Contribution à l’étude de la thermométrie clinique en médecine vétérinaire
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CONTRIBUTION À L’ÉTUDE
DE LA
THERMOMÉTRIE CLINIQUE
En Médecine Vétérinaire
Émile LACOMBE
De La Bachellerie (Dordogne)
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Thèse pour le Diplôme de Médecin-Vétérinaire
présenté et soutenue le 20 Juillet 1877.
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TOULOUSE
IMPRIMERIE CENTRALE. J. PAILHÈS
43, rue des Balances, 43
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1877
M.H.BOULEY O. | , membre de l’Institut, président de l’Académie de Médecine, etc. |
M. LAVOCAT | membre de l’Académie des Sciences de Toulouse, etc. |
MM. | LAVOCAT , | Tératologie. | |
Anatomie des régions chirurgicales. | |||
LAFOSSE , | Pathologie spéciale. | ||
Police sanitaire et Jurisprudence. | |||
Clinique et consultations. | |||
BIDAUD, | Physique et Chimie. | ||
Pharmacie et Matière médicale. | |||
Toxicologie et Médecine légale. | |||
TOUSSAINT, | Anatomie générale et Histologie. | ||
Anatomie descriptive et comparée. | |||
Physiologie, Zoologie. | |||
GOURDON[1], | Hygiène générale. | ||
Agriculture. | |||
Hygiène appliquée ou Zootechnie. | |||
Botanique. | |||
Extérieur des animaux domestiques. | |||
SERRES[1], | Pathologie et thérapeutique générales. | ||
Pathologie chirurgicale et Obstétrique. | |||
Manuel opératoire et Maréchalerie. | |||
Direction des exercices pratiques. |
MM. | MAURI, | Clinique, Pathologie spéciale, Police sanitaire et Jurisprudence. |
LAULANIÉ, | Anatomie générale et descriptive, Histologie, Physiologie et Zoologie. | |
LABAT, | Clinique, Pharmacie et Thérapeutique. | |
LIGNON, | Clinique chirurgicale et Chirurgie, Pathologie générale, Histologie pathologique. |
MM. | BOULEY O. ❄, | Inspecteur-général. | |
LAVOCAT ❄, | Directeur. | ||
LAFOSSE ❄, | Professeurs. | ||
TOUSSAINT, | |||
BIDAUD, | |||
MAURI, | Chefs de Service. | ||
LAULANIÉ, | |||
LABAT, | |||
LIGNON, |
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THÉORIE | Épreuves écrites |
1° | Dissertation sur une question de Pathologie spéciale dans ses rapports avec la Jurisprudence et la Police sanitaire, en la forme soit d’un procès-verbal, soit d’un rapport judiciaire, ou à l’autorité administrative ; | ||
2° | Dissertation sur une question complexe d’Anatomie, de Physiologie et d’Histologie. | ||||
Épreuves orales |
1° | Pathologie spéciale ; | |||
2° | Pathologie générale ; | ||||
3° | Pathologie chirurgicale ; | ||||
4° | Maréchalerie, Chirurgie ; | ||||
5° | Thérapeutique, Posologie, Toxicologie, Médecine légale ; | ||||
6° | Police sanitaire et Jurisprudence ; | ||||
7° | Agriculture, Hygiène, Zootechnie. | ||||
PRATIQUE | Épreuves pratiques |
1° | Opérations chirurgicales et Ferrure ; | ||
2° | Examen clinique d’un animal malade ; | ||||
3° | Examen extérieur de l’animal en vente ; | ||||
4° | Analyses chimiques ; | ||||
5° | Pharmacie pratique ; | ||||
6° | Examen pratique de Botanique médicale et fourragère. | ||||
7° | Dissection anatomique. Préparation histologiques. |
La température extérieure du corps a été prise en considération depuis les temps les plus reculés. Hippocrate, au dire de Galien, avait recours à ce mode de diagnostic pour l’appréciation de la fièvre. Galien attachait tant d’importance à la température dans les maladies, qu’il n’hésitait point à établir que l’augmentation de la chaleur du corps constituait l’essence même de la fièvre.
Il s’écoula bien des siècles (période pendant laquelle la remarque du père de la médecine resta dans un oubli presque complet), sans que cette idée prît de l’extension.
À cette époque, les anciens ne pouvaient acquérir que des données bien insuffisantes sur l’étude de la chaleur.
C’est vers la fin du XVI e siècle que fut inventé le thermomètre, merveilleux instrument qui rend de si grands services à la médecine et qui est appelé jouer un rôle plus important encore, le jour où l’on se sera familiarisé avec son maniement.
Sanctorius fut le premier qui l’employa dans la pratique médicale. L’élan était donné. Il s’écoula cependant près d’un siècle avant que ce médecin eût des imitateurs.
Ce fut Boerhaave qui en fit le premier l’application à la clinique. Malheureusement on n’a pu connaître les résultats de ses travaux, car ni lui, ni ses disciples ne nous ont transmis les résultats précis de leurs observations.
Haen peut être considéré comme le fondateur de la thermométrie clinique. Il introduisit l’usage du thermomètre dans l’étude de la pathologie et démontra tous les avantages de cet instrument, après en avoir fait lui-même une longue pratique. Il a laissé bon nombre de remarques qui ont été parfaitement justifiées de nos jours.
L’ascension de la température chez l’agonisant provoquait son étonnement. Il avait observé qu’elle pouvait se prolonger quelques instants après la mort. Ce phénomène le frappait.
« Chose surprenante ! s’écrie-t-il, la température la plus élevée a été observée chez l’homme au moment où, expirant, il luttait avec la mort, et même un peu après qu’il avait cessé de vivre. »
Une période de décadence suivit les travaux de Haen.
Jusqu’en 1797, époque à laquelle James Currie étudia les différentes modifications que subit la température sous l’influence de divers moyens thérapeutiques, la thermométrie fut délaissée.
Spallanzani (1729-1779), Ch. Martin (1740), J. Hunter (1728-1785), donnèrent d’excellentes relations sur leurs observations.
Les travaux de Hanter portèrent surtout sur la détermination de la température locale. Ce célèbre physiologiste démontra que les animaux peuvent résister parfaitement à de grands abaissements de chaleur, car ils sont pourvus d’une source de calorique suffisant pour lui faire équilibre.
Balgden, Dobson, Lavoisier, Gentil (1815), Edward (1824), vinrent s’ajouter à la série des hommes illustres que nous venons de citer pour faire progresser cette science à peine naissante.
