Commission du Vieux Paris/10 novembre 1898

La séance est ouverte à trois heures, sous la présidence de M. Alfred Lamouroux, vice-président.

Assistent à la séance : MM. Quentin-Bauchart, John Labusquière, Louis Lucipia, Adrien Veber, Georges Villain, Froment-Meurice, Arsène Alexandre, Augé de Lassus, Bunel, Léopold Delisle, Édouard Detaille, Gosselin-Lenôtre, André Laugier, Charles Lucas, Georges Montorgueuil, Charles Normand, Jules Périn, Tourneux, Le Roux, Brown, Le Vayer, G. Cain.

Secrétaires : MM. Lucien Lambeau, Charles Sellier, Tesson.

Excusés : MM. le Préfet de la Seine, Guiffrey, Jules Claretie, Victorien Sardou, Edgard Mareuse, Chassaigne Goyon.

M. le Président met aux voix l’adoption du procès-verbal de la dernière séance.

Le procès-verbal est adopté.

M. le Président annonce que la 2e Sous-commission a élu M. Georges Villain comme président, en remplacement de M. Sauton, démissionnaire.

Il pense être l’interprète de la Commission tout entière du Vieux Paris pour remercier M. Georges Villain d’avoir bien voulu accepter cette lourde fonction. (Assentiment.)

M. le Président dit que les membres de la Commission ont sans doute lu, dans les procès-verbaux, la part prise à leurs travaux par les trois secrétaires.

Il pense que pour donner à ces travaux la sanction qu’ils méritent et aussi pour témoigner à ces modestes collaborateurs les sympathies de la Commission, ses membres ne sauraient mieux faire que de prier M. le Préfet de la Seine de prendre un arrêté les nommant membres de la Commission du Vieux Paris. Il ajoute qu’ils conserveraient, bien entendu, leurs fonctions de secrétaires et prendraient rang dans les Sous-commissions dont ils sont déjà les secrétaires-adjoints.

La motion de M. le Président est adoptée. La Commission décide que notification en sera faite à M. le Préfet de la Seine.


lecture de la correspondance.

M. le Président donne lecture de la lettre suivante relative au Congrès de l’art publie en 1900 :

« Paris, le 24 octobre 1898.

Le Congrès de l’art public ressortit à la section II, qui se réunit jeudi à 1 h. 1/2 ; je ne suis saisi en rien de cette question et ne pourrai faire aucune proposition. Peut-être parmi les membres présents quelqu’un en prendra-t-il l’initiative ? Je l’ignore.

Le Congrès de Bruxelles a décidé un congrès à Paris en 1900 ; mais a-t-il désigné une Commission chargée de l’organisation ? il doit l’avoir fait s’il a voté une résolution ferme et alors cette Commission doit s’adresser à nous. Sinon il a émis un simple vœu et la Commission du Vieux Paris peut faire la proposition ; mais, dans ce cas, il est peu probable qu’elle soit seule chargée de l’organisation et on lui adjoindra d’autres personnes.

E.-M. Gariel. »

M. Ch. Lucas prie la Commission de vouloir bien réserver la question jusqu’à la lecture de son rapport.

M. le Président dit que la Commission du Vieux Paris n’a d’autre désir que d’être représentée par quelques-uns de ses membres dans le congrès de Paris. Elle ne demandera donc qu’une petite place dans son organisation, laissant à la section de l’Exposition le soin de mener à bien cette intéressante réunion.

L’incident est clos.

M. le Président donne lecture d’une lettre de M. Corlieu, réclamant contre l’oubli du lieu de naissance de J. de La Fontaine sur la plaque commémorative de l’hôtel des Postes.

M. le Président dit que la jurisprudence de la Commission des inscriptions parisiennes est de ne pas mettre les lieux de naissance quand il s’agit de personnes nées en dehors de Paris.

M. Le Vayer répond que ce n’est pas une règle absolue. Il ajoute que, d’ailleurs, l’acte de naissance de La Fontaine est parfaitement connu.

M. Ch. Normand répond que la maison dans laquelle est né La Fontaine existe encore à Château-Thierry.

Sur la proposition de M. le Président, la Commission émet le vœu qu’en général les lieux de naissance soient indiqués sur les plaques commémoratives.

M. le Président dit que la lettre de M. Corlieu signale également la disparition de la plaque commémorative de la mort de Georges Farcy, de l’École normale, tué en combattant pour la liberté, en 1830.

Cette plaque se trouvait dans la cour du Carrousel, près de la guérite du factionnaire. Elle a disparu lors de la continuation du Louvre. Il estime qu’il y a lieu de la faire rechercher.

M. André Laugier pense qu’elle se trouve peut-être dans un magasin de l’État.

M. Ed. Detaille dit qu’on la trouverait probablement au Garde-meuble.

M. le Président propose à la Commission de charger M. G. Cain de faire des recherches à ce sujet ; peut-être y trouvera-t-il également d’autres objets intéressant la Ville de Paris dont il pourrait demander la cession à la Ville.

Cette proposition est adoptée.

M. le Président pense qu’il serait préférable de remettre la plaque de Georges Farcy, si elle était retrouvée, à son emplacement primitif.

M. André Laugier demande si le monument de Desaix ne pourrait pas être également réclamé pour le déposer au musée Carnavalet.

M. le Président répond que ses dimensions ne le permettent pas. Il ajoute qu’une somme de 30,000 francs serait nécessaire pour le remettre en état si on voulait l’ériger dans un jardin public.

M. G. Cain dit que ce monument se trouve dans le musée d’Auteuil.

M. Ed. Detaille estime qu’il pourrait avantageusement décorer un des jardins de l’hôtel des Invalides.

M. Brown pense qu’il pourrait être placé dans le petit square appartenant à la Ville situé dans le voisinage de l’hôtel des Invalides.

M. André Laugier répond que, dans le projet primitif, il devait être installé à l’un des carrefours du boulevard Saint-Michel[1].

M. Augé de Lassus dit, qu’en lui -même, le monument, qui est de Pestier, n’a pas une grande valeur d’art ; l’intérêt particulier qu’il présente est qu’il a été érigé par souscription nationale et qu’un certain nombre de noms, dont celui de son grand-père, sont gravés sur une plaque qui en fait partie.

M. J. Périn pense que rien ne justifiait l’enlèvement de ce monument.

M. le Président ajoute que le Conseil municipal n’a jamais été consulté à ce sujet.

À la suite de ces observations et sur la proposition de son président, la Commission émet un vœu tendant à replacer le monument de Desaix dans un square ou sur une promenade publique.

Des remerciements seront adressés à M. Corlieu pour ses communications.

M. le Président donne lecture d’une lettre ci-après, de M. Paul Flobert, relative aux anciennes plaques indicatrices des noms de rues :

« Monsieur le Président de la Commission du Vieux Paris.
Paris, le 5 novembre 1898.
Monsieur le Président,

Épris, comme bien d’autres, des curiosités de notre vieux Paris, je viens vous signaler un fait qui passe inaperçu, mais qui, pour n’être pas d’une grosse importance, n’en est pas moins à même d’éveiller votre sollicitude pour tout ce qui touche à nos vestiges.

Je veux parler des vieilles plaques de rues gravées sur pierre et notamment dans le VIe arrondissement.

L’Administration ne s’est jamais occupée du sort de ces plaques ; quelques-unes, je ne sais comment, ont été transportées à Carnavalet, mais les autres, dont quelques-unes sont fort curieuses, sont le jouet d’une ignorante profanation.

J’ai assisté dernièrement au spectacle suivant :

À l’angle de la rue Suger, no 15, et de la rue de l’Éperon, no 5, il existait une plaque rappelant un endroit fort oublié :

« Rue du Cimetière Saint-André »,

qui est d’autant plus intéressante que la période révolutionnaire y avait laissé des traces en grattant le « St ».

Dernièrement donc, des ouvriers bien intentionnés, mais à coup sûr fort ignorants, n’ont rien trouvé de mieux que de sceller à même une plaque superbement bleue de rue Suger, en abîmant naturellement l’ancienne.

J’assistais impassible et j’ai voulu me rendre compte s’il y avait été fait exprès. C’est heureusement hasard et malheureusement le fait est trop fréquent.

Dans le même quartier, j’ai relevé en divers endroits :

Sur l’Institut, angle rues de Seine et Mazarine, 2 plaques abîmées.

Rue Mazarine, angle rue Guénégaud—15 et 17, rue Mazarine, 2 plaques abîmées.

51, rue Mazarine, angle rue Dauphine, plaque heureusement conservée.

52, rue Saint-André-des-Arts et 27, rue des Grands-Augustins, 2 plaques légèrement abîmées. Celle de la rue Saint-André-des-Arts a le « St » supprimé par la Révolution.

Rue Saint-André-des-Arts—1, rue de l’Éperon, plaque conservée.

15, rue Suger et 5, rue de l’Éperon, 2 plaques abîmées.

Il vous suffirait, je crois, Monsieur le Président, d’un mot pour arrêter ce vandalisme.

Il n’existe certainement pas de règlement pour déterminer la place exacte des nouvelles plaques : 20 centimètres plus haut ou plus bas n’empêcheraient pas les passants de lire le nom de la rue, et si, ma foi, on ne pouvait la mettre à une autre place, il n’en coûterait pas bien cher à la Ville de retirer la vieille et de la transporter à Carnavalet.

Que celles qui peuvent être conservées restent ; elles sont un attrait pour le curieux. Que leur disparition se fasse le plus tard possible !

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.

Paul Flobert, 82, rue du Ranelagh. »

Des remerciements seront adressés à M. Paul Flobert et sa lettre est renvoyée pour rapport à la lre Sous-commission.

M. le Président donne également lecture d’une lettre relative à une ancienne dérivation d’eau rue du Faubourg-Poissonnière.

Cette lettre est ainsi conçue :

« Paris, le 4 novembre 1898.
Monsieur le Président,

C’est avec le plus grand intérêt que je suis le compte rendu de vos savants travaux sur le vieux Paris ; j’ai lu que vous vous occupiez des dérivations d’eau anciennes. Permettez-moi de vous signaler une petite dérivation peu connue que j’ai mise à découvert en 1886 eu reconstruisant l’égout de la rue du Faubourg-Poissonnière.

Cette dérivation était constituée par un tuyau en poterie de 0 m. 075 de diamètre intérieur noyé dans un massif en mortier de chaux et tuileaux affectant dans sa section une forme rectangulaire terminée par un demi-cercle à sa partie supérieure.

Un fragment a été transmis à cette époque au musée Carnavalet.

Cette canalisation a été trouvée intacte rue du Faubourg-Poissonnière entre les rues de Bellefond et de Dunkerque en 1886. En 1896 des fouilles assez profondes faites pour la construction de l’immeuble 44, rue de Dunkerque, ont mis à jour cette ancienne conduite qui se trouvait dans la propriété à environ 5 mètres de profondeur. Elle était oblique par rapport à la rue de Dunkerque et semblait se diriger du faubourg Poissonnière à la place du Delta.

Je n’ai pu retrouver aucune indication de cette canalisation, sauf une présomption. Sur le plan de Fer (Atlas des places fortifiées de France) carte Paris, où un trait fort part de l’enclos Saint-Lazare et suit la rue du Faubourg-Poissonnière jusqu’à la limite du plan, indique peut-être le tracé de cette dérivation.

Faute d’indications précises, il me paraît vraisemblable qu’elle avait été établie pour amener les eaux de Montmartre au couvent Saint-Lazare.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’assurance de ma respectueuse considération.

G. Levassor,
conducteur attaché à la 3e section, rue Rochechouart, 53. »

M. le Président pense qu’il serait utile de rechercher au musée Carnavalet le tuyau en poterie dont il est question et d’y ajouter un certificat d’origine d’accord avec la lettre dont il vient de donner lecture.

M. Charles Sellier rappelle, à propos de cette découverte, que, en 1895 ou 1896, on a déjà trouvé rue de Bellefond un tuyau de poterie analogue, que la Société d’histoire et d’archéologie du 18e arrondissement « le Vieux Montmartre » a recueilli dans ses collections. Cet objet est regardé comme le fragment d’une conduite qui devait amener des eaux.venant de Montmartre jusqu’à la maison religieuse de Saint-Lazare.

M. Tesson ajoute à ce sujet que Belgrand, dans son étude sur les traces de l’aqueduc romain de Chaillot, parle des deux grands réservoirs, également romains, retrouvés en 1782 et qui occupaient une partie de l’emplacement du Palais-Royal.

Dans l’embarras où l’on se trouvait de pouvoir indiquer l’origine des eaux d’alimentation de ces vastes bassins, l’on avait supposé que la conduite de Chaillot, repérée jusqu’au milieu de la place de la Concorde, avait pu se prolonger jusqu’au Palais-Royal.

Mais l’existence d’une conduite descendant presque en droite ligne de Montmartre est une indication beaucoup plus rationnelle et dont il y a lieu de faire le rattachement aux Mémoires sur les antiquités romaines et gallo-romaines de Paris, par M. Jollois (Académie des inscriptions et belles-lettres, 2e série, tome I, page 1843).

Des remerciements seront adressés à M. Levassor pour son intéressante communication.

M. le Président annonce qu’il a reçu une lettre de M. Charles Blondel, architecte, se mettant à la disposition de la Commission pour l’exécution de travaux.

M. G. Cain, à ce propos, soumet à la Commission un relevé d’architecte représentant le regard du Pré-Saint-Gervais, commandé à M. Charles Blondel.

La Commission décide qu’une reproduction en sera annexée au procès-verbal et que des félicitations seront adressées à cet architecte.

M. le Président communique à la Commission la lettre suivante :

« Paris, le 25 octobre 1898.
Monsieur le Président,

M. Auburtin, architecte de la 3e section, me fait savoir que la porte d’entrée de la caserne de sapeurs-pompiers, 9, rue de Sévigné est complètement hors l’usage et qu’il y a nécessité d’en opérer le remplacement.

Il me signale, à cette occasion, que quelques parties de menuiserie de cette ancienne porte présentent, à son avis, un certain caractère pouvant intéresser l’histoire du vieux Paris, et mériter à ce titre d’être conservées dans un musée.

