Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses/Aventure 1
AVENTURES
DU
GOUROU PARAMARTA
AVENTURE PREMIÈRE.
Le Passage de la Rivière.
Il y avait autrefois un gourou[1], nommé Paramarta[2], qui avait auprès de lui pour le servir et l’aider dans ses fonctions cinq disciples, dont l’un s’appelait Stupide, l’autre Idiot, le troisième Hébété, le quatrième Badaud, et le dernier Lourdaud.
Un jour que Paramarta, accompagné de ses disciples, venait de faire la visite de son district, et retournait à son mata (couvent), ils arrivèrent tous les six, vers l’heure de midi, auprès d’une rivière qu’il leur fallait passer : avant de s’exposer à la traverser, ils s’arrêtèrent quelque temps pour examiner l’endroit où elle était le plus aisément guéable, et après l’avoir découvert, comme les disciples se disposaient à entrer dans l’eau, le gourou les arrêta :
Mes enfans, leur dit-il, cette rivière se trouve souvent dans de très-mauvaises dispositions, et on rapporte par-tout un grand nombre d’événemens tragiques en tout genre qu’elle a occasionnés. J’ai ouï dire qu’afin de n’être pas exposé à des accidens fâcheux, il fallait la traverser toujours dans le temps qu’elle était endormie, et jamais lorsqu’elle était éveillée : ainsi, avant d’y mettre le pied, il faut que l’un de vous aille tout doucement examiner si elle dort, ou si elle veille ; après quoi, nous nous déciderons à la traverser tout de suite, ou à attendre pour le faire un moment plus favorable.
L’avis du gourou ayant paru très-sage à ses cinq disciples, Stupide fut aussitôt député pour aller examiner si la rivière dormait, ou si elle était éveillée. Pour s’assurer du fait, celui-ci prit un tison avec lequel il venait d’allumer sa chiroute (pipe de tabac), et s’approchant tout doucement de la rivière, de crainte de l’éveiller, il appliqua sur la surface de l’eau le tison allumé qu’il tenait à la main. Aussitôt que ce dernier vint en point de contact avec l’eau, le feu s’éteignit en produisant un sifflement qui fit bouillonner l’eau d’alentour, renvoyant en même temps sur le visage de Stupide la fumée qu’il exhala en s’éteignant.
Stupide, épouvanté à la vue de tous ces phénomènes, courut bien vite à l’endroit où il avait laissé le gourou et ses disciples, et s’étant approché d’eux d’un air consterné, et encore tout tremblant de frayeur, il adressa au gourou ces paroles d’une voix entrecoupée : Seigneur gourou, bien vous en a pris de m’envoyer pour examiner l’état de la rivière ; si nous avions eu le malheur de nous exposer à la traverser sans prendre cette précaution, aucun de nous ne serait maintenant en vie, elle nous aurait tous engloutis.
Conformément à vos ordres, je me suis approché d’elle très-doucement pour savoir si elle dormait ou si elle était éveillée ; pour m’assurer du fait, j’ai appliqué légèrement sur la surface de l’eau le tison que vous me voyez encore à la main ; à l’instant même où je l’ai touchée, elle est entrée dans un accès de fureur qui a fait bouillonner l’eau d’alentour, et elle a fait entendre en même temps un sifflement semblable à celui que produit un serpent capèle[3] lorsqu’il est irrité ; dans sa colère, elle m’a envoyé sur la figure un amas de fumée épaisse qui a manqué de me suffoquer : en un mot, je regarde comme un miracle d’avoir pu échapper aux dangers qui m’environnaient, et revenir en vie auprès de vous.
Après avoir entendu avec le plus grand étonnement le récit de Stupide, le gourou s’écria avec un ton de résignation et un esprit calme : Que la volonté des dieux et notre destin s’accomplissent ! Nous ne pouvons pas agir contre notre destinée, et nous devons supporter avec patience et résignation les contradictions et les adversités qui nous surviennent dans le cours de la vie. Suivez-moi donc, et en attendant qu’il plaise aux dieux de nous faire trouver une occasion favorable pour traverser la rivière, reposons-nous à l’ombre des arbres voisins.
