Traduction par Henri Albert.
Considérations inactuellesMercure de FranceŒuvres complètes de Frédéric Nietzsche, Vol. 5, tome 1 (p. Notes).


NOTES modifier

Nietzsche emploie pour la première fois l’expression « inactuel » dans une lettre qu’il écrivit, au cours de l’été, en 1869. Il y décrit Wagner : « Nous le voyons devant nous, enraciné par sa propre force, le regard élevé au-dessus de tout ce qui est éphémère, inactuel dans le meilleur sens du terme. » Mais c’est seulement quand Nietzsche revint de Bayreuth, au commencement de mai 1873, profondément chagriné et indigné par l’indifférence des Allemands à l’égard de l’art wagnérien et de l’entreprise de Bayreuth, que ce mot devint une sorte d’enseigne déployée. Le philosophe voulut soulager son cœur et manifester son indignation en écrivant les Considérations inactuelles.

La série de ces traités fut close par le quatrième, Richard Wagner à Bayreuth, bien que l’auteur se fût proposé d’en rédiger au moins treize. Certains projets qui ont été conservés en indiquent même vingt-quatre.

En mars 1874, après l’apparition de la seconde Considération inactuelle, Nietzsche écrivit : « Je sais bien que mes effusions sont celles d’un dilettante qui manque quelque peu de maturité, mais, pour moi, il importe avant tout d’amener au jour tout ce qui a un caractère polémique et négatif. Je veux commencer par parcourir toute l’échelle de mes inimitiés, de haut en bas, et d’une façon assez excessive pour que la voûte en retentisse. Plus tard, dans cinq ans, je jetterai loin de moi toute polémique et je songerai à une « bonne œuvre ». Aujourd’hui j’ai la poitrine trop oppressée par la répugnance et l’affliction. Il faut que cela sorte, bon gré, mal gré ; pourvu que cela soit définitif. J’ai encore à chanter onze de ces mélodies. »

Le pamphlet contre David Strauss fut ébauché rapidement et rédigé à Bâle depuis la fin du mois d’avril jusqu’au mois de mai 1873. En juillet il fut imprimé chez C. G. Naumann et édité en août par E. W. Fritzsch à Leipzig sous le titre de : Considérations inactuelles. Première partie. David Strauss, sectateur et écrivain (1873).

Nietzsche semble avoir songé à changer le titre de cette Considération ; il la désigne du moins, dans la liste de ses ouvrages, publiée sur la couverture de la Généalogie de la morale, en 1887, de la façon suivante : David Strauss et autres philistins. Le terme « philistin de la culture », créé par le philosophe, était devenu d’un usage si courant qu’il était généralement considéré comme le mot type de l’ouvrage, ce que Nietzsche eût peut-être voulu indiquer dans le titre même.


La deuxième Considération inactuelle fut composée à Bâle durant l’automne de 1873. L’impression, commencée en janvier 1874, à Leipzig, fut terminée en février. Erwin Rhode, le philologue ami de Nietzsche, l’aida à la correction des épreuves et proposa quelques changements qui furent presque tous utilisés. L’ouvrage parut chez E. W. Fritzsch à Leipzig.

La première édition de la Généalogie de la morale (1887) indique, sur sa couverture, la deuxième Considération inactuelle sous la forme suivante : Nous autres historiens. Contribution à la pathogénie de l’âme moderne.

La présente traduction a été faite sur le premier volume des Œuvres complètes de Friedrich Nietzsche, publié en 1893 par le Nietzsche-Archiv, chez C. G. Naumann à Leipzig.

Voici maintenant quelques notes relatives à la traduction :

Page  42, ligne 7 du bas : jeu de mot sur prendre et surprendre (es gefaellt uns nicht ob es gleich auffaellt).
 58, ligne 8 du bas : jeu de mot sur aufschlagen (ouvrir) et schlagen (frapper).
 96, ligne 12 du haut : …il lui faudrait d’abord le prendre (musste er erst einen annehmen)
 139, ligne 8 du bas : Nietzsche est ici hanté pour la première fois par l’idée de l’ « Éternel retour ».
 176, ligne 3 du bas : jeu de mot sur forme (Form) et uniforme (Uniform).
 203, ligne 4 du bas : jeu de mot sur fait (fertig) et trop fait (überfertig).
 247, ligne 11 du haut : jeu de mot sur mensonge pieux, (Nothlüge) et vérité pieuse (Nothwahrheit).


henri albert