J’ai l’honneur, Monsieur le Président, de vous transmettre ce signalement, en vous priant de me faire connaître le plus tôt possible la suite que vous serez d’avis d’y donner, à fin d’instructions à qui de droit.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’assurance de mes sentiments dévoués.

Le Directeur administratif des services d’Architecture et des Promenades et plantations,

Bouvard. »

M. Tesson dépose à ce sujet la note suivante :

Porte de la caserne de la rue de Sévignè.

Cette porte, qui est de l’époque de Louis XIV, est complètement hors d’usage. Elle présente quelques bandeaux sculptés assez bien conservés ; les ferrures sont très intéressantes, elles sont en bon état, protégées par une épaisse couche de peinture.

La serrure primitive est toujours en place, malheureusement la clef manque. Le heurtoir aurait été détaché il y a quelques années et déposé au musée Carnavalet.

La porte ne pouvant être vendue que pour le démolissage, il y a intérêt à en détacher toutes les ferrures anciennes ainsi que la serrure et les bandeaux sculptés.

Il y aurait lieu aussi d’en faire relever un croquis pour le portefeuille de la sculpture décorative.

Ces propositions sont adoptées.

Des remerciements seront adressés à M. Bouvard pour sa communication.

M. le Président donne lecture de la lettre ci-après relative au gardiennage de la tour de Jean Sans Peur :

« Paris, le 14 octobre 1898.
Monsieur le Président,

J’ai l’honneur de vous informer que, conformément au désir exprimé par la Commission du Vieux Paris dans sa séance du 7 juillet dernier, j’ai mis à la disposition de M. Gion, architecte de la première section, un agent du personnel de service pour assurer, une après-midi de chaque semaine, le service des visites de la tour de Jean Sans Peur, rue Étienne- Marcel, 20.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’assurance de mes sentiments les plus distingués et tout dévoués.

Le Directeur du Personnel, Quennec. »

La Commission décide que des remerciements seront adressés à M. Quennec.

M. le Président communique à la Commission une lettre de M. Pérès, conducteur du Service municipal, relative à la fouille du collecteur Saint-Honoré.

Cette lettre est ainsi conçue : .

Note à M. le Président de la Commission du Vieux Paris.
« Paris, le 4 novembre 1898.

Le conducteur soussigné a l’honneur de faire connaître à Monsieur le Président de la Commission du Vieux Paris qu’au puits no 5, à 10 mètres de l’axe, côté amont, il a été trouvé une pierre de 0,80 X 0,47 X 0,65 portant sur une de ses faces l’inscription suivante :

Cette pierre est déposée aux abords de ce puits. Aux puits nos 1 et 2, rue des Halles, à une profondeur moyenne de 4 m. 20 c, il a été trouvé quatre vases, deux gobelets, trois sébiles.

Le conducteur du 1er lot, C. Pérès. »

M. le Président estime que la Commission ne saurait trop remercier les agents de l’Administration qui font des communications de ce genre à la Commission. Il exprime le regret de voir la Commission du Vieux Paris si peu tenue au courant des découvertes faites dans les fouilles, si nombreuses en ce moment à Paris. Il ajoute que M. Ch. Sellier, chargé du service des fouilles pour le musée Carnavalet, parvient, à grand’peine, à être renseigné sur les fouilles entreprises dont la notification ne serait faite, paraît-il, qu’aux Pompes funèbres, au service des Pompiers et aux journaux la Lanterne et la Liberté.

M. Quentin-Bauchart dit qu’il a vu, il y a quelques heures, au coin de la rue des Bourdonnais, des fragments en plâtre de sarcophages mérovingiens, extraits d’une fouille et laissés sur la voie publique à la merci des passants.

La Commission décide que des remerciements seront adressés à M. Pérès pour son intéressante communication.

M. Charles Sellier rend compte que, sur l’avis donné par M. le conducteur Pérès relativement à la découverte d’une première pierre de fondation gravée du nom de Bontemps et datée de 1649, il s’est immédiatement rendu à l’endroit indiqué avec MM. Lamouroux et Augé de Lassus, afin de procéder à la constatation de cette découverte.

Suivant les informations recueillies sur place, cette pierre a été rencontrée à environ 10 mètres en amont du puits no 5, c’est-à-dire vis-à-vis le no 190 de la rue Saint-Honoré. Elle reposait sur un fond de sable de rivière, à 4 m. 10 c. au-dessous du sol actuel, et faisait corps avec un reste de mur placé dans la direction de la rue des Bons-Enfants. Il résulte de cette découverte qu’il y avait eu là un fragment de maçonnerie ayant fait autrefois partie d’une maison bâtie pour un personnage dont la qualité, révélée par l’inscription, indique suffisamment le degré d’importance.

En effet, les mémoires du temps font souvent mention de ce Bontemps, premier valet de chambre de Louis XIV, qui fut aussi gouverneur de Versailles et de Marly, et qui mourut, le 17 janvier 1701, âgé d’environ quatre-vingts ans. Saint-Simon, si peu enclin d’habitude à la louange de ceux qui n’étaient pas de son rang, a cependant consacré à la mémoire de Bontemps deux à trois pages assez élogieuses, où il vante le dévouement discret de ce serviteur à l’égard de son roi. C’est Bontemps qui disposa et servit la messe nocturne qui fut dite à Versailles et où le roi épousa Mme de Maintenon, Lui-même s’était aussi marié en secret avec une demoiselle Roche, mère de La Roche qui suivit le roi d’Espagne et fut son premier valet de chambre. Obligeant, désintéressé et discret, Bontemps fut regretté à la Cour, à Paris et dans les provinces. Il laissa deux fils qui, paraît-il, ne lui ressemblèrent en rien, et ne songèrent qu’à trafiquer des charges dont ils avaient hérité. L’aîné eut sa survivance de premier valet de chambre du roi, l’autre de premier valet de la garde-robe.

M. Alfred Lamouroux nous a communiqué une suite de dessins d’Oudry dédiés, en 1738, à l’aîné, dans les termes suivants : « À messire Louis Bontemps, premier valet de chambre ordinaire du roy, gouverneur du palais des Tuileries, bailli et capitaine des chasses de la varenne du Louvre, chevalier, commandeur, prévôt, maître de cérémonie de l’ordre de Saint-Lazare et de N. D. du Mont-Carmel ».

M. le Président pense que la maison de Bontemps doit avoir fait le coin de l’ancienne rue aux Chantres et de la rue Saint-Honoré. Il annonce que la pierre a été sciée et l’inscription envoyée au musée Carnavalet.

Lettre de M. le Syndic de la municipalité de Naples annonçant l’envoi d’un plan de cette ville et d’un album de vues de ses principaux édifices.

M. Charles Lucas a examiné avec M. R. Brown l’envoi fait par M. le Syndic de la ville de Naples.

Cet envoi comprend :

1° Sous le titre de Piano di Risanamento della Città di Napoli, un carton de « deux cents feuilles », demi-folio, à l’échelle de 1/200e, représentant les projets de transformation de cette ville ;

2° Sous le titre de Napoli antica, un album de « cent dix-huit planches », demi folio, chromolithographiées et accompagnées d’un texte par M. le professeur Raffaele d’Ambra (Naples, 1889).

Le mode assez économique de reproduction de ces planches, à l’aide de quatre couleurs seulement, paraît à M. Lucas pouvoir — en vue de la participation de la Commission du Vieux Paris à l’Exposition de 1900 — être appliqué à quelques-unes des aquarelles de même format déjà réunies cette année par les soins de la 3e Sous-commission ; il demande donc le renvoi à cette Sous-commission.

Lettre de M. Charles Saunier, secrétaire général de la Société historique du 6e arrondissement, signalant une porte cochère qui aurait existé rue des Gobelins et dont le linteau aurait été décoré de deux chimères sculptées présentant quelque analogie avec les motifs d’ornementation des maisons de bois du 15e siècle.

M. Charles Lucas, saisi de cette lettre par la Commission de permanence, n’a pu malheureusement obtenir du concierge et des voisins aucun renseignement sur ce qu’était devenue cette porte, dont MM. Tesson et lui croient devoir faire remonter l’enlèvement du no 19 à près de vingt années ; la porte actuelle, substituée à l’ancienne vers cette époque, est faite avec assez de soin de petites frises de bois consolidées par des bâtis et des traverses formant saillie, mais n’offre pas d’intérêt archéologique.

M. le Président donne lecture des lettres suivantes relatives à l’envoi de documents par la municipalité de Budapest :

Ministère des Affaires étrangères.
« Paris, le 19 octobre 1898.
« Monsieur le Préfet de Seine,

M. le Chargé d’affaires d’Autriche-Hongrie vient de m’adresser, en me priant de vous les faire parvenir, une lettre du conseil municipal de Budapest et une brochure, contenant les renseignements qu’au mois de mars dernier, vous aviez exprimé le désir de recevoir touchant les sommes attribuées annuellement par la municipalité de cette ville aux travaux archéologiques.

J’ai l’honneur de vous transmettre, ci-joint, ces documents, avec une note extraite de la lettre de M. Dumba qui en accompagnait l’envoi.

Recevez, Monsieur le Préfet, les assurances de ma considération très distinguée.

Pour le Ministre et par autorisation :

Le Ministre plénipotentiaire, Illisible. »

Extrait d’une lettre adressée par l’ambassade d’Autriche-Hongrie à Paris à M. le Ministre des Affaires étrangères :

« Paris, le 6 octobre 1898.
Monsieur le Ministre,

« … La ville de Budapest affecte annuellement de 2 à 4,000 florins aux fouilles d’Aquineum (ville romaine, découverte à proximité de Budapest) et à la conservation du musée spécial qui s’y trouve. Une partie de cette somme est, en plus, attribuée à la publication annuelle : Budapest régiségii (Antiquités de Budapest), dont la dernière livraison est ci-jointe.

En outre, la ville affecte 3,000 florins par an à l’acquisition d’objets destinés à un musée archéologique qui doit être installé prochainement. Ce musée ne comprendra que des collections se rattachant à l’histoire de la capitale.

Une Commission composée d’experts est chargée des questions archéologiques de la ville.

Les fouilles, qui ont lieu pendant cinq ou six semaines de l’année, sont confiées à la direction d’un expert désigné ad hoc. »

La Commission décide de renvoyer ces documents pour rapport à M. J. Périn.

M. Charles Sellier présente, comme suite à la correspondance, la note suivante, que lui a adressée M. Toulouze, relativement aux découvertes faites l’été dernier dans les fouilles d’une maison sise au no 11 de la place du Panthéon :

« Épaves de Lutèce.

Dans les remblais supérieurs des murailles dites de Philippe-Auguste, nous recueillîmes quelques monnaies nationales en argent. Dans la partie inférieure du sol, nous rencontrâmes des fragments de poteries gallo-romaines en grande quantité ; ici, comme dans nos fouilles des rues Gay-Lussac et Le Goff, nous sommes en présence des épaves du vieux Paris gallo-romain : fragments de catinum en terre noire, d’urna en terre jaune brique, de poteries en terre sigillée, parties supérieures de grandes amphores, petits guttus. En bordure de la place du Panthéon, près de la maison formant l’angle de la rue d’Ulm, nous rencontrons le tegula en grande quantité, puis l’umbrex, mais plus rarement.

Toute cette céramique appartient à la belle époque, c’est-à-dire aux trois premiers siècles de notre ère. L’époque chrétienne ne figure pas ici. Ce dépôt d’immondices, d’ordures ménagères, appartient bien à la même époque que celle du dépôt de la rue du Cardinal-Lemoine, en face de la rue Clovis, exploré par nous, comme de ceux des rues Gay-Lussac et Le Goff, explorés aussi par nous (voir Revue archéologique, 1889-1890).

Les dépôts de ces voiries antiques indiquent assez bien le périmètre de l’ancien quartier des Latins au commencement de notre ère. Dans ces terres contemporaines des Césars, nous recueillîmes :

Quelques monnaies romaines, grands et petits bronzes à l’effigie de Constance : R. tête laurée regardant à droite, Constantius nob. Coes ; R. figure de la Justice couverte de la palla tenant une balance de la main droite, une corne d’abondance de la main gauche ; cette monnaie, de moyenne grandeur, percée d’un trou de forme circulaire, formant bélière qui remonte à l’époque où elle fut frappée, était un fétiche, une sorte d’amulette, que nous rencontrâmes plusieurs fois dans des sépultures païennes du vieux Paris.

Une monnaie, moyen bronze à l’effigie d’Auguste et d’Agrippa, têtes laurées ; R. le crocodile enchaîné, au milieu du champ un palmier. Cette monnaie coloniale, couverte d’une fort belle patine, appartient à l’antique Nemansus dont Agrippa était le premier magistrat.

Un Vespasien : à l’avers, tête de l’empereur avec la légende, Vespasianus, p. f. Augustus ; R. figure de femme vêtue de la palla, la main gauche tient une corne d’abondance chargée de fleurs et de fruits, la main droite tient une couronne ; le mouvement de cette figure est fort beau ; la légende fruste ne présente plus que le mot publica.

Auguste figure ici sur une monnaie en cuivre rouge, tête regardant à gauche, avec légende : Divus augustus pater : R. l’aigle romaine les ailes ouvertes entre S. C.,.les deux serres appuyées sur un globe.

Nous rencontrons plusieurs Antonins, mais de mauvaise conservation.

La Grande Faustine, grands et moyens bronzes, se rencontre en famille avec Marc-Aurèle et Faustine-la-jeune ; ces bronzes sont d’une conservation extraordinaire.

Une monnaie plus rare que les précédentes, en cuivre rouge, se rencontre au milieu de tessons gallo-romains ; le terrain siliceux, très fin (sorte de terre a potier qui se rencontre sur le mont Lucotissus et fort estimée des potiers gallo-romains), dans laquelle elle se trouvait, doit être une des causes de sa magnifique conservation. Cette effigie est la première que nous rencontrons dans le sol parisien, nous voulons parler d’Antonia : avers, tête tournée à droite avec chevelure ondulée découvrant l’oreille droite ; cette chevelure, qui couvre tout le crâne et l’occiput, se termine en pointe ; le calme du visage est remarquable, une grande sérénité règne dans tout l’ensemble du beau profil de la femme de Drusus. La légende qui enveloppe la tête ne se compose que de deux mots : Antonia Augusta.

