Consuelo/Chapitre LIX

Michel Lévy (2p. 193-202).

LIX.

Consuelo fut vivement attendrie d’une démonstration qui la réhabilitait à ses propres yeux et tranquillisait sa conscience. Jusqu’à ce moment, elle avait eu souvent la crainte de s’être imprudemment livrée à sa générosité et à son courage ; maintenant elle en recevait la sanction et la récompense. Ses larmes de joie se mêlèrent à celles du vieillard, et ils restèrent longtemps trop émus l’un et l’autre pour continuer la conversation.

Cependant Consuelo ne comprenait pas encore la proposition qui lui était faite, et le comte, croyant s’être assez expliqué, regardait son silence et ses pleurs comme des signes d’adhésion et de reconnaissance.

« Je vais, lui dit-il enfin, amener mon fils à vos pieds, afin qu’il joigne ses bénédictions aux miennes en apprenant l’étendue de son bonheur.

— Arrêtez, monseigneur ! dit Consuelo tout interdite de cette précipitation. Je ne comprends pas ce que vous exigez de moi. Vous approuvez l’affection que le comte Albert m’a témoignée et le dévouement que j’ai eu pour lui. Vous m’accordez votre confiance, vous savez que je ne la trahirai pas ; mais comment puis-je m’engager à consacrer toute ma vie à une amitié d’une nature si délicate ? Je vois bien que vous comptez sur le temps et sur ma raison pour maintenir la santé morale de votre noble fils, et pour calmer la vivacité de son attachement pour moi. Mais j’ignore si j’aurai longtemps cette puissance ; et d’ailleurs, quand même ce ne serait pas une intimité dangereuse pour un homme aussi exalté, je ne suis pas libre de consacrer mes jours à cette tâche glorieuse. Je ne m’appartiens pas !

— Ô ciel ! que dites-vous, Consuelo ? Vous ne m’avez donc pas compris ? Ou vous m’avez trompé en me disant que vous étiez libre, que vous n’aviez ni attachement de cœur, ni engagement, ni famille ?

— Mais, monseigneur, reprit Consuelo stupéfaite, j’ai un but, une vocation, un état. J’appartiens à l’art auquel je me suis consacrée dès mon enfance.

— Que dites-vous, grand Dieu ! Vous voulez retourner au théâtre ?

— Cela, je l’ignore, et j’ai dit la vérité en affirmant que mon désir ne m’y portait pas. Je n’ai encore éprouvé que d’horribles souffrances dans cette carrière orageuse ; mais je sens pourtant que je serais téméraire si je m’engageais à y renoncer. Ç’a été ma destinée, et peut-être ne peut-on pas se soustraire à l’avenir qu’on s’est tracé. Que je remonte sur les planches, ou que je donne des leçons et des concerts, je suis, je dois être cantatrice. À quoi serais-je bonne, d’ailleurs ? où trouverais-je de l’indépendance ? à quoi occuperais-je mon esprit rompu au travail, et avide de ce genre d’émotion ?

— Ô Consuelo, Consuelo ! s’écria le comte Christian avec douleur, tout ce que vous dites là est vrai ! Mais je pensais que vous aimiez mon fils, et je vois maintenant que vous ne l’aimez pas !

— Et si je venais à l’aimer avec la passion qu’il faudrait avoir pour renoncer à moi-même, que diriez-vous, monseigneur ? s’écria à son tour Consuelo impatientée. Vous jugez donc qu’il est absolument impossible à une femme de prendre de l’amour pour le comte Albert, puisque vous me demandez de rester toujours avec lui ?

— Eh quoi ! me suis-je si mal expliqué, ou me jugez-vous insensé, chère Consuelo ? Ne vous ai-je pas demandé votre cœur et votre main pour mon fils ? N’ai-je pas mis à vos pieds une alliance légitime et certainement honorable ? Si vous aimiez Albert, vous trouveriez sans doute dans le bonheur de partager sa vie un dédommagement à la perte de votre gloire et de vos triomphes ! Mais vous ne l’aimez pas, puisque vous regardez comme impossible de renoncer à ce que vous appelez votre destinée ! »

Cette explication avait été tardive, à l’insu même du bon Christian. Ce n’était pas sans un mélange de terreur et de mortelle répugnance que le vieux seigneur avait sacrifié au bonheur de son fils toutes les idées de sa vie, tous les principes de sa caste ; et lorsque, après une longue et pénible lutte avec Albert et avec lui-même, il avait consommé le sacrifice, la ratification absolue d’un acte si terrible n’avait pu arriver sans effort de son cœur à ses lèvres.

Consuelo le pressentit ou le devina ; car au moment où Christian parut renoncer à la faire consentir à ce mariage, il y eut certainement sur le visage du vieillard une expression de joie involontaire, mêlée à celle d’une étrange consternation.