En 1841, le docteur Roger publia son Mémoire sur : les recherches de la température chez les enfants à l’état physiologique. Malheureusement on n’a pas rendu à cet auteur tout ce qui lui revenait
de gloire pour ses patientes recherches. Wunderlich, voulant rabaisser les travaux faits par les Français bien antérieurement aux siens, dit, en parlant des écrits du docteur français cité plus haut : « les recherches de Roger sur la température chez les enfants sont très-intéressantes, quoique exécutées sur un plan trop restreint et dépourvues en parties de précautions qui garantissent la certitude des résultats. »
S’il est vrai que la certitude des résultats ne soit pas acquise au docteur Roger, comment se fait-il que le même auteur ajoute à la fin de son article : « Néanmoins, les conclusions de son travail, plein d’observations exactes, sont encore aujourd’hui du plus grand intérêt. »
Ces travaux à l’époque où ils ont été publiés, étaient un vrai progrès dans la science thermométrique, et ont dit aider le professeur Wunderlich qui n’a commencé ses observations qu’en 1851, celles du docteur Roger datant de 1844. Alors que l’Allemagne ne s’étant pas encore emparée du thermomètre, l’École française cultivait avec ardeur cette branche encore inconnue dans le pays d’Outre-Rhin et préparait les travaux qu’ils ont enfantés depuis. Parmi les auteurs qui se sont occupés de cette question importante nous devons citer : Bouillaud, Andral, Gavarret, Roger, Monneret, Dumarquay. Nous sommes heureux de constater que les travaux de ces hommes éminents ont précédés ceux du professeur de Leipsik.
De 1840 à 1841 surgirent les travaux de l’École française.
Bouillaud dans ses cliniques, malgré l’opinion de Chomel qui pensait que la chaleur perçue par la main était, suffisante, se sert du thermomètre.
À la suite, nous trouvons Piorry, Gavarret, Andral ; ces deux derniers surtout qui sont à la tête du progrès scientifique de leur époque ; Roger, Monneret, Dumarquay, Lacointe et Duméril qui publient d’intéressants travaux à ce sujet.
En 1850, la thermométrie entra dans une nouvelle phase de progrès. C’est à partir de cette époque qu’elle s’est répandue dans le monde médical. À notre grand regret, il nous faut avouer que ce progrès est dû en grande partie aux travaux des savants Allemands quoique la première incitation reste à notre gloire.
Pendant cette période, la France un instant inactive reprit ses études et de nombreux ouvrages ou thèses apparurent. Les noms que nous devons signaler ici sont ceux de Robert, Latour, Hardy, Hirtz, Charcot, Jaccoud, Sée Da-Costa-Alvarenga.
Les médecins vétérinaires ne sont point restés étrangers à ces recherches nouvelles, et parmi les ouvrages publiés nous devons citer le Mémoire de M. le professeur Colin sur la chaleur animale ; l’étude de MM. Arloing et Tripier sur la pathogénie et le traitement du tétanos ; l’essai de M. Daray sur la thermométrie appliquée à la médecine vétérinaire (travail couronné par une société de vétérinaires) ; nous citerons encore le Mémoire de M. Laborie, vétérinaire en 2e au 23e d’artillerie. Enfin, vient de paraître au moment où nous écrivons ces lignes ; une relation sur la thermométrie chez nos animaux domestiques par M. Auguste Zundel, vétérinaire à Strasbourg. Tels sont les travaux que nous possédons dans notre médecine ayant trait à la chaleur animale.
Peu soucieux des avantages que peut rendre l’usage du thermomètre en médecine vétérinaire, bon nombre de praticiens se sont contentés ou se contentent de l’application de la main pour la détermination de la température, procédé le plus défectueux de tous, car la main n’offre en aucune manière les conditions d’un bon instrument pyrométrique. En raison de son volume, il est difficile de l’adapter à certaines parties du corps qui révèlent mieux que d’autres l’état de la température.
La découverte du thermomètre pouvait seule rendre des services réels. Nous ne décrirons pas tous les appareils thermographiques dont on s’est servi ; nous nous contenterons seulement de faire connaître le thermomètre centigrade que nous avons employé nous-même, celui qui nous a paru avoir le plus d’avantages et que peuvent se procurer les bourses les plus modiques.
Cet instrument, étant bien connu de tout le monde, nous n’en donnerons pas une longue description. Nous rappellerons seulement que la cuvette est petite, et, par conséquent, rapidement chauffée, que la graduation est assez espacée pour permettre de lire facilement les dixièmes de degré, condition indispensable. Enfin, la cuvette a trois centimètres de longueur, elle est cylindrique et un peu effilée à son extrémité, cette forme permet une facile introduction. Si on ne pouvait faire les observations soi-même, il serait urgent d’avoir un thermomètre à maxima, qui ne diffère du précédent que par la présence d’une dilatation du tube en-dessus de la chambre à mercure et séparée d’elle par un étranglement.
Lorsque le thermomètre est retiré, la colonne mercurielle se brise au-dessous de cette petite dilatation du tube capillaire. Le retrait du mercure qui se trouve au-dessus ne peut s’effectuer, et les indications de l’instrument, sont conservées. Pour ramener le mercure dans la cuvelle, il suffit d’une légère secousse.
Toutes les parties du corps peuvent être choisies pour l’appréciation de la température locale : mais s’il s’agit de prendre la température générale, on applique le thermomètre au rectum. Cet organe est considéré par les auteurs comme lieu électif. L’instrument est enfoncé à six ou sept centimètres de profondeur ; il faut, de toute nécessité, qu’il soit en contact avec la muqueuse rectale et non plongé dans la masse excrémentielle. Le temps, pendant lequel le thermomètre doit rester dans le rectum, n’est pas précis ; il faut attendre, pour cesser l’exploration, que la colonne mercurielle soit stationnaire.
Les Grecs l’appelaient feu, ce qui nous montre que dès les temps les plus reculés la calorification a été regardée par les médecins comme symptôme prédominant dans l’état fébrile. Cependant, depuis Galien, qui parlait de Calor prœter naturam[2], tous les pathologistes semblent l’avoir, sinon oublié, du moins n’en avoir tenu que peu de compte, soit dans leurs recherches, soit dans les théories qu’ils ont tenté d’établir sur les causes et le mécanisme de la fièvre.