Puis encore, un Gordien III, d’une conservation admirable ; les finesses de la gravure sont conservées ; l’expression de la bouche, les détails du nez sont extraordinaires ; la couronne seule de laurier est fruste ; la gravure des cheveux coupés courts est fort belle comme exécution. L’auteur de cette gravure en creux possédait un véritable talent. Autour de la tête nous lisons : Imp. Gordianus. plus. felix. pater. Augustus ; au R. une figure de l’abondance tenant une balance de la main droite.

Puis, dans l’ordre de la découverte : Marc-Aurèle, Vespasien, Magnence. Claude (de la belle époque) et des Constantins (petits bronzes).

Enfin un petit bronze, d’une conservation fort belle, à l’effigie de Néron : on sait que l’effigie de cet empereur est très rare sur les petits bronzes rencontrés dans les fouilles parisiennes. La légende suivante figure l’avers : Imp. Nero. CæSar. Aug.

Pour terminer la liste des monnaies découvertes, nous parlerons encore d’un très petit bronze à l’effigie d’Antoninus pius ; on sait que ce type n’est pas moins rare que celui de Néron petit bronze.

Le nombre des monnaies romaines découvertes sur ce point de la place du Panthéon, no 11, est considérable ; car, dit-on, plusieurs personnes et M. le docteur Capitan en possèdent plusieurs qui ont été découvertes dans la fouille en bordure de la rue de l’Estrapade. Celles que je présente aujourd’hui ont été trouvées en bordure de la place du Panthéon, entre le grand puits et les murs de Philippe-Auguste qui traversaient diagonalement la fouille.

Eug. Toulouze. »

M. le Président pense être l’interprète de la Commission en demandant que des remerciements soient adressés à M. Toulouze pour son intéressante communication.

Adopté.

hommages à la commission

M. le Président annonce qu’il a reçu de l’Union photographique deux séries de onze épreuves photographiques représentant diverses vues intérieures et extérieures de l’auberge du Château-Rouge, 57, rue Galande.

Ces photographies avaient été commandées par le service de M. Pierron, agent-voyer en chef de la Ville de Paris.

En présence de la délicate attention de M. Pierron, M. le Président pense que la Commission ne pourra que regretter une fois de plus la mort prématurée de ce fonctionnaire, qui était, en même temps, un précieux collaborateur pour elle.

Les photographies dont suit l’indication seront transmises au musée Carnavalet :

Auberge du Château-Rouge 57, rue Galande : 2e salle du rez-de-chaussée la nuit ; salle des visiteurs (peintures) ; entrée sur cour ; salle des visiteurs (ensemble) ; dortoir au premier, le jour ; dortoir au premier, la nuit ; départ d’escalier ; salle du rez-de-chaussée, le jour ; 2e salle du rez-de-chaussée, la nuit (variante) ; porte 57, rue Galande ; salle du rez-de-chaussée, la nuit.

M. le Président communique à la Commission dix épreuves photographiques gracieusement offertes par M. Maurice Maire et représentant le déplacement du groupe scolaire de la rue de Patay.

Des remerciements seront adressés à M. Maurice Maire et les photographies envoyées au musée Carnavalet.

M. Gossin, photographe, fait hommage à la Commission de deux photographies du musée de Cluny, vue prise après la démolition de la maison Delalain.

Il demande que la Commission veuille bien le comprendre dans la répartition des travaux photographiques.

Des remerciements seront envoyés à M. Gossin, et les photographies déposées au musée Carnavalet. Sa demande est renvoyée à la 3e Sous-commission.

M. le Président annonce que la Commission du Vieux Paris a reçu de M. Louis Périn, élève de l’École nationale des Beaux-arts (fils de l’honoré M. J. Périn, membre de la Commission), l’hommage d’une aquarelle de l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, avec la mention souscrite : « Une église qui attend son postail. »

Cette aquarelle est offerte à l’occasion des fouilles de caveaux qui se font présentement dans cette église.

La Commission décide que des remerciements seront adressés à M. Louis Périn pour sa curieuse aquarelle, qui sera envoyée au musée Carnavalet.

Il est également fait hommage à la Commission, par M. Launay, ingénieur en chef des Travaux d’assainissement, de quatre photographies représentant :

1° Les arcades de la Frette ;

2° Le siphon d’Herblay ;

3° Le pont-aqueduc d’Argenteuil ;

4° L’usine de Colombes.

Des remerciements seront adressés à M. Launay et les photographies transmises au musée Carnavalet.

M. le Président annonce également qu’il a reçu de l’Administration municipale quatre plans de l’hôtel du Luart, situé rue de Varenne, no 11, qui va prochainement disparaître pour le prolongement du boulevard Raspail. Ces plans avaient été demandés par M. Ch. Lucas et quatre de ses collègues au nom de la Commission du Vieux Paris.

La Commission décide que les plans seront renvoyés au musée Carnavalet et qu’une reproduction de l’un d’eux sera faite pour le procès-verbal.

transmission aux divers services des décisions prises dans la dernière séance.

M. le Président donne lecture de la communication suivante :

Les sentiments de condoléance de la Commission ont été transmis à Mme veuve Pierron, à l’occasion du décès de son mari, agent-voyer en chef de la Ville de Paris ;

Des lettres de remerciement ont été adressées :

À M. Roujon, directeur des Beaux-arts, pour l’envoi gracieux des ouvrages relatifs à l’inventaire des richesses d’art de la France ;

À M. le directeur des services municipaux d’Architecture pour l’envoi aux membres de la Commission de la nomenclature des rues de Paris ;

À M. le directeur de la prison de Sainte-Pélagie pour l’envoi gracieux au musée Carnavalet d’objets provenant de la prison ;

À M. Gion, architecte de la 1re section, par l’intermédiaire de M. le directeur des services d’Architecture, pour sa communication relative aux vitraux de Saint-Germain-l’Auxerrois ;

À MM. Menant, directeur des Affaires municipales, et Barras, chef du bureau du Domaine, pour leur communication relative à l’enceinte de Philippe-Auguste ;

À M. l’ingénieur Legouez pour l’envoi de documents sur les fouilles du Métropolitain ;

À MM. Capitan et d’Ault du Ménil pour leur communication relative aux fouilles du Petit-Pont.

La lettre relative à la conservation du parc de Trétaigne a été transmise au Conseil municipal.

Le vœu relatif à l’envoi de tous les documents administratifs à la bibliothèque de la Ville a été envoyé à M. le Secrétaire général.

Notification a été faite à M. le directeur des Travaux des vœux relatifs au numérotage des maisons et au changement du nom des rues de Paris.

Les vœux relatifs : 1° à l’aménagement d’un magasin pour le remisage provisoire des objets retenus par la Commission et 2° à la conservation de l’arbre de Jessé de la rue Saint-Denis, ont été transmis à M, le directeur des services municipaux d’Architecture et à M. le chef du service des Beaux-arts.

M. le directeur des Travaux a été saisi des vœux tendant : 1° à ne plus céder aucune des servitudes résultant des travaux de captation des sources de Belleville ; 2° à s’opposer au déplacement du regard Saint-Martin.

Transmission a été faite à M. le directeur des services municipaux d’Architecture du vote relatif au nettoyage des vitraux de Saint. Germain-l’Auxerrois,

Le vœu relatif à l’indication sur la chaussée par un pavage différent des endroits où passait l’enceinte de Philippe-Auguste a été transmis à M. le directeur des Travaux ;

La proposition tendant à l’apposition de plaques commémoratives sur les maisons où sont morts François Blondel et Charles Garnier a été transmise au Comité des inscriptions parisiennes.

Le vœu relatif à l’isolement du musée de Cluny a été transmis à M. le Président du Conseil municipal.

Notification a été faite à M. G. Cain, conservateur du musée Carnavalet, des décisions concernant son service.

M. Charles Sellier, comme suite donnée à une proposition précédente, informe la Commission que la plaque gravée, signalée par MM. Breuillé, Lambeau et Tesson au sujet de leur dernière visite à l’ancien couvent des carmes Billettes de la rue des Archives, a été transportée récemment au musée Carnavalet. C’est un carreau de marbre noir de 0 m. 40 c. de côté et 0 m. 06 c. d’épaisseur ; on y lit cette inscription : « Cy gist le corps de Mr l’abbé Mandat, dogen des conseillers clercs du parlement de Paris, 1732 ». Cette inscription a été publiée par Guilhermy, dans ses Incriptions de la France, et par M. Raunié, dans son Épitaphier du Vieux Paris. Le carreau faisait partie du dallage de la seconde travée de la galerie méridionale du cloître ; on l’a supprimé, il y a quelques années, pour mettre une couche d’asphalte en avant de la porte latérale de l’église qui s’ouvre en cet endroit. Depuis lors, il avait été relégué dans une des caves de l’ancien monastère, parmi les décombres destinés à la voirie.

M. le Président rappelle à M. Cain l’enlèvement du tuyau de poterie trouvé dans le regard de la Roquette et le déplacement de la serrure du regard du Marais. Ces curieux objets ont été désignés au cours de l’excursion à l’aqueduc de Belleville pour prendre place au musée Carnavalet.

M. Cain dit qu’il va donner des instructions dans ce sens,

peintures de l’église notre-dame-de-lorette

M. Ch. Lucas dit que, sur la demande de la Commission de surveillance, il a visité cette église. Il fait connaître que les peintures dégradées sont surtout les motifs de décoration, avec sujet, des piliers supportant les Coupoles de ces chapelles.

Des joints de maçonnerie reparaissant sur le fonds des peintures, des taches de moisissure et d’humidité, des raccords assez récents faits sans grand soin et des chocs ayant mis par place la pierre à nu, rendent indispensable une restauration partielle de ces peintures dues à Orsel, Roger, Blondel et Périn, et pouvant être considérées comme des spécimens de décoration religieuse murale du règne de Louis-Philippe.

M. Brown signale à la Commission l’importance de ces peintures murales, œuvre du peintre Orsel et qui sont un curieux specimen de l’école de Lyon. À plusieurs reprises, la Commission administrative des beaux-arts a émis des vœux pressants pour la restauration de ces peintures, qui de jour en jour se détériorent. Il estime que la Commission du Vieux Paris a toute qualité pour émettre le vœu que l’Administration préfectorale veuille bien saisir le Conseil municipal de l’affaire.

M. Édouard Detaille partage l’avis de M. Brown et propose à la Commission d’émettre le vœu dont il s’agit.

Ce vœu est adopté.

M. Charles Sellier donne lecture du rapport suivant relatif aux fouilles exécutées à l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet :

« Messieurs,

Un historiographe du philanthrope Chamousset, M. Martin Ginouvier, a récemment découvert à la Bibliothèque nationale cette curieuse lettre de faire part :

« Vous êtes prié d’assister au convoi, service et enterrement de messire Claude-Humbert Piarron de Chamousset, chevalier, ci-devant conseiller du Roi, maître ordinaire en la chambre des Comptes, décédé en son hôtel, quai de la Tournelle, qui se feront ce jourd’hui mercredi 28 avril 1773, à neuf heures du matin, en l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, sa paroisse, où il sera inhumé, etc., etc.

De la part de M. le comte d’Amfreville, son oncle et exécuteur testamentaire. »

Le nom de Chamousset paraissait jusqu’à présent oublié, et cependant il eut son temps de juste célébrité. C’est à lui que Paris doit, pour l’échange régulier de sa correspondance urbaine, l’établissement de la petite poste. C’est à lui, « dont la tête, dit l’abbé Voisenon, était toujours en effervescence pour le bien de l’humanité », que l’on doit la réforme du régime des hôpitaux. Il créa en effet, à ses frais, un hôpital modèle, où chaque malade eut son lit, et fit ainsi tomber la funeste coutume de mettre plusieurs malades dans un même lit. Il eut la première idée des assurances contre l’incendie et des associations de secours mutuels pour les cas de maladie : c’est à ce dernier titre que les mutualistes le réclament pour leur précurseur et projettent de lui ériger une statue.

La découverte de la lettre de faire part de l’enterrement de Chamousset donna enfin à M. Martin Ginouvier l’idée de rechercher ses ossements avec son lieu de sépulture.

Avec l’autorisation du curé de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, des fouilles furent commencées à cet effet dans cette église, le 18 octobre dernier. D’après le procès-verbal dressé à l’issue de cette première opération, on trouva, renfermé dans un petit sac de laine noire : 1° un parchemin contenant ces mots : « Ci-gist Messire Claude-Humbert de Chamousset (Piarron de) » ; 2° un brevet, sur parchemin, de lieutenant-colonel, délivré par le marquis de Béthune, maréchal de camp, au sieur de Bézac, le 20 août 1749 ; 3° un soulier et un fragment de soulier, avec un morceau de ceinture en cuir, lequel était renfermé dans le petit sac. Ces objets furent découverts dans le caveau contigu à celui de la chapelle Sainte-Catherine et situé sous la nef du bas côté occidental.

Les recherches furent continuées huit jours après. On commença, cette fois, par l’exploration du caveau de la chapelle des fonts baptismaux. Là, on constata seulement la présence d’un entassement d’ossements humains mêlés à des gravois et des balayures. Puis on ouvrit de nouveau le caveau de la chapelle Sainte-Catherine où l’on ne rencontra encore que des ossements de même nature, sans aucun indice d’identité, mêlés aussi à des balayures. On visita ensuite le caveau contigu, c’est-à-dire celui où l’on avait fait, la semaine précédente, les trouvailles que nous venons de mentionner. Ce caveau était vide, sauf dans un coin : là, au fond d’une boite en bois qui ne semblait pas avoir été destinée à l’usage où nous la vîmes, gisaient des débris humains provenant de corps différents, et dont une grande partie des chairs subsistaient à l’état de momification. Rien, néanmoins, ne pouvait indiquer s’il y avait bien là les restes de Chamousset.

