Contes populaires d’Afrique (Basset)/19

E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 55-57).

19

LE MOINEAU ET LA POULE[1]


Le moineau vint dire à la poule :

— Poule, tu as des ailes, pourquoi ne peux-tu pas prendre ton vol comme je le fais ?

— Parce que je ne suis pas telle, répondit la poule.

Le moineau reprit :

— Pourquoi parler ainsi ? Tu as des pieds, des ailes comme les miennes et tout ce qui est dans mon corps existe dans le tien.

Lorsque la poule l’entendit, elle fut mécontente et ne voulut pas écouter les paroles du moineau.

— Va-t-en, dit-elle, couche-toi dans le désert ; laisse-moi dormir dans la maison ; le langage que tu m’as tenu ne me plaît pas.

— Puisque tu ne veux pas écouter mes paroles, demain les gens te prendront dans la maison ; ils te tueront et mangeront ta chair ; tu n’as pas d’intelligence ; alors que je viens t’apprendre la sagesse, tu me repousses ! Bientôt, lorsque tu verras les gens venir te tuer, tu sauras alors comment sauver ta vie !

La poule continua :

— Va-t’en, je n’ai que faire de toi.

— C’est bien, dit le moineau.

Il partit et alla se poser sur un arbre.

Lorsque l’aurore arriva, le maître de la maison prit un bâton pour tuer la poule. Celle-ci, en le voyant, s’envola, traversa la maison de son maître, poussa des plaintes et dit :

— Ce que m’avait dit hier le moineau est arrivé et j’ai refuse de l’écouter.

Le moineau, posé sur un arbre, dit à la poule :

— Entre dans l’herbe ; si ton maître te voit, il te tuera. Quand tu seras entrée dans la verdure, ne bouge pas, reste tranquille.

Elle l’écouta et s’enfuit dans le fourré. L’homme chercha dans l’herbe après elle sans la trouver. Le soir, il s’en alla se coucher.

En le voyant partir, la poule sortit et retourna à sa première place qu’elle avait quittée. Le moineau lui dit :

— S’il vient pour te tuer, ponds un œuf ; quand il le verra, il dira : la poule pond des œufs, je ne la tuerai pas ; mais il prendra l’œuf et s’en ira le faire cuire avec du sel, le mangera et sera content. Chaque matin, il viendra chercher à l’endroit où tu pondras un œuf. Voilà le conseil que je te donne ; ne l’oublie pas.

La poule lui dit :

— Je te remercie, mon frère. J’agirai, comme tu me l’as recommandé, aujourd’hui, demain, jusqu’à ma mort ; je te remercie beaucoup.

Le moineau ajouta :

— Si tu écoutes mes paroles, les gens ne te tueront pas d’ici quelque temps.

Puis il s’en alla. L’histoire de la poule et du moineau est finie.



  1. Schœn, Magana Hausa, p. 146-148 ; R. Basset, Contes haoussas, col. 227-228.