Il faut arriver jusqu’à notre époque pour voir les Cliniciens tirer parti des modifications que peut subir la chaleur dans les différentes affections.
Que devons-nous entendre par fièvre ?
La fièvre n’est autre chose qu’une augmentation durable de la température dépassant le maximum physiologique.
Ce mot durable est des plus significatifs ; car toute température qui n’est qu’éphémère et par conséquent non fébrile, ne peut être engendrée que par un modificateur passager tel qu’un exercice musculaire violent, les boissons chaudes, etc., etc.
Dans ces circonstances, la température peut s’élever de trois à cinq dixièmes de degré, ce qui est encore assez rare, puis elle revient au bout de quelques instants à son niveau normal.
Dans la fièvre la température hypernormale se conserve plusieurs heures, plusieurs jours même.
On est tout de suite porté à se demander quel est le degré initial de l’état fébrile. Les opinions des auteurs diffèrent peu sur ce sujet. On peut établir que la température, prise au rectum, de 385, à 39° exprime le commencement de l’état de fièvre, pour nos grands animaux du moins.
Nous n’allons point passer en revue chacun des symptômes de la fièvre : nous nous arrêterons seulement à celui qui, par sa présence constante, sa durée, son intensité toujours dominante, prime bien haut tous les autres et constitue l’essence même de la fièvre. C’est de la calorification dont nous voulons parler.
Ce symptôme est, en effet, le plus facile à saisir à l’aide du thermomètre, il est d’une valeur mathématique ; aussi, pourrait-on dire avec raison : Le thermomètre est au médecin, ce que le manomètre est au mécanicien.
Mais, avant d’aborder directement les résultats fournis par l’emploi du thermomètre, rappelons quelles sont les impressions thermiques éprouvées par le malade, et nous pourrons établir un parallèle entre ce que ressent le sujet et ce que nous constatons par l’observation objective.
Toute fièvre est caractérisée par trois périodes constantes, mais variables comme durée selon les formes et le cas :
Première période. Cette période se traduit par des frissons : sensation dont l’intensité n’est pas toujours la même, d’une durée très-minime. Elle passe même le plus souvent inaperçue.
En effet la peau est froide et si l’on applique la main sur le corps, on trouve la température très abaissée, si maintenant on met le thermomètre en rapport avec les milieux intérieurs, on constate une élévation marquée.
Ce froid n’est donc pas fictif ; il est réel à la périphérie. Nous trouvons dans l’étude de la chaleur animale par Cl. Bernard des renseignements qui nous donnent l’explication de ce phénomène.
En effet, dit le grand physiologiste, il se produit une contraction des capillaires périphériques qui sont par cela même anémiés et simultanément, s’opère le flux du sang vers le centre circulatoire.
Le thermomètre en main, les auteurs ont constaté dans cette période que le niveau du mercure monte depuis la température normale jusqu’à son plus haut degré.
Cette première partie est assez rare à observer dans toutes ses phases comme nous l’avons déjà dit, car les malades ne sont vus que, lorsque de grands ravages se sont opérés dans leur organisme.
Cette période a été appelée par Wunderlich : Stade pyroxénique.
On petit ramener son mode d’ascension à deux types principaux : augment rapide et augment lent.
1° Augment rapide. — Dans ce cas, la température atteint son maximum en quelques heures : la pneumonie franche nous offre un exemple très remarquable de ce mode ascendant.
2° Augment lent. — Dans ce type, l’ascension ne se fait que lentement et n’arrive à son maximum qu’au bout de 3 à 6 jours, après avoir décrit de nombreuses oscillations.
Ce type présente deux variétés. Cette division est basée sur le mode ascensionnel, suivant que les oscillations sont régulières ou irrégulières ; de là les noms de augment lent régulier et augment lent irrégulier.
La première de ces deux variétés est appelée par le docteur, Jaccoud : augment par oscillations ascendantes.
DEUXIÈME PÉRIODE OU PÉRIODE D’ÉTAT. — FASITGIUM. — Le fastigium se caractérise par une sensation de chaleur parfaitement perçue par le malade. La peau est en effet sèche et brûlante ; le thermomètre placé au rectum marque de 39 à 40 degrés ; le pouls est large et fréquent. D’après ce que nous avons dit plus haut, on ne peut expliquer cette augmentation de température que par la dilatation des vaisseaux périphériques ; la chaleur qui tout à l’heure avait son siège dans les parties profondes s’est portée vers les points extérieurs.
Le tracé subit, des oscillations variables liées aux exacerbations et aux rémissions de la maladie, ou à des phénomènes intercurrents ou enfin aux moyens thérapeutiques employés.
Cependant, si rien ne vient entraver le cours de la fièvre, on observe des rémissions dans la matinée, des exacerbations dans la soirée.
À cette période, la fièvre se trouve confirmée elle présente la température qui lui est propre. Celle-ci tient le milieu entre la fin de la première période et le commencement de la troisième.
Le fastigium peut se présenter sons deux types principaux :
1° Fastigium rapide, ou a sommets du docteur Jaccoud.
La température maximum est atteinte dans l’espace de quelques heures à trois, jours. Ce laps de temps passé, un mouvement de déclin se produit, c’est la période terminale. La courbe thermographique présente quelques maxima qui ont lieu dans la soirée, ils sont remarquables par les sommets supérieurs de leurs angles.
2° Fastigium lent ou oscillant du docteur Jaccoud.
Ce type diffère du précédent en ce que le maximum thermique se répète pendant plus de trois jours successifs. Les rémissions du matin et les exacerbations du soir sont parfaitement percevables, mais les amplitudes sont variables, ce qui a fait distinguer plusieurs types.
a) Fastigium lent égal. — Ici les exacerbations du soir regagnent à peu de différence près ce qui a été perdu par la rémission du matin ; en un mot les rémissions et les exacerbations sont comprises entre deux lignes horizontales passant à peu près par leur sommet, l’espace qui les divise n’est guère que de 4 à 7 dixièmes de degré.
Le docteur Jaccoud donne à cette variété le nom de Fastigium à oscillations stationnaires.
b) Fastigium lent ascendant. — Dans cette variété, la température gagne le soir plus qu’elle n’a perdu le matin, de sorte que les points maxima figurent une série ascendante.
c) Fastigium lent descendant. — On peut s’attendre à voir ici une marche diamétralement opposée à celle que nous venons de décrire.
Les exacerbations thermiques se réduisent de plus en plus.