En présence de choses si dépourvues d’authenticité, on résolut de poursuivre les recherches par la visite d’autres caveaux. On descendit dans celui situé sous la chapelle. Sainte-Anne, où une inscription, qui n’est autre que l’épitaphe du poète Santeuil composée par Rollin, rappelle la mémoire de celui qui, sous Louis XIV, ilustra nos monuments publics de ses vers latins. Nous ne vîmes dans ce caveau qu’un cercueil de plomb éventré, laissant apercevoir un squelette assez bouleversé. Mais, vu l’heure avancée de la journée, on remit à huitaine la continuation des fouilles.

Enfin, hier mercredi, ces fouilles furent reprises avec une nouvelle ardeur. On commença par le caveau de la chapelle Saint-Charles-Borromé, pensant y retrouver les sépultures du peintre Charles Lebrun et de sa mère ; mais le caveau était vide ; quelques ossements épars sur le sol parmi des ordures et des décombres s’offrirent seuls aux regards des visiteurs. Que sont donc devenus les restes de Lebrun ?

Sur cette déconvenue, on fit de nouveau rouvrir le caveau de la chapelle Sainte-Anne ; puis, à l’aide d’une hachette on parvint à ouvrir le cercueil de plomb qu’on avait déjà remarqué à la visite précédente. Peut-être contenait-il les restes de Chamousset ? Ce cercueil consistait en une double enveloppe de plomb. En soulevant la première enveloppe on aperçut, sur la deuxième, ces mots gravés au burin en lettres capitales : « Jean-Bapte Santeuil ». Le squelette entrevu précédemment fut enfin mis à découvert ; il était entier mais brisé. On était bien en présence des restes de Santeuil ; procès-verbal en fut dressé sur-le-champ. M. Jules Périn, qui assistait à ces opérations, s’empressa de rappeler aux personnes présentes que l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet ne reçut la dépouille de Santeuil que le 16 février 1818. Ce chanoine, mort à Dijon en 1697, avait été transporté à l’abbaye de Saint-Victor de Paris, dont il était religieux et où ses restes ont reposé jusqu’au moment où l’Entrepôt des vins fut construit. Déposé provisoirement dans l’église Saint-Paul-Saint-Louis, le corps de Santeuil fut définitivement placé à Saint-Nicolas-du-Chardonnet avec l’épitaphe tracée par l’élégante plume de Rollin.

Il est peut-être bon de rappeler aussi que, contrairement à une calomnieuse légende, Santeuil n’est pas mort empoisonné pour avoir bu un verre de vin dans lequel on aurait jeté du tabac d’Espagne ; selon Saint-Simon, c’est M. le prince de Bourbon qui, par plaisanterie, y aurait versé sa tabatière. Il a été prouvé par M. de Lescure que le prince était à ce moment loin du lieu où mourut Santeuil ; et l’on sait par le président Bouhier, qui voyait le poète tous les jours et à toute heure, que sa mort eut une cause toute naturelle.

Il faut avouer que, pour un instant, le souvenir de Chamousset pâlit quelque peu en présence des restes de Santeuil. En revanche, pour honorer l’un, ne venait-on pas d’achever de détruire la sépulture de l’autre ? On convint néanmoins de ne pas s’en tenir là et d’ajourner à la semaine suivante la continuation des-recherches entreprises.

Mais est-il bien nécessaire de poursuivre de semblables investigations ? Quels qu’en soient le mobile et le résultat, est-il vraiment de bon goût de troubler ainsi la paix des tombeaux ? En vertu de quel droit autorise-t-on ces profanations ?

Nous ne saurions non plus terminer ce compte-rendu sans insister sur l’état d’abandon et de malpropreté dans lequel se trouvent les caveaux de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, sans demander aussi à la Commission du Vieux Paris de vouloir bien appeler l’attention de l’Administration sur cette situation déplorable, au nom de l’hygiène publique aussi bien que des convenances.

Signé : Charles Sellier. »

M. le Président appuie les conclusions du rapport de M. Ch. Sellier et pense qu’il faut appeler l’attention de l’Administration sur les faits qu’il signale.

M. J. Périn dit que le curé a l’intention de réunir les ossements dans un petit charnier. Il propose la nomination d’une Commission qui serait chargée d’étudier la question.

M. le Président répond que c’est à l’Administration à faire le nécessaire.

M. Jules Périn ajoute à la communication de M. Ch. Sellier qu’il a été convié d’assister aux explorations des caveaux de l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet.

À propos des restes de Jean de Santeuil, chanoine régulier de l’abbaye Saint-Victor, célèbre poète latin (hymnes sacrées de la liturgie parisienne), M. Périn fait connaître qu’il mourut à Dijon le 15 août 1697, à l’âge de 64 ans[2] ; qu’on l’enterra avec beaucoup de magnificence dans l’abbaye de Saint-Étienne de cette ville, et que la ville de Dijon, reconnaissante des témoignages d’affection singulière qu’il lui avait donnés « par divers beaux ouvrages », fit les frais de ses obsèques magnifiques.

Mais l’abbaye de Saint-Victor, jalouse de conserver les cendres d’un homme « qui avait été l’ornement de son siècle et d’elle-même en particulier », voulut les recouvrer. La ville de Dijon les lui disputa quelque temps, « et ce ne fut pas sans peine qu’elle sacrifia ce précieux dépôt aux ordres et à l’obéissance qu’elle devait à M. le prince de Condé qui les fit transporter à Paris, à ses frais, dans l’abbaye de Saint-Victor ». (La Vie et les bons mots de M. de Santeuil ; Amsterdam, 1752, p. 22-23).

C’est en 1818 que les restes du poète Santeuil, avec l’épitaphe composée par Rollin, ont été placés dans l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet.

M. Charles Lucas dit que l’on peut remarquer dans la chapelle Sainte-Catherine de cette église un tableau de Restout représentant le baptême du Christ. Ce tableau, qui a été par quelques personnes, et à la suite d’une extraordinaire aberration, attribué à Corot, est coupé en deux dans toute la longueur de la toile. Il demande à la Commission si des démarches ne pourraient pas être faites pour sa restauration.

M. Brown répond que, le tableau étant la propriété de la fabrique, la Ville n’a pas à intervenir.

M. le Président répond que la Commission du Vieux Paris peut toujours signaler le cas à l’Administration compétente.

M. Charles Lucas pense que l’on pourrait faire une démarche auprès de la fabrique.

M. Brown répond qu’elle refusera probablement de faire la restauration.

M. André Laugier estime que la fabrique devrait alors donner le tableau à la Ville, qui se chargerait de le restaurer.

La Commission décide que M. le chef de service des Beaux-arts de la Ville sera prié de signaler à qui de droit le mauvais état de l’œuvre de Restout.

rapport de m. charles lucas sur le congrès de l’art à bruxelles


M. Charles Lucas donne lecture du rapport ci-après :

« Messieurs,

La Commission du Vieux Paris s’est déjà intéressée au premier Congrès international de l’Art public qui a été tenu à Bruxelles, avec excursions à Malines, Gand, Bruges et Liège, du 23 au 29 septembre 1898.

Dès sa séance plénière du 2 juin la Commission entendait la lecture du questionnaire du Congrès et en décidait l’impression in extenso au procès-verbal de cette séance (Voir Procès-verbal V, p. 19-21), et, le 7 juillet suivant, la Commission me faisait l’honneur de me déléguer pour la représenter au Congrès.

Je n’ai pu, dans la séance de rentrée du 6 octobre, que vous dire le bienveillant accueil que votre délégation m’a valu de la part de tous, et aussi vous annoncer que, sur la proposition de M. Lampué, vice-président du Conseil municipal de Paris et l’un des délégués de ce Conseil, proposition appuyée par M. Bernaert, ministre d’État de Belgique, président du Congrès, et reprise en assemblée générale de clôture par M. Léon Bourgeois, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-arts de France, le deuxième Congrès international de l’Art public aura lieu à Paris pendant l’Exposition universelle internationale de 1900.

Aujourd’hui, ayant reçu de M. Eugène Brœrman, secrétaire général, le texte officiel des vœux adoptés par le Congrès, je puis insister auprès de vous sur l’importance de certains de ces vœux au point de vue des études et des efforts que fait la Commission du Vieux Paris dans le but de conserver les anciens monuments et les aspects de notre ville, de les faire mieux apprécier par tous, et aussi d’en mieux faire connaître l’histoire.

Mais quelques mots ne seront pas inutiles pour rappeler l’organisation du Congrès et les fêtes et les excursions qui ont alterné avec ses travaux.

Organisé, sous le haut patronage du roi, par l’Œuvre nationale belge de l’Art public, le Congrès avait recueilli un grand nombre d’adhésions, et des plus importantes, non seulement en Belgique, mais en France et à l’étranger ; de nombreux membres, parmi lesquels plusieurs dames, en ont suivi toutes les manifestations avec une réelle assiduité, et parmi ces membres assidus on comptait vingt-cinq à trente Français.

Outre M. Lampué, l’un de ses vice-présidents, le Conseil municipal de Paris était représenté par MM. John Labusquière, Alfred Moreau et Adrien Veber. Dans le bureau général du Congrès, dont l’un des présidents d’honneur était M. Léon Bourgeois, qui a présidé l’assemblée générale de clôture, M. Lampué a été élu vice-président pour la France et a présidé les séances de la 2e section, l’Art public au point de vue social, et votre délégué a été l’un des vice-présidents de la 3e section, l’Art public au point de vue technique.

Par une heureuse tradition toujours suivie en Belgique, et qu’il y aurait intérêt à importer en France, une réception intime avait été offerte la veille de l’ouverture du Congrès, le 23 septembre, par son président, M. Bernaert, à l’hôtel Ravenstein, ancien logis féodal devenu propriété communale et siège de plusieurs sociétés savantes, et le lendemain un raout était donné à l’Hôtel de Ville de Bruxelles en l’honneur des congressistes, ce qui leur a permis d’être présentés les uns aux autres et de lier connaissance avant de se trouver associés aux mêmes travaux.

Autres fêtes, le lundi 26 septembre, une audition chorale et instrumentale, véritable manifestation d’art public, était donnée sur la Grand’Place de Bruxelles, éclairée de façon à en souligner toutes les beautés, et, à l’issue du banquet du 28 septembre, après les toasts très applaudis de MM. Bernaert, Louis Bourgeois, Léon de Bruyn, ministre des Travaux publics et des Beaux arts de Belgique, Cuppers, d’Amsterdam, Brœrman, etc., quelques airs du grand répertoire et de charmantes romances du temps passé étaient, interprétées avec talent par M. Deville, du théâtre de Lyon, et par Mme Armand, de l’Opéra de Paris et du théâtre de la Monnaie de Bruxelles.

J’ai cru, Messieurs, devoir mentionner cette part faite aux festivités, comme on dit en Belgique, pour vous montrer la dette contractée envers la ville de Bruxelles et le Comité d’organisation du premier congrès international de l’Art public par les membres de ce congrès.

Mais, malgré les intéressantes restaurations de l’hôtel Ravenstins et de l’hôtel de ville de Bruxelles, la première due à M. Paul Saustenoy et la seconde à M. Jamaer et aussi au bourgmestre artiste de Bruxelles, M. Ch. Buis ; malgré le charme si particulier qui se dégage de l’ensemble archéologique, unique au monde, de la Grand’Place de cette ville, les congressistes, ont été émerveillés dans les excursions faites à Malines, à Bruges, à Gand et à Liège.

Outre les réceptions par les bourgmestres de ces villes, l’audition du fameux carillon de la tour de Saint-Rambaud à Malines et les fêtes données par la ville de Liège dans la cour du palais des premiers évêques et sur la place Saint-Lambert, on ne saurait s’imaginer avec quel soin et quel dévouement de tous les instants autorités communales, architectes des monuments et conservateurs des musées, se sont, à Malines, à Bruges et à Gand, comme à Bruxelles, mis à la disposition des bourgmestres, et que de merveilles d’art, en même temps que de sites pittoresques et d’intéressants monuments, anciennes Halles de Malines, maisons et monuments de Bruges, ancien château des comtes et ensemble du forum à Gand, et enfin palais des premiers évêques à Liège, leur ont été montrés et expliqués.

Aussi le Congrès a-t-il accueilli par acclamations un vœu proposé par M. Purdon Clarck, directeur du South Kensington Muséum de Londres, et par M. Lampué, de Paris, pour « rendre hommage aux admirables travaux de restaurations exécutés à Bruges, notamment sous la direction de M. de la Censerie, architecte, et aux municipalités belges en général, pour les efforts prodigieux qu’elles font en vue de la restauration des monuments du passé ».

Il ne semblera pas inutile de rappeler ici, au sujet des maisons ayant un caractère artistique, que, comme la municipalité de Bruxelles pour la restauration des maisons de la Grand’Place, l’Administration communale de Bruges encourage très efficacement les particuliers voulant restaurer les façades remontant aux siècles passés et leur accorde, dans ce but, un subside s’élevant au tiers de la dépense prévue.

Je crois aussi, avant de quitter Bruges, devoir mettre sous les yeux de la Commission, un volume : Promenades dans Bruges, paru cette année et que m’adresse, pour rafraîchir mes souvenirs, mon confrère M. Ch. de Wulf, architecte dans cette ville, et, l’un de nos cicérones dans, la visite que nous en avons faite.

Je ne sache pas qu’il existe guide de ville plus complet et mieux fait, aussi, après avoir rendu justice à ses auteurs, M. Ch. de Flou, pour le texte, et M. V. de Duyne, pour les illustrations, je me permets d’attirer tout particulièrement l’attention de la Commission sur ce que de pareils ouvrages peuvent servir à bien faire connaître les villes et leurs monuments, d’autant plus que, pour Bruges, pour Ypres et peut-être pour quelques autres villes de Belgique, toutes les vues imprimées dans ces volumes existent en clichés pour projections lumineuses et peuvent être mises, pour les conférences scolaires, à la disposition des institutions qui en font la demande à M. Vivon de Duyne, régenta l’École moyenne de l’État, à Ypres.

