Commission du Vieux Paris/19 juillet 1900

Procès-verbal de la Commission du Vieux Paris, 19 juillet 1900
Commission du Vieux Paris

procès-verbal


1. — Liste des membres présents. — Excuses.

2. — Adoption du procès-verbal de la séance du 5 avril 1900.

2 bis. — Rapport présenté par M. Selmersheim sur l’affectation de l’ancien collège des Bernardins.

3. — Présentation des nouveaux membres élus parie Conseil municipal.

4. — Demande de reproduction d’une cour intérieure rue Beaubourg, 40.

5. — Reproduction photographique de la maison sise rue La Boëtie, au coin de la rue Cambacérès.

6. — Reproduction de l’état actuel de l’église Saint-Eustache.

7. — Insertion au procès-verbal des notices écrites pour l’exposition ; de la Commission du Vieux Paris : 1° Notice de M. Lucien Lambeau ; 2° Notice de M. le docteur Capitan.

8. — Proposition de M. le docteur Capitan tendant à l’organisation de conférences ou démonstrations archéologiques dans la salle d’exposition de la Commission du Vieux Paris.

9. — Protestation de M. le docteur Capitan contre l’édicule édifié par la Compagnie d’Orléans sur le quai Saint-Michel.

10. — Communication de MM. Carot et Vantillard, peintres-verriers, relative aux vitraux de Saint-Germain-l’Auxerrois.

11. — Communication de M. le directeur de l’école de Bobigny.

12. — Hommage de photographies de l’ancienne Cour des comptes.

12 bis. — Offre à la Commission d’un plan en relief de Lutèce.

12 ter. — Bon de reproductions photographiques d’anciens Collèges de la rive gauche.

13. — Envoi, de photographies de différents chantiers du Métropolitain.

14. — Ce que possèdent les musées des départements en objets d’art et d’archéologie relatifs à Paris.

15. — Don de sculptures et de morceaux d’architecture. provenant de la chapelle de la vierge de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés.

16. — Rapport de la lre Sous-commission au sujet des réparations projetées à l’église Saint-Médard.

17. — Visite à l’Imprimerie nationale.

18. — Rapport présenté par M.-Lucien Lambeau, au nom de la 1re Sous-commission, sur la question des fontaines monumentales du faubourg Saint-Martin.

19. — Résolution relative aux plans d’expropriations.

20. — Démolition rue Beaubourg, 31. — Objets réservés.

21. — Offre à la ville de Paris, sous certaines conditions, d’un Musée préhistorique.

22. — Communication de M. le Directeur des Travaux relative au monument de Desaix.

23. — Communication relative à l’affichage sur la porte Saint-Denis.’

24. — État des caves existant encore sous la voie publique.

25. — Communication relative à la tombe de l’abbé Groult.

26. — Renseignements relatifs au fonctionnement du service des Archives du département de la Seine, quai Henri IV.

27. — Remise en état de viabilité du terre-plein du Pont-Neuf, autour de la statue de Henri IV.

28. — Restauration des verrières de Saint-Germain-l’Auxerrois.

29. — Envoi de plans parcellaires établis par le Service des expropriations.

30. — Communication relative au rapport présenté par M. Lucien Lambeau tendant à l’aménagement des œuvres d’art dans les églises.

31. — Rapport relatif aux fouilles à faire dans le lycée Saint-Louis.

32. — Rapport présenté par M. Jules Périn à l’occasion d’une visite faite par la 1re Sous-commission au château de Vincennes.

33. — Reproduction de la tour de la rue Bailly provenant de l’enceinte fortifiée de Saint-Martin-des-Champs.

34. — Plan de Paris de 1540, dit Plan de la tapisserie.

35. — Collectionnement d’articles relatifs aux monuments et travaux de la ville de Paris.

36. — Rapport de M. Charles Sellier sur les fouilles exécutées dans Paris.


La séance est’ouverte à deux heures et demie sous la présidence de M. le Préfet de la Seine, président.

1. — Liste des membres présents. — Excuses.

Assistent à la séance : MM. Dausset, Àutrand, André Laugier, Auguste Longnon, Georges Montorgueil, Charles Normand, Jules Périn, Paul Viollet, Le Roux, Le Vayer, Hyérard, Selmersheim, Wiggishoff, Doniol.

Secrétaires : MM. Lucien Lambeau, Charles Sellier, Tesson.

Excusés : MM. Alfred Lamouroux, Henri Galli, Chassaigne Goyon, Georges Gain, Quennec, docteur Gapitan.

2. — Adoption du procès-verbal de la séance du 5 avril 1900.

M. le Président met aux voix l’adoption du procès-verbal de la dernière séance.

Ce procès-verbal est adopté.

2 bis. — Rapport présenté par M. Selmersheim, au nom de la 1re Sous-commission sur l’affectation de l’ancien collège des Bernardins.

M. Selmersheim donne lecture du rapport ci-après :

Le collège des Bernardins fut fondé vers l’an 1244 par Etienne de Lexinton, anglais de naissance et abbé de Clairvaux, sur un terrain situé au lieu dit « le Chardonnet », tout près des fossés de la ville. L’établissement, protégé par Alphonse, comte de Poitiers et de Toulouse, frère de saint Louis, prit de l’extension ; destiné au début à l’éducation théologique des religieux de Clairvaux, ceux-ci en cédèrent la propriété à l’ordre de Citeaux en général en 1320. Le pape Benoît XII et le cardinal de Curti, qui avaient été religieux de cet ordre, entreprirent de faire rebâtir, à leurs dépens, le monastère et l’église des Bernardins : la première pierre de l’église fut posée le 24 mai 1338, mais ni l’un ni l’autre ne vécurent assez pour voir achever cet édifice, qui passait pour un monument d’une rare élégance et ne fut jamais achevé dans sa partie occidentale, faute de ressources. Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/144 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/145 extrême sobriété de lignes, que caractérise si bien le biseau ou le chanfrein.

De plus, s’il est exact que le collège des Bernardins a été fondé au XIIIe siècle, à l’usage seul de l’abbaye de Clairvaux, qui y envoyait ses religieux conquérir leurs grades universitaires, il n’est pas moins bien établi que la reconstruction de ce monastère (église et couvent) fut effectuée un siècle plus tard, grâce aux libéralités d’un de ses anciens professeurs, parvenu au sommet des dignités de l’église, le pape Benoit XII ; reconstruction qui, on le sait également, fut la conséquence de la cession que, en 1320, l’abbaye de Clairvaux, pour se libérer de ses dettes, dut faire de ce collège à sa maison mère, c’est-à-dire au chapitre général et à tout l’ordre de Citeaux en commun. Si bien que, destiné à recevoir désormais des élèves de toutes les abbayes de l’ordre cistercien, le collège des Bernardins prit, dès lors, une importance qui.n’était plus en rapport avec la modeste étendue de ses anciens locaux. Il lui fallait donc de nouveaux bâtiments, beaucoup plus vastes, ainsi qu’une église pour remplacer la chapelle primitive qui déjà tombait en ruines ; c’est ce qu’avait, du reste, si bien compris le pape Benoit XII, lorsqu’il entreprît la reconstruction de l’église et maison conventuelle des Bernardins, en 1338 [1].

Mais, en dépit des témoignages accrédités de nos anciens historiens, M. Selmersheim croit pouvoir maintenir que, en ce qui concerne les murs extérieurs du réfectoire, la datation à adopter ne doit viser tout au plus que le milieu du xme siècle, alors qu’il veut bien nous accorder que les colonnes et les chapiteaux de l’intérieur pourraient bien être du xive, tandis que, chose bizarre, les voûtes supportées par ces colonnes seraient encore, à son très docte avis, du XIIIe ! Dans ce cas, c’est une autre affaire, le réfectoire des Bernardins n’aurait été que restauré, sinon transformé au XIVe siècle.

Il serait pourtant bien surprenant que, dès le xnie siècle, les Bernardins fussent déjà en jouissance d’un bâtiment d’une semblable importance, alors que nous venons de voir le

pape Benoit XII, pour raison d’insuffisance et de vétusté, réédifier « église et maison collégiale », c’est-à-dire le monastère en entier, cent ans après. À mon sens, il devient donc de moins en moins probable que le réfectoire en question n’ait pas été reconstruit en même temps que l’église ; et c’est certainement la raison qui fait que les historiens et les archéologues qui nous ont précédés, n’ont pas porté leur attention sur cette hypothèse ; aussi, jusques à preuve authentique du contraire, je crois pouvoir déclarer qu’il serait peut-être très imprudent de prononcer condamnation sur leurs assertions.

En conséquence, il devient également évident que la question avait besoin d’être soulevée, et qu’elle ne peut être définitivement élucidée et tranchée que par la mise au jour ultérieure de documents plus précis et plus probants que les plus subtiles dissertations sur la valeur chronologique de tel ou tel procédé architectonique. Puisse ce desideratum accompli justifier les présentes réserves et servir d’excuse à la hardiesse de ma critique.