En un instant Consuelo comprit sa situation, et une fierté peut-être un peu trop personnelle lui inspira de l’éloignement pour le parti qu’on lui proposait.

« Vous voulez que je devienne la femme du comte Albert ! dit-elle encore étourdie d’une offre si étrange. Vous consentiriez à m’appeler votre fille, à me faire porter votre nom, à me présenter à vos parents, à vos amis ?… Ah ! monseigneur ! combien vous aimez votre fils, et combien votre fils doit vous aimer !

— Si vous trouvez en cela une générosité si grande, Consuelo, c’est que votre cœur ne peut en concevoir une pareille, ou que l’objet ne vous paraît pas digne !

— Monseigneur, dit Consuelo après s’être recueillie en cachant son visage dans ses mains, je crois rêver. Mon orgueil se réveille malgré moi à l’idée des humiliations dont ma vie serait abreuvée si j’osais accepter le sacrifice que votre amour paternel vous suggère.

— Et qui oserait vous humilier, Consuelo, quand le père et le fils vous couvriraient de l’égide du mariage et de la famille ?

— Et la tante, monseigneur ? la tante, qui est ici une mère véritable, verrait-elle cela sans rougir ?

— Elle-même viendra joindre ses prières aux nôtres, si vous promettez de vous laisser fléchir. Ne demandez pas plus que la faiblesse de l’humaine nature ne comporte. Un amant, un père, peuvent subir l’humiliation et la douleur d’un refus. Ma sœur ne l’oserait pas. Mais, avec la certitude du succès, nous l’amènerons dans vos bras, ma fille.

— Monseigneur, dit Consuelo tremblante, le comte Albert vous avait donc dit que je l’aimais ?

— Non ! répondit le comte, frappé d’une réminiscence subite. Albert m’avait dit que l’obstacle serait dans votre cœur. Il me l’a répété cent fois ; mais moi, je n’ai pu le croire. Votre réserve me paraissait assez fondée sur votre droiture et votre délicatesse. Mais je pensais qu’en vous délivrant de vos scrupules, j’obtiendrais de vous l’aveu que vous lui aviez refusé.

— Et que vous a-t-il dit de notre promenade d’aujourd’hui ?

— Un seul mot : « Essayez, mon père ; c’est le seul moyen de savoir si c’est la fierté ou l’éloignement qui me ferment son cœur. »

— Hélas, monseigneur, que penserez-vous de moi, si je vous dis que je l’ignore moi-même ?

— Je penserai que c’est l’éloignement, ma chère Consuelo. Ah ! mon fils, mon pauvre fils ! Quelle affreuse destinée est la sienne ! Ne pouvoir être aimé de la seule femme qu’il ait pu, qu’il pourra peut-être jamais aimer ! Ce dernier malheur nous manquait.

— Ô mon Dieu ! vous devez me haïr, monseigneur ! Vous ne comprenez pas que ma fierté résiste quand vous immolez la vôtre. La fierté d’une fille comme moi vous paraît bien moins fondée ; et pourtant croyez que dans mon cœur il y a un combat aussi violent à cette heure que celui dont vous avez triomphé vous-même.

— Je le comprends. Ne croyez pas, signora, que je respecte assez peu la pudeur, la droiture et le désintéressement, pour ne pas apprécier la fierté fondée sur de tels trésors. Mais ce que l’amour paternel a su vaincre (vous voyez que je vous parle avec un entier abandon), je pense que l’amour d’une femme le fera aussi. Eh bien, quand toute la vie d’Albert, la vôtre et la mienne seraient, je le suppose, un combat contre les préjugés du monde, quand nous devrions en souffrir longtemps et beaucoup tous les trois, et ma sœur avec nous, n’y aurait-il pas dans notre mutuelle tendresse, dans le témoignage de notre conscience, et dans les fruits de notre dévouement, de quoi nous rendre plus forts que tout ce monde ensemble ? Un grand amour fait paraître légers ces maux qui vous semblent trop lourds pour vous-même et pour nous. Mais ce grand amour, vous le cherchez, éperdue et craintive, au fond de votre âme ; et vous ne l’y trouvez pas, Consuelo, parce qu’il n’y est pas.