Vous penserez, Messieurs, qu’il y a là un puissant moyen à employer pour bien faire connaître et aimer les beautés d’une ville comme Paris et que peut-être l’attention du Conseil municipal pourrait être attirée sur les mesures à prendre en vue de propager la préparation de pareils guides consacrés à Paris et à ses différents quartiers, guides qui seraient mis, avec un certain nombre de clichés, à la disposition des instituteurs qui en font la demande.

De telles préoccupations semblent, au premier chef, rentrer dans les intentions qui ont présidées à la constitution de la Commission du Vieux Paris et doivent me faire excuser de vous avoir retenus si longtemps sur la visite de la ville de Bruges.

En dehors du vœu relatif à la tenue à Paris, en 1900, du deuxième Congrès international de l’Art public, et du vœu rendant hommage aux efforts des municipalités belges pour la restauration des monuments du passé, le Congrès, après examen des questions réparties par études dans ses trois sections, a adopté, à la suite de discussions en assemblées générales, de nombreux vœux dont je vous demanderai de vouloir bien ordonner l’insertion en annexe de ce rapport (Voir plus loin, page 16) ; car ils traitent de questions d’art public connexes et dont nous ne saurions nous désintéresser, me bornant aujourd’hui à retenir plus particulièrement votre attention sur quelques-uns de ces vœux qui rentrent dans le cadre de nos études habituelles.

C’est ainsi que, dans la 1re section (l’Art public au point de vue législatif et réglementaire), le Congrès a adopté, après un fort remarquable rapport de M. F. Holbach, le principe de l’intervention des pouvoirs publics en matière d’art public et émis le vœu de voir combattre légalement les excès de réclame de mauvais goût qui déparent l’aspect des villes et des campagnes ; le Congrès a, en revanche, ajourné à la prochaine session une proposition tendant à déclarer propriété privée d’art public des objets déterminés dont leur propriétaire garderait la jouissance, mais qu’il ne pourrait ni détruire ni cacher.

Dans la IIe section (l’Art public au point de vue social), de nombreux vœux ont été étudiés en section et adoptés en assemblées générales en vue de :

1o La création d’un Office national centralisant les programmes des divers monuments projetés ;

2o L’enseignement obligatoire, dans les écoles de tous les degrés, du dessin, du chant, de la gymnastique et de l’histoire de l’art, enseignement réalisé, au moins en partie, dans les écoles et par les soins des municipalités de villes comme Bruxelles et Paris, mais qui n’existe pas ou laisse beaucoup à désirer dès que l’on s’écarte des grandes villes ou des banlieues de ces villes ;

3o L’organisation plus esthétique et plus méthodique des musées et des expositions ainsi que la création de musées intercommunaux d’échanges de reproduction d’exemples d’art public ;

4o L’organisation des concours publics et la réorganisation des concours dits de Rome, dernière question qui comporte des solutions différentes suivant l’organisation même de l’enseignement supérieur des beaux-arts dans les diverses nations représentées au Congrès ;

Mais ce sont surtout les vœux étudiés dans la IIIe section, l’Art public au point de vue technique, vœux discutés et adoptés dans l’assemblée générale de clôture sous la présidence de M. Léon Bourgeois, assisté de M. Bernaert, de M. Lion, de Bruges, de M. Henri Roujon, directeur des Beaux-arts, et du bureau général du Congrès, qui doivent intéresser la Commission du Vieux Paris et aussi d’autres Commissions relevant de la municipalité parisienne.

C’est ainsi que le Congrès, après avoir, sur le rapport de M. Marius Vachon, émis le vœu de voir plus de liberté et plus de décentralisation dans l’administration et la direction des académies et des écoles d’art, a demandé que, en ce qui concerne particulièrement les écoles d’application pour les métiers d’art, ces écoles soient administrées et dirigées par les délégués des associations représentant, devant les pouvoirs publics, les métiers pour le développement desquels ces écoles ont été créées, et que cet enseignement, à la fois théorique et pratique, ne soit pas, dès le début, trop spécialisé, mesures au reste en vigueur dans les règlements des écoles municipales professionnelles de Paris.

Le Congrès a ensuite émis le vœu que, en projetant et en exécutant de nouveaux quartiers de villes, les municipalités se laissent guider, plus encore qu’elles ne l’ont fait jusqu’ici, par des considérations artistiques, et que, dans leurs plans d’agrandissement de quartiers, elles conservent les monuments anciens.

Et le Congrès a ajouté que, dans l’aménagement des quartiers anciens des villes, il convenait, si l’on doit élargir certaines rues, de réaliser cet élargissement en respectant, dans toute la mesure du possible, les irrégularités de largeur et de direction des rues, et que les expropriations, pour le tracé des voies nouvelles, devaient se faire, le plus généralement possible, par zone, en assurant toujours la conservation des édifices du passé ; vœux que le Congrès, dans son assemblée générale de clôture, a encore complétés en votant cet amendement proposé par MM. Bernaert et Léon Bourgeois :

« Les municipalités ne se préoccuperont plus qu’accessoirement des alignements géométriques, la conservation d’édifices publics ou des maisons artistiques suffisant pour justifier les irrégularités de direction ou de largeur de certaines rues. »

Le Congrès a, de plus, sur la proposition de la 3e section, émis le vœu de voir créer des musées-laboratoires de matériaux de construction et de décorations ; mais vous penserez, j’espère, que le Congrès n’eût-il, dans une pensée de respect du passé et de conservation des richesses archéologiques et historiques de nos villes, que fourni aux administrations une force de plus pour résister aux partisans de la ligne droite quand même et empêcher à l’avenir de voir mutiler l’abside d’une église, monument historique, pour créer un débouché en ligne droite à une gare de chemin de fer, il y aurait encore eu lieu de le réunir et qu’il faut féliciter ses organisateurs de la bonne marche et du succès de cette première session du Congrès international de l’art public.

À la France, à la Ville de Paris surtout et aux sociétés ou aux commissions qui, comme celle du Vieux Paris, s’intéressent aux questions d’art public à préparer, dès maintenant, le deuxième Congrès international de l’art public qui se tiendra à Paris pendant l’Exposition universelle de 1900 et à ménager, à nos hôtes de Belgique d’abord et du monde entier ensuite, une semaine de travaux et d’intelligentes récréations comme celle que nous avons passée à Bruxelles au mois de septembre dernier.

10 septembre 1898.
Signé : Charles Lucas. »


Vœux adoptés par le premier Congrès international de l’art public.
première section. — l’art public au point de vue législatif et réglementaire.

Il y a lieu pour les pouvoirs publics d’intervenir en matière d’art public et le Congrès émet le vœu que dans chaque pays l’autorité arrête, dans ce but, les mesures les plus efficaces, en tenant compte des circonstances et de la législation locales.

Il y a lieu de combattre légalement les excès de la réclame de mauvais goût qui dépare l’aspect des villes et des campagnes.

Le Congrès se prononce en faveur de l’application aux enseignes et affiches du timbre de dimension.


deuxième section. — l’art public au point de vue social.

1. Création, dans chaque pays, d’un Office national où seraient centralisés les projets des travaux publics et où serait dressé le catalogue des monuments dont l’érection est réclamée soit par des comités locaux, soit par des personnes isolées, lequel, sans prendre d’engagement d’aucune sorte, fournirait ainsi aux artistes, en peine de sujets, des motifs de travail.

Les listes des monuments désirés, avec programmes des conditions de leur exécution, seraient publiées dans un annuaire ou bulletin périodique spécial répandu le plus possible parmi les artistes.

2. Le Congrès,

Considérant que l’Art est un élément de haute mentalité publique ;

Que la vue et la compréhension du Beau contribuent puissamment au perfectionnement moral ;

Émet le vœu de voir :

1o Établir dans les écoles de tous les degrés l’enseignement obligatoire du dessin, du chant, de la gymnastique callisthénique et de l’histoire de l’Art ;

2o Rendre ce dernier enseignement intuitif : a) par des excursions, des visites de monuments, des conférences et des lectures sur place, notamment de descriptions de lieux dont une première lecture aurait été faite en classe ; b) par un roulement d’échanges entre les écoles des documents artistiques qu’elles possèdent; c) par des projections lumineuses, constituant, en somme, des voyages peu coûteux et faits dans un ordre méthodique ;

3o Profiter, dans toute la mesure du possible, des bonnes qualités de l’enfant et de ses tendances naturelles vers l’amour du Beau et du Bien ;

4o Les autorités ne mettre sous les yeux du peuple que des objets revêtant une forme artistique, et s’entourer des conseils d’hommes compétents dans l’examen de toutes les questions intéressant tant la production d’œuvres nouvelles que la conservation des monuments ou des beaux sites existants ;

5o Favoriser la création de musées cantonaux et de sociétés artistiques dans chaque centre ;

6o Faire, par l’exécution fréquente de morceaux bien choisis, l’éducation musicale de l’oreille.

Il y a également lieu d’organiser selon ce système les Musées d’antiquités.

Là aussi doit s’établir un enseignement esthétique ; la considération de la rareté archéologique ne peut rester dominante.

Le Congrès préconise de plus, la création, surtout dans les villes secondaires, de Musées intercommunaux d’échanges de reproduction d’exemples d’Art public.

3. Que les musées soient organisés d’une manière plus esthétique et plus méthodique et constituent, non des exhibitions, mais de véritables établissements d’éducation artistique populaire ; que l’on y place en évidence, de façon à frapper la vue tout d’abord et autant que possible dans des conditions de lumière et d’entourage analogues à celles du milieu pour lequel elles ont été exécutées, les œuvres les plus marquantes, celles que peut considérer, à bon droit, comme l’expression la plus exacte de l’Art de chaque époque à son apogée ; qu’à côté de ces pièces capitales soient formés des groupements d’autres œuvres marquant les différentes étapes qui ont précédé cette expression, celles qui s’en sont successivement éloignées pour aboutir à une expression nouvelle ; que chaque œuvre porte la mention du nom de son auteur, de la date de son exécution, du sujet qu’elle représente et, s’il y a lieu, du donateur ; en un mot, que les prolégomènes de la filiation des œuvres d’art y soient si clairement exposés que le visiteur emporte cette sensation nette : que l’histoire de l’Art comme celle de la civilisation, présente une suite ininterrompue d’évolutions, un enchaînement de faits conséquents, sans solution de continuité.

Il faut enfin que ces musées soient ouverts au public, tous les jours et gratuitement.

Les expositions aussi devraient être modifiées dans le sens d’un groupement des objets par auteur et par genre d’œuvres.

Il faut y réserver une large place aux applications d’art à l’industrie.

L’exposition de toute reproduction d’objets d’art plastique devrait montrer, à côté de l’ensemble, des fragments permettant d’en étudier les détails, ainsi que des photographies donnant l’impression nette de l’objet dans son milieu réel.

4. Il est désirable, sous plus d’un rapport, de voir adopter le système des concours publics dans la répartition des travaux et des encouragements artistiques. Toutefois l’utilité de ces concours dépend de leur organisation.

Le système exposé ci-dessus de la publication de listes et de programmes des monuments dont l’érection est désirée, ainsi que l’exposition périodique d’esquisses exécutées dans le but de répondre à ces desiderata, constitue un concours public ; ces esquisses devraient, toutefois, être accompagnées d’un morceau achevé, permettant de juger du pouvoir d’exécution de l’auteur.

Il importerait en outre, pour éviter les mécomptes qui suivent parfois — souvent même — l’érection définitive d’un monument, de stipuler que, chaque fois que ce sera possible, une maquette en grandeur d’exécution de tout monument public ayant un caractère décoratif sera érigée sur l’emplacement destiné à le recevoir, et soumise à l’appréciation d’une Commission compétente ; elle en permettra l’appréciation par le public et par l’auteur lui-même, qui sera mieux en mesure de juger de l’effet produit et de proportionner sûrement les dimensions de l’œuvre à celles de son entourage.

L’exécution d’une œuvre de concours, surtout si la maquette en grand est exigée, entraine à des dépenses dont il importe que les concurrents soient au moins partiellement indemnisés ; l’équité la plus rigoureuse doit présider à la distribution de ces indemnités.

Le vœu a été émis en conséquence que, lors même que le résultat donné par un concours ne répondrait pas à l’attente, les primes annoncées soient distribuées aux concurrents dont les travaux ont paru les meilleurs, sans obligation toutefois d’exécuter l’œuvre primée.

Le maintien, en principe, de ces concours est désirable, mais il y a lieu de modifier les conditions dans lesquelles cette institution fonctionne actuellement, — certaines de ces conditions étant de nature à mettre obstacle à la libre démonstration des moyens de chaque concurrent, d’autres étant inutiles ou ne donnant pas de garanties suffisantes.

Après avoir examiné chacune des conditions, la section a voté la résolution suivante :

1o Maintenir en principe, mais modifier dans l’application, l’institution des concours dits « de Rome » ;

2o Demander aux candidats le plus d’instruction possible et les mettre, par les établissements d’instruction, en mesure de l’acquérir facilement ; tenir compte plus largement, toutefois, du talent personnel des candidats que de leur science ;

3o Retrancher des conditions actuelles du concours toutes les dispositions pouvant mettre obstacle à la libre révélation de la personnalité de chaque candidat; apporter beaucoup de largeur dans le choix du sujet et admettre chaque concurrent à en traiter deux : l’un imposé, l’autre au choix ; à la rigueur, et s’il est reconnu que cette mesure soit indispensable pour donner toute garantie de sincérité, demander que ces deux sujets soient traités en loge ;

4o De préférence pourtant, ne maintenir l’obligation du travail dans un lieu déterminé que pour les examens scientifiques ;

5o Maintenir l’obligation du voyage, en laissant au lauréat toute latitude au sujet du choix de son itinéraire, mais en lui recommandant toutefois les buts de visite les plus utiles ;

6o Maintenir l’obligation, pour les lauréats, de l’envoi de rapports et de travaux constituant un moyen d’appréciation constante des profits qu’ils retirent des avantages que leur offre le prix ;

7o Étendre, enfin, les avantages aussi bien que les obligations attachés au prix, aux concurrents classés second et troisième, proportionnellement au résultat du concours.