M. le Président pense être l’interprète de la Commission tout entière pour remercier M. Selmersheim de son très savant rapport, dont il soumet les conclusions au vote de l’Assemblée.

Les conclusions sont adoptées à l’unanimité.

3. — Présentation des nouveaux membres élus par le Conseil municipal.

M. le Président annonce que le Conseil municipal a désigné pour faire partie de la Commission du Vieux Paris MM. César Caire, Duval-Arnould, Henri Galli, Dausset. Il pense être l’interprète de la Commission en souhaitant la bienvenue aux quatre nouveaux membres.

M. Dausset, présent à la séance, est désigné pour faire partie de la 1re  Sous-commission (Inventaire).

Il est entendu que les trois autres membres seront affectés aux Commissions spéciales à la prochaine séance.

M. le Président ajoute que, d’ailleurs, suivant la tradition, les membres de la Commission peuvent faire partie de plusieurs Souscommissions ou passer d’une Commission dans une autre.

4. — Demaiide de reproduction d’une cour interieure rue Beaubourg, 40. M. le President annonce qa y k la date du 10 juillet dernier M. Andre Laugier a bien voulu signaler la prochaine demolition d’une maison sise rue Beaubourg, 40, et demander la reproduction photographique de la cour in- terieure, datant du xvn e siecle. M. le President a le regret d’annoncer que la demolition de l’immeuble signale a ete 4. — Demande dé reproduction d'une cour intérieure rue Beaubourg, 40.

M. le Président annonce qu'à la date du 10 juillet dernier M. André Laugier a bien voulu signaler la prochaine démolition d'une maison sise rue Beaubourg, 40, et demander la reproduction photographique de la cour in- térieure, datant du xvne siècle.

M. le Président a le regret d'annoncer que la démolition de l'immeuble signalé a été trop rapide pour permettre la reproduction demandée.

L'incident est clos.

5. — Reproduction photographique de la maison sise rue La Boëtie, au coin de la rue Cambacérès,

M. le Président fait part àla Commis- sion d'une demande faite par M. André Lau- gier, à la date du 5 mai 1900, tendant à la re- production photographique d'une : maison de style dit « Messidor », sise rue La Boëtie et dont la démolition était imminente.

M. le Président ajoute que la reproduc- tion a pu être faite à temps et qu'elle a été transmise au musée Carnavalet.

L'incident est clos.

6. — Reproduction de l'état actuel de l'église Saint-Eustache.

M. le Président annonce que M. le doc- teur Alfred Lamouroux a demandé qu'une reproduction photographique fût faite de l'église Saint-Eustache enveloppée des multi- ples échafaudages élevés pour sa restauration et qui donnent à l'ensemble du monument un aspect si pittoresque.

La reproduction a •• été faite - et envoyée. au musée Carnavalet.

• L'incident est clos.

7. — Insertion au procès-verbal des notices écrites pour l'exposition de la Commission du Vieux Paris.

M. le Président informe la Commission que MM. les docteurs Alfred Lamouroux et Capitan ont manifesté le désir de voir insérer dans les procès-verbaux de la Commission les

notices écrites en vue de l'exposition de la Commission du Vieux Paris, au pavillon de la Ville, à l'Exposition universelle de 1900.

M. Le Vayer rappelle qu'une de ces notices contient la description de collections particulières prêtées gracieusement à la Commission pour son exposition.

Il demande qu'il soit bien entendu que la description de ces collections particulières, insérée dans le procès-verbal, n'engage en rien la responsabilité de la Commission.

M. Le Roux partage l'avis de M. Le Vayer et dit que l'impression: au procès-verbal des notices en question n'implique aucune authentification des objets exposés dont l'origine, d'ailleurs, n'a pas été discutée et qui ont été rassemblés sous la responsabilité et la compétence de M. le docteur Capitan.

Il faut,'en effet; lorsqu'il s'agit de collections particulières, éviter recueil qui consisterait à faire . reconnaître officiellement aux objets prêtés une valeur que leurs propriétaires cherchent à leur donner.

Sous le bénéfice de ces observations, la pro- position de-MM. les docteurs Alfred Lamou- roux et Capitan est adoptée.

Suit, la teneur des notices dont il s'agit :

NOTICE RÉDIGÉE PAR M. LUCIEN LAMBEAU, .SECRÉTAIRE DE LA COMMISSION, DESTINÉE A ÊTRE BEMISE AUX VISITEURS DE L'EXPOSITION SPÉCULE :

La Commission municipale du Vieux Paris.

1. — Sa création. — Son but.

Jusqu'à ces dernières années, et avant la création de la Commission municipale du « Vieux Paris «, aucun organisme officiel émanant, soit de l'Etat, soit de la Ville, n'était chargé de veiller sur le vaste domaine historique et archéologique de la capitale.

On ne peut omettre cependant de rappeler, la création, par la Ville, en 1854, d'un poste d'architecte archéologue dont le titulaire devait être chargé de l'inspection des fouilles opérées dans Paris. Mais il convient d'ajouter que cette fonction fut, quelques années plus tard, rattachée, au service des Travaux historiques, dont l'attribution dominante a toujours été la publication d'ouvrages relatifs à l'Histoire de Paris.

Sans doute, l'hygiène, la lumière, l'eau pure, la saine viabilité, constituent la manifestation essentielle et primordiale d'une municipalité soucieuse de la prospérité de sa ville; mais ces nécessités pour si indispensables qu'elles soient, ne sauraient y suffire entièrement et d'autres éléments doivent apparaître pour parfaire, dans le domaine municipal, l'union des besoins matériels avec ceux, plus relevés, qui confinent à l'art et au souvenir.

A côté de ces nécessités ordinaires,-indispensables sans doute au développement de toute grande cité, une, large .place ne doit-elle pas être faite à son histoire? Et pour que cette histoire se puisse mieux lire, ne doit-on pas apporter tous ses soins à en conserver les vestiges encore debout?

Quelle leçon de choses admirable, pour apprendre le passé d'une ville, qu'une promenade à travers ses monuments, ses vieilles.rues, ses antiques maisons !

Et quelle ampleur, quel développement prend tout à coup cette leçon quand la ville à connaître s'appelle Paris!

Ses rues tortueuses, ses maisons bizarres, ses vieux monuments, ne sont-ils pas les témoins, souvent les acteurs de cette vivante histoire de la grande ville dont chacune des lignes pourrait servir d'en-tête aux cha- pitres de celle de la France !

Certes, la tâche est immense et la responsabilité lourde d'assurer cette chose, dont le but est de con- server à Paris son rayonnement sur le monde par ses aspects et ses souvenirs. Car, à côté des besoins ma- tériels inhérents à la vie quotidienne, à côté de la pieuse conservation des vestiges du passé, il faut encore prévoir, dans la marche incessante vers le pro- grès, un embellissement raisonné et judicieux qui doit lui conserver, tout en.la parant davantage, son carac- tère de ville du passé, de. ville-ancêtre.

« Il n'est pas possible, écrivait Victor Hugo, que Paris, la ville de l'avenir, renonce à l'a preuve vivante qu'elle a été là ville du passé. »

Combien de délicatesse ne doit-elle pas avoir, la main chargée du soin de la conservation de cette cité unique, édifiée lentement à travers les âges, d'un spé- cimen de chacun d'eux et formant un ensemble qui s'harmonise et s'estompe dans l'atmosphère la plus délicate qui se puisse voir, l'atmosphère parisienne.

Il ne faut pas oublier que le charme et la beauté qui émanent de Paris sont le. principal élément de sa prospérité et qu'ils sont le foyer auquel s'alimentent l'artiste, l'artisan, l'ouvrier parisien dont les incompa- rables productions font sa gloire et son éclat. 11 serait inutile de chercher ailleurs la source de leur bon goût et de leur talent; elle prend assurément sa vie dans l'ambiance de cette accumulation de belles choses qui se déroulent sans cesse sous leurs yeux.

Paris, sous ses multiples aspects, n'est-il pas le plus étonnant modèle dont puissent s'inspirer le génie, le talent, le travail?

Ses musées aux richesses sans nombre, ses monu- ments, dont les architectures diverses indiquent si éloquemment la longue traversée des âges, ses pers- pectives aux allures grandioses qui symbolisent si hautement la capitale d'un grand pays, son fleuve incomparable dont les lointains fuyants nous mon- trent, dans un panorama unique au mondo, les profils fantastiques des forteresses du moyen âge, les masses imposantes des palais de la monarchie, et les multi- ples clochers, dômes et campaniles qui silhouettent son horizon.

Ses plantations, enfin, luxuriante forêt parisienne, si chères à sa population et qui lui donnent, le prin-

temps venu, cet air de fête et de renouveau que l'on chercherait vainement ailleurs.