Paramarta et ses cinq disciples s’étant assis à l’ombre des palmiers qui étaient plantés sur le bord, attendirent là tranquillement le moment où la rivière s’endormirait, et où ils pourraient la traverser sans danger. Dans le temps qu’ils se reposaient et qu’ils n’avaient pas autre chose à faire, les disciples voulurent amuser leur maître par le récit de différentes histoires relatives à la rivière, sujet de leur sollicitude ; Idiot parla le premier :
Lorsque mon grand-père vivait, dit-il, et que j’étais encore fort jeune, il me rapportait plusieurs traits de fourberie et de cruauté de cette rivière. Il me répétait souvent le suivant, qui lui était arrivé un jour en la traversant ; je dois vous dire avant tout que feu mon grand-père était un marchand très-connu dans le pays ; l’objet de son commerce était le sel. Un jour donc, accompagné d’un de ses associés, et conduisant ensemble deux ânes chargés de cette marchandise, ils furent obligés de passer cette rivière ; il avait plu la nuit précédente, les eaux avaient beaucoup grossi, et les sacs pleins de sel dont étaient chargés les deux ânes, trempaient dans l’eau. Comme il faisait très-chaud ce jour-là, mon grand-père et son associé s’arrêtèrent au milieu de la rivière, pour s’y laver, eux et leurs ânes, et s’y rafraîchir tous les quatre ensemble, et se trouvant agréablement dans ce lieu, ils y restèrent long-temps. À la fin cependant il fallut en sortir et continuer leur route ; mais quel fut leur étonnement lorsque, parvenus avec leurs deux ânes à l’autre bord de la rivière, ils trouvèrent entièrement vides les sacs qu’ils avaient auparavant remplis de sel ? Il n’en restait pas un seul grain, la rivière l’avait tout dévoré sans qu’ils s’en aperçussent. Mais ce qui excita encore plus leur surprise, ce fut de voir que cette rivière eût pu voler leur sel sans délier les sacs ou sans les déchirer.
Cependant mon grand-père et son associé se furent bientôt consolés du malheur qui leur était survenu. Nous sommes encore fort heureux, se dirent-ils, d’en être quittes pour la perte de notre sel, et nous ne devons pas estimer comme un petit bonheur que cette cruelle rivière, après avoir dévoré tout notre sel, ne nous ait pas aussi engloutis vivans, nous et nos deux ânes.
Lorsque Idiot eut fini son histoire, Hébété, prenant la parole à son tour : Il y a long-temps, dit-il, que j’ai ouï parler des ruses et des fourberies de cette rivière ; elles sont connues de tout le monde dans le pays. En voici une, entre autres, dont on parle beaucoup[4].
Un jour, un chien avait volé un gigot de mouton dans un village voisin : il s’en retournait fort content chez lui avec ce butin dans la gueule. Dans le temps qu’il traversait cette rivière, celle-ci lui fit voir dans le fond de l’eau un autre chien qui portait aussi un gigot. Notre chien auquel la cuisse de mouton qu’il tenait lui-même paraissait beaucoup moins grosse que celle qu’il voyait dans la gueule du chien que la rivière lui montrait au fond de l’eau, voulut se jeter sur ce dernier pour s’emparer de cette meilleure proie : il lâche le gigot qu’il tenait, et plonge dans l’eau pour arracher à l’autre chien la proie qu’il envie ; mais les deux gigots disparurent ; la rivière les dévora tous les deux : et notre pauvre chien, tout confus et les oreilles baissées, fut obligé de s’en retourner au logis, le ventre vide.
Pendant que Paramarta et ses disciples, assis à l’ombre des palmiers, passaient leur temps à raconter des histoires au sujet de la rivière, ils virent venir de l’autre bord un homme à cheval : cet homme, voyant que l’eau n’avait pas plus d’une coudée de profondeur, y entra sans hésiter, et, toujours monté sur son cheval, traversa le gué rapidement et sans difficulté. On peut juger de l’étonnement du gourou et de ses disciples quand ils virent la facilité avec laquelle ce cavalier avait traversé la rivière sans le moindre accident ; tout saisis d’admiration, ils se regardèrent quelque temps les uns les autres en silence ; et d’un air étonné, Badaud prit la parole, et dit aux autres : Avez-vous vu avec quelle facilité ce cavalier a traversé la rivière sans être exposé au moindre danger ? C’est par le moyen de son cheval qu’il s’est si aisément tiré d’affaire dans un temps où nous nous trouvons ici dans le plus cruel embarras. Voyez un peu de quel service est un cheval ! Si notre gourou en avait un, nous pourrions tous, par son moyen, passer la rivière avec aussi peu de risque que ce cavalier vient de le faire.