8o L’organisation de ce concours devra du reste pouvoir être modifiée d’après les progrès de l’enseignement artistique dont il est en quelque sorte la consécration, et les sujets d’application pour les rues et les monuments publics pourront être donnés également.


troisième section — l’art public au point de vue technique.

Le Congrès émet le vœu que, dans l’administration et la direction des académies des écoles des Beaux-arts et des écoles d’art, il y ait plus de liberté et plus de décentralisation.

En ce qui concerne particulièrement les écoles d’application pour les métiers d’art, elles devraient être administrées et dirigées par les délégués — artistes et industriels - des associations corporatives, chambres de commerce, chambres syndicales, patronales et ouvrières représentant, devant les pouvoirs publics et devant les populations, les métiers pour le développement desquels ces écoles ont été créées.

Émet le vœu que, dans les écoles d’art de tous les degrés, l’enseignement soit à la fois théorique et pratique ; que cet enseignement ne soit pas, dès le début, trop spécialisé suivant les diverses branches professionnelles, la peinture, la Sculpture et l’architecture, choisies par les élèves, mais qu’il prenne au contraire un caractère d’enseignement général répondant à ce qui a été dénommé, dans quelques pays, l’enseignement simultané.

Émet le vœu que, en projetant et en exécutant de nouveaux quartiers de villes, les municipalités se laissent guider, plus qu’elles ne l’ont fait jusqu’ici, par des considérations artistiques ; que, dans leurs plans d’agrandissement de quartiers, elles conservent les monuments anciens.

Dans l’aménagement des quartiers anciens des villes, il convient, si l’on doit élargir certaines rues, de réaliser cet élargissement en respectant, dans toute la mesure du possible, les irrégularités de largeur et de direction des rues.

Les expropriations, pour le tracé des rues nouvelles, doivent se faire le plus généralement possible par zone, en assurant toujours la conservation des édifices du passé.

Les plans et création de quartiers nouveaux dans les villes doivent être établis de manière à satisfaire, le plus possible, aux nécessités de l’esthétique, notamment, par l’étendue des terrains laissés en bordure et à assurer la conservation des monuments anciens.

Les municipalités ne se préoccuperont plus, qu’accessoirement, des alignements géométriques, la conservation des édifices publics ou de maisons artistiques suffisant pour justifier les irrégularités de direction ou de largeur de certaines rues.

Émet le vœu que les administrations se préoccupent plus qu’elles ne le font en général aujourd’hui, dans la construction des édifices et des monuments publics, des questions d’orientation et de climatologie ; qu’il soit créé des musées-laboratoires de matériaux de construction et de décoration, dans des conditions d’exposition en plein air, qui rendent décisives les expériences de résistance de ces matériaux aux intempéries et aux variations des climats.


résolution d’ordre général.

Les délégués français proposent que le deuxième congrès de l’Art public soit tenu à Paris, en 1900.

M. Jules le Breton, membre de la Commission des congrès de l’Exposition universelle du Siècle, prie le Bureau, si la proposition, qu’il appuie vivement, est adoptée, de prendre, dès à présent, des dispositions.

Cette proposition est admise, mais l’assemblée estime que l’œuvre internationale de l’Art public devrait, surtout en ce moment, poursuivre ses travaux sans relâche.

M. Eugène Brœrman propose que chaque pays se prépare à participer au congrès de Paris, par des congrès nationaux, dont les résultats rehausseraient l’importance et l’éclat des assises internationales de l’Art public en 1900.

Cette proposition est unanimement admise.

Le Congrès a confié au Bureau le soin d’assurer la vitalité de l’œuvre, au point de vue international, jusqu’à sa prochaine réunion, à Paris, en 1900.


À la suite de cette lecture le rapporteur, M. Charles Lucas, a proposé à la Commission :

1o De renvoyer au Bureau de Conseil municipal le volume : Promenades dans Bruges, avec prière de prendre telle mesure qu’il conviendrait pour mettre les directeurs d’écoles à même de faire faire ou de faciliter des conférences avec projections lumineuses sur les différents quartiers de Paris ;

2o D’inviter la Commission de permanence à entrer en relations avec la Commission supérieure des congrès et conférences de l’Exposition de 1900 pour assurer la participation de la Commission du Vieux Paris au deuxième Congrès international de l’art public, qui se tiendra à Paris pendant l’Exposition de 1900.

M. le Président estime que la première partie du vœu de M. Charles Lucas, la partie concernant le livre de Bruges, devrait être renvoyée au Conseil municipal.

M. John Labusquière partage cet avis ; il annonce que, d’ailleurs, les représentants du Conseil municipal au Congrès de l’art public, à Bruxelles, ne manqueront pas d’en saisir eux-mêmes cette assemblée.

M. le Président ajoute qu’en ce qui concerne la seconde partie du vœu, l’affaire est de la compétence de la Commission du Vieux Paris. Il en demande donc le renvoi à la Commission de permanence.

Adopté.


proposition relative à l’inventaire des objets d’art appartenant à la ville de paris.

M. Brown fait part à la Commission de l’intérêt qu’il y aurait à faire un nouveau tirage de cet inventaire, d’accord avec la Commission du Vieux Paris. Sur le point de commencer la réédition du tome Ier, qui comprendra les mairies, les théâtres, les fontaines, les places, les squares, etc., il serait heureux de soumettre le travail à la 1re Sous-commission, qui a également dans ses attributions les œuvres d’art de la Ville. Il ajoute qu’il voudrait établir ce volume en y insérant des plans et des gravures, de façon à lui donner un intérêt commercial en librairie. Ce volume terminé, viendrait celui relatif aux grands monuments parisiens et enfin un ouvrage spécial avec gravures affecté spécialement au musée Cernuschi.

La proposition de M. Brown est adoptée et renvoyée pour exécution à la 1re Sous-commission.


M. André Laugier donne lecture d’une note relative à l’utilité de marquer par un tracé sur le sol l’emplacement d’anciennes enceintes ou d’anciens monuments de Paris.

À la dernière séance, à laquelle j’ai eu le regret de ne pas assister, M. Georges Villain a exprimé le désir de voir indiquer par un large trait sur la chaussée, à l’aide d’un pavage différent, les endroits où passait l’enceinte de Philippe-Auguste, ainsi qu’on l’a fait pour l’emplacement de la Bastille ; et M. Mareuse a répondu que le Comité des inscriptions parisiennes s’était occupé de cette question, demandant qu’un tracé de cette enceinte fût gravé sur une plaque à placer dans la cour du Mont-de-piété contre la tour encore debout.

Je crois devoir faire connaître à la Commission que, depuis seize années déjà (en 1882), le tracé qui fait l’objet des vœux de nos deux honorables collègues existe sur le sol de la première cour du Mont-de-piété. J’ajoute qu’une plaque de marbre blanc, très en vue, placée à la même époque, sur la façade de l’un des bâtiments de cette cour qui sert de passage entre les rues des Francs-Bourgeois et des Blancs-Manteaux, invite les passants à porter leurs regards sur le tracé qui, sans cette précaution, pourrait fort bien n’être pas remarqué.

Voici le texte de cette inscription :

« L’enceinte de Paris, commencée par Philippe-Auguste vers 1190, traversait l’emplacement de cette cour, suivant le tracé exécuté sur le sol. »

Notre collègue M. Georges Villain a rappelé qu’un tracé semblable existe, depuis quelques années, place de la~ Bastille. L’on sait qu’un tracé analogue a été effectué bien antérieurement, à la suite des fouilles opérées en 1866,[3] sur le sol de la cour du vieux Louvre où sont figurées les lignes des anciens bâtiments de Philippe-Auguste et de Charles V ainsi que les contours du vieux Donjon et de plusieurs autres tours de l’ancien palais.

Il est à regretter que, dans la cour du Louvre, rien n’appelle l’attention du public sur la signification du tracé ; et il semble que l’inscription placée dans la cour du Mont-de-piété pourrait très utilement être invoquée comme précédent.

Une autre inscription a été gravée en 1885, par les soins de M. le Directeur du Mont-de-piété, sur un mur voisin de la tour de Philippe-Auguste.

Sur la plaque de marbre où se trouve cette inscription est dessiné l’ancien tracé de l’enceinte déjà figurée sur le sol de la cour voisine, avec les contours de la tour elle-même, et le plan de l’hôtel de Nouvion, voisin des constructions du Mont-de-piété et aujourd’hui démoli.

D’intéressants fragments de la façade de cet ancien hôtel ont été apposés sur le mur même où est fixée la plaque de marbre ci-dessus désignées.

Mais l’enceinte de Philippe-Auguste ne mérite pas seule d’être signalée à l’attention du public parisien.

M. Mareuse, légitime interprète du Comité des inscriptions parisiennes, parlait à la dernière séance de l’enceinte de Charles V, œuvre d’Étienne Marcel, et dont il est d’autant plus intéressant de fixer le souvenir qu’il n’en existe aucune trace matérielle, aucun reste de tour ou de bastion, pas même un pan de muraille, et exprimait le désir que sa place exacte fût indiquée dans la cour du Carrousel.

Je ne puis que joindre mon vœu au sien, en ajoutant que le tracé de la même enceinte pourrait être également indiqué place du Théâtre-Français, sur l’emplacement de l’ancienne rue du Rempart démolie en 1866 pour créer cette place, et de la porte Saint-Honoré, devant laquelle fut blessée Jeanne d’Arc.

Signé : André Laugier.


M. Le Vayer dit que le plan de la Bastille existait également autrefois gravé sur une plaque apposée sur une maison d’angle de la place. En ce qui concerne le désir exprimé à la dernière séance par M. Georges Villain et aujourd’hui par M. Laugier, il croit savoir que son exécution est à l’étude depuis longtemps dans le sein du Comité des inscriptions parisiennes.

M. Gosselin-Lenôtre signale un plan dressé par un père jésuite et donnant le tracé de l’enceinte de Philippe-Auguste superposé sur un plan du Paris moderne.

M. le Président dit que l’on pourrait peut-être examiner ce plan et en faire faire la reproduction si on le trouvait exact.

M. Gosselin-Lenôtre affirme qu’il est dressé d’une façon parfaite.

La question est réservée.


M. Tesson, secrétaire de la 1re Sous-commission, donne lecture des communications suivantes :


Visite annuelle aux eaux de Belleville.


La 1re Sous-commission a décidé qu’elle visiterait annuellement les regards de l’aqueduc de Belleville.

Les membres des autres Commissions qui désireraient assister à cette visite annuelle, qui aura lieu habituellement dans la belle saison, sont priés de prévenir afin qu’une convocation leur soit adressée opportunément.

Classement du regard de la Lanterne.

La 1re Sous-commission, à l’unanimité, a émis un avis favorable au classement comme monument historique du regard de la Lanterne.

Ce vœu est adopté.

Le nécessaire sera fait auprès de l’administration des Beaux-arts.


Expropriation de la maison de la rue du Jour, 25.


M. Tesson dit que l’expropriation du no 25 de la rue du Jour a été annoncée et qu’il est nécessaire de prendre, dès maintenant, des dispositions, afin qu’aucun souvenir ancien

ne puisse échapper aux investigations de la Commission du Vieux Paris, Ce vaste immeuble, composé de plusieurs parties, occupe l’emplacement de l’ancien Séjour de Charles V, qui comprenait des corps de logis, une chapelle, un manège et des écuries. Des fragments importants de l’ancienne enceinte de Philippe-Auguste s’y trouvaient enclavés.

La façade actuelle, dénaturée par des surélévations modernes, montre des clefs avec mascarons et attributs de musique et de chasse.

Le bâtiment du fond est surmonté d’un fronton portant un écusson entouré d’un joli motif de sculpture en très bon état.

L’ancienne maison d’habitation dont l’entrée se trouve au fond de la cour à droite, est extrêmement intéressante.

La porte est entourée de bandeaux sculptés et surmontée d’un entablement où courent de délicats rinceaux finement sculptés. De chaque côté, un œil-de-bœuf également entouré d’un bandeau sculpté.

Les grilles, en fer forgé, sont tout à fait jolies ; celle placée au-dessus de l’entrée, remarquable par sa légèreté, porte au centre les trois initiales P. A. D. entrelacées ; les deux autres, placées dans les œils-de-bœuf, sont d’une composition, d’un dessin et d’un goût des plus artistiques.

L’escalier est très remarquable ; la rampe est curieuse avec ses énormes montants. L’on voit de très beaux motifs sculptés au-dessus des portes de paliers.

M. Bunel dit qu’il connaît*bien la maison en question, dont il a eu l’occasion de s’occuper tout spécialement, lors de la construction de la caserne des pompiers qui est mitoyenne.

L’expropriation n’enlèvera que le bâtiment de la façade ; or, il se trouve que l’immeuble a deux propriétaires, un pour la maison du devant, et l’autre pour les constructions du fond, dont les caves s’étendent jusque sous le bâtiment de façade. En sorte que l’admirable maison du fond, qui remonte peut-être à Henri II, ne doit pas être touchée.

Il sera bon de conserver les fines consoles surmontées de têtes de bélier qui se trouvent en arrière du bâtiment à démolir.

M. Charles Sellier dit que la maison du numéro 25 de la rue du Jour, appelée à être très prochainement démolie, peut être facilement identifiée à l’aide d’une note de Cocheris faisant partie de ses additions à l’abbé Lebeuf. D’après cet auteur, cet immeuble serait l’une des deux maisons que l’abbé Jean-François-Robert Secousse, curé de Saint-Eustache, avait léguées, au siècle dernier, à sa paroisse. Après sa mort, cette maison, reconstruite par Mansart de Jouy, l’auteur du grand portail de Saint-Eustache, serait devenue une succursale du presbytère de cette paroisse ; les clefs des deux archivoltes qui en décorent la façade semblent en offrir la preuve. Sur l’une de ces clefs, on voit sculptés une lyre et d’autres instruments de musique, tandis que sur l’autre on a représenté une tête de cerf accompagnée de trompes de chasse et d’autres attributs cynégétiques. Or, ces derniers emblèmes sont bien ceux attribués autrefois au patron de l’église voisine, c’est-à-dire à Saint-Eustache, et les instruments de musique peuvent bien rappeler ici que la maîtrise de la paroisse y avait son siège.