Toute cette longue suite de merveilles n'est-elle pas la source sacrée de laquelle jailliront les arts, les sciences, les lettres, dont Paris est la vraie patrie ?

Si les municipalités passées ont eu toujours pour but constant l'amélioration matérielle des conditions do la vie de leurs administrés, elles ne sont pas toujours exemptes de reproches en ce qui concerne la conserva- tion des monuments laissés par les âges précédents. Elles eurent souvent la main lourde et, sous prétexte d'air et de lumière, bien des exécutions sommaires furent consommées que n'eussent pas désavouées les iconoclastes des premiers temps de la chrétienté :

Le donjon du Temple,, ce formidable souvenir du passé, forteresse taillée dans le granit, à l'aube de notre histoire, pour le service d'une monarchie qui devait plus tard s'y éteindre, ne trouva pas grâce, en 1811, devant l'Empire vainqueur.

Ne devait-on pas, en 1845, avec la complicité de l'architecte Hittorf, mutiler la merveilleuse construc- tion gothique, du cloître des Bernardins pour y ins- taller une caserne de sapeurs-pompiers qui eut cer- tainement trouvé place à coté.

Une administration municipale qui n'est pas bien loin de nous et qui a conservé la réputation d'avoir fait de grandes choses, n'hésita pas, dès son aurore, à jeter brutalement par terre la vieille tour de la Com- mande™ de Saint-Jean-de-Latran, édifiée sous le règne de Philippe-Auguste. Quelles que furent les sollicitations des érudits et des artistes, inexorable- ment, le donjon condamné tomba en 1854 pour laisser passer la rue,des Ecoles. La tour Bichat eût pu, de l'avis des hommes compétents, être sauvée sans nuire ,à l'ouverture de la rue.

Celte même administration, qui débuta comme on vient de le voir, devait terminer sa carrière, en 1869 et 1870, par la destruction impitoyable d'une grande partie des arènes gallo-romaines situées sur le passage d'une rue projetée.

Un grand émoi s'empara à cette occasion du monde savant, des démarches furent faites, mais inutilement.

On ne comprit pas, sans doute, puisqu'on laissa faire.

Et le passage de la rue Monge fut cause que le premier théâtre parisien est à jamais mutilé.

Une légère et facile déviation de la voie eût permis de conserver l'intégralité de ce grand souvenir.

La tour Saint-Jacques-de-la-Boucherie, cette pure fleur gothique, éclose en pleine Renaissance, à l'avril du xvi" siècle, n'aurait-elle pas aussi disparu, sans raisons et sans motifs, si la grande voix de Victor Hugo ne l'avait sauvée comme elle devait plus tard sauver celle de l'enceinte fortifiée du monastère de Saint-Martin-des-Champs, au coin de la rue du Vertbois.

Est-il nécessaire de citer encore la démolition du vieux logis des princes de la Trémouille, édifié au xv" siècle rue des Bourdonnais et que n'essayèrent même pas de sauver, en 1841, l'Etat et la Ville..

Des quelques vestiges de cette merveille de pierre,’ accrochés dans la cour de l'école des Beaux-arts, ne semble-t-il pas qu'il tombe comme l'éternel reproche de l'oeuvre mutilée à l'inconscient démolisseur !

• Que de lamentables choses on pourrait encore ajouter au long martyrologe de ces grands ancêtres parisiens.

Ils ne furent pas toujours, on le voit, entourés de la respectueuse et familiale sollicitude que le fils reconnaissant doit aux aïeux qui vécurent l'histoire de sa race.

Quoi qu'il en soit, et malgré les pertes irréparables consommées, l'heure ne semble pas aux récriminations.

La municipalité parisienne actuelle a voulu voir les choses de haut et accepter la situation telle que la lui laissèrent ses prédécesseurs.

Elle a compris qu'aucune ville ne serait comparable à Paris si ses administrateurs voulaient toujours avoir présent à l'esprit, au milieu des multiples besoins qu'ils ont à satisfaire, le respect de son histoire et le souci constant de la conservation de ses monuments, de ses curiosités et de Sfes aspects.

Il lui est clairement apparu que les améliorations, éternellement perfectibles, que réclament la vie mo- derne et le bien-être social, n'étaient pas inconciliables avec une orientation plus artistique de l'aménagement de la cité et un plus grand respect des vestiges de son passé.

De cette idée devait naître la Commission municipale du « Vieux Paris ».

Quoique un peu tardive, on peut affirmer qu'elle est venue à son heure, à cet instant où une coquetterie de bon aloi semble s'être emparée de la Ville.

N'assiste-ton pas à une renaissance de la construc- tion parisienne remplaçant la monotonie des lignes froides et ennuyeuses de ces dernières années. Les façades se diversifient en réminiscences des styles du passé, mis au point des nécessités de la construction moderne ; des tentatives fort louables sont faites de styles nouveaux, qui déconcertent quelquefois, mais donnent aussi l'espoir des choses souhaitées et attendues.

Les temps semblent donc venus où sous la poussée d'une généreuse initiative et avec l'appui d'une édilité soucieuse de ses devoirs, une allure plus artistique va être imprimée aux constructions et aux aspects de la grande cité, et où un soin plus respectueux, une attention plus savante, une piété plus filiale sera apportée à la conservation des souvenirs encore exis- tant de par la ville ou ensevelis dans les profondeurs du sol.

" Rechercher les vestiges du vieux Paris, en dresser l'inventaire, constater leur état actuel, veiller dans la mesure du possible à leur conservation, recueillir les épaves de ceux qu'il serait impossible de conserver, suivre au jour le jour des fouilles qui pourraient être entreprises et les transformations de Paris jugées nécessaires, au point de vue de l'hygiène, de la circu- lation et des nécessités du progès, et en fixer des images authentiques ; en un mot tenir les Parisiens, par l'intermédiaire de leurs élus, au courant de toutes les découvertes intéressant l'histoire de Paris et son aspect historique. »

Ainsi s'exprima M. le docteur Alfred Lamouroux, devant ses collègues de l'Hôtel de Ville, à la séance du Conseil municipal du 15 novembre 1897. ,

Adoptée par l'Assemblée municipale, cette proposition trouva dans M. de Selves, Préfet de la Seine, un appui immédiat qui se traduisit par la nomination d'une grande Commission composée, selon le texte même du projet, des :

« Conseillers municipaux élus par leurs collègues, des chefs de service de l'Administration, et des tech- niciens pris, autant que possible, dans ces réunions d'érudits, de chercheurs et de fervents de l'histoire parisienne. »

IL — Résultats obtenus.

A peine créée, la Commission du « Vieux Paris » eut à s'occuper d'une importante découverte faite dans l'île de la Cité, sur un emplacement situé entre la rue Chanoinesse et la rue du Cloître-Notre-Dame. En creusant une fouille destinée à l'édification d'un groupe de maisons, un mur antique fut mis à jour qui développait environ 13 mètres du côté de l'est et 3 mètres vers l'ouest. Ce mur, qui offrait une épais- seur de 2 mètres et dont la construction gallo- romaine de grand appareil, était indiscutable, fut soi- gneusement relevé et reconnu, de l'avis général des membres de la Commission, pour un fragment de la première enceinte de la cité édifiée à la fin du iv* siècle.

En démontant une partie de ce mur, d'intéres- santes inscriptions furent découvertes entre les joints des pierres et identifiées par des membres de l'Aca-. demie des inscriptions et belles-lettres concurremment avec des membres de la Commission du Vieux Paris. Ces inscriptions gravées en lettres cajjitales et en cursives latines, présentaient un grand intérêt, en ce sens, qu'on y retrouvait les noms d'anciens habitants de Lutèce.

Enlevées avec soin, les pierres gravées furent en- voyées au musée Carnavalet.

Une disposition très heureuse, dont l'importance n'échappera pas, fut celle adoptée au cours des pre- mières séances, et tendant à insérer dans les cahiers des charges des entrepreneurs de travaux publics une clause spéciale réservant à la Ville la propriété des objets présentant un intérêt artistique ou historique qui pourraient être mis à jour au cours des travaux entrepris par elle et exécutés par des particuliers.

Cette décision permet à la Ville de rentrer en pos- session d'une quantité de ces objets divers, dont le sol parisien est quelquefois si prodigué, et dont la pro- priété pourrait souvent lui échapper.

Elle fut assez heureuse, également, pour obtenir de l'Administration municipale, préalablement à leur exé- cution, la communication de tous les projets d'opéra- tions nouvelles susceptibles d'entraîner la disparition de monuments étant par eux-mêmes des oeuvres d'architecture ou des souvenirs historiques.

On comprendra l'importance de cette disposition quand on saura, par exemple, qu'un projet d'aligne- ment, exécuté à la. lettre, pourrait faire tomber la tourelle de la rue Vieille-du-Temple ou enlever une partie de l'hôtel Carnavalet.