Les autres disciples approuvèrent l’idée de Badaud, et se réunissant tous ensemble, ils firent les plus vives instances à leur gourou pour l’engager à se procurer vite un cheval à quelque prix que ce fût.
Le gourou parut approuver l’avis de ses disciples ; cependant, comme il se faisait tard et qu’il n’avait pas envie de passer la nuit à l’endroit où il se trouvait, il les interrompit en disant : Nous parlerons de cette affaire dans la suite ; pour le présent il faut penser à sortir de l’embarras où nous sommes, et à traverser la rivière. S’adressant ensuite à Stupide, il lui ordonna d’aller encore une fois examiner si la rivière était endormie ou éveillée.
Stupide obéit, et prenant de nouveau le même tison avec lequel il avait en premier lieu sondé la rivière, et qui était maintenant entièrement éteint, il s’avança vers elle tout doucement, et le cœur palpitant de frayeur ; et d’une main tremblante, il toucha la surface de l’eau avec le tison éteint qu’il tenait à la main. L’eau resta calme, et ne produisit, cette fois-ci, ni bouillonnement, ni sifflement, ni fumée. Enhardi par cette première expérience, il enfonça encore une fois le tison plus profondément dans l’eau ; mais comme il était éteint, il ne produisit aucun des phénomènes effrayans qui avaient causé quelque temps auparavant tant de peur au pauvre disciple.
Bien rassuré par ses expériences, Stupide accourut transporté de joie vers le gourou Paramarta, et lui dit d’un air de satisfaction qui brillait sur toute sa personne : Seigneur ! seigneur gourou ! réjouissez-vous avec moi, grandes nouvelles ! bonnes nouvelles ! la rivière dort maintenant d’un profond sommeil. C’est le moment favorable de la traverser ; venez donc sans perdre de temps et suivez-moi tous sans faire de bruit.
À cette agréable nouvelle, Paramarta et ses disciples se levèrent à l’instant, et s’acheminèrent vers la rivière, marchant tout doucement et à pas comptés, gardant tous un profond silence, et prenant bien garde, à mesure qu’ils avançaient, de ne faire aucun bruit qui fût capable de l’éveiller.
Cependant, quoiqu’il n’y eût de l’eau que jusqu’au genou, ils n’y mirent les pieds qu’avec les plus vives appréhensions ; en la traversant leurs cœurs battaient fortement de frayeur ; ils gardaient tous le plus profond silence, et osaient à peine respirer, afin de ne pas agiter l’eau en marchant ; à mesure qu’ils posaient un pied, ils levaient l’autre avec les deux mains, et le posant très-doucement sur la surface de l’eau, l’enfonçaient peu-à-peu ; ils en faisaient autant de l’autre. Enfin, avec beaucoup de frayeur et de fatigue ils parvinrent à l’autre bord.
Dans le temps qu’ils se félicitaient mutuellement sur leur heureuse traversée, et qu’ils oubliaient dans la joie toutes les contradictions et les sollicitudes qu’ils avaient éprouvées ce jour-là, il prit fantaisie au disciple nommé Idiot de compter leur nombre, afin de s’assurer si quelqu’un d’entre eux n’avait pas péri au passage de la rivière ; mais en faisant le dénombrement, il oublia de se compter lui-même, et ne compta que les cinq autres présens. Persuadé, d’après ce compte plusieurs fois répété, que l’un d’entre eux avait été englouti par la rivière : Quel malheur nous est arrivé ! s’écria-t-il, quel grand malheur ! l’un de nous a disparu au passage de la rivière ; nous étions six lorsque nous y sommes entrés, et maintenant nous ne sommes plus que cinq. Pour vous en convaincre, ajouta-t-il, je vais nous compter encore une fois devant vous ; éloignez-vous un peu, pour qu’il n’y ait pas de confusion. Le gourou et ses disciples rangés sur une même ligne, Idiot les compta à plusieurs reprises ; mais comme il oubliait encore à chaque fois de se compter lui-même, il ne put jamais trouver que cinq personnes.