Dans ces deux dernières variétés l’amplitude des oscillations n’excède guère la valeur de 1° 5/10.
d) fastigium lent rémittent. — Ce fastigium comme les trois précédents se fait remarquer par sa lenteur. Les oscillations diurnes sont amples et souvent tout à fait dissemblables.
Telles sont les différentes formes que peut affecter le fastigium thermique.
En résumé, cette période est brève ou lente, la dernière a été divisée en égale, ascendante et descendante et enfin en rémittente.
TROISIÈME PÉRIODE, ISSUE, TERMINAISON. — La période finale diffère selon que la maladie se termine par la guérison ou par la mort.
Celle terminaison porte encore le nom de déferveseence. En effet, la température d’exagérée qu’elle était dans : la période précédente a repris son niveau normal ; ce but est atteint par deux modes différents : rapidement ou lentement.
Défervescence rapide ou brusque. — Lorsqu’elle suit cette marche, la température décroit rapidement, dans l’espace de quelques heures et revient à l’état normal. La défervescence rapide commence à se manifester, soit par une grande diminution de l’exacerbation du soir relativement à celle du jour précédent et à celle du même jour, soit par une diminution considérable de la rémission matinale, avec une grande chute de chaleur (1° 5 dix. à 4° et plus), se produisant de cette façon dans un court espace de temps.
Quelquefois la défervescence est précédée d’une élévation temporaire de la chaleur ; c’est la perturbatio critica.
Défervescence lente graduelle ou lysis des anciens. — La température dans ce type ne revient à son niveau normal qu’au bout de quatre à dix jours ; ce qui lui a fait donner le nom de lente. Ce type présente deux variétés basées sur l’extension de l’amplitude des oscillations : ou l’amplitude est restreinte et la température va en diminuant graduellement ; ou bien elle est étendue et il se produit de grandes rémissions et de grandes exacerbations. Dans le premier cas, la défervescence est dite régulière, égale ; dans le second, elle est rémittente.
La défervescence est complète lorsque la température est revenue à la normale. (Voir tracé n ° 1.
La convalescence a pour caractère le retour de la calorification à son degré physiologique. La température se maintient à ce degré ou du moins elle ne s’en écarte jamais beaucoup. Il ne faudrait pas s’effrayer si on la voyait subir quelques oscillations, car à ce moment les moindres circonstances influent sur l’économie. Parmi les causes qui viennent porter atteinte aux fonctions, nous devons citer : l’augmentation trop brusque du régime au commencement de cette période. Cependant, si la digestion se fait bien, l’ascension thermique revient bientôt au niveau de la veille.
Augment agonique. 1° Type ascendant, du docteur Jaccoud. — Dans le plus grand nombre des cas, on voit dans la dernière période la température augmenter et arriver quelquefois jusqu’à 41°, 42°, 43° 5/10. La rémission du matin dépasse de quelques dixièmes celle de la veille au soir. Le tracé se rapproche sensiblement de la verticale. La température dans cette marelle ascensionnelle atteint son summum au moment de la mort.
Il peut encore arriver que la marche ascendante de la température soit interrompue par une dépression marquée ; cet accident est l’indice d’une nouvelle complication aggravante de la maladie, et dans le cas présent, si la mort est rapide, elle peut survenir pendant que la température déprimée est normale ou même plus basse que celle-ci.
Si, au contraire, la maladie est retardée, le niveau thermique peut revenir au degré qu’il présentait avant la dépression accidentelle.
Le docteur Jaccoud donne à ces deux formes de la période agonique le nom de type ascendant à la première et celui de type ascendant brisé à la seconde.
Il nous faut signaler une autre variété qu’il est bon de connaître pour éviter des erreurs de pronostic. L’ascension terminale, dans quelques cas, est précédée «une descente de à 1° à 1° 5/10 dans l’espace de un jour et demi à deux jours. Cet abaissement pourrait faire espérer une amélioration prochaine ; mais l’état, général du sujet, l’augmentation des respirations, la fréquence élu pouls, ainsi que les autres symptômes, éclaireraient ; au sujet de cette illusion.
Le docteur Jaccoud considère ce mode de terminaison comme une variété du type ascendant avec rémission initiale.
Il reste encore deux variétés qui sont- très-importantes à connaître.
Défervescence agonique. Type descendant. — Ce type se définit de lui-même. Il est caractérisé par une chute graduelle de la température jusqu’au moment de la mort. Nous avons pu remarquer cette marche dans un cas d’urémie et dans une névrose non caractérisée.
Type irrégulier. — Ce mode de terminaison est surtout appréciable, d’après le docteur Jaccoud, chez, les animaux qui ont été soumis à une thérapeutique violente. Il est caractérisé pendant les deux ou trois jours qui précèdent la mort par des exacerbations et des rémissions dont l’amplitude va en augmentant, puis après survient une chute plus forte que les autres, le niveau thermique prend tout à coup l’ascension agonique et en quelques heures il parcourt deux degrés et demi, trois degrés et mène davantage.
Température post mortem. — Après la mort, la température peut encore subir des modifications : dans le plus grand nombre des cas, elle descend graduellement pour se mettre en équilibre avec celle des milieux ambiants et cette chute est, d’autant plus rapide que le sujet a succombé à une température plus basse.
Dans d’autres cas, mais c’est là l’exception, la température monte de un à deux dixièmes après la mort ; elle reste stationnaire pendant quelques instants ; puis la chute commence lentement d’abord puis se précipite avec une intensité toujours croissante.
Stade amphibole. — Il ne faudrait pas croire que les trois périodes s’accomplissent avec la régularité que nous venons de signaler. Il n’est pas rare de les voir s’éloigner de cep formes. Ainsi, par exemple, le fastigium peut être séparé de la période terminale par une phase insidieuse irrégulière. Wunderlich lui a donné le nom d’amphibolee.
Ces irrégularités et ce vague qui caractérisent cette période, peuvent être rapportés à l’action thérapeutique ; souvent aussi les causes échappent à toute investigation. « Cette variété, dit Da Alvarenga, s’observe dans les maladies graves : typhus, méningite épidémique, pneumonie à résolution retardée ; » ordinairement, les maxima de l’amphibole sont moins élevés que ceux du fastigium.
Température hypophysilogique. — On donne le nom de température hypophysiologique à celle qui reste au-dessous de la normale. Elle se fait remarquer quelquefois, comme nous l’avons dit, au déclin de certaines maladies.