En ce qui concerne les fouilles du vieux sol pari- sien, si nombreuses au cours des années 1898 et 1899 en raison des travaux du Métropolitain et du prolon- gement de lignes de chemin de fer, des mesures fu- rent prises, dont le but était de profiter de cette occa- sion unique qui s'offrait de reconnaître et d'explorer le sous-sol de la grande Ville et d'en fixer la compo- sition. Le remaniement des égouts de la rive gauche, nécessité par le transfert de la gare d'Orléans au quai d'Orsay, fut le point de départ de travaux très impor- tants pour la Commission et de découvertes archéo- logiques du plus haut intérêt. C'est ainsi que furent retrouvées, à l'entrée de la rue des Ecoles, les sub- structions de la porte Saint-Victor, dépendant de l'en- ceinte de Philippe-Auguste, substructions ayant gardé dans leurs décombres une pièce d'artillerie datant du xiv° siècle. Des galeries et des caves de grandes dimen- sions furent également retrouvées rue de la Bûcherie et rue Lagrange : anciens organismes souterrains du vieil Hôtel-Dieu, dont il sera bien difficile de préciser la primitive affectation.

Au cours de ces travaux beaucoup d'objets de toutes sortes furent mis à jour : poteries gallo-romaines et du moyen âge, ustensiles, chapiteaux de pierre, etc., dont les meilleures pièces sont aujourd'hui dans les collections du musée municipal.

Afin de réunir toutes les garanties désirables au sujet de la reconnaissance du sous-sol, un service spé- cial fut organisé sous la surveillance de l'Inspecteur des fouilles archéologiques de la Ville, avec l'aide d'un Inspecteur des carrières mis à la disposition de la Commission.

Grâce à cette mesure, un plan géologique a pu être constitué avec les indications les plus exactes et les plus complètes.

En même temps il était dressé un plan archéolo- gique, sur lequel la Commission fit soigneusement reporter l'indication de toutes les trouvailles et de tous les vestiges rencontrés au fur et à mesure de ses tra- vaux.

Il serait superflu de souligner l'intérêt que présente- ront ces deux plans, après quelques années d'exis- tence de la Commission.

Il est juste d'ajouter, à cette occasion, qu'un témoi- gnage de reconnaissance doit être envoyé aux diverses compagnies de chemins de fer, qui ont entrepris depuis deux ans de gigantesques travaux souterrains dans Paris, pour les nombreux renseignements fournis et l'empressement mis par elles à seconder les efforts que fait la ville de Paris pour recueillir et conserver les souvenirs de son passé.

Cet empressement, d'ailleurs, est égal de la part des diverses administrations de la Ville, du Département et de l'Etat. H est des plus précieux à la Commission du « Vieux Paris » et lui permettra de mener à bien l'oeuvre qu'elle a entreprise.

Dans un autre ordre d'idées, il a semblé qu'il serait peut-être d'une grande utilité pour la municipalité parisienne de connaître les dispositions prises par les grandes villes de l'Europe pour la conservation de leurs monuments et de leurs souvenirs historiques.

La Commission du « Vieux Paris » pensa qu'elle ne pourrait mieux faire, pour l'exécution de son mandat, que de s'inspirer des décisions prises par les grandes cités pour le meilleur aménagement de leurs richesses et de leurs antiquités.

Une enquête très étendue, entreprise par elle à ce sujet et dont on trouvera les résultats insérés dans ses procès-verbaux, montre irréfutablement que Paris n'a pas eu seul ce grand souci de la conservation des ves- tiges des âges antérieurs et qu'il n'est pas la seule ville qui veuille les faire servir à l'éducation de tous.

Quelques-uns des règlements et prescriptions éla- borés par certaines municipalités étrangères, princi- palement par celles de la Belgique, offrent un intérêt de premier ordre et peuvent servir de modèles.

La Commission fut heureuse de prendre l'initiative d'en reproduire des spécimens dans le recueil des ses travaux.

Au milieu des préoccupations d'un mode de travail à créer de toutes pièces et dans le tâtonnement des premiers jours, la Commission entreprit d'entamer des négociations pour l'acquisition par la Ville du fameux hôtel de Lauzun, laissé vacant à la mort de son pro- priétaire, M. le baron Pichon.

Il fallait sauver à tout prix ce fastueux et splendide logis du grand siècle, dont les boiseries, les peintures et les dorures marquent une date dans l'histoire de l'art décoratif et montrent d'une façon si éloquente ce qu'était le luxe seigneurial de ces époques orgueilleuses et solennelles.

Il fallait éviter cette chose lamentable d'un dépeçage et d'un éparpillement entre de multiples collections, de cet ensemble décoratif unique à Paris.

S'il était bien d'empêcher la dispersion de spécimens dont la magnificence réside surtout dans la réunion de toutes les parties, il fut mieux de décider la Ville à en faire l'acquisition totale, en bloc, contenant et contenu, pour l'incorporer à son domaine.

L'honneur de ce résultat revient un peu,sans doute, à la Commission du « Vieux Paris », dont la voix fut entendue comme elle devait l'être plus tard à propos du dégagement du musée de Cluny, mais il convient d'y associer grandement le Conseil municipal, qui n'hésita pas à suivre l'indication donnée par elle afin d'assurer désormais la conservation intégrale de cet hôtel de grand luxe, qui représente si bien l'habita- tion princière du xvu" siècle.

Parmi d'autres mesures conservatoires prises par la Commission, il est nécessaire d'en signaler une qui contribuera certainement à enrichir les collections de la Ville et à orner ses établissements spéciaux de pro- ductions des différentes manifestations de l'art indus- triel parisien.

Il s'agit d'une décision aux termes de laquelle des instructions seront données pour qu'elle ait connais- sance des plans parcellaires des immeubles expropriés pour Être démolis, et pouvant contenir des objets inté- ressants au point de vue artistique ou historique.

La Commission a reconnu, à cette occasion, que la vieille, industrie parisienne du fer et du bois était largement représentée dans les anciennes maisons appelées à disparaître pour les besoins de la vie moderne. Elle s'est souvenu, pour le travail du fer, combien les vieux logis encore existants de par la Ville, étaient riches en ferronneries forgées, ornant de leurs dessins élégants, les fenêtres et les escaliers. Elle s'est rappelé, pour celui du bois, avec quel art on le travail- lait aux siècles derniers et combien d'échantillons il en restait, nombreux et variés, dans ces antiques maisons destinées à disparaître, enlevées pour les besoins de l'inéluctable alignement.

Il lui apparut que ces matériaux d'art, étant la pro- priété de la Ville, rien ne serait plus simple et plus intéressant que de les lui conserver en les réinstallant ailleurs.

La formule trouvée pour la réalisation de cette idée, fut celle-ci : Réédifier, par exemple, dans tel ou tel édifice municipal, en cours de construction ou de répa- ration, soit une magistrale rampe d'escalier du xvn" ou du xviii" siècle, soit de beaux appuis de fenêtre ou de fines boiseries sculptées, à réserver des démolitions pouvant intervenir.

Grâce à cette décision préservatrice, de beaux mor- ceaux d'art sont entrés dans les collections de la Ville, parmi lesquels il faut citer de délicates boiseries du plus bel effet, provenant de l'expropriation d'un grand hôtel de la rue de Varenne, démoli pour le passage du bou- levard Raspail.

Il lui sembla, d'autre part, qu'il y aurait tout profit, pour les jeunes apprentis des écoles professionnelles parisiennes du fer et du bois, à avoir constamment sous les yeux, dans leurs écoles, des spécimens bien choisis de ces matériaux artistiques dont les qualités d'élégance et de travail n'ont pas été dépassées de nos jours.

Qu'y avait-il à faire en cette occurrence, sinon demander, à l'Administration municipale, un asile dans les écoles d'apprentissage, pour abriter quel- ques-uns de ces modèles, arrachés par l'expropriation aux bâtisses pour lesquelles ils avaient été créés ?

La municipalité répondit par l'affirmative.

Il est permis de rêver, comme conséquence et dans un temps prochain, la création dans les écoles profes- sionnelles, de musées d'art industriel correspondant à chacun des enseignements donnés et ayant pour base les antiques matériaux artistiques procurés par la Commission du « Vieux Paris ».

La délicate question du classement des monuments parisiens présentant un caractère d'art ou d'histoire devait également l'intéresser. L'extension de la liste fixée par l'Etat fut l'une de ses plus grandes préoccu- pations.

Il est de toute évidence, en effet, que des monu- ments absolument admirables et de premier ordre au point de vue de l'art, ne figurent pas sur la nomencla- ture du ministère des Beaux-arts.

La Commission du « Vieux Paris » pensa qu'un des premiers articles de son programme 'devait être la conservation du plus grand nombre possible de ces monuments épars un peu partout dans la capitale et qui sont comme la couronne de sa gloire et la marque de sa grandeur.

