Contes populaires d’Afrique (Basset)/163

E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 423-425).

NEUVIÈME PARTIE

CONTES DES NÈGRES DES COLONIES

I. — ÎLE DE FRANCE

L’ÉLÉPHANT ET LE LIÈVRE EN SOCIÉTÉ[1]|163}}


Ene zour l’Éléphant dire au Yève :

— Anons prendre impé la terre, nous va faire zardin.

Yève content : li dire l’Éléphant :

— Mais, compère, nous va faire éne condition, ça qui so pioce dimancé, li va emmance li là-haut la tête so camrade.

Yève emmance so pioce lace par esprès ; à tout moment so pioce nèque dimancé.

Et Yève crie av l’Éléphant :

— Compère, mo pioce fine dimancé ; amène vous la tête pour mo emmance mo pioce.

L’Éléphant amène la tête, Yève emmance pioce.

— Avlà, ène coup, pioce l’Éléphant oussi fine dimancé.

L’Éléphant crie au Yève :

— Compère, mo pioce fine démancé : amène vous la tête pour mo emmance mo pioce !

Lékeir Yève alle loin. Li dire av l’Éléphant :

— Vous napas çagrin, moi, mo comrade ? Ene ptit ptit la tête comment ça ! premier coup vou a casse li.

L’Éléphant commence en colère :

— Mo napas cône ça, moi, compère. Nous fine faire condition ; lhère ous pioce ti dimancé, mo fine done vous mo la tête. Açthère mo pioce qui dimancé ; vous bisoin donc moi vous la tête pour mo emmance li.

Yève napas voulé amène la tête ; l’Éléphant voulé batte Yève ; zaute lève éne grand dispite ; Yève sauvé. Zassociés fine casse cordon ; Yève av l’Éléphant quitte travaille ensembe.

Avlà ène zour l’Éléphant faire ène bal. Li engaze tout zanimaux, xepté Yève.Tourtie qui pour zoué la misique ; so viélon ène calebasse.

Quand Yève coné qui Tourtie qui pour alle misicien dans bal, li dire Tourtie :

— Comère, mettez moi dans vous calebasse ; mo va zoué vous part. Mais çaque fois qui a donne vous boire, çaque fois qui a donne vous manzé, vous va mette morceau pour calebasse pour moi.

Bal commencé. Yève zoué la misique. Tourtie donne li boire. Avlà Yève soû à force boire ; li comence cante bonavini.

L’Éléphant coûté, coûté ; li coné qui Yève qui dans calebasse. Li en colère, li dimande Tourtie qui faire lo fine amène Yève dans so calebasse. Li vouli batte Tourtie ; calebasse tombé, calebasse cassé ; Yève sauvé.



  1. Baissac, Le Folk-lore de l’île Maurice, Paris, Maisonneuve, 1888, pet. in-8, p. 112-117.