Le docteur Ladé l’a qualifiée du nom de température basse. Le docteur portugais Da Alvarenga l’a nommée température hypophysiologique ; cette définition nous semble la meilleure.
Ce fait n’est pas très-rare, il se fait remarquer dans les maladies épuisantes, telles que diarrhées coliqutives, les hémorrhagies copieuses, etc., etc. Les moyens thérapeutiques employés peuvent contribuer pour une large part à un abaissement passager. On a pu constater en médecine humaine des températures excessivement basses ; c’est ainsi que le docteur Ladé cite un cas sur lequel il a pu noter 33° dix-huit heures avant la mort du sujet. ; la moitié ou les 2/3 de la surface du corps de l’individu sur lequel il n fait ses observations, avaient été brûlés parla vapeur.
Le même clinicien a noté nie température encore plus basse chez un vieillard, tombé d’une hauteur de quarante pieds, et qui s’était fracturé la 4me et la 5me vertèbre cervicale et les 9me et 10me dorsales. Le jour qui suivit la chute, le thermomètre marquait 32° 5/10.
Royer, dans ses curieuses recherches, a montré que la température animale peut descendre, jusqu’à 22° ; de là, on petit conclure qu’un enfant atteint de sclérème, par exemple, deviendrait presque un animal à sang froid. Nous pouvons nous-même fournir un fait de cette nature.
Le 7 mai 1877, entrait à l’École de Toulouse un chien très gravement affecté. Les commémoratifs fournis par le propriétaire furent de nulle valeur pour fixer nos savants maîtres sur la nature de l’affection. Aussi dit-on se tenir dans l’expectative, avant d’ordonner un traitement.
Cet animal était triste, d’une faiblesse extrême, au point de ne pouvoir se traîner ; il avait de fréquentes convulsions dans les muscles crolaphites, ceux du cou et des oreilles.
La première mensuration nuits donna 35° 7/10. L’animal fut couvert chaudement pour la nuit.
Le lendemain matin, nous enregistrâmes 32° 3/10.
Au moment de la visite, du 8, on fut obligé de le transporter : il était complètement paralysé : les membres flasques rendaient l’animal incapable d’exécuter tout mouvement ; des épingles implantées dans les coussinets plantaires ne réveillèrent aucune douleur.
Nous pûmes remarquer des tensions convulsives du cou ; indice d’efforts de vomissements. Une bave filante s’écoulait de sa gueule en trou verte. Les battements du cœur étaient forts et désordonnés ; le pouls faible, lent et irrégulier. Le nombre des pulsations s’élevait à trente à la minute, la respiration était grande, dix à la minute.
À midi l’animal rendait le dernier souffle : le thermomètre placé au rectum marquait à ce moment 30°. Ce cas nous fournit un exemple caractéristique du type agonique descendant.
Nous avons noté une température beaucoup plus basse dans un cas d’urémie que nous signalons au chapitre de l’étude clinique de la température dans certaines maladies.
Les différentes formes de l’état fébrile étant connues, nous croyons utile de passer en revue quelques médicaments capables de le calmer.
Un chaleur morbide n’est pas seulement un symptôme ; elle doit être envisagée comme une lésion mère de nombreuses complications. Ce serait donc faire beaucoup que de l’enrayer dans sa marche et de prévenir par cela mène les lésions fonctionnelles qui pourraient en être la suite fatale.
La médication asti-pyrétique a attiré de la part des médecins la plus sérieuse attention ; les observations journalières en ont confirmé les heureux effets.
Nous n’avons point ici l’intention d’étudier un à un tous les agents thérapeutiques capables d’amener un abaissement de la température ; nous nous bornerons à parler du froid, de l’alcool, de la digitale, de l’émétique et de la vératrine. Enfin, nous citerons quelques médicaments qui, par leurs propriétés actives, mériteraient d’être placés à côté de ceux que nous venons de nommer. Mais l’occasion de les étudier ne s’étant pas présentée, nous ne ferons que les signaler.
Il faut remonter, jusqu’au siècle dernier pour voir l’application du froid prise en considération sérieuse et devenir une véritable méthode thérapeutique. James Currie en est le bouillant défenseur.
« Mes observations thermométriques, dit-il, m’ont, permis de parvenir à une précision dans la direction à imprimer à l’usage des affusions froides, qu’aucun autre moyen ne m’aurait indiquée. »
C’était, donc le thermomètre en main, et s’appuyant non seulement sur les données de la thérapeutique clinique, mais sur le résultat de véritables expériences physiologiques relatives aux effets du froid, que Currie cherchait à vulgariser sa méthode. Il n’ignorait point que d’autres avaient, eu recours au même traitement ; mais ceux-ci n’avaient pas, comme lui, réussi dans leur médication, identique pourtant. Cet échec doit être attribué au manque d’intelligence dans le procédé employé.
Nous allons, en quelques mots, exposer l’action de l’eau. La connaissance dle ses propriétés sédatives et antiphlogistiques est indispensable pour l’interprétation des faits.
Action sédative. — L’action sédative de l’eau est connue depuis longtemps. Il n’est pas de douleur locale, traumatique ou autre, qui ne cèdent au bout d’un temps variable, mais toujours assez court, aux applications rationnelles et intelligentes de l’eau, à la température plus ou moins basse.
L’action sédative s’explique très bien par le refoulement du sang de la périphérie vers le centre du torrent circulatoire. De là, ressort une autre conséquence, c’est l’émoussement de la sensibilité des papilles nerveuses sous-épidermiques lorsqu’on agit sur la peau, celui des nerfs, si le liquide est appliqué sur des lésions traumatiques récentes.
Outre l’action sédative, l’eau présente encore une autre propriété non moins importante, c’est l’action antiphlogistique qu’elle exerce sur les organes en proie à une inflammation vive.
Action antiphlogistique. — La pratique de tous les jours donne une preuve patente de ce fait. De même que l’on éteint un foyer embrasé en projetant de l’eau froide, de même l’on calme ou l’on éteint de la même façon la chaleur morbide des organes enflammés.