Le classement à titre de monument historique, en

vertu de la loi du 30 mars 1887, étant l'un des plus sûrs garants contre le vandalisme et la déprédation, la Commission poursuivit l'idée de faire rentrer sous cette aile tutélaire et préservatrice, quelques-unes de ces grandes pages d'architecture qui n'ont pu encore y trouver place.

La difficulté, malheureusement, est grande pour obtenir le classement; c'est un contrat pour lequel la loi, ne voulant léser personne, exige le consentement mutuel des parties : le propriétaire et l'Etat.

C'est évidemment à cette difficulté qu'il faut faire remonter la pauvreté de la liste parisienne des monu- ments qui ont bénéficié de cette sage mesure.

Parmi ceux qui n'y figurent pas, la Commission releva l'ancien hôtel de Toulouse dépendant de la Banque de France;

Le Palais Royal ;

L'ancien réfectoire des Cordeliers, actuellement musée Dupuytren ;

L'ancien hôtel de Rohan, aujourd'hui Imprimerie nationale ;

L'Arc de Triomphe de l'Etoile ;

L'hôtel Scipion Sardini, actuellement Boulangerie des hôpitaux ;

L'hôtel Montholon, ancienne maison Sallandrouze ;

La maison de Nicolas Flamel;

La tour de Dagobert;

Les regards des anciennes eaux de Belleville et du Pré Saint-Gervais ;

La place des Victoires ;

La tourelle de la rue Hautefeuille.

L'hôtel de Sens;

L'hôtel de Lauzun ;

La Tour de la rue Bailly, provenant de l'enceinte fortifiée du monastère do Saint-Martin-des-Champs;

L'hôtel Lamoignon;

L'hôtel d'Aumont;

L'église de l'Assomption, etc., etc.

Combien de choses intéressantes il serait possible encore d'ajouter à cette nomenclature !

Quoi qu'il en soit, et grâce aux efforts de la Commis- sion, un commencement de satisfaction lui a été récemment donné et des arrêtés de classement ont été pris concernant l'hôtel Scipion Sardini, le groupe en bas-relief des Chevaux du Soleil, qui surmonte la porte des anciennes écuries de l'hôtel de Rohan, au- jourd'hui Imprimerie nationale, et les anciens regards des eaux de Belleville et du Pré-Saint-Gervais.

De l'ancien hôtel Scipion, il reste une. délicieuse galerie de la Renaissance italienne de la plus belle conservation.

Le groupe des Chevaux du Soleil ou des Chevaux à l'Abreuvoir est un admirable morceau d'art de Le Lorrain. Il est malheusement surmonté de construc- tions hétéroclites qui nuisent à son harmonie et vien- nent tempérer le charme qui se dégage de sa compo- sition. Le classement prononcé aura peut-être pour effet de le faire dégager.

Les anciens Regards présentent un intérêt considé- rable au point de vue de l'alimentation en eau du Paris de jadis. Ils sont les témoins, solides encore, qui protégeaient ces minuscules ruisselets, captés aux environs, et qui, goutte à goutte, amenaient leurs eaux jusque dans l'intérieur de Paris.

Un travail important sur les anciennes sources pari- siennes, élaboré au sein de la Commission, montre toute l'importance qui s'attache à ces Regards et com- bien leur conservation est intéressante au point de vue du souvenir qu'elle évoque. Celui de la Lanterne, particulièrement, d'une grande importance de construc- tion, présente à la vue une superbe coupole de pierre, édifiée au commencement du xvn° siècle et surmontée d'un lanternon.

Il protège l'entrée de cet aqueduc, dont la puissante ossature a défié le poids des siècles et dont la construc- tion remonte vraisemblablement aux temps lointains de Philippe-Auguste.

Arers la fin de l'année 1898, fut agitée dans l'opinion la question de savoir si les restes des plus illustres parmi ceux qui portèrent le grand nom de Turgot, étaient réellement inhumés à l'hospice des Incurables, dont ils avaient toujours été les protecteurs.

L'identification de ces tombes ayant été décidée par les représentants autorisés de cette famille et par l'Ad- ministratinn municipale, il a paru à celles-ci que seule, la Commission du Vieux Paris, émanation de la Muni- cipalité parisienne, devait être chargée de cette délicate opération, en raison du caractère officiel dont elle est investie et aussi pour le maintien de cette tradition de respect que Paris professe pour ses morts.

Un travail préparatoire d'une documentation com- plète et rigoureuse, qui.peut être considéré comme une page éloquente et scrupuleusement exacte de l'histoire d'une famille qui donna un grand ministre à la France et un prévôt des marchands à Paris, oeuvre d'un membre de la Commission, vint apporter les éléments historiques nécessaires à l'exhumation projetée.

Les présomptions se réalisèrent de point en point et au milieu de la respectueuse attitude des assistants, en présence des représentants de la famille et de ceux de la ville de Paris, quatre tombes furent mises à jour qui contenaient les restes du ministre de Louis XVI, Anne-Robert-Jacques Turgot, de Michel-Etienne Turgot, prévôt des marchands, de l'intendant de Limoges Antoine Turgot et enfin de Jacques Turgot, bienfaiteur de l'hospice des Incurables.

Cette constatation faite, et ce point d'histoire pari- sienne définitivement éelairci, les sépultures rentrèrent dans le silence et le recueillement de cette chapelle des Incurables, qui les abrita si longtemps.

Il a été indiqué, dans les premières pages de cette notice, comment fut retrouvée, â la pointe orientale de la Cité, une partie de l'antique muraille de la Lutèce gallo-romaine. Depuis cette époque (décembre 1897), la Commission du « Vieux Paris » étudiait la possibilité de reprendre sur d'autres points la recherche de la fameuse enceinte qui protégea contre l'envahisse- ment des barbares la bourgade gauloise devenue cité romaine.

Des fouilles furent entreprises à cet effet, en décem- bre 1898, sur deux endroits opposés de la Cité : le premier sur la rive nord, rue de la Colombe; le second sur la rive sud, dans le square de l'Archevêché.

Si la seconde fouille devait donner un résultat négatif, du moins en ce qui concerne la muraille, il n'en fut pas de même de celle qui eut lieu rue de la Colombe, et, aux premiers coups de pioche, le mur d'enceinte apparut, tel qu'il s'était déjà montré un an auparavant à la pointe est de l'île.

Il serait superflu d'insister sur l'importance de ce résultat qui complète heureusement les découvertes précédentes faites sur le même objet : à Saint-Landry en 1829, au Parvis Notre-Dame en 1847 et à l'angle du quai aux Fleurs et de la rue du Cloître Notre-Dame en décembre 1897.

Le vieux sol parisien, on le voit, sait conserver intacts les grands vestiges du passé. Une autre trou- vaille, d'une importance également capitale et d'un intérêt historique de premier ordre, le prouve surabon- damment et montre que les choses que l'on croit sou- vent à jamais disparues, ont quelquefois conservé une existence insoupçonnée.

Il s'agit des substructions d'une des tours de la Bastille, mises à nu par suite des travaux du Métro- politain.

Là, encore, la Commission du « Vieux Paris » put suivre le dégagement complet de cette tour qui fut jadis celle de la Liberté, au temps où la sombre prison muselait la vieille rue Saint-Antoine.

Elle en fit soigneusement le relevé avec la descrip- tion complète et obtint du Conseil municipal sa réédifi- cation sur le quai des Célestins, à quelques mètres de l'endroit où elle fut reconnue.

Ainsi, deux Liberté, l'une idéale, l'autre matérielle, devaient survivre à la forteresse du moyen âge, à ce symbole de la tyrannie, pour parler le langage imagé de ses démolisseurs : la première conquise pâl- ies Parisiens d'alors; la seconde, retrouvée par ceux d'aujourd'hui.

Sans vouloir insister plus longtemps sur le produit plus ou moins fructueux des fouilles exécutées dans Paris, sous le contrôle de la Commission, on doit à la vérité de dire qu'elles furent presque toujours couron- nées de succès :

C'est ainsi qu'un grand nombre de cercueils en plâtre et en pierre des époques gallo-romaine, mérovingienne et du moyen âge furent retrouvés aux abords de Saint- Germain-l'Auxerrois, à la culture-Sainte-Catherine et à l'église Saint-Pierre-de-Montmartre; que la rigole ro- maine qui conduisait, sous l'empereur Julien, les eaux de Rungis au palais des Thermes, fut découverte rue Saint-Jacques, aux coins des rues Malebranche et Royer- Collard; que fut relevée, au bord do la Seine, près de la rue du Petit-Pont et de celle de la Bùcherie, la preuve de l'existence, en cet endroit, d'habitations gauloises, gallo-romaines et mérovingiennes; que les charniers du cimetière de Saint-Paul purent être décrits et reproduits à l'instant où la pioche du démolisseur allait procéder en partie à leur effondrement.