— Eh bien, oui, la question est là, là tout entière, dit Consuelo en posant fortement ses mains contre son cœur ; tout le reste n’est rien. Moi aussi j’avais des préjugés ; votre exemple me prouve que c’est un devoir pour moi de les fouler aux pieds, et d’être aussi grande, aussi héroïque que vous ! Ne parlons donc plus de mes répugnances, de ma fausse honte. Ne parlons même plus de mon avenir, de mon art ! ajouta-t-elle en poussant un profond soupir. Cela même je saurai l’abjurer si… si j’aime Albert ! Car voilà ce qu’il faut que je sache. Écoutez-moi, monseigneur. Je me le suis cent fois demandé à moi-même, mais jamais avec la sécurité que pouvait seule me donner votre adhésion. Comment aurais-je pu m’interroger sérieusement, lorsque cette question même était à mes yeux une folie et un crime ? À présent, il me semble que je pourrai me connaître et me décider. Je vous demande quelques jours pour me recueillir, et pour savoir si ce dévouement immense que j’ai pour lui, ce respect, cette estime sans bornes que m’inspirent ses vertus, cette sympathie puissante, cette domination étrange qu’il exerce sur moi par sa parole, viennent de l’amour ou de l’admiration. Car j’éprouve tout cela, monseigneur, et tout cela est combattu en moi par une terreur indéfinissable, par une tristesse profonde, et, je vous dirai tout, ô mon noble ami ! par le souvenir d’un amour moins enthousiaste, mais plus doux et plus tendre, qui ne ressemblait en rien à celui-ci.

— Étrange et noble fille ! répondit Christian avec attendrissement ; que de sagesse et de bizarreries dans vos paroles et dans vos idées ! Vous ressemblez sous bien des rapports à mon pauvre Albert, et l’incertitude agitée de vos sentiments me rappelle ma femme, ma noble, et belle, et triste Wanda !… Ô Consuelo ! vous réveillez en moi un souvenir bien tendre et bien amer. J’allais vous dire : Surmontez ces irrésolutions, triomphez de ces répugnances ; aimez, par vertu, par grandeur d’âme, par compassion, par l’effort d’une charité pieuse et ardente, ce pauvre homme qui vous adore, et qui, en vous rendant malheureuse peut-être, vous devra son salut, et vous fera mériter les récompenses célestes ! Mais vous m’avez rappelé sa mère, sa mère qui s’était donnée à moi par devoir et par amitié ! Elle ne pouvait avoir pour moi, homme simple, débonnaire et timide, l’enthousiasme qui brûlait son imagination. Elle fut fidèle et généreuse jusqu’au bout cependant ; mais comme elle a souffert ! Hélas ! son affection faisait ma joie et mon supplice ; sa constance, mon orgueil et mon remords. Elle est morte à la peine, et mon cœur s’est brisé pour jamais. Et maintenant, si je suis un être nul, effacé, mort avant d’être enseveli, ne vous en étonnez pas trop Consuelo : j’ai souffert ce que nul n’a compris, ce que je n’ai dit à personne, et ce que je vous confesse en tremblant. Ah ! plutôt que de vous engager à faire un pareil sacrifice, et plutôt que de pousser Albert à l’accepter, que mes yeux se ferment dans la douleur, et que mon fils succombe tout de suite à sa destinée ! Je sais trop ce qu’il en coûte pour vouloir forcer la nature et combattre l’insatiable besoin des âmes ! Prenez donc du temps pour réfléchir, ma fille, ajouta le vieux comte en pressant Consuelo contre sa poitrine gonflée de sanglots, et en baisant son noble front avec un amour de père. Tout sera mieux ainsi. Si vous devez refuser, Albert, préparé par l’inquiétude, ne sera pas foudroyé, comme il l’eût été aujourd’hui par cette affreuse nouvelle. »

Ils se séparèrent après cette convention ; et Consuelo, se glissant dans les galeries avec la crainte d’y rencontrer Anzoleto, alla s’enfermer dans sa chambre, épuisée d’émotions et de lassitude.

Elle essaya d’abord d’arriver au calme nécessaire, en tâchant de prendre un peu de repos. Elle se sentait brisée ; et, se jetant sur son lit, elle tomba bientôt dans une sorte d’accablement plus pénible que réparateur. Elle eût voulu s’endormir avec la pensée d’Albert, afin de la mûrir en elle durant ces mystérieuses manifestations du sommeil, où nous croyons trouver quelquefois le sens prophétique des choses qui nous préoccupent. Mais les rêves entrecoupés qu’elle fit pendant plusieurs heures ramenèrent sans cesse Anzoleto, au lieu d’Albert, devant ses yeux. C’était toujours Venise, c’était toujours la Corte-Minelli ; c’était toujours son premier amour, calme, riant et poétique. Et chaque fois qu’elle s’éveillait, le souvenir d’Albert venait se lier à celui de la grotte sinistre où le son du violon, décuplé par les échos de la solitude, évoquait les morts, et pleurait sur la tombe à peine fermée de Zdenko. À cette idée, la peur et la tristesse fermaient son cœur aux élans de l’affection. L’avenir qu’on lui proposait ne lui apparaissait qu’au milieu des froides ténèbres et des visions sanglantes, tandis que le passé, radieux et fécond, élargissait sa poitrine, et faisait palpiter son sein. Il lui semblait qu’en rêvant ce passé, elle entendait sa propre voix retentir dans l’espace, remplir la nature, et planer immense en montant vers les cieux ; au lieu que cette voix devenait creuse, sourde, et se perdait comme un râle de mort dans les abîmes de la terre, lorsque les sons fantastiques du violon de la caverne revenaient à sa mémoire.