M. Tesson. — Comme conclusions, la 1re Sous-commission propose :

1° De prier l’Administration d’informer la Commission du Vieux Paris de l’époque où l’immeuble sera vide de locataires pour qu’une visite minutieuse soit opérée dans toutes les parties, afin de faire distraire de l’adjudication les morceaux intéressants qui seront jugés dignes de figurer au musée Carnavalet ;

2° D’appeler tout spécialement l’attention de la 2e Sous-commission sur la démolition des substructions des bâtiments actuels ;

3° De renvoyer à la 3e Sous-commission ce qui concerne les reproductions suivantes, pour le cas où les cartons du musée Carnavalet ne contiendraient pas déjà des vues de ces vieux souvenirs :

Façade de la maison avec repérage sur les Halles ;

Fronton du bâtiment du fond ;

Façade et cage d’escalier du bâtiment de droite ;

Motifs sculptés des portes de paliers de ce bâtiment ;

4° De demander à l’Administration communication du plan de l’immeuble.


M. le Président soumet à la Commission ces propositions, qui sont adoptées.


M. André Laugier annonce à la Commission que le bruit court de la prochaine disparition de la caserne de gendarmerie des Minimes. Cette caserne, qui date du commencement du xviie siècle, possède une cour, ancien cloître du couvent des Minimes, avec des voûtes qui feraient de superbes préaux couverts pour une école. Il pense qu’en cas d’aliénation de ladite caserne, l’Administration municipale trouverait là un bâtiment facilement transformable en école, ce qui permettrait de conserver les parties intéressantes, la cour, par exemple. Il demande, en attendant, qu’une photographie soit faite de la cour et du dessous de la voûte.

Cette proposition est adoptée.


Le même membre propose également qu’une photographie soit faite du toit en dôme de l’ancien magasin de décors de la place Louvois, qui va prochainement disparaître.

Adopté.


Le même membre croit devoir signaler la délicate attention de l’architecte de l’immeuble construit tout récemment sur l’emplacement du passage Delorme, qui a fait réédifier dans le vestibule d’entrée des nouvelles constructions rue Saint-Honoré, des statues de style empire qui se trouvaient dans l’ancien passage. Une ancienne inscription gravée dans la pierre, rappelant la date de la construction du passage en 1809, a également été conservée.


M. Georges Cain annonce qu’il a reçu de M. Rochet, architecte du Gouvernement pour les bâtiments de l’ancien Mont-de-piété de la rue Bonaparte, l’offre de deux rampes en fer forgé de l’époque de Louis XIV.

M. Lucien Lambeau signale à ce sujet combien serait utile la possession du magasin dont le principe a été voté par la Commission et pour lequel la direction d’Architecture et le service des Beaux-arts n’ont pas encore rendu de réponse. Il serait tout indiqué pour le remisage, avant leur utilisation, des deux rampes offertes.

Des remerciements seront adressés à M. Rochet.


M. J. Périn demande à la Commission du Vieux Paris de témoigner sa vive satisfaction d’avoir vu la Chambre des députés, dans sa séance du 8 novembre 1898, adopter le projet de loi concernant le dégagement du musée de Cluny et de la Sorbonne et ratifiant la convention, en date du 24 octobre 1898, passée entre l’État et la Ville de Paris pour l’acquisition du terrain. L’adoption a eu lieu par 456 voix contre 25.

M. le Président que l’affaire a surtout abouti grâce au vote du Conseil municipal et à la diligence de l’Administration de la Ville de Paris.


M. J. Périn communique à ses collègues le dessin des morceaux d’architecture gothique (chapiteaux, colonnes, colonnettes, etc.) qui avaient été jetés là comme en un lieu de décharge, et qui ont été recueillis avec soin par M. Eugène Toulouze, un archéologue distingué.

MM. Toulouze et Périn attribuent ces morceaux à la transformation que Charles Perrault fit faire dans l’ancienne église Saint-Benoît, toute proche de là.

M. J. Périn complète sa communication en ces termes :

« Ne faudrait-il pas profiter de l’occasion pour pousser plus profondément la fouille commencée ? Si l’on descendait plus avant, on pourrait avoir l’espérance, dans le voisinage des Thermes, de rencontrer des fragments gallo-romains. »

M. Georges Villain appuie la proposition de M. J. Périn. Il demande que des fouilles méthodiques soient faites sur ce terrain sous la direction de la 2e Sous-commission. Il estime qu’il est impossible de laisser installer le nouveau square sans avoir préalablement fouillé ce terrain, qui peut renfermer des vestiges intéressants.

Cette proposition est adoptée.


M. le Président pense que les objets signalés par M. J. Périn, ayant été extraits dans le domaine de la Ville, seront probablement envoyés au musée Carnavalet.

M. J. Périn dit que ces objets ont été acquis par M. Toulouze et qu’ils font l’ornement de son jardin.

M. le Président dit qu’il croit être l’interprète de la Commission tout entière en priant MM. les archéologues de penser un peu au musée Carnavalet lors des trouvailles faites par eux dans les fouilles particulières.

Après un échange d’observations, M, J. Périn est chargé de faire une démarche auprès de M. Toulouze pour la cession de ces fragments à la Ville.

M. J. Périn dit qu’il serait heureux de voir élever dans le nouveau square une copie de la statue de l’empereur Julien trouvée à Paris au commencement de ce siècle.

M. le Président estime qu’il faut d’abord laisser installer le square ; la question de sa décoration ne pourra venir qu’après.

M. Charles Sellier donne lecture du rapport suivant qu’il présente au nom de la 2e Sous-commission :

« Messieurs,

Au point de vue archéologique les fouilles exécutées au cours des travaux de la Ville de Paris, pendant le mois d’octobre, ont offert les résultats suivants :


Ancienne galerie de dérivation de la Bièvre.

Les déblais du souterrain du chemin de fer d’Orléans ont tout d’abord rencontré, à hauteur du pont de Sully, une ancienne galerie remblayée, ayant 3 m. 35 c. d’ouverture et 2 m. 30 c. d’épaisseur de piédroits, construite en plein-cintre, en maçonnerie de moellons avec parements de pierre de taille de grande appareil. Cette galerie, dont on n’a pas atteint le fond, est certainement celle qui recouvrait autrefois l’extrémité vers la Seine d’un ancien canal de dérivation de la Bièvre, creusé à travers les terrains de l’abbaye de Saint-Victor. Cette galerie parait dater du milieu du xviie siècle, c’est-à-dire de 1656, époque à laquelle la première Halle aux vins fut construite. On peut consulter à ce sujet le plan reproduit par la figure 2 de la planche IV des Dissertations sur les enceintes de Paris, par A. Bonnardot. Dans un de nos précédents rapports, inséré au procès-verbal du 2 juin, nous avons déjà signalé la rencontre de cette galerie, mais sans en avoir encore pu déterminer la destination ; elle aboutissait à la Seine et elle était déjà supprimée quand un petit égout, depuis longtemps abandonné, vint la traverser. On dut rencontrer et fermer l’ouverture de cette galerie lors de la construction de la culée de gauche du pont de Sully.


Vestiges du pont d’accès de la porte Saint-Bernard.

Un peu avant d’atteindre le pont de la Tournelle, les déblais du même souterrain ont traversé une série de murs parallèles dont nous avons aussi mentionné la rencontre au susdit rapport. La forme en avant-bec de trois de ces murs démontre de suite que ces trois murs ne sont autres que les piles de l’ancien pont d’accès de la porte Saint-Bernard, jeté pardessus le fossé creusé, vers le milieu du xive siècle, au pied de l’enceinte de Philippe-Auguste. Suivant Bonnardot, la porte Saint-Bernard ne fut ouverte qu’en 1606, sous l’administration du prévôt des marchands François-Miron. Il n’existait d’ailleurs, en cet endroit, aucune porte sous Philippe-Auguste ; mais, plus tard, sous Charles V, par exemple, il est possible qu’on y eût ouvert une poterne. Dans l’origine, le gros mur d’enceinte aboutissait directement à une haute tour, sise au bord de la Seine et appelée Tournelle. En conséquence, le pont d’accès en question doit dater aussi de 1606.

« Vers 1670, l’architecte Blondel reçut l’ordre du roi, non pas de reconstruire la porte Saint-Bernard, mais de la rhabiller et d’en taire un arc de triomphe. À cet effet, Blondel substitua, à son ancienne ouverture, deux grandes baies d’égale dimension, remplaça son toit primitif par une sorte d’entablement et orna les deux murs de face de bas-reliefs à la gloire du monarque. Deux ans après, les fossés et la contrescarpe ayant été supprimés pour faire place à des rues, le pont d’accès fut abattu. La trace de l’ancien fossé, remblayé depuis lors, subsiste dans le fond vaseux et limoneux qui vient d’être rencontré à la partie inférieure des déblais exécutés en ce point. Nous avons pu constater que ce pont et les substructions de la porte qui y aliénait étaient eu moellons avec parements en pierre de taille ; les piles et les culées avaient été dérasées un peu au-dessus des naissances des arches.


« Fouilles de la rue des Ursins nos 15 et 17.

Dans les fouilles exécutées, le mois dernier, aux nos 15 et 17 de la rue des Ursins, pour la construction d’une école congréganiste de sœurs dépendant du curé de Notre-Dame, il n’a été rencontré que des remblais. Parmi les objets offrant quelque intérêt qui y ont été recueillis, nous devons signaler un débris de chapiteau du xiiie siècle, une clef de voûte d’arête du xvie formant rosace avec départs de nervure, une petite coupe en poterie grise, assez grossière, d’époque gallo-romaine, et un petit phallus de bronze, muni d’un anneau d’attache, qui dut servir de pandeloque de cou à quelque dame romaine, à titre de porte-bonheur, suivant la moderne expression. Ce curieux bijoux nous a malheureusement échappé, l’entrepreneur l’ayant cédé à M. Magne, le collectionneur bien connu de la montagne Sainte-Geneviève ; les trois autres objets ont été gracieusement donnés au musée Carnavalet. Nous pensions rencontrer en cet endroit quelques vestiges de l’enceinte antique de la Cité ; mais cette muraille parait plus vraisemblablement avoir existé un peu moins près de la Seine.


« Fouilles du quartier Saint-Merri.

Dans les fouilles exécutées pour la construction de l’égout de la rue Brisemiche, on n’a rencontré que-les substructions des maisons qui formaient autrefois l’alignement primitif de cette rue.

De l’angle formé par les rues Saint-Merri et Saint-Martin à la rue Taillepain, les démolisseurs préparent l’emplacement d’une nouvelle école communale, dont les fouilles ne tarderont pas à être entreprises.


Observations relatives à l’église Saint-Merri.

À l’angle de la rue de Verrerie et de la rue Saint-Martin, on peut constater, non sans regret, que les bâtiments particuliers qui sont accolés à l’église Saint-Merri empiètent, dans leur partie supérieure, au-dessus des chapelles latérales, d’une façon menaçante pour la conservation de ce vénérable monument ; des tuyaux de cheminée, des balcons, des jardins suspendus, envahissent sa toiture, contrairement au droit de la propriété le plus élémentaire, en dépit du respect dû à nos édifices publics, dispensant suffisamment d’invoquer le vieux droit canonique qui, paraît-il, condamnait rigoureusement tout empiétement sur les lieux consacrés au culte.

À propos de l’église Saint-Merri, nous pensons qu’il est utile de signaler la pierre tombale qui se trouve adossée à l’une des parois de la crypte. C’est une fort belle dalle de liais de 2 mètres de hauteur sur 1 m. 40 c. de largeur, où l’on voit gravées les effigies des deux personnages dont elle recouvrait jadis les corps, accompagnées de leurs armoiries, et en bordure de laquelle on lit, en lettres gothiques, l’épitaphe suivante :

« Cy gisent noble home Mre Guillaume le Sueur, conseiller du roy et général de ses monnoyes, seigneur de Brègy en Mulcien, qui trépassa le xxve jour de may mil ve xxxv, et damoiselle Radegonde Budè, sa femme, qui trépassa le vue jour de décembre mi ve xxij. Pries Dieu pour leurs âmes. »

Sur cette dalle, les armoiries de Mre Le Sueur portent un chevron accompagné de trois besants (ou tourteaux) ; celles de damoiselle Budé sont bien conformes à celles de son parent, le célèbre et très docte prévôt des marchands Guillaume Budé, lesquelles étaient, comme on sait, d’argent au chevron de gueules, accompagné de trois grappes de raisin de pourpre, posées deux et une.

Cette pierre tombale a été exhumée du sol de la crypte de Saint-Merri, il y a quinze ou vingt ans, lors de la restauration de celle-ci. Néanmoins, la sépulture de Guillaume Le Sueur et de son épouse n’est pas complètement ignorée; dans ses additions à l’abbé Lebeuf, Cocheris en a fait mention d’après les épitaphiers manuscrits de la Bibliothèque nationale et de l’Arsenal ; mais Guilhermy n’en a point parlé dans ses Inscriptions de la France. Quoi qu’il en soit, nous croyons qu’il n’est pas sans intérêt de la rapporter.

Signé : Charles Sellier ».


M. Le Vayer dit que le document lapidaire que vient de signaler M. Sellier n’est pas resté inédit et qu’il a été l’objet d’une notice publiée, il y a quelques années, par M. l’abbé Pinet, ancien vicaire de Saint-Merri.

M. le Président présente un vœu formel tendant à ce que l’Administration avertisse l’inspecteur des fouilles ou la Commission du Vieux Paris de l’ouverture des fouilles qui doivent être pratiquées dans Paris ; il estime qu’il y aurait lieu de prier MM. les chefs de service de renouveler les circulaires adressées à leurs agents à ce sujet. Il conviendrait également de demander à MM. les architectes voyers de prévenir ledit inspecteur, des fouilles entreprises par les particuliers.

Ce vœu est adopté.