« Si l’on pouvait à son gré modifier la température, a dit quelque part M. Jules Cloquet, on pourrait empêcher l’inflammation de se développer ; on pourrait à volonté lui donner tous les degrés possibles d’intensité, la faire passer successivement par toutes les phases de son évolution ; en un mot, elle deviendra il entre les mains du médecin, une pâte malléable à laquelle il pourrait faire subir toutes les transformations imaginables. »
Que manque-t-il à l’hydrothérapie pour lui donner un caractère rationnel ? si ce n’est le thermomètre qui la dotera de bases physiologiques qui lui font défaut ; bases sans lesquelles on n’agira qu’en aveugle ou d’une manière empirique. Cependant aujourd’hui, l’usage des irrigations est soumis à quelques règles, grâce sans doute à l’exemple qu’en a donné James Currie dans son livre Medical reports of the effects[3].
Ce que nous avons remarqué dans le traitement hydrothérapique, c’est l’atténuation de l’inflammation ; atténuation qui élague ou amoindrit toutes les complications graves qui pourraient en être les conséquences fâcheuses.
Nous avons pu suivre la marche de la température sur plusieurs sujets ayant subi diverses opérations chirurgicales telles que clous de rue, javarts, etc. ; et nous n’avons jamais constaté des oscillations bien sensibles de la température 1° à 1° 5/10 tout au plus ; celle-ci variant entre 37° 2/10 et 38° 7/10.
À quoi doit-on attribuer cet abaissement thermique si ce n’est à l’effet de l’eau qui, par suite de son action spéciale sur la nutrition, diminue l’inflammation, comme l’a si bien démontré M. Cl. Bernard.
L’alcool a elle action très-marqué sur la température. Mais, pour en apprécier les effets, il faut l’administrer en quantité suffisante, à doses presque toxiques. Les résultats ne sont appréciables qu’au bout de quelques heures seulement ; la chute de la température n’est guère que de 0° 7/10 à 0° 8/10, degré tout au plus.
Outre l’abaissement thermique on remarque dans certains cas une diminution marquée dans la fréquence du pouls.
Ces propriétés remarquables ont pu faire préconiser l’alcool dans nombre de maladies fébriles où son usage parait inopportun.
La digitale est au nombre dus substances qui tendent à diminuer la température ; celle-ci s’abaisse constamment, comme l’ont démontré Traube, Hirtz, Oulmont ; et cet abaissement qui se produit du deuxième au troisième jour de l’administration du médicament atteint ordinairement 1 degré, exceptionnellement 2 degrés.
Nous avons pu observer nue dépression der 1° 7/10 48 heures après avoir fait prendre cette substance.
La vératrine, principe extractif de la graine de cévadille, possède des propriétés vomitives à petites doses, purgatives et même toxiques à doses élevées. Une autre propriété vient encore s’ajouter à celles-ci, c’est l’abaissement qu’elle produit dans les pyrexies.
Nous avons pu étudier les effets de cette substance sur la cévadille elle-même.
Chien de forte taille, atteint de gale générale, traité par l’huile de cévadille. L’animal, malgré sa muselière, parvient à se lécher. Il salive abondamment et fait des efforts pour vomir.
Matin | soir |
37.7 | 38.6 |
37.8 | 38.2 |
37.8 | 38.2 |
37.9 | 38.3 |
37.7 | 38.5 |
38.2 | 37.6 |
38.0 | 38 |
Les émissions sanguines n’opèrent pas un grand abaissement de la température. Les saignées ordinaires de quatre à cinq livres, par exemple, font subir à la colonne de mercure une descente de 1 à 2 dixièmes de degré, et cette diminution n’est pas durable, car la température ne tarde pas à revenir au niveau qu’elle occupait avant la déplétion sanguine. D’où, l’un peut inférer que les émissions sanguines ne doivent pas être pratiquées dans l’unique but de diminuer la température ; en outre, que leur usage doit être restreint en raison des résultats nuisibles qu’elles peuvent produire. Voici ce que nous observons sur un lapin sacrifié par effusion de sang :
1 h 20 | 38.9 | températ. normale, l’effusion commence |
1 h 21 | 37.9 | |
1 h 22 | 37.8 | |
1 h 23 | 37.7 | |
1 h 24 | 37.5 | |
1 h 25 | 37.4 | |
1 h 26 | 37.3 | mort. |
La quantité de sang écoulée est de 70 centimètres cubes.
L’émétique à la propriété d’abaisser la température. Nous n’avons pas d’observation spéciale pour ce médicament, car il a été employé avec d’autres substances qui nous ont empêché d’en faire une étude bien nette. Avec lui, nous citerons encore les antimoniaux, les mercuriaux, les alcalins, la quinine et ses dérivés, qui sont tous des agents antipyrétiques par excellence.
Il suffit de jeter un coup-d’œil sur les tracés thermiques de quelques maladies, pour se convaincre qu’il existe entre eux des analogies et des différences. Grâce aux nombreuses observations qu’ils possèdent, les médecins ont pu rapprocher les maladies et former des types distincts et bien définis. Ce travail serait prématuré en médecine vétérinaire, et nous ne pouvons encore demander à la thermométrie que des renseignements contrôlés par une saine pratique.
Nous allons, en peu de mots, retracer la marche de quelques maladies que nous avons suivies avec la plus grande attention.
Avant d’entrer en matière, nous ferons observer que nous avons fait nos explorations dans des conditions toujours identiques ; observations du matin à sept heures et demie, le soir à six heures. Cette régularité nous a permis de ne pas avoir égard aux injections d’aliments ou boissons, ou à bien d’autres circonstances qui peuvent modifier les tracés.
Nous avons pu suivre la marche d’un cas de pneumonie terminée par la guérison.
Cheval du pays, âgé de neuf ans, appartenant à la compagnie des omnibus.
L’animal est malade depuis deux jours.
À son arrivée, il présente tous les symptômes d’une pneumonie : on le traite immédiatement.
Frictions sinapisées sur les quatre membres et sur la poitrine, bandage et couvertures sur la paroi thoracique, flanelle au bas des membres. On administre à l’intérieur un électuaire ainsi composé :
Digitale | 3 | gr. | En trois doses. | |
Poudre de réglisse | 32 | — | ||
Miel | 300 | — |
De plus, on donne à l’animal du nitrate de potasse dans les barbotages.
Régime. — Paille et farine d’orge.
Le troisième jour de son entrée, ou put constater un mieux sensible. La défervescence s’accomplit rapidement, arriva le quatrième jour à la température normale, et s’y maintint jusqu’à sa sortie des hôpitaux.
Dans ce cas, nous avons vu : 1° La période d’état ou fastigium ; 2° la défervescence ; 3° enfin la convalescence.