Ces rêveries vagues la fatiguèrent tellement qu’elle se leva pour les chasser ; et le premier coup de la cloche l’avertissant qu’on servirait le dîner dans une demi-heure, elle se mit à sa toilette, tout en continuant à se préoccuper des mêmes idées. Mais, chose étrange ! pour la première fois de sa vie, elle fut plus attentive à son miroir, et plus occupée de sa coiffure et de son ajustement, que des affaires sérieuses dont elle cherchait la solution. Malgré elle, elle se faisait belle et désirait de l’être. Et ce n’était pas pour éveiller les désirs et la jalousie de deux amants rivaux, qu’elle sentait cet irrésistible mouvement de coquetterie ; elle ne pensait, elle ne pouvait penser qu’à un seul. Albert ne lui avait jamais dit un mot sur sa figure. Dans l’enthousiasme de sa passion, il la croyait plus belle peut-être qu’elle n’était réellement ; mais ses pensées étaient si élevées et son amour si grand, qu’il eût craint de la profaner en la regardant avec les yeux enivrés d’un amant ou la satisfaction scrutatrice d’un artiste. Elle était toujours pour lui enveloppée d’un nuage que son regard n’osait percer, et que sa pensée entourait encore d’une auréole éblouissante. Qu’elle fût plus ou moins bien, il la voyait toujours la même. Il l’avait vue livide, décharnée, flétrie, se débattant contre la mort, et plus semblable à un spectre qu’à une femme. Il avait alors cherché dans ses traits, avec attention et anxiété, les symptômes plus ou moins effrayants de la maladie ; mais il n’avait pas vu si elle avait eu des moments de laideur, si elle avait pu être un objet d’effroi et de dégoût. Et lorsqu’elle avait repris l’éclat de la jeunesse et l’expression de la vie, il ne s’était pas aperçu qu’elle eût perdu ou gagné en beauté. Elle était pour lui, dans la vie comme dans la mort, l’idéal de toute jeunesse, de toute expression sublime, de toute beauté unique et incomparable. Aussi Consuelo n’avait-elle jamais pensé à lui, en s’arrangeant devant son miroir.

Mais quelle différence de la part d’Anzoleto ! Avec quel soin minutieux il l’avait regardée, jugée et détaillée dans son imagination, le jour où il s’était demandé si elle n’était pas laide ! Comme il lui avait tenu compte des moindres grâces de sa personne, des moindres efforts qu’elle avait faits pour plaire ! Comme il connaissait ses cheveux, son bras, son pied, sa démarche, les couleurs qui embellissaient son teint, les moindres plis que formait son vêtement ! Et avec quelle vivacité ardente il l’avait louée ! avec quelle voluptueuse langueur il l’avait contemplée ! La chaste fille n’avait pas compris alors les tressaillements de son propre cœur. Elle ne voulait pas les comprendre encore, et cependant, elle les ressentait presque aussi violents, à l’idée de reparaître devant ses yeux. Elle s’impatientait contre elle-même, rougissait de honte et de dépit, s’efforçait de s’embellir pour Albert seul ; et pourtant elle cherchait la coiffure, le ruban, et jusqu’au regard qui plaisaient à Anzoleto. Hélas ! hélas ! se dit-elle en s’arrachant de son miroir lorsque sa toilette fut finie, il est donc vrai que je ne puis penser qu’à lui, et que le bonheur passé exerce sur moi un pouvoir plus entraînant que le mépris présent et les promesses d’un autre amour ! J’ai beau regarder l’avenir, sans lui il ne m’offre que terreur et désespoir. Mais que serait-ce donc avec lui ? Ne sais-je pas bien que les beaux jours de Venise ne peuvent revenir, que l’innocence n’habiterait plus avec nous, que l’âme d’Anzoleto est à jamais corrompue, que ses caresses m’aviliraient, et que ma vie serait empoisonnée à toute heure par la honte, la jalousie, la crainte et le regret ?

En s’interrogeant à cet égard avec sévérité, Consuelo reconnut qu’elle ne se faisait aucune illusion, et qu’elle n’avait pas la plus secrète émotion de désir pour Anzoleto. Elle ne l’aimait plus dans le présent, elle le redoutait et le haïssait presque dans un avenir où sa perversité ne pouvait qu’augmenter ; mais dans le passé elle le chérissait à un tel point que son âme et sa vie ne pouvaient s’en détacher. Il était désormais devant elle comme un portrait qui lui rappelait un être adoré et des jours de délices ; et, comme une veuve qui se cache de son nouvel époux pour regarder l’image du premier, elle sentait que le mort était plus vivant que l’autre dans son cœur.