Paramarta et ses autres disciples, persuadés qu’il ne pouvait y avoir d’erreur dans un compte si souvent répété par Idiot, demeurèrent convaincus que leur nombre primitif de six était effectivement réduit à cinq, et qu’un de leurs compagnons avait été réellement englouti par la rivière. Aussitôt, une profonde consternation se répandit parmi eux, et ils commencèrent tous à donner des marques de la plus vive douleur. Ils se prirent les uns les autres sous le bras, et poussèrent long-temps des pleurs et des gémissemens, se frappant en même temps la poitrine et donnant plusieurs autres signes de désespoir, comme cela se pratique à la mort de quelque parent ou ami.
Après avoir exhalé leur première douleur, ils se tournèrent tous du côté de la rivière, et l’apostrophèrent avec des gestes expressifs. Ils lui adressaient les plaintes et les reproches les plus vifs : Rivière impitoyable, s’écriaient-ils, maudite rivière ! plus cruelle et plus perfide que les tigres et les ours qui errent dans les forêts, comment as-tu pu avoir la barbarie, l’audace d’engloutir un des disciples du grand gourou Paramarta ! de ce célèbre personnage dont le nom est révéré dans tout le pays, de ce saint homme à qui chacun paie un juste tribut d’éloges, d’estime et d’admiration ? Après un pareil trait de perfidie, qui osera désormais mettre les pieds dans tes eaux traîtresses ?
Des reproches, ils passèrent bientôt aux imprécations, chacun d’eux la maudissait de son côté avec les signes du désespoir le plus violent. Puissé-je voir ta source se tarir ! disait l’un ; puisse ton lit se dessécher sans laisser un seul vestige qui annonce aux races futures que tu fus autrefois une rivière !
Puissent, disait l’autre, les poissons et les grenouilles qui nagent dans tes eaux, te dévorer toute vivante de manière à te rendre aussi sèche que le sable aride qui se trouve sur tes deux bords !
Puisse-t-il, disait un troisième, survenir une sécheresse générale ! Puisse le ciel ne pas laisser échapper une goutte de pluie pendant trois ans, pour que les sources, taries jusqu’à la dernière, ne t’envoient plus une seule goutte d’eau ! Puissé-je voir les mouches et les fourmis se promener sur ton lit et insulter impunément à ton impuissance !
Puisses-tu, disait un quatrième, être dévorée par le feu, depuis ta source jusqu’à ton embouchure !
Puisses-tu, disait le dernier, te trouver sans humidité et sans fraîcheur, et puisse ton lit ne contenir à l’avenir que des cailloux, des ronces et des épines !
Pendant que Paramarta et ses disciples, les signes du désespoir dépeints sur toute leur contenance, maudissaient ainsi la rivière, un voyageur vint à passer : il écouta quelque temps en silence leurs plaintes amères ; enfin, s’approchant d’eux avec un air de compassion, il leur demanda le sujet d’une si profonde douleur.
Le gourou, non sans interrompre fréquemment son récit par des pleurs et des gémissemens, lui raconta au long toutes les contradictions qu’ils avaient éprouvées ce jour-là, et surtout l’accident fatal qui les avait privés d’un de leurs compagnons au passage de la rivière, puisque, de six qu’ils étaient avant de la traverser, ils ne se trouvaient plus à présent que cinq, comme ils s’en étaient assurés par le dénombrement plusieurs fois répété par Idiot. Le voyageur reconnut à ce récit jusqu’à quel point Paramarta et ses disciples poussaient la simplicité, et voulant tirer avantage de leur grossière stupidité :
J’avoue, leur dit-il, qu’il ne pouvait pas vous arriver un plus grand malheur que celui-ci. L’excès de douleur dont je vous vois accablés me touche sincèrement, et je suis tout disposé à vous être utile, et à réparer la perte que vous avez faite ; car avant tout je dois vous dire que je suis sorcier de profession, et si vous voulez m’honorer de votre confiance et me donner une récompense proportionnée au service que je veux bien vous rendre, je me sens en état, par le moyen de mes sortilèges et de mes secrets magiques, de vous rendre plein de vie celui de vous qui a disparu au passage de la rivière.