L’augment ou première période s’est opéré pendant les deux jours qui ont précédé l’entrée de l’animal à l’école ; dans cette période, la température monte environ de trois degrés par une marche continuellement ascensionnelle, puis arrive la seconde période qui ne présente, dans la plupart des cas, rien de remarquable.
Enfin, la troisième période ou défervescence se caractérise par une marche descendante et graduelle. En quelques heures, la fièvre est terminée, la température est normale. Pendant trois jours, c’est-à-dire jusqu’à sa sortie, elle a oscillé entre 37° et 37° 2/10. (Voir tracé no 1.)
Cheval du 23e d’artillerie, âgé de dix ans, a reçu un coup de brancard au poitrail. Le brancard a pénétré assez avant, ce qui a même causé une hémorragie veineuse abondante. Une suture et un bandage compressif ont suffi pour l’arrêter.
Le lendemain, on sort les caillots de sang restés dans la plaie, et on cautérise avec eau de Rabel. Mais, pendant que l’on opère la cautérisation, l’animal fait un effort musculaire qui occasionne une rupture. Aussitôt, de la plaie s’écoule un liquide citrin qui doit provenir de la cavité pectorale sans aucun doute.
Nous n’avons pu commencer nos mensurations que le 3 mars, c’est-à-dire le sixième jour de la maladie.
La fièvre augmente jusqu’au neuvième jour ; elle s’élève à 41° 5/10.
La respiration est courte et abdominale. À ce moment, comme nous le fait remarquer notre professeur, M. Lafosse, la pleurite est déclarée.
Notre tracé lui-même se trouve parfaitement en harmonie avec ce qui nous vient d’être dit, car dès ce moment la température va diminuant pendant deux jours : 2° 5/10 par jour et ne se relève que de 5/10 de degré pendant la nuit. Cet abaissement subit explique la présence de l’épanchement pleurétique[4].
Le onzième jour, l’animal est très-abattu ; la respiration est très-grande et très-accélérée ; les
naseaux sont violemment agités. Notre thermomètre signale une exacerbation marquée qui coïncide dansces cas avec une augmentation de l’épanchement.
Le douzième, jour, les symptômes s’aggravent de plus en plus ; on fait une application de vésicatoire sur la poitrine.
Le treizième jour, même état qu’hier ; la mensuration du matin nous donne 38° 7/10 ; le soir, à cinq heures et demie, 33° 6/10 ; à sept heures et demie, l’animal mourait. Le thermomètre, introduit dans le rectum, permettait de constater l’élévation thermique à 40° 6/10, dix minutes après la mort.
Ce type remarquable de la période agonique porte, d’après le docteur Jaccoud le nom de type ascendant brisé.
L’ictère s’accompagne d’un abaissement notable de la température. Le cas que nous allons signaler a été observé sur un tout petit chien havanais. À son arrivée à la clinique on constate que les muqueuses sont excessivement jaunes.
TRAITEMENT | Tisane de camomille | 1 | verre | |
Crème de tartre | 2 | gr. | ||
Sirop de gomme | 40 | gr. |
température prise le soir de son entrée nous donne 35° 3/10.
2° jour : On fait aujourd’hui le même traitement qu’hier. On voit à partir de ce moment la température croître pendant deux jours consécutifs et atteindre 37° 3/10 ; l’animal commence à recouvrer sa gaieté et la température est également revenue à son niveau physiologique ou à très peu de chose près.
Cette affection est remarquable par l’abaissement considérable qui se produit depuis l’invasion de la maladie jusqu’au moment de la mort. Dans les deux ou trois premiers jours on peut observer les exacerbations du soir et les rémissions du matin ; mais la marche générale de cette période et néanmoins descendante. Puis, quand une quantité suffisante d’urée est passée dans le sang, on voit s’opérer une descente progressive et considérable de la température centrale. Celle-ci s’accuse de plus en plus à mesure que la maladie approche d’une terminaison fatale. Nous l’avons vue descendre à 23° 8/40.
Hunter avait remarqué que les tissus enflammés résistent mieux que les autres à la congélation
artificielle. Depuis cette époque on a prouvé d’unemanière péremptoire que l’inflammation avait pour principal effet d’accroître réellement la température. Seulement, il s’agit de savoir si la chaleur est réellement plus grande dans les lieux enflammés qu’ailleurs ; en un mot, si la température locale dépasse la température du corps mesurée dans le rectum.
De sérieuses difficultés qu’il serait trop long d’énumérer rendent l’observation peu commode ; cependant on s’est assuré très-positivement que la chaleur des tissus enflammés, tout en s’élevant au-dessus de celle qui est normale dans les mêmes parties similaires du côté opposé, ne dépasse pas la température du corps prise au rectum ; celle-ci, il est vrai, excède de deux à trois degrés la température physiologique lorsque l’inflammation est vive et accompagnée des symptômes propres de la fièvre. On peut donc dire que l’inflammation tend à donner à la partie enflammée le maximum de température qui existe actuellement dans les parties les plus chaudes du corps.
Comment se fait-il qu’un traumatisme ait pour résultat l’augmentation de la température générale ? Lisons Cl. Bernard et nous en trouverons l’explication. Le grand maître a dit : « Si le sang se chauffe, en effet, en traversant une partie enflammée comme cela doit du reste résulter de ce que les phénomènes de combustions, de transformations organiques sont plus actifs dans ces parties, ce léger échauffement ne suffit pas à rendre compte de l’augmentation générale de calorification. Ce n’est donc pas par une altération purement locale d’un tissu ou d’une surface que se produirait la fièvre, mais par l’intervention d’une modification du système nerveux. S’il y a production de chaleur dans la fièvre, cette chaleur tient à un processus général comme la chaleur normale ; la lésion d’un organe n’a été que le point de départ des actions nerveuses qui précèdent là calorification normale et son exagération pathologique. »
La thermométrie fait connaître avec la plus grande précision les changements qui surviennent dans la température pendant le cours des maladies. Elle peut fournir au praticien des données utiles polir le diagnostic, le pronostic et le traitement de quelques cas morbides dans lesquels les autres moyens de constatation sont insuffisants.
Dans notre médecine, surtout, le mutisme des malades force le vétérinaire à recourir pour asseoir son diagnostic, à tous les moyens d’investigations à lui fournis, soit par la nature, soit par la fécondé imagination des hommes.
Grâce au thermomètre, le praticien a trouvé un guide, nous dirons presque mathématique.