11 convient d'ajouter que la place était toute trouvée dans le musée municipal do l'hôtel Carnavalet pour re- cevoir les nombreux objets trouvés au cours de ces travaux : armes, ustensiles, poteries et autres souve- nirs de la vie parisienne d'autrefois.

II est indispensable, avant de quitter le terrain dès fouilles, de parler des investigations auxquelles vient de se livrer la Commission, afin de rechercher les vestiges d'un théâtre gallo-romain situé presque en- tièrement sous le lycée Saint-Louis.

Les abords et l'emplacement de ce théâtre, dont l'existence est à peu près complètement ignorée, avaient été soigneusement relevés et décrits par un architecte archéologue qui fut pendant de longues années au service de la Ville, M. Théodore Vacquer, et dans les papiers duquel fut retrouvé le rapport complet, accompagé de notes, de croquis et de plans.

Le fructueux résultat des constatations faites par la Commission est tout à l'honneur de M. Vacquer. Les indications consignées par lui, dans ses travaux per- sonnels, se trouvant confirmées par l'enquête, mon- trent l'intérêt des documents laissés par ce trop modeste serviteur.

A plusieurs reprises, la Commission eut également à s'occuper des rues de Paris, aux différents points de vue des noms, des plaques indicatives et du numéro- tage.

Elle demanda et obtint de la municipalité que les vieux noms, dont les orthographes bizarres indiquent si exactement l'âge des voies qui les portent, soient conservés intacts en raison des souvenirs locaux qu'ils rappellent, des industries disparues qu'ils signalent, des faits historiques et quelquefois burlesques qu'ils évoquent.

Pour les plaques indicatives, elle a aussi demandé et également obtenu la conservation des anciennes inscriptions dont le nombre est encore considérable et qui sont gravées dans la pierre même des maisons.

La comparaison est souvent curieuse entre le nom d'hier et celui d'aujourd'hui ; elle est suffisante pour éveiller dans l'esprit du passant l'idée de la recherche et le désir de savoir.

Le résultat ne sera pas à dédaigner et le chercheur n'aura pas perdu son temps chaque fois que la chose trouvée devra être pour lui un enseignement.

En ce qui concerne les numéros des immeubles, la question n'est pas de mince importance, On sait quelle difficulté l'on rencontre, au cours de recherches historiques, pour identifier une maison ancienne ayant subi plusieurs numérotages successifs. On s'en rendra facilement compte à la lecture de diverses 'études publiées dans les procès-verbaux de la Commission et dues à plusieurs de ses membres.

L'historien ou le simple chercheur, souvent arrêté, pour cette raison, au seuil même de ses travaux, est absolument désorienté dès qu'une décision adminis- trative, promulguée dans le silence des bureaux, vient apporter une nouvelle numérotation modifiant les pré- cédentes.

Les meilleures raisons ont démontré que la chose, si regrettable qu'elle puisse être, était dans certains cas inévitable. Un palliatif restait, que les mêmes

bureaux accordèrent à la Commission du « Vieux Paris », à savoir une publicité large et judicieuse faite, à l'avenir, pour tous les actes concernant la modification du numérotage des maisons.

La conservation de l'aspect des rues et des places publiques devait, comme le maintien des vieux noms et comme le numérotage des immeubles, solliciter l'attention de la municipalité.

Depuis l'irrémédiable perte de la belle ordonnance de la place des Victoires, dont la grandiose et solen- nelle symétrie devait à jamais disparaître à la suite de concessions et de faiblesses de toutes sortes, un courant qui prit naissance dans le sein de la Com- mission du «Vieux Paris», sembla se dessiner dans la population parisienne en faveur de la stricte obser- vation des règlements relatifs aux voies classées.

La place Vendôme, la rue Royale, la place des Vosges, sont livrées, on ne le sait que trop, à un assaut continuel de l'enseigne commerciale et de la réclame industrielle.

Elles constituent cependant les seuls et rares sou- venirs de ces somptueux quartiers qui faisaient autrefois la grandeur de la capitale. Elles sont ce qui reste à Paris de ces grandes pages d'architecture urbaine, de ces ensembles symétriques et harmonieux, conçus et édifiés à la gloire des différentes époques de notre histoire.

La Commission du « Vieux Paris », sans nier les besoins si respectables du commerce et de l'industrie, pensa que leur installation, dans ces maisons d'un autre âge qui semblent si peu faites cependant poul- ies recevoir n'était pas incompatible avec la stricte observation du respect de la façade, prescrit dans un but de décoration générale.

Elle obtint de l'Administration municipale que les droits de la Ville seraient rigoureusement maintenus, les servitudes imposées aux propriétaires n'ayant pas été abolies.

Puisse cet engagement, donné par les services admi- nistratifs à la Commission du Vieux Paris, sauve- garder le peu qui reste de celte partie du patrimoine d'art de la grande cité et arrêter le vandalisme nais- sant qui semble vouloir s'abattre sur les deux seuls points de la capitale qui subsistent probablement encore dans leur intégralité : la place Vendôme et la place des Vosges.

Dans ce patrimoine, qui comprend tant de choses remarquables, brillent au premier rang les églises et les édifices religieux.

Presque toutes les églises parisiennes, on le sait, sont le bien de la Ville ; à ce titre il a paru à la Commission municipale, organe officiel de la Cité, qu'il lui appartenait de connaître do quelle façon était entendue la mise en valeur des nombreuses oeuvres d'art qui en font la décoration.

Il résulte d'une enquête ordonnée par elle que l'orientation artistique qui devrait présider à l'aména- gement do ces édifices fait presque partout défaut. Aucun souci n'apparaît du parti décoratif qu'il serait possible de tirer d'un tableau ou d'une statue.

La question d'art semble indifférente à ceux qui’ sont chargés de veiller à l'aménagement du temple. A peine paraissent-ils se douter des trésors qu'il ren- ferme.

Peu importe qu'une peinture -connue et classée dis- paraisse dans l'ombre obscure d'un bas côté !

Peu importe la fermeture d'une chapelle dont l'inaccessibilité privera le public de la vue des objets d'art qu'elle peut contenir !

Les résultats de cette néfaste indifférence furent signalés à la Commission et l'Administration muni- cipale voulut bien intervenir auprès des fabriqnes dans le but de la faire cesser.

A côté de cette recherche d'un meilleur aménage- ment des édifices religieux, il convient d'indiquer une étude fort consciencieuse entreprise par la Com- mission, concernant les vitraux anciens des églises parisiennes.

A de nombreuses reprises, fut soulevée la question de restauration des plus remarquables parmi eux ; des visites furent faites sur place appuyées de savants rapports émanant des peintres-verriers les plus qua- lifiés.

Un premier résultat vint couronner ces efforts et le Conseil municipal, que les questions d'art ne laissent jamais indifférent, prit à sa charge la restauration d'une certaine partie des verrières anciennes de Saint- Germain-rAuxerrois.

Il est utile de rappeler, avant de sortir du domaine des églises que, sur ses instances et après de nom- breuses négociations, la Commission obtint de la Ville et de la fabrique de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, la restauration d'un beau tableau de Corot et l'amélio- ration de l'éclairage de la chapelle qui le renferme.

Enfin, et pour terminer cette longue énumération, il convient de signaler l'exécution de nombreuses reproductions d'aspects parisiens réunies durant les deux années d'existence de la Commission.

La peinture, la gouache, l'aquarelle, le dessin, la photographie ' servirent à conserver par l'image : les vieilles maisons sur le point d'être démolies, les quais de la Seine pendant leur transtormation, les travaux souterrains bouleversant le sous-sol des voies pu- bliques, les motifs d'architecture ornant les habitations des siècles derniers, les vieilles rues et les carrefours, en un mot, tout ce qui, à travers la ville, peut évoquer le souvenir du passé ou rappeler des époques dis- parues.

Ces nombreuses planches sont venues grossir et enrichir la collection déjà si complète du musée Car- navalet.

Tels sont les points essentiels des travaux accomplis et des résultats obtenus.

Il n'a pas dépendu de la Commission qu'ils fussent plus considérables ; aussi bien son oeuvre ne fait-elle que commencer, et, s'il est permis de supputer l'avenir par la production dû passé, on conviendra qu'elle n'est pas en trop mauvaise posture devant le juge- ment de l'opinion.

Comme l'indique le sous-titre de cette notice, les résultats seuls ont été relatés, les plus importants, bien entendu.

La crainte d'un trop grand développement a, par contre, empêché l'analyse des nombreuses discussions, des communications et des comptes rendus de visites qui apportent, dans les procès-verbaux publiés, leur contingent d'intérêt et leur rigoureuse documentation.

Il convient, en terminant, de rendre hommage à la Municipalité parisienne tout entière, en raison du soutien moral et de l'aide matérielle qu'elle n'a cessé de prodiguer pour la réussite de l'oeuvre entreprise.

