Contes populaires d’Afrique (Basset)/55

E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 139-140).
XIX. — DINKA[1]

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LE COQ ET l’ÉLÉPHANT[2]


Un jour, un pari fut engagé entre le coq et l’éléphant pour savoir lequel des deux se montrerait le plus grand mangeur et le lendemain, à l’aube, les deux adversaires se trouvèrent au rendez-vous choisi.

Vers midi, l’éléphant rassasié s’endormit : lorsqu’il se réveilla au bout de quelques heures, il fut fort surpris de voir que le coq mangeait toujours. Il se mit à paître, mais ne tarda pas à se sentir repu. Il se retira, laissant son antagoniste plus que jamais occupé à chercher dans les herbes. Comme le soleil allait se coucher, le coq courut se percher sur le dos de l’éléphant qui sommeillait déjà, mais qui s’éveilla bientôt en s’apercevant que des picotements le tourmentaient sans cesse.

— Que fais-tu là ? demanda-t-il au coq.

— Rien, répondit celui-ci ; je mange les insectes que je trouve sur ta peau.

L’éléphant, terrifié d’une telle voracité, prit la fuite, ce qu’il fait encore aujourd’hui, chaque fois qu’il entend le coq chanter.




  1. Les Dinka habitent sur les bords du Nil blanc entre le 12e et le 6e degré de latitude nord.
  2. Casati, Dix années en Equatoria, trad. franc., Paris, Firmin-Didot, 1892, in-8, p. 35.