M. Schmelz a été même jusqu’à considérer la thermométrie comme aussi importante pour le jugement de la marche d’une maladie et pour l’établissement de son diagnostic que l’auscultation et la percussion.
Il y a certainement de l’exagération dans cette assertion ; mais reconnaissons que la thermométrie, unie à la connaissance précise des phénomènes physiologiques révélés par les divers procédés d’investigation, contribuera à établir le diagnostic, à fonder le pronostic et à formuler le traitement des maladies.
En effet, dans chaque maladie, la température tend à suivre une marche particulière, c’est un fait mais ce mode d’évolution de la chaleur ne constitue pas un type absolu, invariable.
Les courbes thermiques qui sont la représentation graphique du cours de la température, expriment seulement la règle, la généralité des cas, le type général dont se rapproche plus ou moins chaque cas individuel.
Il appartient au praticien d’apprécier l’individualité morbide eu égard au type général.
Malheureusement, encore dans notre médecine, ces types généraux n’ont pu être établis que pour un nombre de maladies assez restreint ; mais espérons qu’avant longtemps les praticiens venant ajouter leurs observations à celles déjà faites, participeront à tendre ces types plus nombreux.
Valeur diagnostique. Dans le chapitre consacré à l’étude de la fièvre, nous avons indiqué approximativement le degré thermique initial de l’état fébrile 38 à 39 degrés.
La première exploration chez un malade va nous fournir immédiatement un précieux élément de diagnostic quels que soient les autres symptômes présentés par le sujet : c’est l’état fébrile ou l’état algide. Nous voilà déjà renseignés sur la forme pyrexique ou apyrexique de la maladie. Cependant il ne faudrait point se borner à une seule exploration il faut suivre le cours de la maladie. On peut voir déjà à quelles graves erreurs on serait exposé si prenant une seule température, on se croyait autorisé de poser son diagnostic.
Supposons en effet que le premier résultat donne le chiffre 40, c’est avoir le droit de supposer une pneumonie, une pleurite aussi bien que toute autre maladie fébrile ; il faut donc pour tirer quelques profits de ce moyen d’investigation, faire des explorations successives. Dans les cas ordinaires, deux suffisent, une le matin, une le soir.
Le thermomètre peut être mis à contribution pour le diagnostic différentiel de quelques affections qui présentent des points communs pouvant les faire confondre : souvent la thermométrie lève tous les doutes, ainsi dans l’urémie et l’éclampsie.
Dans les cas d’urémie nous avons pu observer un abaissement progressif et considérable de la température centrale. Cet abaissement se constate jusqu’au dernier moment et il peut aller jusqu’à 23° 8/10 ; c’est la température que nous avons obtenue au moment de la mort. Même fait se passe sur l’homme, si nous nous en rapportons aux auteurs.
Pour l’éclampsie, la température s’élève depuis le début jusqu’à la fin. Nous n’avons pas eu de cas semblables à constater, mais s’il en est ainsi dans notre médecine, on comprendra l’importance du diagnostic différentiel si l’on considère qu’on établit encore aujourd’hui des rapports fort étroits dans l’urémie et l’éclampsie.
Nous voyons donc dans les cas douteux, les éléments d’un diagnostic souvent difficile.
En médecine vétérinaire on est parvenu à distinguer une encéphalite d’une congestion chronique, de l’immobilité ; tandis que dans le premier cas on voit le thermomètre monter à 40 et même à 41 degrés, il reste à la normale quand il y a immobilité (Zundel).
Le même auteur rapporte : « Nous nous sommes servi du thermomètre dans les coliques pour distinguer une colique inflammatoire où il faut saigner, d’une colique due à l’atonie du tube digestif, d’Une colique de congestion due à une embolie de la mésaraïque où il faut des excitants. Tandis que dans le premier cas le thermomètre marque quarante degrés, il descend souvent au-dessous de la moyenne dans les autres et marque trente-sept et même trente-six degrés. Dans ce dernier cas, quelquefois l’animal est triste, abattu et ne se livre guère à des mouvements désordonnés. La hernie interne, étranglée s’accompagne toujours d’un refroidissement du corps, et l’abaissement de la température est d’autant plus prononcé que la constriction envahit une portion plus grande d’anse intestinale. »
Valeur pronostique. — Par l’étude que nous venons de faire sur la caloricité, nous avons vu clairement combien la température offre de ressources au diagnostic et à la marche des maladies ; de là, il est facile de conclure quels précieux éléments la thermométrie clinique doit fournir au pronostic.
Quand on veut déterminer la température dans une maladie pendant une période d’état il ne suffit pas de prendre le degré le plus élevé, celui du soir par exemple, il faut établir une moyenne de la journée qui sera le véritable chiffre sur lequel on fondera le pronostic.
Pour baser son pronostic, il faut considérer le mode par lequel la chaleur monte et atteint son maximum ; plus sa durée est courte, plus la défervescence s’effectue rapidement, moins le pronostic est grave.
Un accroissement lent se lie avec une période d’état de longue durée, à une défervescence lente et à un pronostic fâcheux. Quand la défervescence est graduelle le pronostic est des meilleurs.
Les températures hyponormales, dépassant certaines limites, sont très-graves et peuvent être cause de mort.
Il est admis que les températures qui arrivent à 41°, à 42° sont des plus alarmantes, surtout si elles restent stationnaires.
Dans notre tracé no 3 pleurite aiguë, nous avons observé 41° 5/10 lors de l’invasion de la maladie ; le pronostic porté était une terminaison fatale, elle s’est en effet terminée par ta mort.
Les températures basses se maintiennent très-rarement pendant quelques jours ; si elles continuent leur marche descendante la mort arrive bientôt. Les températures les plus basses que nous ayons à signaler sont :
Dans un cas d’anémie, 30° au moment de la mort ;
Morve à 35° ;
Enfin, dans un cas d’urémie, nous avons observé au moment de la mort 23° 8/10.
En résumé, les signes pronostiques sont tirés : 1° du degré de la température ; 2° du mode par lequel elle atteint son maximum ; 3° de sa durée ; 4° de sa marche ; 5° de sa forme ou type général. Il résulte de tout ce que nous avons exposé que la température fournit des signes pronostiques d’une haute importance ; que les températures hyperpyrétiques, connue celles qui sont très-basses, sont extrêmement graves et mortelles quand elles dépassent certaines limites. Le pronostic doit donc avoir pour base l’examen de la température.