les hommes qui devaient naître jusqu’au jour de la résurrection. Ensuite il leur dit : Ne suis-je pas votre Dieu ? Nous attestons que tu es notre Dieu, répondirent-ils. Il dit aux anges : Soyez témoins de leur croyance. Nous en sommes témoins, répondirent les anges. Dieu fit rentrer, continue Elhacan, toute la postérité d’Adam dans ses reins. Jahia rapporte ce passage sur la foi d’Ebnabbas.
  17. C’est Balaam, fils de Beor. Ayant reçu des présens pour vomir des imprécations contre Moïse, il en porta la peine. La langue lui sortit de la bouche, et tomba jusque sur sa poitrine. Gelaleddin. Zamchascar.
  18. Ces noms, suivant les auteurs arabes, sont au nombre de quatre-vingt-dix-neuf. Les habitans de la Mecque les employaient sacrilégement en nommant trois de leurs idoles, menat, allat, elaza. Ils. avaient tiré ces trois dénominations de allah, elaziz, menan. Dieu, puissant, miséricordieux.
  19. Hève sentit d’abord un fardeau léger qui ne l’empêchait point de marcher. Satan se présenta à elle sous la forme humaine, et lui demanda ce qu’elle portait dans son sein. Je l’ignore, répondit-elle. C’est peut-être, ajouta le tentateur, un animal semblable à ceux que tu vois paître. Hève ayant répliqué qu’elle n’en savait rien, il se retira. Lorsqu’elle fut avancée dans sa grossesse, il revint et lui demanda comment elle se trouvait. Je crains, répondit-elle, que ta prédiction ne soit vraie. J’ai de la peine à marcher et à me lever lorsque je suis assise. Satan continua : Si Dieu, à ma prière, t’accorde un enfant semblable à toi et à Adam, l’appelleras-tu de mon nom ? Hève promit. Lorsqu’elle eut enfanté, Satan revint et la somma d’exécuter sa promesse. Quel est ton nom, lui demanda-t-elle ? Abdelharès, répliqua le tentateur. Hève ayant donné ce nom à son fils, il mourut sur-le-champ. Jahia cité par Caleb.