Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture/M. de Champaigne le neveu

Texte établi par André Fontaine, Albert Fontemoing (p. 27-28).

M. DE CHAMPAIGNE LE NEVEU[1]

27 décembre 1671

Quoique la conférence de M. Blanchard ait été très belle et très éloquente, Messieurs, il y a fait paraître un petit ressentiment qui s’étend par tout le corps de son discours en justifiant avec assez de chaleur la partie de laquelle il s’est servi pour l’objet de son entretien qui est la couleur, comme si l’on l’avait offensée et qu’on lui eut voulu ôter quelque chose de son mérite. Ayant assez fait paraître que c’est la conférence que mon oncle a ouverte le 6 de juin, de laquelle il a eu la pensée qu’on voulait choquer une partie qui est admirée de tout le monde, je ne parlerais pas davantage de cette rencontre si l’Académie n’avait pas fait un arrêté (M. Le Brun y étant présent) sur le fruit qu’il est nécessaire de tirer de la conférence qui se tint au mois de juin, de sorte, Messieurs, que ce n’est plus une affaire qui regarde un particulier, mais toute la Compagnie en général. Je vous supplie, Messieurs, que si l’on a voulu mal entendre ces sentiments en l’absence de M. Lebrun, qui était malade alors, présentement que le ciel nous l’a rendu à nos vœux, que cette conférence soit relue avec celle de M. Blanchard pour la justification de mon oncle, les sentiments duquel ont toujours été très conformes à la vérité.

Présentée en Assemblée générale du vingt-septième jour de décembre 1671, par M. de Champaigne.
  1. Le cahier qui contient à la fois cette note curieuse de Jean-Baptiste de Champaigne et son discours contre Blanchard porte sur la couverture les lignes suivantes :

    « Le neveu Champaigne cite pour origine du procès la conférence ouverte par son oncle, le 4 juin 1671. Il se trompe : cette conférence a été faite le 12 de ce mois, ainsi qu’il est marqué au bas et signé par le secrétaire. Bagatelle que cela. Il parle ensuite d’un arrêté fait en conséquence par l’Académie, portant une approbation formelle de cette conférence, et je na trouve pas la moindre trace de cette approbation dans les registres. Cela fera quelque difficulté pour lier l’histoire de cette querelle. N’importe ; on fera comme on pourra. Mais tout ce procès me parait bien mal fagoté. Le mémoire de M. Blanchard est plein de sophismes. La réponse de M. Le Brun est pitoyable, et celle-ci n’est qu’un pointillage d humeur qui ne conduit à rien d’utile ni d’instructif.