La Commission ferait oeuvre d'ingratitude si elle ne comprenait également, dans cet hommage, les nom- breuses personnes qui, sïntéressant à l'histoire de Paris, ont bien voulu l'aider de leurs conseils et de leurs avis, ainsi que la Presse parisienne, dont la bienveillante publicité ne lui a jamais fait défaut.

Paris, le 15 avril 1900.

Lucien LAMBEAU,

Secrétaire de la Commission du Vieux Paris.

CATALOGUE DE L EXPOSITION DE LA COMMISSION MUNICIPALE DU VIEUX PARIS.

Commission d'organisation de l'Exposition.

MM. Lamouroux (Alfred), ^, président. Selmersheim, ^. Gosselin Le Nôtre. Laugier (André), ^jj. Le Vayer, 1f|. Mareuse (E.), 11|. "Capitan (Le D'), [ f|. Détaille (E.), C. $£. Cain (G.), $. Garnier, ^.

Lambeau (Lucien), I ff, secrétaire. Sellier (Charles), A f|, secrétaire. Tesson, secrétaire.

Nota. — Les peintures, aquarelles, dessins et pho- tographies ont été choisis dans un grand nombre de reproductions réunies par les soins de la Commission et qui composent, au musée Carnavalet, la collection du Vieux Paris.

I. — Peinture.

1. — Eglise S'aint-Germain-des-Prés, tableau à l'huile. Auteur : M. Paul Schmitt.

2. — La cour de l'Auberge du Cheval-Blanc, rue Mazet, tableau à l'huile. Auteur : M. Marrec.

3. — Un coin de la même cour, tableau à l'huile. Auteur : M. Marrec.

4. — La maison du peintre Lebrun, rue du Cardinal-Lemoine, tableau à l'huile. Auteur : M. Cugnet.

5. — Massas, tableau à l'huile. Auteur : M. Schaan.

6. — La rue Taillepain, tableau à la gouache. Auteur : M. Houbron.

7. — La rue Pirouette (marchand d'escargots), tableau à l'huile. Auteur : M. Richomme.j 8. — Le pavillon de M. de Julienne (ruelle des Gobelins), tableau à l’huile. Auteur , M. Marrec.

II. — Aquarelles et dessins-

9. —Maison de la rue du Jour, 25, dessin. Auteur : M. Bourgoin.

10. — La rue Danton, aquarelle. Auteur : M. Mouren.

11. — Un escalier (rue Boutebrie), aquarelle. Auteur : M. Delafontaine.

12. — La Tour de Dagobert (rue Chanoinesse), aquarelle. Auteur : M. Delafontaine.

13. — La porte du Château-Rouge (rue Ga- lande), aquarelle. Auteur : M. Delafontaine.

14. — Un escalier (rue Pierre-au-Lard), aquarelle. Auteur : M. Delafontaine.

15. — La cour du Château-Rouge, aquarelle. Auteur : M. Delafontaine.

1G. — Un escalier (rue Mabillon), aquarelle. Auteur : M. Delafontaine.

17. — Portail et puits (rue des Poitevins), aqua- relle. Auteur : M. Delafontaine.

IU. —■ Photographies.

18. — Le mur gallo-romain (pointe de la Cité, avant la fouille). Photographe : M. Godefroy.

19. — Le mur gallo-romain (pointe de la Cité, après la fouille). Photographe : M. Godefroy.

20. — Quai d’Orsay et Pont-Royal. ,Photographe : M. Godefroy.

21. •— Le mur gallo-romain de la rue de la Colombe. Photographe : M. Godefroy.

22. — La maison de la Reine-Blanche (rue des Gobelins). .

23. — La Tour de la Bastille (rue Saint-Antoine). Photographe : M. Barry.

24. — La Cour de Rohan- Photographe : Union photographique.

2b. — Le Charnier de Saint-Paul (passage Saint-Pierre). Photographe : M. Barry.

26. — Fenêtre Renaissance (rue Saint-André- des-Arts). Photographe : Union photographique.

27. — Fenêtre Renaissance (rue Saint-André- des Arts). Photographe : Union photographique.

28. — Collège Mignon (ancienne rue Mignon). Photographe : M. Barry.

29. — Hôtel du Luart (côté jardin, rue de Va- renne). Photographe : M. Barry.

30. — Ecole communale (rue de Turenne). Photographe : M. Barry.

31. — La Tour de Calvin (collège de Fortet), rue Valette. Photographe : M. Barry.

32- — Maison de la rue du Jour. Photographe : M. Barry.

33. — Un escalier (rue des Bourdonnais). Photographe : M. Barry.

34. — Le regard du Chaudron (eaux de Belle- ville). Photographe : M. Barry.

35. — La rue Pirouette. Photographe : M. Barry.

36. — Tourelle du Conservatoire des arts et métiers. Photographe : M. Barry.

37. — Balcon de l’hôtel de la Trémouille (rue des Bourdonnais). Photographe : M. Barry.

38. — Suite de 12- Vues des berges de la Seine pendant les travaux du chemin de fer d’Or- léans. Photographe : M. Brichaut.

39. — Grand escalier (hôtel du Luart), rue de Yarenne. Photographe : M. Barry.

IV. — Plans.

40. — Reproduction en point de tapisserie du plan dit de la lapisserie (1542) (prêté par M™’ Lépine). Auteurs : M"™ Lépine.

41. — Etude géologique du sol parisien, plan d’ensemble dressé par M. Wickersheimer, inspecteur général des carrières, ingénieur en chef des mines, et M. "Weysse, ingénieur en chef des mines.

42. — Spécimen des fiches établies à l’aide des renseignements recueillis sur le terrain.

43. — Nomenclature géologique et chrono- logique des terrains composant le sous-sol pari- sien.

44. — Echantillons prélevés dans le sous-sol parisien.

45. — Spécimens des feuilles composant l’atlas au 1000°, donnant le résumé des renseignements géologi- ques consignés sur les fiches.

46. — Plan archéologique de la ville de Paris, dressé par M. Charles Sellier, inspecteur des fouilles de la Ville.

V. — Objets divers.

Spécimens d’objets trouvés dans les fouilles du sol parisien. — Série systématique par ordre chrono- logique et organisée par M. le docteur Capitan et M. Charles Sellier (1) :

47. —- Époque préhistorique.

a). Paléolithique : silex taillés, dent d’éléphant.

b). Néolithique : haches polies, grattoirs, pointes, etc.

c). Age du bronze : haches, lances, etc.

47 bis. — Epoque gauloise.

Fragments de céramique et débris de cuir.

(1) Le plus grand nombre de ces pièces appartient au musée Carnavalet ; quelques-unes proviennent des collections du docteur Capitan, de MM. Magne, Thieullen et P.ollain. Leur provenance est certaine ; toutes ont été trouvées dans le sol de Paris ou dans la Seine. Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/156 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/157 minuscules, figurines, types très variés de sifflets avec^ représentations humaines ou d'animaux (oiseaux, che- vaux, etc.) (40 spécimens). Les premières pipes (xvi" au xvn" siècle) (5 pièces).

Objets variés du moyen âge trouvés dans la Seine.

a) Batterie de mousquet à rouet, cadenas, épingles, figurines variées en bronze, couteau du xv" siècle (trouvé devant les Cagnards de l'ancien Hôtel-Dieu), gros clou des anciens pieux des piles du pont Neuf, fusaioles, médailles de piété, christs, etc.. (25 pièces,).

b) Plombs de Seine (xv° au XVIII 0 siècle) : encriers de scribes, jetons de corporations (par exemple, cor- donniers, rôtisseurs), enseignes de pèlerinage, (par exemple, Notre-Dame de Liesse) (17 pièces).

Faïences du XVIII' siècle.

(Rouen, Nevers). Fragments de faïences patriotiques (Révolution) (7 spécimens).

Empire et Restauration.

Menus objets : pipes, tabatière en grès, intailles, verreries, faïences, etc. (15 pièces).

Céramique d'époques diverses.

Antéfixes, plaques de poêles armoriées, carreaux, etc. (20 pièces).

VITRINE 8.

Série numismatique.

Choisie dans la collection Magne, de façon à mon- trer des types des monnaies, médailles et jetons que l'on trouve dans les fouilles de Paris. Cette série ren- ferme donc des pièces gauloises et des consulaires, une suite presque complète des empereurs romains comprenant des pièces nombreuses frappées en Gaule.

Puis une série de pièces carolingiennes, des types du moyen âge, de la Renaissance, de l'époque révolution- naire (monnaies et pièces diverses), et enfin jusqu'à des monnaies de Louis-Philippe et même actuelles (par exemple jeton du siège de Paris). On trouve également à Paris de nombreux spécimens de numismatique provinciale et étrangère. Quelques types figurent dans la série (200 pièces).

Un choix de 40 jetons du xv" au xvm' siècle montre les principaux types qu'on trouve à Paris; deux sont inédits.