Paramarta accepta la proposition du sorcier avec des transports de joie : Il me reste encore, lui dit-il, quarante fanons d’or de la somme que j’avais prise pour les dépenses de la route : si vous pouvez en effet me rendre en vie celui de mes disciples que m’a enlevé cette maudite rivière, je vous donnerai avec grand plaisir ces quarante fanons. Ne m’en demandez pas davantage, parce que c’est là tout ce que je possède.
Quarante fanons d’or ! repartit le magicien. C’est bien peu de chose en comparaison du service que je m’engage à vous rendre. Cependant, comme vous dites que c’est là tout ce que vous possédez, et comme d’ailleurs vous êtes un brave homme qui n’y entendez pas malice, et un personnage distingué dans le public, je consens, pour cette modique somme, à vous rendre en vie celui de vos disciples qui a disparu.
Lui montrant ensuite et à ses disciples un gros bâton qu’il tenait à la main : Toute ma science magique, leur dit-il, est renfermée dans ce bâton, et c’est de la pointe de ce bâton enchanté que doit sortir celui d’entre vous qui a disparu : il faut pour cela que vous vous rangiez tous sur une même ligne, et que chacun de vous me permette de lui appliquer un bon coup de bâton sur le dos ; en recevant le coup de bâton, chacun de vous me répondra par son nom, et moi je vous compterai en même temps, et à la fin du compte je ferai paraître sur la scène le nombre collectif de six personnes sans diminution, et tel qu’il était avant le passage de la rivière.
Ayant dit ces paroles, il les fit tous aligner, et commençant par le gourou, il lui déchargea sur les épaules un bon coup de son bâton magique : Allez plus doucement, lui dit ce dernier ; c’est moi ! le gourou Paramarta.
En voilà un, dit le magicien, et frappant encore plus fort sur le dos de Stupide : Ah ! j’ai les reins brisés, s’écria ce dernier ; c’est moi ! le disciple Stupide.
Deux, reprit le magicien, et continuant d’appliquer un bon coup de bâton sur le dos de chacun des autres, et de les compter à mesure qu’ils répondaient, il arriva ainsi au sixième ; c’était le disciple Idiot, celui qui avait fait auparavant le dénombrement défectueux. Le magicien, lui appliquant un coup si rude qu’il lui fit mesurer la terre : Voilà enfin le sixième : dit-il, celui qui avait disparu, et que je vous rends plein de vie.
Paramarta et ses disciples furent alors pleinement convaincus que celui de leurs compagnons qu’ils avaient perdu leur avait été réellement rendu par la vertu du bâton magique du voyageur ; et sans lui témoigner la moindre envie de lui faire répéter encore une fois le même compte, ils lui payèrent sur-le-champ la somme convenue, le remercièrent du service important qu’il leur avait rendu, et le quittèrent pour reprendre la route de leur mata, où ils arrivèrent enfin sans autre accident fâcheux.
- ↑ Ce mot gourou signifie maître, ou guide spirituel (prêtre.)
- ↑ Ce mot signifie simple, sans malice.
- ↑ Du portugais cobra de capello, serpent à chapeau, nom donné à ce reptile, parce que, lorsqu’il est irrité, la peau qui entoure sa tête se dilate et s’étend en forme de chaperon. V. Nouv. Dict. d’Hist. nat., 36 vol., Vipère atroce.
- ↑ La fable rapportée ici étant la même que celle du Chien et de son Ombre, connue en Europe, j’avais cru d’abord qu’elle pouvait bien être une interpolation insérée par Beschie, compilateur de ces contes ; mais je n’ai pas tardé à changer de sentiment, et j’ai connu bientôt que cette fable était originairement indienne, et généralement connue dans le pays.