Contes populaires d’Afrique (Basset)/110

E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 283-284).

110

LE LION ET LA TORTUE[1]


Quatre défenses d’éléphant, extraordinairement grosses, tellement qu’il fallait deux hommes pour porter chacune d’elles, étaient là comme prix de la lutte à la course. On disait :

— Allons, que tous les animaux courent à qui mieux-mieux. Celui qui sera fatigué le dernier recevra l’ivoire.

Beaucoup d’animaux vinrent et coururent à l’envi ; mais ils furent fatigués et abandonnèrent la course, en sorte qu’il ne resta que le lion. Celui-ci se réjouit et dit :

— Le prix m’appartient.

Alors la tortue se leva et dit :

— Pas encore ; nous allons lutter à la course l’un contre l’autre, de façon à ce que je reçoive l’ivoire.

Le lion s’en détendit, rit et dit :

— Nous ! comment pourrais-tu lutter à la course ?

La tortue répliqua :

— Tu le verras bien.

Ils coururent, mais la tortue grimpa sur le lion. Celui-ci courut, courut, courut jusqu’à ce qu’il fut fatigué et voulut se reposer, La tortue lui dit :

— Ne te repose pas, sinon je recevrai l’ivoire.

Le lion courut encore ; il courut, courut, courut jusqu’à ce qu’il arriva de nouveau aux défenses. Complètement fatigué, il fit halte, se tourna et demanda :

— Tortue, où es-tu ?

La tortue répondit derrière lui :

— Il y a longtemps que nous sommes là. Alors le lion se vit vaincu et lui laissa toute la récompense.




  1. Ferstl, Yao-Erzæhlungen, p. 102-103, III.