M. Georges Villain dit que la 2e Sous-commission devra étendre ses recherches dans la Cité, aux environs du mur d’enceinte mérovingien, et qu’il serait bon de conserver des échantillons des différents terrains rencontrés au cours de ces recherches, afin de les comparer entre eux. À cet effet on pourrait recueillir ces divers échantillons dans des bocaux qui seraient déposés et classés au musée Carnavalet.

M. Georges Cain ajoute qu’il est tout disposé à se mettre à la disposition de la Commission pour l’organisation de cette nouvelle collection.

La proposition de M. Georges Villain est adoptée.


M. Édouard Detaille, président de la 3e Sous-commission, annonce que la Commission est véritablement débordée par le grand nombre d’offres de vente d’aquarelles, de peintures et de dessins représentant des aspects de Paris. Il demande à la Commission plénière de fixer une jurisprudence pour le choix à faire dans l’acquisition des reproductions qui lui sont soumises par les artistes.

M. Georges Villain estime que la Commission du Vieux Paris ne doit pas être une Commission d’achat, elle a autre chose à faire que d’examiner toutes les peintures et aquarelles qui lui sont soumises et dont le nombre augmente à chaque séance. Il propose que ce rôle soit réservé à sa 3e Sous-commission, créée pour ce motif ; c’est, en effet, à elle qu’il appartient de faire le choix judicieux dont a parlé M. Édouard Detaille. Elle viendra, ensuite, en proposer la ratification à la Commission plénière.

M. le Président appuie la proposition de M. Georges Villain. Il ajoute que le rôle de la Commission du Vieux Paris devrait être, autant que possible, de commander des reproductions et non pas d’en choisir dans les envois soumis à toutes les séances par les artistes. Il estime que les reproductions de toute nature ne devraient être exécutées qu’après la commande de la 3e Sous-commission ratifiée par la Commission plénière ; cette commande, bien entendu, ne devant être que l’exécution des décisions de la Commission ou des propositions de ses membres adoptées par elle.

La proposition de M. Georges Villain, amendée par M. le Président, est adoptée.


M. Édouard Detaille dit qu’il accepte, au nom de la 3e Sous-commission, le mandat qui vient de lui être confié. Il ajoute que la Commission tiendra le plus grand compte des observations formulées par M. le Président et par M. Georges Villain.

Le même membre, au nom de la 3e Sous-commission, propose de ratifier les acquisitions suivantes :

Le Cimetière de Picpus, peinture par M. Marec ;

La rue Danton, aquarelle de M. Mouren ;

La Maison de la Reine-Blanche, peinture par M. Bourgain;

La Chapelle des Irlandais, aquarelle par M. Delafontaine ;

La rue Taille-Pain, aquarelle de M. Houbron.

Il propose de rejeter l’acquisition des autres reproductions soumises.

Ces propositions sont adoptées.


M. Louis Lucipia propose de décider que les rapports rédigés par les membres de la Commission soient préalablement imprimés et distribués en épreuves aux commissaires. Ce procédé permettrait de les étudier et de ne plus les lire en séance, chaque membre en ayant pris connaissance par l’épreuve. Le président se contenterait de demander si quelqu’un a des observations à présenter, et la discussion pourrait être close sans la perte de temps occasionnée par la lecture du document.

M. Charles Normand demande si, malgré l’intérêt très vif des communications, il ne serait pas possible de ne donner en Commission plénière que le résumé des rapports d’une certaine longueur, tout en les imprimant, bien entendu, in-extenso, dans le procès-verbal.

M. Louis Lucipia répond que c’est en partie pour cela qu’il a déposé sa proposition.

M. Georges Villain pense que les rapports présentés à la Commission devraient toujours avoir été discutés et adoptés par l’une des trois Sous-commissions.

Ce système, qui est celui de toutes les assemblées, éviterait beaucoup de pertes de temps à la Commission plénière.

La proposition de M. Louis Lucipia est adoptée.


M. Ch. Sellier, en ce qui concerne la proposition de M. Louis Lucipia, dit que la Commission est souvent saisie de rapports rédigés à la dernière heure.

Il cite, par exemple, les rapports relatifs aux fouilles, qui doivent contenir le détail des découvertes mensuelles et qui sont souvent rédigés la veille même des réunions plénières.

M. Louis Lucipia répond qu’il ne s’agit pas, bien entendu, des rapports rédigés d’urgence.

L’incident est clos.


M. Lucien Lambeau dépose les propositions suivantes, tendant à l’exécution de reproductions destinées au portefeuille de la sculpture décorative des anciennes maisons de Paris récemment créé pour le musée Carnavalet :


Rue de Turenne, no  54. — Décoration extérieure d’un ancien hôtel.

L’ensemble à reproduire se compose : 1° d’un dessus de porte cochère richement sculpté, de style Louis XV ; 2° d’un motif semblable placé au-dessus d’une baie murée faisant pendant à la porte cochère.

Il sera nécessaire de comprendre dans la reproduction la fenêtre placée au-dessus de la porte, supportée par deux consoles du même style, et qui est munie d’un appui en fer forgé.


Rue de Turenne, no  60. — Le portail monumental de l’hôtel dit du Grand-Veneur, probablement l’hôtel du marquis d’Ecquevilly, dont parle Leteuve et qui était capitaine général des chasses du Roi en 1741.

Il y aura lieu de reproduire la porte cochère qui est d’un très fin travail du commencement du xviiie siècle et qui est ornée d’une tête de sanglier flanquée de deux têtes de chien, et aussi le portail avec refend, bossage et ébrasure en coquille surmonté d’un fronton triangulaire supporté par deux consoles.


Rue de Turenne, no  64. — Une porte cochère du xviiie siècle. Cette porte est remarquable par son tympan très fouillé et par son marteau suspendu à une garniture en fer ajouré du plus curieux travail.


Rue Béranger, nos 3 et 5. — Reproduire les deux portes des deux hôtels contigus, datant du xviiie siècle et connus sous le nom d’hôtels Bergeret. La porte cochère du no  3, ornée de médaillons, est d’un travail assez délicat, malheureusement le tympan en est caché par l’écriteau de l’école communale installée dans cet hôtel, le portail est surmonté d’un fronton rond avec motif à lambrequin dans le goût de la régence.

Le no  3 qui forme pendant est d’un dessin tout autre et qui se rapproche plus du style Louis XV. Le fronton, également de forme ronde, est orné de cornes d’abondance, avec fleurs, fruits et palmes, et en clef, une délicieuse tête de femme. Sa porte cochère est un très fin travail de sculpture sur bois, comportant une ornementation d’arcs, flèches, soutenus par des rubans et couronnes de fleurs ; son tympan contient une imposte en fer forgé d’un curieux dessin, entouré d’un cadre en bois richement sculpté.

Rue des Archives, no 81. — Reproduction d’un vestibule situé au fond de la cour et où prend naissance un escalier en fer forgé. Il y a lieu de signaler la disposition curieuse de ce vestibule, surmonté, au-dessus du départ de l’escalier, d’un arc formant voûte surbaissée et richement décoré de sculptures Louis XV à coquilles et guirlandes de roses et ayant comme point central une tête de Bacchus. Les premières marches de cet escalier s’étalent largement dans une forme gracieuse et commode.

Rue du Faubourg-Saint-Antoine, no 75. — Au fond d’un long passage se trouve une petite maison de peu d’apparence dans laquelle on est quelque peu surpris de trouver une rampe d’escalier en bois, de forme puissante, qui paraît dater du XVIIe siècle.

Les parties remarquables de cet escalier, outre les balustres, d’un pur dessin, sont les mains courantes de très grosse dimension, sculptées en un relief accentué et les limons ornés de figures couchées dans toute la longueur de la pièce de bois et symbolisant les quatre saisons.

Si nous décrivons cet escalier en commençant par le haut, nous trouvons le limon du dernier étage qui représente l’Hiver par un personnage enveloppé dans un manteau. Du côté de la tête, un vase duquel s’échappent des flammes et, du côté des pieds, un fagot avec les attributs du bûcheron : cognée et serpe ; les pieds sont chaussés d’une sorte de patins de bois de forme curieuse.

Le limon du dessous figure l’Automne qui est représenté par un enfant coiffé de vigne et ayant en tête et en pied des barils pleins de raisin avec corne d’abondance versant des fruits.

Le limon situé immédiatement après est relatif à l’Été. Il est décoré d’une jeune femme couchée sur des épis de blé avec les attributs du moissonneur, représentés par une faucille, un fléau, une fourche, un baril.

Quant au dernier, c’est-à-dire celui partant du sol, il a presque entièrement disparu caché par un faux plancher. Il était évidemment affecté au Printemps, et la faible partie qui subsiste semble représenter un jeune enfant portant une corbeille de fleurs.

Le départ n’existe plus ; l’indication de sa place se trouve dans la descente de la cave, preuve incontestable de l’exhaussement du sol en cet endroit.

Nous demandons la reproduction de cette rampe intéressante, peut-être unique à Paris ; il y aura lieu d’y faire figurer quelques marches bâties mi-parties de briques et de bois.

Rue Saint-Antoine, no 88. — Un balcon en fer forgé d’un riche et solide travail supporté par quatre griffons en pierre de grande allure, mais malheureusement badigeonnés de peinture noire, ce qui en assombrit le dessin puissant et mouvementé.

Ce morceau du XVIIe siècle est complété par une porte cochère ornée de chimères et de guirlandes finement sculptées.

Rue François-Miron, no 82. — Un luxueux logis de la fin du règne de Louis XIV est encore debout en cet endroit. Il est orné d’un balcon en fer forgé d’un travail plus compliqué et plus délicat que le précédent et soutenu par cinq consoles de dimensions différentes et d’un dessin varié.

La console du milieu, qui sert de clef à la baie en demi-cercle ouverte au-dessous du balcon, est composée d’un important motif comprenant une décoration orientale avec tête enturbanée, entourée de carquois et flèches. Deux autres baies en demi-cercle, ornées de clefs en têtes d’homme et de femme, règnent également au-dessous du balcon.

Nous proposons la reproduction de tout cet ensemble, comprenant le balcon avec les fenêtres qui y accèdent et les baies situées au-dessous.

Rue de l’Arbre-Sec, no 52. — Une belle construction du commencement du XVIIe siècle se fait remarquer par un balcon de grande dimension orné d’une rampe en fer d’un riche dessin. Ce balcon est supporté par trois consoles à écussons ornés de guirlandes et par quatre autres consoles plus petites à têtes de béliers et formant clefs à des baies de forme ronde situées immédiatement au-dessous.

Quatre belles fenêtres ouvrent sur ce balcon et sont ornées de décors à la coquille d’un gracieux effet.

Cet ensemble, d’une très belle ordonnance, pourrait être reproduit vue prise des fenêtres de la maison située de l’autre côté de la rue.

Rue de la Harpe, no 35. — Reproduction de deux fenêtres décorées dans le style Louis XV, de guirlandes de fleurs d’un dessin très délicat ; deux importants motifs à têtes de femmes servent de clefs à chacune des baies en demi-cercle entourant ces fenêtres.

Impasse Guéménée, no 8. — À cette adresse se trouve une rampe d’escalier en fer qui paraît dater du XVIIe siècle, d’un beau travail et d’un dessin plus serré et plus compacte que celui que l’on est habitué de voir aux escaliers de cette époque. Le départ est particulièrement intéressant. Le côté curieux de cet escalier est qu’à sa rampe en fer qui sert pour les deux premiers étages, vient s’en substituer une en bois pour les deux autres. Elle est ornée de gros balustres de forme carrée et rampante. La partie en bois est vraisemblablement postérieure à celle en fer et paraît provenir d’une surélévation du bâtiment ; cette dernière a malheureusement été recouverte d’une main courante de fabrication moderne.

Il serait intéressant de faire un dessin de cet escalier, comprenant le point de raccordement de la rampe en fer avec la rampe en bois.

Rue Croix-des-Petits-Champs, no 83. — Balcon et porte cochère de l’hôtel de Goigny, XVIIe siècle. La balustrade en fer du balcon est d’un dessin très pur et la porte cochère, ornée de têtes de lions, est conçue dans une forme très sobre, mais de belle allure.

M. Lucien Lambeau demande le renvoi de ces propositions à la 3e Sous-commission qui aura à déterminer, si elle les adopte, le mode de reproduction à employer.

Le renvoi de ces propositions à la 3e Sous-commission est ordonné.

M. Quentin-Bauchart signale le mauvais état de l’inscription de la tombe de Hulin, qui joua un rôle important sous la Révolution.

Renvoyée à la 1re Sous-commission.

Le même membre demande à la Commission de prendre des mesures pour la conservation d’une belle cheminée en marbre et bronze qui se trouvait dans le salon dit de l’Impératrice, au palais de l’Industrie.

Renvoyée à la 1re Sous-commission.

-M. Gosselin-Lenôtre signale l’intérêt que présenté la maison de Brissot à Chartres, il propose, d’en prendre une photographie ainsi que de quatre panneaux peints qui la décorent à l’intérieur.

Cette proposition est adoptée.

M. Bunel signale également une aquarelle représentant la première gare Saint-Lazare. Cette aquarelle, qui a un certain intérêt au point de vue des aspects de Paris, se trouve dans le cabinet de M. Pereire.

Il propose d’en faire faire une reproduction pour le musée Carnavalet.

Cette proposition est adoptée.

M. Gosselin-Lenôtre propose que des photographies soient prises des salons de l’ancien hôtel de la place de Paris, place Vendôme.

Adopté.

La séance est levée à six heures et demie.


1292. — Imprimerie municipale, Hôtel de Ville. — 1898.

Chateau d'Eau du Pré Saint-Gervais
(anciennes eaux de Belleville)
Plan du regard du Pré-Saint-Gervais.
  1. Voir l’article du Bulletin français, journal officiel du soir du 14 janvier 1878, intitulé « la Légende héroïque », par Grimaud.
  2. L’empoisonnement de Santeuil par un verre de vin, où le duc de Bourbon aurait, en matière de plaisanterie, vidé sa tabatière, se trouve absolument démenti par les mémoires du président Bouhier.
  3. Voir le dessin du Monde illustré, no du 18 septembre 1866,