Une suite de poids, de médailles religieuses et sati- riques, complète cet exposé systématique (30 spéci- mens).

Divers objets des XVII' et XVIII' siècles.

Tète d'enfant en marbre, série de clefs ornées, ap- pliques, etc. (27 pièces).

Le fer à cheval.

Plusieurs types, depuis l'époque gauloise jusqu'au moyen âge; des éperons; une hipposandale romaine (8 spécimens).

VITRINE 9.

Objets divers gallo-romains et mérovingiens.

1° Verreries : petites coupes et petites bouteilles à parfum dont un joli type en verre blanc opaque avec ornementation jaune et bleu, rappelant celle de certains vases à parfum de fabrication orientale; un spécimen minuscule, etc. Ces verreries sont presque toutes funé- raires (21 vases).

2" Objets en os et en ivoire : épingles, appliques, cylindres tournés et perforés de trous, petites cuillers, etc. Objets en corne de cerf (24 pièces).

3" Diverses pièces de céramique : statuette de Vénus des fabriques de l'Allier, oeil votif, bobines, fusaioles, palets, etc. (24 spécimens).

4" Têtes de statues en pierre et en marbre (3 pièces). Un petit autel gallo-romain en pierre.

5° Enduits de murs (peintures à fresque de tons variés, et avec ornements, marbres (10 spécimens).

VITRINE 10.

Bronzes préhistoriques, gaulois, gallo-romains et mérovingiens.

Série provenant de la collection de M. Magne.

1° Bracelets et fibules de l'époque du bronze et du fer (préhistorique) ;

2° Torques, bracelets et fibules gaulois (sépultures de l'avenue des Gobelins) ;

3° Bracelets, fibules, épingles, cuillers, miroirs, poi- gnées de coffres ou de cistes ornées, etc. d'époque gallo-romaine.

4° Série de statuettes, divinités : Vénus, Jupiter, Apollon, Minerve, Junon, Mars, Hercule, Amour et sujets divers : gladiateurs, lutteurs, etc.. (époque gallo-romaine).

Certaines sont d'un art très avancé et vraisem- blablement importées — telle une Vénus trouvée sur la montagne Sainte-Geneviève ou encore une tête de Cybèle provenant de la place du Panthéon et qui peuvent rivaliser avec les plus jolis spécimens de l'art grec.

D'autres pièces, au contraire, assez grossières, sem- blent être des productions de l'art gallo-romain. Une statuette de Vénus de ce genre fait un intéressant contraste avec la première.

Plusieurs figurines d'animaux complètent cette curieuse suite de 115 bronzes, tous trouvés à Paris.

VITRINE CENTRALE.

Cette vitrine renferme une série d'objets groupés par espèces, de façon à montrer leur évolution dans Paris, à travers les âges. Cette évolution comprend un nombre considérable de siècles, pour aller par exemple de la hache paléolithique, fossile, jusqu'à la hache du moyen âge.

Les armes.

1° La hache. — Une suite systématique de pièces comprend les haches de pierre les plus anciennes (paléolithiques), puis les haches polies et la hache en pierre, forme de marteau percé (époque néolithique), celles en bronze, les haches mérovingiennes, puis caro- lingiennes et enfin la grande hache du xn° siècles (16 spé- cimens).

2° La lance. — Depuis les lances préhistoriques, soit en silex local, soit en silex du Grand-Pressigny (Indre-et-Loire) ; puis celles en bronze de divers types, les lances mérovingiennes, celles du moyen âge de formes variées, y compris les carreaux d'arbalètes et enfin la pique de la Révolution (20 pièces).

3° Le couteau. — D'abord les grands couteaux en silex, puis les petits, ceux en bronze, ceux de l'époque mérovingienne puis du moyen âge (7 pièces).

4° h'épée. — Depuis celles en bronze, dont deux beaux types, l'un à large soie plate, l'autre sans soie se fixait au manche par des rivets. Puis celles de l'époque mérovingienne en fer, celles du moyen âge jusqu'à l'épée du xvf siècle avec la merci et la dague (8 pièces).

Les vases pour les boissons.

i° La bouteille, en commençant par les bouteilles gallo-romaines, de types et de dimensions variées, avec ou sans anses, puis les divers types du moyen âge (toutes en terre), pour finir par les bouteilles en verre du xvm" siècle (30 spécimens). A côté, une série de 5 gourdes en grès du xv" siècle de dimensions variées.

2° Le pichet, depuis les types gallo-romains à ouver- ture en forme de trèfle, puis les vases analogues du v" au vi" siècle, ensuite les pichets en grès flammés du xn", ceux en grès du xme au xv" et enfin ceux des xvii", XVIIIe pour finir par le pichet en Rouen d'époque Louis XV (18 types).

Les vases pour la cuisine.

Les olla, grands vases cylindriques d'usage culi- naire : types gallo-romains, puis une pièce exception- nelle en grès flammé du xn" et un saloir en grès du xvn" siècle. Ensuite les mêmes vases, ayant servi d'urnes funéraires ou même cinéraires (12 spécimens). Les très nombreux vases de moindres dimensions, pour la cuisine, se trouvent dans les vitrines plates de 1 à 9, groupés par époque.

Les appareils d'éclairage.

D'abord une série de lampes romaines, puis les lampes du xn° siècle, celles du xin", du xv" jusqu'au XVIIIe siècle. Grandes variétés de formes et de ma- tières (terre et métal). Lampes à main, lampes plates, à corps variés, sur pieds, etc.; puis chandeliers, lam- pions (24 pièces).

La tirelire.

Les spécimens trouvés à Paris apparaissent au xv" siècle et sont depuis lors assez fréquents. Il y en a des types variés tous représentés ici (10 pièces).

Pots à onguent et petites bouteilles de pharmacie.

Cette petite série céramique est en grès du xv" au xvr siècle, elle renferme des spécimens de. presque

toutes les dimensions qu'on trouve à Paris; puis un type des premiers rouleaux à eau de Cologne du xvm" siècle et la suite des petites bouteilles en verre pour, contenir le phosphore destiné à enflammer les pre- mières allumettes chimiques (époque de Louis-Philippe) (18 pièces).

Enfin cette vitrine contient un coeur en plomb, du XVIII" siècle environ, ayant renfermé un coeur humain.

Tous ces objets, ainsi qu'il a été dit, ont, sans excep- tion aucune, été trouvés à Paris (ou dans les environs immédiats pour quelques objets préhistoriques seule- ment).

Ils résument tout ce qu'on peut rencontrer dans le sous-sol parisien et permettent, par leur choix et leur rangement systématique, de se faire une idée complète de l'archéologie parisienne, souterraine pourrait-on dire. C'est précisément cette démonstration, faite pour la' première fois, que la Commission municipale du Vieux Paris désirait présenter à l'Exposition universelle do 1900.

8. — Proposition de M. le docteur Capi- tan tendant à l'organisation de confé- rences ou démonstrations archéolo- giques dans la salle d'exposition de la Commission du Vieux Paris.

M. le Président annonce que M. le doc- teur Capitan a demandé l'avis de la Commis- sion du Vieux Paris sur l'intérêt qu'il pour- rait y avoir à organiser des conférences arebéologiques et historiques relatives aux objets exposés dans la salle du Vieux Paris, au pavillon de la Ville.

La proposition de M. le docteur Capitan, jugée fort intéressante, est renvoyée à la lte Sous-commission-pour examen.

9. — Protestation de M. le docteur Capi- tan contre Pédicule édifié par la Com- pagnie d'Orléans sur le quai Saint- Michel.

M. le Président fait part à la Commission qu'il a été saisi par M. le docteur Capitan d'une protestation contre l'édification, par la Compagnie d'Orléans, d'un édicule à usage de gare sur le quai Saint-Michel et détruisant la belle perspective de Notre-Dame, vue de la place Saint-Michel.

M. le docteur Capitan demande à la Com- mission de s'associer à sa protestation et d'émettre un voeu tendant à prier l'Adminis- tration de vouloir bien consulter, à l'avenir, la Commission du Vieux Paris; sur tous Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/160 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/161 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/162 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/163 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/164 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/165 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/166 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/167 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/168 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/169 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/170 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/171 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/172 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/173 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/174 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/175 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/176 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/177 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/178 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/179 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/180 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/181 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/182 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/183 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/184 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/185 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/186 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/187

  1. G. Corrozet, Les Antiquités de Paris, édition de 1561, p. 116 ; — J. Dubreul, Le théâtre des Antiquités de Paris, édition de 1612, p. 627 ; — Dubois, Historia Ecclesiæ Parisiensis, t. II, p. 665 ; — Félibien, Histoire de la ville de Paris, 1.1, p. 309 et suiv. ; — L’abbé Daniel, Notice sur lesbruines et le collège des Bernardins de Paris, p. 8 et 70.